Concile de Sardique





Le concile de Sardique ou synode de Sardique est une réunion d'évêques chrétiens convoqué en 343 par l'empereur Constant, avec l'accord de son frère et co-empereur Constance, sur les instances des évêques nicéens de son entourage, Jules de Rome et Athanase.


Le motif de ce synode était l'examen du conflit entre, d'une part, les évêques nicéens essentiellement occidentaux et, d'autre part, les évêques arianisants surtout orientaux qui s'anathémisaient réciproquement. Cette réunion menée sous la houlette de l'occidental Ossius de Cordoue ne débouche sur aucun accord et si le synode est considéré comme un fiasco, son canon devient une pièce essentielle de la revendication de la primauté romaine.




Sommaire






  • 1 Date et lieu


  • 2 Contexte


  • 3 Le concile


  • 4 Bibliographie


  • 5 Notes et références


  • 6 Voir aussi


    • 6.1 Articles connexes


    • 6.2 Liens externes







Date et lieu |


Le concile de Sardique a lieu à Sardica ou Serdica, actuelle Sofia, en Bulgarie et est généralement daté en 343[1] par la recherche contemporaine[2],[3]



Contexte |


En 325, l'empereur Constantin Ier avait convoqué le Premier concile de Nicée dans l'objectif de résoudre les problèmes qui divisaient alors les Églises d'Orient, problèmes disciplinaires et surtout problème dogmatique mis en évidence par la controverse entre Arius et son évêque Alexandre. Il réunit des représentants de presque toutes les tendances du christianisme, ce qui en fit le premier concile œcuménique . Après plusieurs mois au cours desquels les évêques ne parvinrent pas à se mettre d'accord sur un texte décidant de la nature de la relation du Christ au Père, l'empereur menaca les quatorze récalcitrants. Trois restent fidèles à leurs conceptions, dont Arius, et sont excommuniés.


Les héritiers de Constantin le Grand, ses fils Constant et Constance II, ne défendent pas les mêmes options théologiques, le second étant plus enclin à défendre un arianisme modéré, traduisant l'opposition entre les évêques occidentaux et la plupart des orientaux, largement plus nombreux. Il faut noter que le courant appelé arien par ses détracteurs est extrêmement hétéroclite et que les évêques taxés de la sorte par leurs détracteurs se refusent à être qualifiés de la sorte. Constant, sollicité par des évêques nicéens de son entourage, Jules de Rome et Athanase, propose à Constance — bataillant alors aux frontières contre les Perses — de convoquer un concile « œcuménique » qui réunisse les évêques des deux parties de l'Empire[2]. Au printemps 343, Constance accède à la demande et envoie à Sardique[4] un nombre restreint d'évêques orientaux accompagnés de trois hauts fonctionnaires[5].



Le concile |


Ossius de Cordoue, venu avec un peu moins de cent évêques occidentaux, doit coprésider ce concile de Sardique en compagnie de Maximin de Trèves, dans un attelage montrant que le concile allait être contrôlé par Constant. Les évêques orientaux se rassemblent préalablement à Philippopolis (aujourd'hui Shahba, en Syrie) où ils tiennent réunion pour préparer leur stratégie. La réunion de Sardique se passe mal et, malgré les propositions de médiation d'Ossius, est rapidement boycottée par les évêques orientaux[5] parce que les évêques occidentaux, très minoritaires à l'époque malgré l'importance supposée d'Ossius[6], insistent sur la présence d'Athanase d'Alexandrie, principal opposant à l'arianisme, et de Marcel d'Ancyre - dont l'opposition à l'arianisme le conduira au sabellianisme[7] - avec lesquels refusent de siéger les orientaux.


Les partisans d'Eusèbe quittent précipitamment le concile - à la faveur de l'annonce d'une victoire de Constance II sur les Perses-, se réunissent à Philippopolis où ils rédigent une encyclique confirmant la condamnation d'Athanase et de Marcel, excommuniant en outre Ossius, l'évêque de Rome Jules et Maximin et réitérant leur profession de foi basée sur le quatrième Credo du Concile de la Dédication[5] tenu à Antioche en janvier 341[8].


Les évêques occidentaux continuent de siéger à Sardique et c'est à cette occasion qu'Ossius fait rétablir Athanase dans ses fonctions et aurait proposé, vainement, le célibat pour les prêtres, inaugurant un débat qui opposera là encore christianismes occidentaux et orientaux. En outre, la profession de foi rédigée par les occidentaux affirme la juridiction universelle d'appel pour Rome (canon 3)[3], autrement dit la revendication d'une prééminence de l'évêque de Rome pour trancher des conflits entre évêques[9] et le canon de Sardique devient une pièce fondamentale de cette revendication[10].


La réunion de Sardique est donc un non-concile n'ayant pas réuni une assemblée unique délibérante. Ces discordes théologiques et canoniques témoignent des profondes divergences entre les divers courants des communautés chrétiennes de l'époque (dont les membres ne dépassent guère plus de cinq pour cent de la population de l'Empire, essentiellement en Orient et dans les provinces africaines[11]) qui traduisent plus généralement la différence de culture et de tradition intellectuelles entre l'Orient grec et l'Occident latin[12] dont Ossius est le représentant.



Bibliographie |




  • Karl Joseph von Hefele (traduit par Isidore Goechler et Oden Jean Marie Delarc), Histoire des conciles d'après les documents originaux, tome 1, Adrien Le Clere et Cie, Paris, 1869, p. 529-608.


  • Jacques Zeiller, Les origines chrétiennes dans les provinces danubiennes de l'Empire romain, L'Erma di Bretschneider, Rome, 1967, p. 228-258.

  • Wladimir Guettée, De la papauté, L'Âge d'homme, Paris, 1990, 323 p., p. 110-113.



Notes et références |




  1. Les sources anciennes ne s'accordent pas sur la date : suivant Socrate le Scolastique et Sozomène, il aurait eu lieu en 347 mais l’Historia acephala, la chronique alexandrine, mentionne le retour d’exil en octobre 346 d'Athanase, patriarche d'Alexandrie, date qui se est nécessairement postérieure à la tenue du concile. La recherche contemporaine retient généralement 343.


  2. a et bPierre Maraval, Le christianisme, de Constantin à la conquête arabe, Presses Universitaires de France, 2015(ISBN 9782130738688, lire en ligne), pt522


  3. a et bAndrew Louth et Françoise Lhoest, L'Orient grec et l'Occident latin: L'Église de 681 à 1071, Cerf, 2016(ISBN 9782204120333, lire en ligne), pt90


  4. Sardica ou Serdica, actuelle Sofia, en Bulgarie


  5. a b et cRichard E. Rubenstein, Le jour où Jésus devint Dieu, éd. La Découverte, 2004, pp. 185-188


  6. Son rôle a peut-être été exagéré par les historiens de l'Église et du dogme, cf A. Lippold, Bischof Ossius von Cordova und Konstantin der Grosse, in Zeitschrift für Kirchengeschichte Stuttgart, 1981, vol. 92, no1, pp. 1-15


  7. Selon d'autres versions, ce sont les occidentaux qui, refusant la condamnation d'Athanase désertent le concile et font sécession, cf Michel Grandjean, Histoire du christianisme, Faculté autonome de théologie protestante, Université de Genève, cours n°5, janvier 2001 résumé en ligne


  8. Richard E. Rubenstein, op. cit., p. 181


  9. Cette prééminence deviendra canonique pour le catholicisme romain, cf Heinrich Denzinger, Symboles et définitions de la foi catholique, Joseph Hoffman (dir. pour l'édition française), Paris, Éd. du Cerf, 1996 en ligne


  10. Eamon Duffy, Saints & sinners : a history of the popes, Yale University Press, 2006(ISBN 9780300175035), p. 31


  11. Yves Modéran, La conversion de Constantin et la christianisation de l'empire romain, conférence pour la Régionale de l’APHG en juin 2001, texte en ligne


  12. Richard E. Rubenstein, Le jour où Jésus devint Dieu, éd. La Découverte, 2004



Voir aussi |



Articles connexes |



  • Jules Ier

  • Ossius de Cordoue

  • Athanase d'Alexandrie



Liens externes |



  • Symbole du concile de Sardique (343), consulté le 19 janvier 2011.



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