Louis XIV
Pour les autres significations, voir Louis XIV (homonymie) et Louis le Grand.
« Roi Soleil » redirige ici. Pour la comédie musicale, voir Le Roi Soleil.
Louis XIV | ||
Portrait de Louis XIV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud en 1701. | ||
Titre | ||
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Roi de France et de Navarre | ||
14 mai 1643 – 1er septembre 1715 (72 ans, 3 mois et 18 jours) | ||
Couronnement | 7 juin 1654 en la cathédrale de Reims | |
Régent | Anne d'Autriche (1643-1651) | |
Premier ministre | Jules Mazarin (1643-1661) | |
Prédécesseur | Louis XIII | |
Successeur | Louis XV | |
Dauphin de France | ||
5 septembre 1638 – 14 mai 1643 (4 ans, 8 mois et 9 jours) | ||
Prédécesseur | Louis XIII (dauphin) Gaston de France (héritier) | |
Successeur | Louis de France (dauphin) Philippe d'Orléans (héritier) | |
Biographie | ||
Dynastie | Maison de Bourbon | |
Nom de naissance | Louis de Bourbon[1] | |
Date de naissance | 5 septembre 1638 | |
Lieu de naissance | Saint-Germain-en-Laye (France) | |
Date de décès | 1er septembre 1715(à 76 ans) | |
Lieu de décès | Versailles (France) | |
Nature du décès | Gangrène | |
Sépulture | Basilique de Saint-Denis | |
Père | Louis XIII | |
Mère | Anne d'Autriche | |
Fratrie | Philippe d'Orléans | |
Conjoint | Marie-Thérèse d'Autriche (1659-1683) Françoise d’Aubigné (1683-1715) | |
Enfants | Louis de France Anne-Élisabeth de France Marie-Anne de France Marie-Thérèse de France Philippe-Charles de France Louis-François de France | |
Héritier | Philippe de France (1643-1661) Louis de France (1661-1711) Louis de France (1711-1712) Louis de France (1712-1712) Louis de France (1712-1715) | |
Religion | Catholique | |
Résidence | Palais du Louvre Château de Saint-Germain-en-Laye Château de Versailles Château de Marly Grand Trianon | |
Rois de France | ||
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Louis XIV, dit « le Grand » et « le Roi-Soleil », né le 5 septembre 1638 au château Neuf de Saint-Germain-en-Laye et mort le 1er septembre 1715 à Versailles, est un roi de France et de Navarre. Il règne sur le royaume de France et de Navarre du 14 mai 1643 (officiellement le 7 septembre 1651) à sa mort.
Né Louis, surnommé « Dieudonné »[2], il monte sur le trône de France au décès de son père Louis XIII, quelques mois avant son cinquième anniversaire. Il est le 64e roi de France, le 44e roi de Navarre et le troisième roi de France issu de la dynastie des Bourbons. Son règne de 72 ans est l’un des plus longs de l'histoire d'Europe, et le plus long de l'Histoire de France.
Il marque l'apogée de la construction séculaire d'un absolutisme de droit divin. Après une minorité troublée par la Fronde de 1648 à 1653, Louis XIV assume personnellement le gouvernement à la mort du cardinal Mazarin en 1661 en ne prenant plus de ministre principal. Son autorité se déploie avec la fin des grandes révoltes nobiliaires, parlementaires, protestantes et paysannes qui avaient marqué les décennies précédentes. Le monarque impose l'obéissance à tous les ordres et contrôle les courants d'opinion (y compris littéraires ou religieux), parmi lesquels le jansénisme à partir de 1660 et le protestantisme au travers de la révocation de l'édit de Nantes en 1685. Louis XIV construit un État centralisé, où son rôle direct est encore accentué après le décès des ministres Colbert en 1683 et Louvois en 1691.
Par la diplomatie et la guerre, il accroît sa puissance en Europe, en particulier contre les Habsbourg. Sa politique du « pré carré » cherche à agrandir et rationaliser les frontières du pays, protégée par la « ceinture de fer » de Vauban qui fortifie les villes conquises. Pour obtenir une prédominance économique, un effort de développement commercial et colonial est conduit, notamment par son ministre des finances Colbert.
À partir de 1682, Louis XIV dirige son royaume depuis le vaste château de Versailles, modèle architectural de nombreux palais européens et dont il a dirigé la construction. Sa cour soumet la noblesse, étroitement surveillée, à une étiquette très élaborée. Le prestige culturel s'y affirme grâce au mécénat royal en faveur d'artistes tels que Molière, Racine, Boileau, Lully, Le Brun et Le Nôtre, ce qui favorise l'apogée du classicisme français, qualifié, dès son vivant, de « Grand Siècle », voire de « Siècle Louis XIV ».
Sa difficile fin de règne est marquée par l'exode des protestants persécutés, par des revers militaires, par les deux famines de 1693 et de 1709 qui font près de deux millions de morts, par la révolte des Camisards et par les nombreux décès de ses héritiers royaux. Tous ses enfants et petits-enfants dynastes sont morts, et son successeur, son arrière-petit-fils Louis XV, n'a que cinq ans à la mort du roi, et pourtant, même après la régence assez libérale de Philippe d'Orléans, l'absolutisme perdure, attestant ainsi de la solidité du régime construit par Louis XIV.
Habité par l'idée de sa gloire et de son droit divin, soucieux d'accomplir en permanence son « métier de roi », Louis XIV est devenu l'archétype du monarque absolu aux yeux du monde.
Sommaire
1 La jeunesse de l'Enfant-Roi
1.1 Louis-Dieudonné
1.2 L'éducation du roi
1.3 Louis, le « miraculé »
1.4 L'épreuve de la Fronde
1.5 Mariage avec Marie-Thérèse d'Autriche
2 Le règne du Roi-Soleil : l'apogée de l'absolutisme
2.1 L'absolutisme de Louis XIV : sources et opposition
2.1.1 Les oppositions à l'absolutisme durant la Fronde
2.1.2 La pensée absolutiste de Louis XIV
2.2 Le gouvernement royal
2.2.1 La prise de pouvoir
2.2.2 L'obéissance des Provinces et des Parlements
2.2.3 La réorganisation administrative et financière
2.2.4 La sécurité intérieure
2.3 La politique étrangère
2.3.1 1643-1672 : l'alliance traditionnelle contre les Habsbourg
2.3.2 1672-1697 : la puissance dominante mais isolée
2.3.3 1697-1714 : le lourd prix du trône d'Espagne
2.3.4 Louis XIV, homme de guerre
2.3.5 La Marine
2.4 Politique économique
2.5 Les colonies et l'esclavage
2.5.1 Le Code noir
2.6 Le Roi et la religion
2.6.1 Un Roi très chrétien dès l'enfance
2.6.1.1 Une existence liturgique
2.6.1.2 Un roi sermonné ?
2.6.2 Louis XIV soumet l'Église de France
2.6.2.1 Du libertinage au gallicanisme : la lutte contre les dévots
2.6.2.2 De la paix de l'Église au rapprochement avec les dévots
2.6.3 Politique vis-à-vis des minorités religieuses
2.6.3.1 Persécutions des protestants
2.6.3.2 Révocation de l'édit de Nantes
2.6.3.3 Tolérance puis persécution du judaïsme
2.6.4 Le Roi très chrétien de la fin du règne
2.6.4.1 Pour la succession d'Espagne, le rapprochement diplomatique avec Rome
2.6.4.2 Le retour à un gallicanisme autoritaire
2.7 La Culture et les Arts
2.7.1 Louis le Bâtisseur
2.7.2 Louis XIV, patron des Arts
3 Fin de règne et succession
3.1 Une série de deuils affaiblit la dynastie
3.2 L'impossible branche espagnole
3.3 L'hypothèse de la légitimation des bâtards royaux ?
3.4 Mort du roi
3.5 Sépulture
3.6 Héritage financier
4 Ascendance
5 Descendance
6 Personnalité et vie
6.1 Le soleil comme emblème
6.2 Sa devise Nec pluribus impar
6.3 Physionomie
6.3.1 Santé
6.4 Un amant fougueux
6.5 Ses maîtresses et favorites
7 Titres
8 Filmographie
9 Bibliographie
9.1 Biographies
9.2 Synthèse
9.3 Monographies
9.4 Chronographies
10 Notes et références
10.1 Notes
10.2 Références
11 Annexes
11.1 Articles connexes
11.1.1 Famille
11.1.2 Histoire générale
11.1.3 Politique
11.1.4 La Cour
11.1.5 Divertissements royaux
11.1.6 Versailles
11.2 Personnalités du règne de Louis XIV
11.3 Liens externes
La jeunesse de l'Enfant-Roi
Louis-Dieudonné
Fils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche, Louis est le fruit d'unions dynastiques : ses parents sont des deux familles les plus puissantes d'Europe (Bourbon et Habsbourg), ses grands-parents paternels Henri IV et Marie de Médicis, étaient respectivement Franco-Navarran et Florentine ; ses grands-parents maternels, Philippe III et Marguerite d'Autriche-Styrie étaient espagnol et autrichienne, tous deux Habsbourg, proches parents l'un de l'autre[3].
Au traditionnel titre de Dauphin de Viennois est ajouté à sa naissance celui de Premier fils de France. L’enfant est aussi prénommé Louis-Dieudonné, car, après presque vingt-trois ans de mariage sans enfant, plusieurs fausses couches de la reine et la mésentente du couple royal, la naissance inattendue de l’héritier du trône est considérée comme un don du Ciel, au point que certains historiens suspectent le véritable père d’être Mazarin[4]. En effet, le Premier ministre échange à l'époque des lettres utilisant des codes avec Anne d'Autriche, qui sont parfois très sentimentales[5]. Beaucoup de courtisans parlent de « miracle ». En effet en 1637, Louis XIII avait présenté un acte faisant de la Vierge Marie la « protectrice spéciale » de son royaume et, à peine la grossesse de la reine est-elle avérée que le roi publie cet acte le 10 février 1638, la fête de l'Assomption de Marie célébrée par le Vœu de Louis XIII étant désormais un jour férié et chômé en France[6]. Irrité, Louis XIII aurait répliqué que « ce n'était point là si grand miracle qu'un mari couchât avec sa femme et lui fasse un enfant »[7]. Des récits affirment que le roi a été conçu le 5 décembre 1637[Note 1], l'historien Jean-Christian Petitfils propose plutôt la date du 20 ou du 30 novembre[8].
La naissance de Louis[9], le 5 septembre 1638[10], est suivie, deux ans plus tard, par celle de Philippe, d'abord titré duc d'Anjou, puis duc d'Orléans vingt ans plus tard, à la mort de son oncle, Gaston d'Orléans. Celui-ci était hostile au cardinal de Richelieu, Premier ministre de Louis XIII, qui le trouvait trop favorable aux nobles et aux Habsbourg. La naissance tant espérée d'un dauphin écarte du trône un comploteur impénitent ; c'est ainsi une victoire politique pour le cardinal de Richelieu, Premier ministre de Louis XIII.
À la mort de son père, Louis-Dieudonné devient roi sous le nom de Louis XIV[11]. Comme il n'a que quatre ans et demi, sa mère, Anne d'Autriche, devient régente. Elle maintient contre toute attente le cardinal Mazarin comme Premier ministre, en dépit de la désapprobation des cercles politiques français de l'époque dont beaucoup n'apprécient pas qu'un Italien, fidèle de Richelieu, dirige la France[12].
La Régente quitte alors les appartements incommodes du Louvre et s'installe au Palais-Cardinal, légué par Richelieu à Louis XIII, pour profiter du jardin où peuvent jouer le jeune Louis XIV et son frère. Le Palais-Cardinal devient alors le Palais-Royal où des gouvernantes abandonnent le jeune Louis à leurs femmes de chambre qui cèdent à tous ses caprices, ce qui fera naître la légende colportée par les Mémoires de Saint-Simon d'une éducation négligée[13].
Médaille Louis XIV, MDCXLIII (1643) en mémoire de son 5e anniversaire, année de son accession au trône et de la prise de Thionville par le Grand Condé. Graveur Jean Mauger (1648-1712). Recto.
Médaille Louis XIV, MDCXLIII (1643) en mémoire de son 5e anniversaire, année de son accession au trône et de la prise de Thionville par le Grand Condé. Graveur Jean Mauger (1648-1712). Verso.
L'éducation du roi
En plus de ses fonctions ministérielles, Mazarin, parrain de Louis XIV, se voit attribuer par la reine en mars 1646 la responsabilité de l'éducation du jeune monarque et de son frère le duc Philippe d’Orléans (dit « le Petit Monsieur »), l’usage étant que les princes élevés par des gouvernantes « passent aux hommes » à l'âge de sept ans (l'âge de raison à l'époque) pour être confiés aux soins d’un gouverneur assisté d’un sous-gouverneur. Il devient donc « surintendant au gouvernement et à la conduite de la personne du roi et de celle de M. le duc d'Anjou » et confie la tâche de gouverneur au maréchal de Villeroy. Le roi et son frère viennent souvent à l'hôtel de Villeroy, non loin du palais royal. Louis XIV se lie d'amitié à vie avec le fils du maréchal, François de Villeroy. Malgré les efforts des différents précepteurs (abbé Péréfixe de Beaumont en 1644, François de La Mothe Le Vayer à partir de 1652, son meilleur éducateur étant sans doute Pierre de La Porte, son premier valet de chambre qui lui fait la lecture de textes historiques[14]) engagés pour lui prodiguer des cours de latin, d'histoire, de mathématiques, d'italien et de dessin, Louis n'est pas un élève très travailleur. Mais, suivant l'exemple du grand collectionneur d'art qu'est Mazarin, Louis XIV se montre très sensible à la peinture, à l'architecture, à la musique et surtout à la danse qui est, à l'époque, une composante essentielle de l'éducation d'un gentilhomme : on dit que le jeune Louis s'entraîne à danser environ deux heures par jour de 7 à 27 ans[15]. Le jeune roi apprit également à jouer de la guitare auprès de Francesco Corbetta[16].
Louis aurait bénéficié également d'une éducation sexuelle : sa mère (Anne d'Autriche) aurait demandé à la baronne de Beauvais (surnommée « Cateau la Borgnesse ») de « déniaiser » Louis XIV à sa majorité sexuelle[Note 2].
Louis, le « miraculé »
Dans son enfance, Louis XIV échappe à plusieurs reprises à la mort. À 5 ans, il manque de se noyer dans un des bassins du jardin du Palais-Royal. Il est sauvé in extremis. À 9 ans, le 10 novembre 1647, il est atteint de la variole[17]. Dix jours plus tard, les médecins n’ont plus aucun espoir mais le jeune Louis se remet « miraculeusement ». À 15 ans, il a une tumeur au sein[17]. À 17 ans, il souffre de blennoragie[17].
L'alerte la plus sérieuse pour le Royaume a lieu le 30 juin 1658 : le roi, à 19 ans, est victime d’une grave intoxication alimentaire (à cause de l'infection des eaux) et de fièvre typhoïde[17], diagnostiquée comme un typhus exanthématique, lors de la prise de Bergues dans le Nord. Le lundi 8 juillet, on lui donne les derniers sacrements et on commence à préparer la succession mais Guénaut, le médecin d’Anne d’Autriche, lui donne un émétique à base d’antimoine et de vin qui guérit encore une fois « miraculeusement » le roi. Selon son secrétaire Toussaint Rose, c'est à cette occasion qu'il perd une bonne partie de ses cheveux et se met à porter temporairement[18] la « perruque à fenêtre » dont les ouvertures laissent passer les quelques mèches qui lui restent[19].
L'épreuve de la Fronde
Après avoir célébré sa première communion à l'église Saint-Eustache le 25 décembre 1649, Louis XIV, qui n'a alors que 12 ans, entre au conseil en 1650. C'est l'époque de la Fronde, une contestation de l'autorité royale par les parlements et la noblesse qui allait marquer durablement le monarque. En réaction à ces événements, Louis XIV s'appliqua plus tard à continuer le travail commencé par Richelieu : affaiblir les membres de la noblesse d'épée en les obligeant à servir comme membres de sa cour en transférant la réalité du pouvoir à une administration très centralisée et à la noblesse de robe[13].
En 1648, le Parlement de Paris s'oppose non seulement aux impôts levés par Mazarin mais obtient également un pouvoir de légiférer en matière d'impôt[20] La Journée des barricades contraint la régente et le roi pour s'installer à Rueil-Malmaison[21]. Si la cour revient assez vite dans la capitale, les exigences des parlementaires, appuyés par le très populaire Jean-François Paul de Gondi, obligent Mazarin à envisager un coup de force. En pleine nuit début 1649 La régente et la cour quittent la capitale dans le but de l'assiéger et de la remettre à obéissance. L'affaire se complique quand des personnalités de la haute noblesse apportent leur soutien à la fronde : le prince de Conti, frère de Condé, Beaufort, petit-fils d'Henri IV et quelques autres veulent renverser Mazarin. Si, après quelques mois de siège, un accord de paix (Paix de Rueil) est trouvé qui voit le triomphe du Parlement de Paris et des généraux mais qui constitue une déception pour la cour et pour le peuple. De sorte que plus que d'une paix il s'agit d'une trêve[22].
En 1649-1650, un renversement d'Aliance intervient, Mazarin et la régente se rapprochent du Parlement et des chefs des grands de la première Fronde et font enfermer Le prince de Condé et le Cardinal de Retz [23]. A partir de février 1650 se développe la révomte princière qui oblige Mazarin et la Cour à se déplacer en province pour mener des expéditions militaires[24]. Le 9 février 1651 le Parlementrend un arrê , Gondi et Beaufort, chefs des grands de la première fronde et le Parlement, s'allient à la fronde des princes, pour renverser Mazarin. L'appui du duc d'Orléans et une émeute parisienne obligent Mazarin à s'exiler. Le 8 février 1651, la reine et le jeune Louis essaient de s'enfuir de la capitale mais, alarmés, les Parisiens envahissent le palais royal où loge le roi, désormais prisonnier de la fronde.
En 1650, une nouvelle fronde appelée Fronde des princes sur un reversement des aliances. Le prince de Condé quiiter le camp de Mazarin pour rallier en 1651 t qui oblige Mazarin à quitter le pays, tandis que la régente et le roi sont obligés de demeurer à Paris. Pire Le cardinal de Retz et le duc d'Orléans exigent de vérifier que le roi est bien là et en pleine nuit ils confient cette mission au capitaine des Suisse du Duc. Louis XIV considerera cela comme une humiliation qu'il n'oubliera jamais[25].
Le 7 septembre 1651, un lit de justice déclare la majorité du roi (la majorité royale est à treize ans). Tous les grands du Royaume viennent lui rendre hommage, sauf Condé qui, de Guyenne, lève une armée pour marcher sur Paris[26]. Le 27 septembre pour éviter d'être à nouveau prisonnière dans Paris, la Cour quitte Paris pour Fontainebleau puis Bourges où sont stationnées les 4000 du maréchal d'Estrée[26].Commence alors une guerre civile qui « va contribuer à clarifier les choses » [26]. Le 12 décembre, Louis XIV autorise Mazarin à revenir en France en réaction le Parlement de Paris qui a banni le cardinal met sa tête à prix pour 150 000 livres[27].
Début 1652 trois camps se font face : La Cour libérée de la tutelle instaurée par le Parlement en 1648, le Parlement et enfin Condé et les Grands [28]. Condé va dominer Paris durant la première partie de l'année 1652 en s'appuyant notamment sur le peuple qu'il manipule en partie. Mais Condé perd des positions en province et Paris supporte de moins en moins sa tyrannie. Aussi, peu à peu sa tyrannie pèse sur Paris qu'il quitte le 13 octobre avec ses troupes[29]. Le 21 octobre Anne d'Autriche et son fils Louis XIV accompagnés du roi déchu Charles II d'Angleterre]] rentrent dans la capitale. Va alors se mettre en place un pouvoir basé sur une lettre que le roi a adrresé quelque temps auparvent au Parlement
« Toute autorité Nous appartient. Nous la tenons de Dieu seul sans qu'aucune personne, de quelque condition qu'elle soit, puisse y prétendre [...]Les fonctions de justice, des armes, des finances doivent toujours être séparées; les officiers du Parlement n'ont d'autre pourvoir que celui que Nous avons daigné leur confier pour rendre la justice [...] La postérité pourra-t-elle croire que ces officiers ont prétendu présider au gouvernement du royaume, former des conseils et percevoir des impôt, s'arroger enfin la plénitude d'un pouvoir qui n'est due qu'à nous[30]. »
Louis XIV qui a quinze convoque un lit de Justice le 22 octobre où rompant avec la tradition, il apparaît en chef militaire avec des gardes et des tambours. Il fait enregistrer pdes actes mettant fin à la Fronde. Si une amnistie générale est proclamée, des grands, des parlementaires ainsi que des serviteurs de la maison de Condé sont bannis de Paris. Le parlement se voit interdire « de prendre à l'avenir aucune connaissance des affaires de l'Etat et des finances »[31].
Louis XIV est sacré le 7 juin 1654 en la cathédrale de Reims par Simon Legras, évêque de Soissons, mais laisse les affaires politiques à Mazarin, tandis qu'il continue sa formation militaire auprès de Turenne.
Mariage avec Marie-Thérèse d'Autriche
Pendant le voyage du jeune roi, le 7 novembre 1659, les Espagnols acceptent de signer le traité des Pyrénées qui fixe les frontières entre la France et l'Espagne. De son côté, Louis XIV accepte bon gré, mal gré de respecter une des clauses du traité : épouser l'infante Marie-Thérèse d'Autriche, fille de Philippe IV, roi d'Espagne, et d'Élisabeth de France. Les époux sont doublement cousins germains : la reine mère Anne d'Autriche étant la sœur de Philippe IV et Élisabeth de France la sœur de Louis XIII. Ce mariage a cependant pour but de rapprocher la France de l'Espagne. Il a lieu le 9 juin 1660 en l'église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz.
Louis ne connaît sa femme que depuis trois jours, celle-ci ne parle pas un mot de français mais le roi « l'honore » fougueusement et devant témoins dès la nuit de noces[32]. Selon d'autres sources, cette nuit de noces, contrairement à l'usage, n'eut pas de témoin[33].
Le règne du Roi-Soleil : l'apogée de l'absolutisme
Également connu sous le nom du Roi-Soleil (appellation tardive qui remonte à la monarchie de Juillet même si le roi prend cet emblème lors de la fête du carrousel le 5 juin 1662[34]), Louis XIV renforce la monarchie qui devient monarchie absolue de droit divin. Lorsque le 13 avril 1655, le roi qui — à 16 ans — vient de prendre le pouvoir seul décrète dix-sept édits visant à renflouer les caisses de l’État, ce qui a pour effet de faire passer le total des revenus fiscaux du Royaume de 130 millions de livres en 1653 à plus de 160 millions en 1659-1660[35], la légende raconte qu'il aurait déclaré aux parlementaires réticents le célèbre mais contesté : « L'État, c'est moi ! ». Louis n'a, en réalité, jamais prononcé cette phrase. On peut néanmoins citer ses dernières paroles : « Je m'en vais mais l'État demeure »[36].
Même si Louis XIV se dissocie de l'État, dont il se définit lui-même comme, seulement, le premier serviteur[37],[38] et s'il indique sur son lit de mort, en 1715 : « Je m'en vais mais l'État demeurera toujours »[39] ; cette phrase résume toutefois l'idée que ses contemporains se sont faite du rapport au pouvoir du roi : par des réformes politiques administratives et fiscales, par une politique étrangère et religieuse centralisant le pouvoir.
L'absolutisme de Louis XIV : sources et opposition
Les oppositions à l'absolutisme durant la Fronde
La pensée absolutiste de Louis XIV
Cette pensée est contenu dans un écrit rédigé par Louis XIV intitulé : Mémoires pour l'instruction du dauphin
Le gouvernement royal
La prise de pouvoir
À la mort de Mazarin, le 9 mars 1661, la première décision de Louis XIV est de supprimer la place de ministre principal et de prendre personnellement le contrôle du gouvernement. Mais l'entourage du roi n'est pas convaincu de sa stature d'homme d'État. Il prouve son autorité par un « coup de majesté ».
La situation financière dégradée[40] dont l'informe Jean-Baptiste Colbert et le fort mécontentement des provinces contre la pression fiscale durant les 18 années de ministère du défunt cardinal étaient préoccupants. Les causes en étaient la guerre ruineuse contre la maison d’Espagne et les cinq années de Fronde, mais aussi l’enrichissement personnel effréné de Mazarin, dont Colbert lui-même avait profité et celui, éhonté, du surintendant Fouquet dont les pratiques spéculatives, mêlant ses comptes et ceux de l'État, avaient fait leur temps. Le 5 septembre 1661, jour de ses 23 ans, le Roi fit arrêter au grand jour, par d'Artagnan, Nicolas Fouquet dont il supprime par la même occasion le poste de surintendant des finances.
Il crée une chambre de justice pour examiner les comptes des financiers. Même si Fouquet servit de bouc émissaire et qu’il avait pendant presque neuf ans, par son crédit personnel immense, bien rempli sa mission de pourvoyeur d’argent immédiat, il est communément admis aujourd’hui que le surintendant, qui eut le malheur d’être le dernier représentant d’un système populairement détesté, avait fini par confondre sans scrupule sa comptabilité avec celle du Trésor. Le roi avait donc besoin de montrer qui dirigeait le pays et d'éliminer ainsi celui dont il subissait le trop grand ascendant marqué par une fête donnée quelques jours avant l'arrestation au château de Vaux-le-Vicomte.
Le 22 juillet 1664, il entreprend l'expédition de Djidjelli, ayant pour but de mettre fin au règne des barbaresques en Méditerranée, mais l'affaire se solde, en novembre 1664, par un échec cuisant[41].
Après trois ans d'un procès plein d'irrégularités et influencé par le roi, Fouquet est remplacé par Colbert en 1665. Le règne personnel du Roi-Soleil commence.
L'obéissance des Provinces et des Parlements
Le Roi fait très tôt obéir les Provinces : en réponse aux révoltes de la Provence (Marseille en particulier) le jeune Louis XIV envoie le duc de Mercœur pour réduire la résistance et réprimer les rebelles. S'ensuit une répression le 2 mars 1660, le roi entre dans la ville par une brèche ouverte dans les remparts, il change le régime municipal et soumet le Parlement d'Aix. Les mouvements de contestation en Normandie, en Anjou se terminent en 1661. L'obéissance est « plus acceptée qu'imposée »[42],[43].
L'autorité du jeune souverain s'impose aux Parlements : dès 1655, il impressionne les parlementaires en intervenant en costume de chasse et le fouet à la main pour faire cesser une délibération. Le pouvoir des Parlements diminue par la mise en place de lits de justice sans la présence du roi, par la perte de leur titre de « cour souveraine » en 1665, et par la limitation, en 1673[44], de leur droit de remontrance.
Les décisions du Roi sont préparées dans un certain secret, après l'avis des ministres qui siègent dans un conseil qu'il réforme profondément. Ces édits sont rapidement enregistrés par les Parlements, puis rendus publics dans les provinces où les intendants, ses administrateurs, prennent de plus en plus le pas sur les gouverneurs, issus de la noblesse d'épée. Toutefois, l'état des routes, la difficulté d'avoir des informations sur toutes les paroisses, la diversité des peuples et la mosaïque des usages locaux, en particulier judiciaires, ainsi qu'un certain respect pour les pouvoirs urbains nuancent la réalité d'un absolutisme centralisateur.
La réorganisation administrative et financière
La première partie du règne de Louis XIV est marquée par de grandes réformes administratives et surtout par une meilleure répartition de la fiscalité. Les douze premières années virent le pays en paix et le retour d'une relative prospérité[45]. On passe progressivement d'une monarchie judiciaire (où la principale fonction du roi est de rendre justice) à une monarchie administrative (le roi est à la tête de l'administration); de grandes ordonnances administratives accentuent le pouvoir royal: les terres sans seigneurs deviennent terres royales, ce qui permet la réorganisation fiscale et celle des droits locaux. Le Roi crée le Code Louis en 1667, sorte de code civil, l'ordonnance criminelle en 1670, le code forestier (étape cruciale de la réorganisation des Eaux et Forêts), l'édit sur les classes de la Marine en 1669, l'ordonnance de commerce en 1673...
Le conseil royal se réorganise en plusieurs conseils, d'importance et de rôles divers : Conseil d'en haut, pour les affaires les plus importantes (avec peu de ministres), du conseil des dépêches, le lundi, pour l'administration provinciale, du conseil des finances, de celui des parties, pour les causes judiciaires, de celui du commerce et de ceux chargés de la religion catholique — conseil des consciences — et protestante.
Les conseils | Rôles |
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Conseil d'en Haut ou étroit, ou des affaires Composé de ministres d'État que seul le roi peut convoquer | Vrai gouvernement : plus hautes affaires politiques et diplomatiques |
Conseil des parties ou privé 30 conseillers d'État, 98 maîtres des requêtes | Haute Cour de justice, questions administratives |
Conseil des finances ou royal Contrôleur général, deux ou trois intendants des finances | Etablit le budget, dresse les baux de fermes, répartit la taille (brevet) |
Conseil des dépêches Les quatre secrétaires d'État | Courrier avec les provinces, règlement des problèmes locaux |
Conseil du commerce 12 négociants élus, 6 officiers | Vie économique |
Conseil de conscience, présidé par le roi Confesseur du roi, archevêque de Paris, et un ou deux prélats | Questions religieuses |
Les Ministres | Rôles |
Le Chancelier (inamovible) | Justice |
Le contrôleur général des finances (amovible) Charge crée en 1665 | Grand administrateur de la vie financière et économique |
Les quatre secrétaires d'État (amovibles)
| Il se partagent aussi la France en quatre secteurs, où ils exercent les fonctions de ministre de l'intérieur, de même que le contrôleur général des finances. |
À partir de la création du Conseil royal des finances (12 septembre 1661) les finances, dirigées désormais par un contrôleur général, en l'occurrence Colbert, supplantent la justice en tant que première préoccupation du Conseil d'en haut. Celui qui aurait normalement dû être chargé de la justice, le chancelier, François-Michel Le Tellier de Louvois, finit lui-même par délaisser la justice pour se consacrer essentiellement aux affaires de guerre. Au fil du temps, deux clans dans l'administration se constituent, rivalisent et cohabitent. Le clan Colbert gère tout ce qui touche à l'économie, la politique étrangère, la Marine et la culture alors que le clan Le Tellier-Louvois prend la mainmise sur la Défense. Le roi fait ainsi sienne la devise « diviser pour mieux régner ». En ayant deux clans rivaux sous ses ordres, il est certain qu'ils s'autocontrôlent et que cela empêche toute dérive permettant à un de ses ministres de réussir un coup d'État contre lui.
Jusqu'en 1671, le clan Colbert domine mais, quand commencent les préparatifs de la guerre de Hollande, les réticences de Colbert, qui rechigne à se lancer à nouveau dans de grandes dépenses, commencent à le discréditer aux yeux du roi. De plus, l'écart d'âge entre Colbert (52 ans à l'époque) et le roi (33 ans) fait que le roi se rapproche naturellement de Louvois qui n'a que 30 ans et la même passion : la guerre. Jusqu'en 1685, c'est le clan Louvois qui est le plus influent. Après son décès (1691) les charges ministérielles ont tendance à devenir héréditaires et l'influence de Madame de Maintenon augmente.
La sécurité intérieure
Le Roi Louis XIV est décrit comme un souverain voulant « tout savoir »[46].
Le jeune Roi se défie d'une ville qu'il a vu se révolter et qu'il n'a pas encore quitté pour Versailles. Ce « Paris du XVIIe siècle est quasiment invivable »[47]. La ville est perçue comme une concentration dangereuse d'épidémies, incendies, inondations, encombrements et désordres de tout genre. Elle attire des individus qui espèrent vivre mieux auprès des riches : escrocs, brigands, voleurs, mendiants, infirmes, hors-la-loi, paysans sans terre et autres déshérités. La Cour des miracles, le plus célèbre des ghettos incontrôlables est estimé à 30 000 individus, soit 6 % du peuplement.
L'édit de fondation de l’hôpital général de Paris (27 avril 1656), dit de « Grand Renfermement », a pour objet d’éradiquer la mendicité, le vagabondage et la prostitution. Conçu sur le modèle de l’hospice de la Charité établi en 1624 à Lyon, il est desservi par la compagnie du Saint-Sacrement en trois établissements (la Salpêtrière, Bicêtre et Sainte-Pélagie). Mais, en dépit des peines et des expulsions prévues pour ceux qui ne regagnent pas l’hôpital, cette mesure qui horrifiait Vincent de Paul, est un échec, faute d’effectifs suffisants. De plus, les différentes factions de police sont disséminées et rivalisent entre elles. La situation, mal maîtrisée, empire et « on rapporte que le roi n’en dort plus la nuit ».
Colbert s’efforce de coordonner toutes ces autorités en un seul service, sous l'autorité d'un de ses proches, La Reynie nommé le 15 mars 1667, à la charge de la lieutenance générale de police qui vient d’être créée. Intègre et travailleur La Reynie a déjà participé au conseil de la réforme de la justice. L'ordonnance civile de Saint-Germain-en-Laye (3 avril 1667) organise un contrôle précis des affaires intérieures. Elle vise une approche globale de la criminalité, notamment en fusionnant les quatre services de police de Paris. Les attributions de La Reynie, nommé en 1674 Lieutenant général de police, sont étendues : maintien de l’ordre public, des bonnes mœurs, du bon ravitaillement, de la salubrité (ébouage, pavage des rues, fontaines d’eau, etc.), la sécurité (rondes, éclairage des rues par lanternes, lutte contre la délinquance et les incendies, liquidation des « zones de non-droit »… (voir la Cour des miracles). Son service a la confiance du gouvernement royal, et s'occupe donc également des grandes et petites affaires criminelles dans lesquelles de hauts aristocrates pourraient être mêlés : complot de Latréaumont (1674), affaire des poisons (1679-1682), etc.[47]
La simplification et l’uniformisation des procédures touche tous les domaines : les affaires civiles sont distinguées des procédures criminelles, la justice civile s'étend à tout le Royaume, où chaque paroisse a obligation de mieux tenir les registres paroissiaux. La répression contre les Bohémiens atteint son comble : confirmant un décret du roi de 1666, l'ordonnance du 11 juillet 1682, confirme et ordonne que tous les Bohémiens mâles soient dans toutes les provinces du Royaume où ils vivent, condamnés aux galères à perpétuité, leurs femmes rasées et leurs enfants enfermés dans des hospices. Une peine était en outre portée contre les nobles qui donnaient dans leurs châteaux un asile aux Bohémiens ; leurs fiefs étaient frappés de confiscation[48],[49]. Ces mesures prétendaient lutter contre le vagabondage transfrontalier et l'utilisation mercenaire par certains nobles.
La Reynie s’acquitte de sa tâche épuisante avec intelligence pendant 30 ans, jusqu’en 1697 et instaure à Paris une « sécurité inconnue ». Mais au moment de son retrait, la situation commençait à se dégrader. Le marquis d’Argenson, qui lui succède, est un homme rigoureux et sévère qui entreprend le remise en ordre dans l'intransigeance. Dans ce domaine comme dans les autres, l’administration royale se fait plus répressive. Il instaure une sorte de police secrète d’État, qui semble servir les intérêts des puissants et accentuer le despotisme d’un règne vieillissant. Ses services lui valent, en 1718, lors de la Régence, la place enviée de garde des Sceaux[50].
La politique étrangère
Louis XIV tend à affirmer la puissance de son Royaume. Il utilise les armes traditionnelles de la diplomatie (ambassade, traités, alliances, unions dynastiques, soutien aux opposants de ses ennemis). Mais c'est surtout par l'armée qu'il s'impose. Jeune roi, il poursuit d'abord la stratégie de ses prédécesseurs depuis François Ier pour dégager la France de l'encerclement hégémonique des Habsbourg en Europe par une guerre continuelle contre l'Espagne, en particulier sur le front des Flandres. Le « grand Roi » en profite pour rendre son « pré carré » par des guerres de conquêtes sur ses voisins, négligeant toutefois un peu l'expansion coloniale. Pour assurer à son petit-fils la succession d'Espagne, il se lance sur le tard dans une guerre contre toute l'Europe qui finit par épuiser les belligérants. À la fin de son règne, le roi a arraché un compromis : si les Bourbons dominent en France et Espagne, ils reconnaissent deux nouvelles puissances montantes : l'Angleterre protestante et les Habsbourg d'Autriche.
1643-1672 : l'alliance traditionnelle contre les Habsbourg
Dans un premier temps, pour se dégager de l'encerclement des Habsbourg, le jeune Louis XIV avec son ministre Mazarin fait alliance avec les principales puissances protestantes, reprenant ainsi la politique de ses deux prédécesseurs et de Richelieu.
Cette guerre franco-espagnole connaît quatre phases : quand le règne débute, la France soutient directement les puissances protestantes contre les Habsbourg, lors du dernier tiers de ce qu'on a appelé ensuite la guerre de Trente Ans, conclue en 1648 par les traités de Westphalie. Profitant de la Fronde, l'Espagne tente d'affaiblir le Roi en soutenant la révolte militaire du Grand Condé (1653) contre Louis XIV. En 1659, des victoires françaises et une alliance avec les puritains anglais (1655-1657) et les puissances allemandes (Ligue du Rhin) imposent à l'Espagne le traité des Pyrénées (soudé par le mariage entre Louis XIV et l'infante en 1659). Enfin, le conflit reprend à la mort du roi d'Espagne (1665) quand Louis XIV entame la guerre de Dévolution : au nom de l'héritage de son épouse, le roi réclame que des villes frontalières du royaume de France en Flandre espagnole lui soit dévolues. Il s'appuie sur les difficultés de l'Espagne au Portugal.
À l'issue de cette première période, Louis XIV, jeune roi, est à la tête de la première puissance militaire et diplomatique d'Europe, s'imposant même au Pape. Il a agrandi son royaume vers le nord (Artois, achat de Dunkerque aux Britanniques) et conservé, au sud, le Roussillon. Sous l'influence de Colbert, le Roi a aussi construit une marine et agrandit son domaine colonial pour combattre l'hégémonie coloniale espagnole.
1672-1697 : la puissance dominante mais isolée
Dans un second temps, à partir de 1672, sous l'influence de Louvois, le « Grand Roi » renonce à l'alliance protestante. Pour rendre son « pré carré », il s'isole diplomatiquement dans une politique belliqueuse de conquête qui l'oppose à toute l'Europe.
La poussée vers les Flandres d'un monarque absolu catholique provoque l'inquiétude de la République protestante des Pays-Bas. Dès lors, France et Pays-Bas, anciens alliés, deviennent rivaux économiquement et politiquement. En 1672, Louis XIV les attaque, ce qui provoque la guerre de Hollande. L'Espagne en profite pour tenter de récupérer les villes de Flandres perdues. Ce conflit isole diplomatiquement la France : opposée à la fois aux Habsbourgs, au pape et aux protestants d'Europe, après le rapprochement entre les Provinces-Unies des Pays-Bas, les princes allemands et le Parlement anglais, elle n'a plus comme alliée protestante que la Suède. Sa puissance militaire lui permet toutefois d'imposer la paix sur le front nord et de prendre le comté de Bourgogne à l'Espagne (1674, confirmé au traité de Nimègue, 1678). C'est ainsi que Besançon devient française. Louis XIV élargit ensuite ses ambitions aux possessions des villes conquises (politique des réunions). Cette politique d'expansion territoriale et la violence des massacres dans le Palatinat provoque la ligue d'Augsbourg (9-7-1686), alliance défensive de l'ensemble des puissances européennes (Habsbourg et protestants). Après la prise de Luxembourg en 1684, le conflit reprend de 1688 à 1697, années de guerre extrêmement violentes sur terre et sur mer : de l'Irlande où le roi soutient le prétendant catholique au trône de Grande-Bretagne, à l'Allemagne, où il prétend soutenir les droits successoraux de sa belle-sœur la Princesse Palatine, jusqu'à la Savoie, les guerres pèsent durement sur les finances royales et sur les populations, en particulier lors du terrible sac du Palatinat par Louvois. La paix négociée par la médiation de la Suède lui permet de prendre l'Alsace, terre traditionnelle du Saint-Empire et dont la population est germanophone.
Le poids de la guerre et l'isolement diplomatique sont partiellement compensés par l'agrandissement du Royaume. Le roi saisit ainsi l'occasion de faire de son royaume la première puissance catholique au vu de l'affaiblissement espagnol.
1697-1714 : le lourd prix du trône d'Espagne
À la fin de son règne, le « Roi très chrétien » tente de préserver la succession d'Espagne pour son petit-fils ce qui conduit à une guerre qui épuise toute l'Europe.
La fragilité de la santé du roi espagnol Charles II de Habsbourg, sans enfant, pose le problème de sa succession. Louis XIV mène une active diplomatie pour faire hériter un de ses descendants (sa femme et sa mère étaient héritières d'Espagne). Placer un Bourbon sur le trône des Habsbourg ferait de sa famille la première puissance européenne et même mondiale (au vu de l'empire colonial espagnol). Mais cela l'oppose à la branche Habsbourg d'Autriche, autre prétendante. D'ailleurs, l'héritier figurant sur son premier testament en 1697 est le jeune Habsbourg Joseph-Ferdinand de Bavière, petit-fils de Léopold Ier, mais qui meurt une année plus tard[52]
Pour réussir, Louis XIV se réconcilie avec le pape, renonçant au gallicanisme au profit du parti dévot, favorise l'Espagne par des gestes diplomatiques (traité de Ryswick en 1697). Conscient du risque de l'hostilité de l'Europe à la réunion des possessions espagnoles et françaises, il envisage même un partage complexe avec l'Autriche. Mais, en 1700, Charles II refuse sur son lit de mort la solution du partage et lègue la totalité des possessions espagnoles pour l'un des petits-fils de Louis XIV, Philippe V, alors duc d'Anjou. Il cède ainsi aux pressions de son entourage, notamment le francophile pape Innocent XII, pour qui seul un Français pouvait garantir l'intégrité territoriale du Royaume espagnol et qui espérait préserver la paix en Europe[52]. Louis XIV est avisé par courrier du décès le 9 novembre, et le 10 au soir son Conseil vote à l'unanimité pour qu'il accepte l'héritage au nom de son petit-fils. Le Dauphin, fils du roi et père du duc d'Anjou, est aussi de cet avis même si en théorie la couronne lui revient de plein droit car sa mère, avant son décès, était l'héritière légale du trône d'Espagne. Puisque le Dauphin était le prince héritier de la couronne française, il a été écarté pour ce qui est de celle d'Espagne afin de conserver les deux royaumes distincts[52].
Louis XIV confirme l'acceptation de l'héritage quelques jours plus tard, non sans se résigner à une inévitable guerre, car jamais les autres puissances européennes n'accepteraient qu'un roi de de France ait autant d'influence[52]. Ainsi naît une violente guerre contre les Bourbons de France et d'Espagne. Leurs opposants l'emportent d'abord et la France est prête à traiter (1708), mais les vainqueurs veulent contraindre Louis XIV à détrôner lui-même son petit-fils, ce qui le conduit à reprendre des combats. Au bout de quatorze ans, l'épuisement des adversaires conduit à une paix de compromis (1713) : Philippe conserve le trône d'Espagne mais les compensations accordées montrent la montée de la puissance britannique dans les colonies et de l'Autriche dans l'Europe centrale et dans les Flandres.
Louis XIV, homme de guerre
Louis XIV a ainsi consacré trente-deux années sur cinquante-quatre à faire la guerre. Sur son lit de mort, il confesse au futur Louis XV « j'ai trop aimé la guerre ».
Marqué par le modèle et l'éducation de son père, puis fasciné, enfant, par la prestance du jeune Condé, Louis XIV assiste enfant à plusieurs combats lors de la Fronde. Il reçoit une formation militaire poussée par Turenne. Le jeune Louis dirige l'armée, par exemple, à vingt ans, le 23 juin 1658 à Dunkerque, lors de bataille des Dunes où ses troupes récemment alliées aux Anglais (gouvernés à l'époque par Lord protecteur Oliver Cromwell) remportent une victoire importante contre Condé et l'Espagne. Il fait célébrer ses victoires à Versailles (galerie des batailles), par des statues et des poèmes de circonstances.
La réorganisation de l'armée est rendue possible par celle des finances. Si Colbert a réformé les finances, c'est Michel Le Tellier puis son fils, le marquis de Louvois qui réforment avec le roi les troupes : unification des soldes, création de l’hôtel des Invalides en 1670, réforme du recrutement. Cette nouvelle impulsion politique limite la désertion et augmente le niveau de vie de la gent militaire. Le roi charge Vauban de construire une ceinture de fortifications autour du territoire (politique du pré carré). Au cœur du règne le Royaume dispose d'une armée de 300 000 hommes ce qui en fait de loin la première armée d'Europe, capable de tenir tête à des coalitions rassemblant de nombreux pays européens. Pour renforcer le pouvoir de la France dans le monde, Louis XIV engage le royaume dans une multitude de guerres et batailles :
- de 1667 à 1668, la guerre de Dévolution ;
- de 1672 à 1678, la guerre de Hollande qui se conclut par le fameux traité de Nimègue ;
- de 1683 à 1684, la guerre des Réunions ;
- de 1688 à 1697, la guerre de la Ligue d'Augsbourg (également appelée guerre de Neuf Ans) ;
- de 1701 à 1713, la guerre de Succession d'Espagne.
Ces guerres agrandissent considérablement le territoire : sous le règne de Louis XIV, la France conquiert la Haute-Alsace, Metz, Toul, Verdun, le Roussillon, l'Artois, la Flandre française, Cambrai, le comté de Bourgogne, la Sarre, le Hainaut et la Basse-Alsace. Ces acquisitions consacrent l'hégémonie française en Europe et ceux qui, comme le doge de Gênes ou le duc de Lorraine, se risquent à défier le roi, ne tardent pas à en payer les conséquences.
Cependant, l'état de guerre permanent mène l'État au bord de la banqueroute, le forçant à lever de lourds impôts sur le peuple mais aussi sur la noblesse (impôts de la capitation, du dixième). Même la famille royale doit payer des impôts.
La Marine
À la mort de Mazarin, en 1661, la Marine royale, ses ports et ses arsenaux sont en piteux état. Seule une dizaine de vaisseaux de ligne est en état de fonctionnement correct. À la même période, la marine anglaise comptait 157 vaisseaux (dont la moitié sont des vaisseaux importants, embarquant de 30 à 100 canons), soit un rapport de 1 à 8 avec la Marine française. Les flottes de la république des Provinces-Unies en comportent 84.
Contrairement à une idée très répandue, Louis XIV s’intéressa personnellement aux questions navales et contribua avec Colbert à l’essor de la marine de guerre française. Dès 1662, il crée le corps des galères, qui a l'avantage de constituer une flotte à la fois militaire et commerciale. Il préside une fois par semaine le conseil de la Marine et suit avec le plus grand soin les détails de la mobilisation des ressources, fixant chaque année l’ampleur des armements, nommant en personne tous les officiers de vaisseau ou encore choisissant le nom de chaque vaisseau fabriqué[réf. souhaitée].
Le roi souhaite que sa marine devienne aussi puissante et redoutée que son armée de terre, non tant pour combattre que pour disposer d'un instrument de dissuasion permettant de ne pas combattre.
Le 7 mars 1669, il crée le titre de secrétaire d’État à la Marine et nomme officiellement Colbert premier titulaire du poste. Dès lors, Colbert et son fils vont mobiliser des ressources humaines, financières et logistiques sans précédent qui ont permis, pratiquement ex nihilo, de faire de la France une puissance militaire navale de premier rang.
L’objectif fixé par Colbert était d’atteindre une flotte de 120 vaisseaux dont 72 d’au moins 50 canons. À sa mort en 1683, la Royale comptait 117 vaisseaux, 1 200 officiers et 53 000 matelots. De 1661 à la mort de Louis XIV en 1715, 381 vaisseaux et frégates furent construits.
Politique économique
La politique économique de Louis XIV est marquée par les fortes dépenses militaires : les ministres (Colbert, surtout) cherchent à augmenter les revenus des caisses de l'État par une pression fiscale, et par un effort manufacturier et commercial qui vise à créer un excédent commercial.
Sous Mazarin, la pression fiscale est à l'origine de nombreuses rébellions aussi bien aristocratiques (la Fronde) que populaires (les jacqueries) :
- La révolte des sabotiers de Sologne (d'avril à août 1658).
- La révolte du Boulonnais en mai 1662 (aussi appelée « révolte des Lustucru »).
Après Mazarin, Colbert multiplie les initiatives économiques :
- Il invente sa propre version du mercantilisme qu'on appelle ensuite le colbertisme : augmenter les exportations et réduire les importations par le soutien du gouvernement royal à la production et aux structures d'échanges.
- Il crée les manufactures qui peuvent être d'État (tapisseries de Beauvais, des Gobelins) ou privées (Saint-Gobain). Pour faire rentrer des devises, Colbert favorise l'exportation par des aides d'État et limite les importations en instaurant un protectionnisme fort. Il incite les meilleurs artisans d'Europe à venir travailler en France pour disposer des produits de la meilleure qualité possible et donc plus faciles à vendre.
- Pour faciliter le commerce, il améliore les infrastructures en créant des routes. Avec l'aide de son fils, Jean-Baptiste Colbert de Seignelay, il développe la marine marchande pour vendre les produits et la « marine royale » (militaire) pour protéger les convois.
- Il favorise le développement des colonies et la création des compagnies commerciales : Compagnie des Indes orientales (océan Indien), Compagnie des Indes occidentales (Amériques), Compagnie du Levant (Méditerranée et Empire ottoman) et Compagnie du Sénégal (Afrique) pour promouvoir le commerce triangulaire des esclaves.
Les colonies et l'esclavage
- En 1654, la Nouvelle-France (l'Acadie et le Canada) est colonisée pour ses ressources naturelles, surtout les pelleteries. Elle est gérée par la Compagnie de la Nouvelle-France.
- En 1659, un premier comptoir français, nommé « Saint-Louis » en hommage au roi, est installé sur l'île de Ndar au Sénégal. Le pays fut cédé à la Compagnie du Sénégal en 1673 pour transférer des esclaves noirs aux Antilles.
- En 1664, sur ordre du roi, Joseph-Antoine Le Febvre de La Barre reprend la Guyane française aux Néerlandais alors même que la France leur est alliée.
- En 1665, Louis XIV crée la Compagnie des Indes orientales basée initialement à Madagascar. La même année, Colbert rachète la Guadeloupe à Charles Houel du Petit Pré, ancien directeur de la Compagnie des îles d'Amérique et l'île de la Martinique à Jacques Dyel Duparquet. Tous ces territoires sont confiés en gestion à la Compagnie des Indes qui fit faillite en 1674, date à laquelle ces territoires sont rattachés au domaine royal.
- En 1682, La Salle fonde à l'embouchure du Mississippi une nouvelle colonie française qui est nommée Louisiane (Nouvelle-France) en l'honneur du roi Louis.
- En 1697, le traité de Ryswick attribue la moitié ouest de l'île de Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti) à la France.
Malgré tout, les colonies sont plus une priorité pour Colbert que pour le roi. On a besoin de chair à canon pour mener les guerres en Europe et on n'envoie que très peu de gens aux colonies : les engagées et les jeunes orphelines surnommées « les filles du roi » au Canada (Nouvelle-France). Colbert entrevoit, lui, les ressources potentielles dans le développement des colonies mais dans sa correspondance avec les intendants de la Nouvelle-France, il est strict : les colonies servent au royaume et ne doivent pas se développer au détriment de l'industrie française. Pour favoriser l'accroissement naturel, il crée des amendes pour les colons masculins célibataires de plus de 20 ans et les filles de plus de 16 ans non mariées. En outre, il alloue la somme de 300 livres aux familles de plus de dix enfants.
L'Afrique est un centre d'intérêt pour le Roi. L'historien Tidiane Diakité lui attribue le surnom de Louis L’Africain car de tous les rois de France et de l’Europe il est le seul à s’être autant intéressé à l’Afrique[53],[54] : il fut celui qui eut la correspondance la plus fournie avec des rois d’Afrique, celui qui dépêcha auprès d’eux le plus d’émissaires et chargés de mission, et il reçut des Africains à la cour. Certains fils de rois noirs, comme le prince Aniaba, furent élevés à Versailles, baptisés par les soins du Roi qui caressait l’espoir d’une évangélisation de l'Afrique ; il favorisa l'envoi de missionnaires, y compris en Éthiopie, royaume chrétien mais « infecté de plusieurs hérésies »[55]. Cet objectif d'évangélisation est d'ailleurs associé à celui de développement du commerce avec l'Afrique ; la France était alors en concurrence avec les nations commerçantes d’Europe du Nord dans ce domaine. La Compagnie du Sénégal est sa création, et certains préconisaient la création d’une colonie française à Saint-Louis.
Selon Diakité, Louis XIV semble avoir été attiré par ce continent mystérieux, dominé par des rois méconnus, eux-mêmes fascinés par le prestige de celui que les explorateurs français s'attachaient à présenter comme le « plus grand roi de l’Univers ». Pour Louis XIV, l'Afrique était un des enjeux du rayonnement de la monarchie française, au-delà des questions économiques et religieuses. Les Hollandais cherchèrent d'ailleurs en vain à ruiner cette image en mettant en avant la médiocrité des Français dans le commerce, leurs prétentions et leurs mauvaises manières.
Le Code noir
Dans le contexte de la codification absolutiste du Royaume, de la religion et de l'économie, Louis XIV, en mars 1685, promulgue le « Code noir » considéré par certains auteurs comme « le texte juridique le plus monstrueux qu'aient produit les Temps modernes »[56]. Ce texte, qui expulse les Juifs des Antilles, définit les règles de métissage et régularise le plein usage des esclaves dans les colonies auquel il donne un cadre juridique. Ses détracteurs y dénoncent une institutionnalisation de l'esclavage et de ses sévices (amputations par exemple en cas de fuite…) ; il pose toutefois certaines limites à l'arbitraire des propriétaires (une obligation de soins et de nourriture suffisante) et il est reconnu aux esclaves un droit limité à certaines formes de droits religieux, juridiques, de propriété et de retraite. Mais même ces rares dispositions furent mal appliquées, du fait de la pression des colons sur la justice.
Le Roi et la religion
Louis XIV tire son pouvoir du droit divin et a une vie et un rôle religieux. Il défend le catholicisme, surtout après la « conversion du roi » en 1680, une fois passé son goût des plaisirs de sa jeunesse. Toutefois, dans le domaine religieux comme dans les autres son action vise surtout à contrôler l'ensemble de ses sujets au profit de sa politique de grandeur de la couronne. C'est pourquoi il est partisan du gallicanisme : il veut une France catholique unifiée sous ses ordres mais indépendante du pape si celui-ci soutient ses ennemis Habsbourg. Il réduit ainsi successivement à l'obéissance et à la soumission les courants dissidents : le parti dévot, les jansénistes, les libertins, les protestants ou les quiétistes, avant de se rapprocher du pape, à la fin de son règne, afin de s'assurer de son soutien pour la succession d'Espagne.
Un Roi très chrétien dès l'enfance
La place de la religion dans la vie du roi est importante, par des rites quotidiens ou royaux auxquels il s'astreint volontairement et par l'écoute des sermons.
Une existence liturgique
Le Roi a une existence liturgique dense : dès son enfance, sa vie publique est ponctuée de nombreux actes religieux qui signifient aux yeux du public la grandeur de la fonction royale[57] plus que les spectacles et fêtes profanes du roi.
Sa journée, la semaine et l'année du Roi sont ponctués de rites.
Anne d’Autriche lui impose des exercices de piété réguliers, dès sa première éducation religieuse, confiée à Hardouin de Péréfixe. D’après l’abbé de Choisy, elle recourt à des méthodes rigoureuses pour lui inculquer un esprit religieux : « Il n’y avait rien que sur le chapitre de la religion qu’on ne lui pardonnait rien ; et parce qu’un jour la reine mère, alors régente l’entendit jurer, elle le fit mettre en prison dans sa chambre, où il fut deux jours sans voir personne, et lui fit tant d’horreur d’un crime qui va insulter Dieu jusque dans le Ciel, qu’il n’y est presque jamais retombé depuis, et qu’à son exemple le blasphème a été aboli par les courtisans qui en faisaient alors vanité »[58]. Le Roi se confesse dès l'âge de 9 ans (au père Paulin) et fait sa première communion le jour de Noël 1649 (en mémoire du baptême de Clovis[59] au lieu de la traditionnelle date de Pâques) quelques jours après sa confirmation. Le lendemain des cérémonies du Sacre du 7 juin 1654, il devient grand Maître de l'ordre du Saint Esprit[60].
Avant de sortir de son lit, et le soir au coucher[61], le Roi reçoit l’'eau bénite apportée par son chambellan, se signe et, assis, récite l’office du Saint-Esprit[Note 3]. Habillé, il s’agenouille et prie en silence. Au lever, il indique l’heure à laquelle il souhaite assister à la messe quotidienne, qu'il ne manqua qu’exceptionnellement, en cas de campagne militaire. En tenant compte des jours où Louis XIV assiste à plusieurs messes, on estime qu’il a été présent à environ trente mille messes dans sa vie[62]. L'après-midi, il se rend régulièrement à l’office liturgique des vêpres, célébrées et chantées par la chapelle les jours solennels[63]. Chaque résidence royale est ainsi dotée d’une chapelle palatine à deux niveaux, avec tribune intérieure permettant au roi d’assister à la messe sans avoir à descendre au rez-de-chaussée[Note 4],[64]. Le roi ne communie qu’en certaines occasions[Note 5] : le Samedi saint, la Vigile de Pentecôte, la Vigile de la Toussaint et la vigile de Noël, le jour de l’Assomption ou de l’Immaculée Conception. Il assiste au salut du Saint-Sacrement, célébré tous les jeudis et dimanches en fin d’après-midi, ainsi que durant toute l’octave de la Fête-Dieu[65].
En raison du Sacre, certains rites religieux s’appliquent au roi de France pour rappeler son statut particulier de roi très chrétien[66]. Louis XIV les assume avec une dévotion croissante. D'abord, la présence du Roi à la messe entraîne des actions liturgiques[Note 6] proches de celles prévues en présence d’un cardinal, d’un archevêque métropolitain ou d’un évêque diocésain. Il est assimilé à un évêque sans juridiction ecclésiastique[67]. De plus, chaque jeudi saint, comme tous les évêques catholiques, dès l'âge de quatre ans[68], le roi procède à la cérémonie du lavement des pieds ou Mandé royal (Mandatum ou de Lotio pedum). Sélectionnés la veille, examinés par le premier médecin du roi, lavés, nourris et revêtus d’une petite robe de drap rouge, treize garçons pauvres sont amenés dans la grande salle des gardes, à l’entrée de l’appartement de la reine[Note 7] (les autres chefs d’État catholiques, ne lavent les pieds que de douze pauvres[69]). Enfin, en vertu d’un pouvoir thaumaturgique dérivé du sacre, le roi de France est supposé pouvoir guérir les écrouelles, une forme ganglionnaire de la tuberculose. Cette dimension quasi sacerdotale est le signe que les rois de France, qui ainsi « font les miracles de leur vivant […] ne sont pas purs laïques, mais que participant à la prêtrise, ils ont des grâces particulières de Dieu, que même les plus réformés prêtres n’ont pas »[70]. Le roi n’apparait que comme un intermédiaire du pouvoir de Dieu[71]. Louis XIV utilise la formule « le Roi te touche Dieu te guérisse » (et non plus « Dieu te guérit »), ce qui n'est pas lié à une baisse de croyance dans son pouvoir thaumaturgique : le subjonctif laisse à Dieu la liberté de guérir ou de ne pas guérir selon que cela est utile au malade ou non. Versailles devient un lieu de pèlerinage. Les malades y sont accueillis sous les voûtes de l’Orangerie. Le Rois a touché près de 200 000[72] scrofuleux, dont la maladie peut se manifester par des plaies purulentes sur le visage, et ne s'en plaignait pas d'après le chroniqueur du Mercure Galant[73].
Un roi sermonné ?
Le Roi assiste à des sermons, des oraisons et à au moins vingt-six prédications lors de l’Avent et du Carême. Les prédicateurs viennent d'horizons variés, prêtres ou religieux comme Don Cosme de l’ordre des Feuillants, ou le père Séraphin, de l'ordre des Capucins[Note 8],[74]. Les thèmes de prédication sont libres, même si traditionnellement le sermon du 1er novembre porte sur la sainteté, celui du 2 février sur la pureté[75]. C'est un des seuls espaces de critique possible sous l'absolutisme: les sermonneurs ne sont pas complaisants et mettent régulièrement en cause certains comportements du roi ou de la cour et le lien entre la vertu du roi et le bonheur de son peuple est régulièrement mis en avant. Bossuet, défenseur du droit divin et théoricien de la supériorité de la monarchie prône une politique royale en faveur des pauvres[76], insiste sur les devoirs du roi et défend un programme de politique chrétienne : protection de l’Église et de la foi catholique, éradication de l’hérésie protestante, répression des blasphèmes et des crimes publics, pratique des vertus et notamment de la justice[77].
Louis XIV soumet l'Église de France
Du libertinage au gallicanisme : la lutte contre les dévots
Le jeune roi, qui a su conserver le secret même à son confesseur lors de l'arrestation du frondeur Paul de Gondi, cardinal de Retz en 1652[60], ne se laisse pourtant pas dicter sa conduite par les religieux. Il choque le parti dévot et Bossuet, favorables à la soumission au pape et à la paix avec l'Espagne, par ses plaisirs et sa politique étrangère d'alliance avec les protestants et les Turcs. La querelle du Tartuffe dont les dévots demandent l'interdiction marque cette période clef de la prise du pouvoir par le roi. Les dernières décisions de Mazarin (1660) sont défavorables au parti dévot que soutient en revanche la reine mère, jusqu'à son décès en 1666. Le roi, seul au pouvoir en 1661, doit d'abord reculer devant la cabale des dévots mais rapidement, ses réformes gallicanes affirment son autorité et l'indépendance du clergé français par rapport au pape (donc aux jésuites). Alexandre VII est même menacé de guerre en 1662 car il veut réduire l'extraterritorialité de l'ambassade de France à Rome (pour raisons diplomatiques et de police). Avignon est occupée.
Louis XIV veut soumettre les factions religieuses du royaume dans une unité d'obéissance. Il encourage ainsi les conversions de la noblesse protestante au catholicisme. En outre, dès le 13 décembre 1660, il fait savoir au Parlement qu’il a décidé d’éradiquer le jansénisme où il voit un rigorisme rendant impossibles les hardiesses requises d'un chef d'État dans l'exercice de son autorité et l’obéissance due par les sujets[78]. Louis XIV a une nette inclination thomiste et moliniste. En 1664 il dissout les congrégations secrètes (ce qui vise la compagnie du Saint-Sacrement des dévots). Face au pape, il finit par affirmer son droit de régale sur l'ensemble des évêchés français (malgré les protestations de Rome mais aussi des évêques jansénistes de Pamiers et d'Alet lors de l'affaire de la régale). La politique religieuse du roi est donc gallicane, même s'il doit obtenir de l’autorité romaine les bulles nécessaires pour anéantir la dissidence janséniste[79].
De la paix de l'Église au rapprochement avec les dévots
Vers 1672, son entourage ayant changé, après s'être opposé et imposé aux différents courants catholiques du royaume, le roi réunit autour de lui toute l'Église de France dans le contexte de sa rupture avec les puissances protestantes : il choisit Simon Arnauld de Pomponne, un ancien proche des jansénistes pour secrétaire d'État (1671), nomme Bossuet, le plus grand orateur des dévots, précepteur du dauphin et se rapproche du pape Clément XII et de ses jésuites (comme Bourdaloue). Le pape lui-même se réconcilie avec les jansénistes. C'est la paix de l'Église. L'évolution moraliste de la cour est sensible. En 1680, on parle de « conversion du Roi ».
Toutefois, la politique étrangère de Louis XIV entraîne une nouvelle rupture avec le pape (refus d'adhérer à l'alliance anti-ottomane, soutien du pape aux Habsbourg d'Autriche). Louis XIV revient alors à une vision de l'Église gallicane constituée autour de Bossuet : à l'assemblée du clergé de 1682 la déclaration sur les libertés de l'Église gallicane fixe les limites du pouvoir du pape par la déclaration des Quatre articles. Celle-ci est brûlée par Rome.
Le roi s'appuie sur son Église. Avec le décès de la reine Marie-Thérèse, celui de Colbert en 1683 et avec l'affaire des poisons qui choque le roi, c'est un entourage différent qui domine la cour : l'influence de Madame de Maintenon l'épouse secrète du monarque et celle de Bossuet favorisent ce gallicanisme dévot. Le roi, désormais en rupture avec les puissances protestantes, entame une politique de conversions forcées des protestants, que le remplacement de Colbert par les Le Tellier amplifie, en prélude à la révocation de l'édit de Nantes.
Politique vis-à-vis des minorités religieuses
Persécutions des protestants
Le protestantisme était, à l'époque de Louis XIV, minoritaire en France, où il n'avait jamais constitué plus de 10 % de la population y compris lors des guerres de religion du XVIe siècle. L'édit, signé à Nantes le 13 avril 1598 par le roi de France Henri IV, était un compromis qui laissait la liberté de culte aux protestants dans certaines limites et la possession de certaines places fortes militaires. Cette possibilité de conserver des places fortes avait été révoquée sous le règne de Louis XIII lors de la paix d'Alès en 1629.
À la cour, le parti nobiliaire protestant avait donc disparu. La conversion d'Henri IV et l'édit d’Alès l'avaient affaibli et Louis XIV, en « domestiquant » la noblesse, « domestiqua » aussi la religion : bon nombre de nobles protestants, pour acquérir une charge durent se convertir à la religion du roi, le catholicisme. En effet, sur le plan symbolique, le maintien du protestantisme contredisait l'idée royale qu'Élisabeth Labrousse formule ainsi : le royaume de France ne devait être que sous le règne de l'Unique « un roi, une foi, une loi ». La révocation de l'édit de Nantes ne fut donc pas un coup de tête soudain du monarque mais le coup final porté au parti protestant en France qui, sans chefs et polémistes charismatiques, ne put résister à la propagande et aux moyens mis en place par les catholiques, qu'ils soient dévots, gallicans ou même jansénistes.
Au plan local et par des arrêts du Conseil, Louis XIV restreignit petit à petit les libertés accordées aux protestants par l'application rigide de l'édit de Nantes, jusqu’à vider le texte de sa substance. La logique fut rapidement que ce qui n'était pas autorisé par l'édit était interdit. Cela conduisit à l'interdiction de tout prosélytisme et de certains métiers pour les membres de la RPR. Avec l'arrivée au pouvoir de Louvois, la pression sur les protestants s'aggrava par le moyen des logements de troupes. Les protestants les plus pauvres furent soumis à partir de 1679 aux dragonnades. La radicalisation de cette politique accéléra des conversions contraintes.
Révocation de l'édit de Nantes
C'est donc le versant religieux de l'édit de Nantes qui fut révoqué par Louis XIV le 17 octobre 1685[80] (édit de Fontainebleau)[Note 9], contresigné par le chancelier Michel Le Tellier. Le protestantisme est dès lors interdit sur le territoire français. Cette révocation entraîne l'exil de beaucoup de huguenots vers des pays protestants : l'Angleterre, les États protestants d'Allemagne, les cantons protestants de Suisse, les Provinces-Unies et ses colonies, comme celle du Cap. On estime à environ 200 000 le nombre d'exilés, dont beaucoup d'artisans ou de membres de la bourgeoisie. Si les récents travaux de Michel Morrineau et de Janine Garrisson ont nuancé les conséquences économiques de la révocation, l'économie ne s'effondrant pas en 1686 et la formation d'une diaspora française en Europe favorisant l'exportation ou l'essor européen de la langue française, les conséquences humaines et religieuses sont sensibles.
La révocation de l'édit de Nantes rétablit le Royaume comme exclusivement catholique, les temples sont transformés en églises ; mais chez beaucoup de protestants, l'adhésion au catholicisme reste superficielle, comme le montrent des soulèvements de protestants dans le Languedoc, dont la guerre des Cévennes entre les camisards et les troupes royales constitue le paroxysme.
Tolérance puis persécution du judaïsme
Louis XIV fut moins hostile que ses prédécesseurs aux Juifs. Le début de son règne marque en effet une évolution dans la politique du pouvoir royal vis-à-vis du judaïsme, dans l'esprit de la politique pragmatique de Mazarin : en 1648, les traités de Westphalie attribuent les Trois-Évêchés, la Haute-Alsace et la Décapole à la France et le pouvoir choisit de ne pas exclure les Juifs qui y habitent bien que l'édit de 1394 expulsant les Juifs de France soit encore théoriquement applicable. Le choix est de préférer leur intégration. En 1657, le jeune Louis XIV est reçu solennellement avec son frère à la synagogue de Metz. Au début de son règne personnel, sa politique, peut-être parce que Colbert voit dans les Juifs une population favorisant l'activité économique, permet le développement de la communauté juive lorraine qui croît sensiblement durant son règne. De même, les Juifs portugais, dits nouveaux chrétiens, qui vivent à Bordeaux ou dans la région de Bayonne, connaissent une paix relative.
Mais, comme c'est le cas avec les protestants, le roi change de politique en 1685, année de la révocation de l'édit de Nantes, qui est aussi une année noire pour les Juifs. Huit d'entre eux sont brûlés vifs à Toulouse et le Code noir publié par le roi décrète dans son premier article l'expulsion des Juifs des Antilles françaises.
Le Roi très chrétien de la fin du règne
Pour la succession d'Espagne, le rapprochement diplomatique avec Rome
La politique religieuse des dernières années de son règne est marquée par sa politique extérieure qui nécessite un rapprochement avec le pape. Après 1686 (dernière crise diplomatique entre Versailles et Rome au sujet de l'évêché de Cologne où Louis XIV soutient un candidat différent de celui du pape), Louis XIV n'a plus de conflit diplomatique avec Rome dont il veut le soutien pour l'accession de son petit-fils au trône d'Espagne : à un pontife qui lui est plus favorable (Alexandre VIII), le roi donne des signes d'apaisement (révocation, envoi de jésuites en Chine, restitution d'Avignon en 1690, réalisation par un sculpteur français d'un tombeau de pape…). La réconciliation religieuse a lieu en décembre 1693 quand Louis XIV accepte que le clergé retire la déclaration des libertés gallicanes, ce qui permet de faire reconnaître les évêques nommés depuis 1673 jusqu'ici non validés par Rome. Clément XI, le nouveau pape, est élu grâce à la France et soutient Louis XIV et les Bourbons au début de la guerre de Succession d'Espagne.
Dans le Royaume, Louis XIV impose une stricte orthodoxie unifiant l'obéissance au roi et au pape (que symbolise la dédicace à Saint Louis, de l'église des Invalides en 1697). Il condamne avec le pape les factions religieuses qui tentent de réapparaitre en influençant une opinion publique naissante ou en s'attirant la protection de Madame de Maintenon. Il prend ainsi nettement le parti de Bossuet contre Fénelon (pourtant précepteur de son petit-fils) coupable d'avoir défendu le quiétisme de madame Guyon (1697) : il le disgracie (1698) après l'avoir fait condamner par le pape Clément XI (qui ne l'excommunie toutefois pas). De même, devant des publications qui tendent à faire renaître le courant janséniste, la réaction du roi est ferme. Jean Racine est disgracié pour son soutien à ce mouvement et le pape condamne (en 1703 et surtout en 1709) les religieuses de Port-Royal, qui ayant refusé de prêter le serment demandé, sont dispersées sans ménagement et dont l'abbaye est rasée en 1711. Enfin, une répression brutale est conduite contre les camisards protestants à partir de 1702.
Le retour à un gallicanisme autoritaire
Durant la guerre de Succession d'Espagne, le territoire du pape est mis en danger par les défaites de la France et Clément XI doit momentanément changer d'alliance ce que Louis XIV, finalement rétabli militairement et diplomatiquement, lui fait payer à la fin du règne. Louis XIV le contraint à reconnaître la primauté d'un gallicanisme sourcilleux. La crise s'exprime au sujet du jansénisme : le pouvoir royal impose au pape de reformuler sa condamnation parce qu'elle ne respecte pas l'autorité gallicane. Le pape doit rédiger la bulle Unigenitus en 1713. Louis XIV impose son enregistrement à un Parlement de Paris rétif et veut aussi l'imposer au cardinal de Noailles qui résiste à son application. Le roi et le pape ne parviennent pas à s'accorder sur la manière de faire obéir le cardinal, car le roi s'oppose à tout acte d'autorité pontifical qui mettrait en cause les libertés gallicanes[81]. Le roi meurt chrétiennement sans avoir réglé la question dans un royaume tenu à une pratique catholique stricte mais où il n'a pu faire disparaître de l'opinion les courants religieux ou libertins qui réapparaissent pendant la Régence.
La Culture et les Arts
Louis le Bâtisseur
Dans l'esprit du roi, la grandeur d'un royaume doit aussi se mesurer par son embellissement.
Sur les conseils de Colbert, un des premiers chantiers du roi sera la restauration du palais et du jardin des Tuileries confiée à Louis Le Vau et à André Le Nôtre. Les décors intérieurs sont confiés à Charles Le Brun et aux peintres de la brillante Académie royale de peinture et de sculpture.
Après l'arrestation de Fouquet, le roi semble vouloir imiter sa vie fastueuse. Il se montre extrêmement dépensier en allouant des sommes immenses aux frais de la cour royale. Il dépense d'importantes sommes dans l'amélioration du Louvre avant de finalement choisir le château de Versailles comme résidence royale. Il y emménage en 1682 après plus de vingt ans de travaux.
Outre le château de Versailles que Louis XIV fait agrandir petit à petit tout au long de son règne, il fait aussi construire le château de Marly afin d'inviter ses intimes. Dans ces deux châteaux, tout comme à Saint-Germain, le château qui vit le début de son règne, il confia la restauration des jardins à Le Nôtre.
Dans Paris, on lui doit aussi, entre autres, le pont Royal (financé sur ses propres deniers), l'Observatoire, les Champs-Élysées, les Invalides, la place Vendôme mais aussi la place des Victoires qui commémore la victoire sur l'Espagne, l'Empire, le Brandebourg et les Provinces-Unies. Deux arcs de triomphe, la porte Saint-Denis et la porte Saint-Martin, célèbrent les victoires du Roi-Soleil lors de ses guerres européennes.
Il fait modifier aussi profondément la structure de villes françaises telles que Lille, Besançon, Belfort, Briançon en les fortifiant grâce aux travaux de Vauban. Certaines villes, telles que Versailles pour la cour ou Neuf-Brisach pour défendre les acquisitions d'Alsace, sont créées ou développées.
Pour faciliter le développement de la Royale, il développe les ports et arsenaux de Brest et de Toulon, crée un port de guerre à Rochefort, des ports de commerce à Lorient et Sète et fait construire le port franc et l'arsenal des galères à Marseille.
- En 1680, création de la Comédie-Française.
- En 1681, ouverture du canal du Midi, qui relie l'Atlantique à la Méditerranée, en passant par Toulouse.
- En novembre 1682, le roi place le collège royal Louis-le-Grand à Paris sous son haut patronage.
- En 1702, Paris est divisée en vingt quartiers. Création de l'éclairage public et d'une police dans les rues de la capitale.
Louis XIV, patron des Arts
Louis XIV pratiquait la danse dans sa jeunesse et chantait en s’accompagnant à la guitare. Robert de Visée musicien à la Chambre du Roi composa deux livres de pièces pour la guitarre dediées au Roy. La musique fait partie de la vie de Cour. Il ne passait pas un jour sans musique à Versailles. Tous les matins, après le conseil, Louis XIV écoutait 3 motets à la chapelle royale[82].
Il se comporte en mécène et patron des arts en finançant les grandes figures culturelles de l'époque tels que Molière (en signe d'amitié, le roi accepta d'être le parrain de son premier enfant), le musicien Jean-Baptiste Lully ou le décorateur Charles Le Brun ainsi que le jardinier André Le Nôtre. Dans la compétition culturelle entre les cours, Lully devient l'organisateur des spectacles, influence Henry Purcell et Johann Sebastian Bach. Louis XIV place l'Académie française sous son contrôle et devient son « protecteur ».
En 1648 est fondée l'Académie royale de peinture et de sculpture, où sont formés tous les grands artistes du règne : placée sous la protection de Colbert, elle est dirigée par Charles Le Brun, elle compte parmi ses fondateurs les plus grandes figures de la peinture française du milieu du siècle, tels Eustache Le Sueur, Philippe de Champaigne, et Laurent de La Hyre. Conçue sur le modèle des Académies italienne, elle permet aux artistes titulaires d'un brevet du roi d'échapper aux règles contraignantes des corporations urbaines, qui régissaient depuis le Moyen-Âge le métier de peinture et de sculpture. Les membres de l'Académie mettent au point un système élaboré d'enseignement, de copie d'après les maîtres, de conférences destinées à théoriser le « beau » au service du monarque, et créent même une Académie de France à Rome, où sont envoyés les élèves les plus méritants. Toutes les grandes commandes du règne, dont les décors peints et sculptés du château de Versailles, sont réalisées par les élèves formés dans cette nouvelle Académie royale.
Fin de règne et succession
Une série de deuils affaiblit la dynastie
Des décès, entraînant des problèmes de succession et la santé dégradée du vieux roi assombrissent la fin de son règne.
En 1710, Louis XIV avait une grande famille, et de nombreux héritiers légitimes : un fils de 48 ans, trois petits-fils (dont Philippe, roi d'Espagne) et deux arrière-petits-fils sans compter les branches cadettes de la famille royale Orléans, Condé et Conti (que le roi a marié avec ses bâtardes pour mieux les humilier et les tenir en respect). Tous (sauf le roi d'Espagne et son frère le duc de Berry) se prénommaient Louis pour montrer la continuité de la dynastie. Or, il perd presque tous ses héritiers légitimes entre 1711 et 1714.
En 1711, le Grand Dauphin, seul fils légitime survivant qu'il a eu avec la Reine, décède de la variole à 49 ans. En 1712 une épidémie de rougeole ravage la famille de l'aîné de ses trois petits-fils. Le nouveau dauphin duc de Bourgogne, meurt à 29 ans avec son épouse et son fils de 5 ans (un premier enfant était déjà mort en bas âge en 1705). Ne survit qu'un petit garçon de deux ans, Louis, sauvé de l'épidémie par sa gouvernante mais qui reste affaibli : il est le dernier arrière-petit-fils légitime du roi régnant, d'autant plus isolé qu'en 1714, son oncle, le duc de Berry, le plus jeune des petits-fils du Roi meurt sans héritier des suites d'une chute de cheval.
L'âge de Louis XIV et la santé très fragile de l'enfant qui est désormais son héritier posent un grave problème dynastique. En effet, si l'enfant venait à mourir, l'arbre généalogique des Bourbon poserait un problème diplomatique majeur pour la succession du Roi de France.
┌── par Marie-Thérèse d'Autriche (1638-1683)
│ └──> Louis de France (1661–1711)
│ │
│ │ ┌──> Louis de France (1682–1712), duc de Bourgogne
│ │ │ │
│ │ │ └──> Louis de France (1704-1705)
│ │ │ └──> Louis de France (1707-1712)
│ │ │ └──> Louis XV de France (1710-1774)
│ │ │
│ └──+──> Philippe de France, duc d'Anjou (1683-1746), roi d'Espagne
│ │
│ └──> Charles de France (1686-1714), duc de Berry, marié avec Marie-Louise-Élisabeth d'Orléans
│
┌──> Louis XIV (1638–1715)
│ │
│ │ ┌──> Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine (1670-1736),
│ │ │
│ │ ┌────────+──> Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse (1678-1737)
│ │ │ │
│ │ │ └──> Autres enfants dont Mademoiselle de Blois
│ │ │
│ └─ par Madame de Montespan
│
│
└──> Philippe d'Orléans (1640-1701)──> Philippe d'Orléans (1674-1723)(Régent)
L'impossible branche espagnole
En effet, l'héritier théorique aurait alors été le deuxième fils du « Grand Dauphin », seul petit-fils légitime du roi depuis la mort de ses frères. Mais celui-ci était devenu roi d'Espagne en 1700 sous le nom de Philippe V, et, afin d'obtenir ce titre, il avait renoncé à ses droits au trône de France, pour lui et pour ses descendants, à la fin de la guerre de Succession d'Espagne (traité d'Utrecht). Toute l'Europe voulait ainsi éviter la fusion des deux royaumes sous la couronne d'un seul Bourbon. Louis XIV avait accepté cette concession pour placer un Bourbon sur le trône d'Espagne et y remplacer ainsi durablement les Habsbourg (l'actuel roi Felipe VI est un descendant direct de Philippe V). Revenir sur cette renonciation aurait forcément créé un risque de guerre majeure.
Il n'y avait donc pas d'autre descendant possible par les mâles de Louis XIV que son dernier arrière-petit-fils, né en 1710, petit garçon de santé fragile. Pour la régence, et, pire, en cas de décès de l'enfant, le pouvoir risquait de passer à la famille d'Orléans (issue du frère de Louis XIV, Philippe d'Orléans). Or Louis XIV ne tenait pas à laisser son pouvoir à son neveu, anticipant d'ailleurs une crise dynastique qui n'aurait pas manqué d'opposer les Bourbons d'Espagne et les Orléans.
L'hypothèse de la légitimation des bâtards royaux ?
Pour résoudre cette crise potentielle, le roi Louis XIV décida de renforcer la maison royale en accordant par un édit du 29 juillet 1714 le droit de succession, à défaut de tous les princes de sang royal[83] au duc du Maine et au comte de Toulouse, deux fils bâtards légitimés qu'il avait eus de Madame de Montespan. Cette décision violait les lois fondamentales du Royaume, qui avaient toujours écarté du trône les enfants bâtards et rencontra une incompréhension souvent scandalisée. Il semble que le roi ait été prêt à contredire les vieilles lois de succession pour écarter du trône et de la régence son neveu Philippe d'Orléans, successeur potentiel, et dont il se méfiait beaucoup[pourquoi ?][réf. souhaitée]. Il avait systématiquement soumis les hommes de cette branche, en ne leur confiant presque pas de commandements militaires, et en les reliant à sa descendance directe (par deux mariages très discutés, celui de Philippe d'Orléans à Mademoiselle de Blois, et celui de son petit-fils, le duc de Berry à la fille du duc d'Orléans).
Finalement son arrière-petit-fils, petit-fils du Grand Dauphin, le duc d'Anjou, âgé de cinq ans, survécut. Il fut couronné sous le nom de Louis XV et le Parlement, juste après le décès du Roi, finit par casser cet arrêt de légitimation et écarter les bâtards royaux de la régence qu'assura le duc d'Orléans, neveu et gendre de Louis XIV.
Mort du roi
Le 9 août 1715, au retour de Marly, le roi apparaît brusquement très abattu. Le 10, il se plaint d’une douleur à la jambe gauche qui se révèle être une gangrène sénile (ischémie aiguë probablement causée par un caillot venant boucher l'une des artères principales du membre) à la jambe contre laquelle les médecins sont impuissants[84].
Le 1er septembre 1715, Louis XIV meurt d'une ischémie aiguë du membre inférieur, causée par une embolie liée à une arythmie complète, compliquée de gangrène aux alentours de 8 h 15 du matin, entouré de ses courtisans, après une agonie de plusieurs jours. Son règne a duré soixante-douze années et cent jours (cinquante-quatre années de règne effectif si on retire la période de la régence de 1643 à 1661).
Le Parlement de Paris casse son testament dès le 4 septembre, ouvrant une ère de retour en force des nobles et des parlementaires. Pour la plupart de ses sujets, le souverain vieillissant était devenu une figure de plus en plus lointaine. Le cortège funèbre de Louis XIV est même hué ou raillé sur la route de Saint-Denis. Cependant, de nombreuses cours étrangères, même traditionnellement ennemies de la France, ont conscience de la disparition d'un monarque d'exception : Frédéric-Guillaume Ier de Prusse n'a besoin de donner aucune précision de nom lorsqu'il annonce solennellement à son entourage : « Messieurs, le roi est mort ».
Sépulture
Le corps de Louis XIV est déposé dans le caveau des Bourbons, dans la crypte de la basilique Saint-Denis[85]. Son cercueil est profané le 14 octobre 1793 et son corps jeté dans une fosse commune attenante à la basilique vers le nord[86].
Au XIXe siècle, Louis-Philippe Ier commande un monument dans la chapelle commémorative des Bourbons à Saint-Denis, en 1841-1842. L'architecte François Debret est chargé de concevoir un cénotaphe en remployant plusieurs sculptures d'origines diverses : un médaillon central représentant un portrait du roi de profil réalisé par l'atelier du sculpteur Girardon au XVIIe siècle, mais dont l'origine n'est pas connue, cantonné de deux figures de Vertus sculptées par Le Sueur et provenant du tombeau de Guillaume du Vair, évêque-comte de Lisieux, et surmonté d'un ange sculpté par Jacques Bousseau au XVIIIe siècle et provenant de l'église de Picpus. De part et d'autre de cet ensemble de sculptures sont placées quatre colonnes en marbre rouge provenant de l'église de Saint-Landry, et des bas-reliefs provenant du tombeau de Louis de Cossé à l'église du couvent des Célestins de Paris (les génies funéraires provenant du même tombeau ont été déplacés par Viollet-le-Duc au musée du Louvre)[87].
Héritage financier
À la mort de Louis XIV, conséquence des guerres incessantes et des grands travaux, la France connaît une « crise financière sans précédent »[88]. Les embarras financiers de l'État deviennent « l'élément le plus fâcheux de la situation du royaume » en 1715[89], compliquant la tâche du régent, Philippe d'Orléans (1674-1723), l'adulte de la famille royale le plus proche du roi, qui est aussi confronté à de grosses difficultés dans le domaine religieux. La dette s'élève à 3,5 milliards de livres[90], soit dix années de recettes fiscales. Pour tenter de la résorber, le financier écossais John Law crée une nébuleuse de sociétés autour de la Banque générale, au capital de 6 millions de livres, fondée le 2 mai 1716 sur le modèle de la Banque d'Angleterre, avec des actions échangeables contre les créances sur l’État.
Ascendance
32. François de Bourbon-Vendôme | |||||||||||||||||||
16. Charles IV de Bourbon | |||||||||||||||||||
33. Marie de Luxembourg | |||||||||||||||||||
8. Antoine de Bourbon | |||||||||||||||||||
34. René d'Alençon | |||||||||||||||||||
17. Françoise d'Alençon | |||||||||||||||||||
35. Marguerite de Lorraine-Vaudémont | |||||||||||||||||||
4. Henri IV de France | |||||||||||||||||||
36. Jean III de Navarre | |||||||||||||||||||
18. Henri II de Navarre | |||||||||||||||||||
37. Catherine de Navarre | |||||||||||||||||||
9. Jeanne III de Navarre | |||||||||||||||||||
38. Charles d'Orléans | |||||||||||||||||||
19. Marguerite d'Angoulême | |||||||||||||||||||
39. Louise de Savoie | |||||||||||||||||||
2. Louis XIII de France | |||||||||||||||||||
40. Jean de Médicis | |||||||||||||||||||
20. Cosme Ier de Toscane | |||||||||||||||||||
41. Maria Salviati | |||||||||||||||||||
10. François Ier de Médicis | |||||||||||||||||||
42. Pierre Álvarez de Tolède | |||||||||||||||||||
21. Éléonore de Tolède | |||||||||||||||||||
43. Maria Osorio Pimentel | |||||||||||||||||||
5. Marie de Médicis | |||||||||||||||||||
44. Philippe Ier de Castille | |||||||||||||||||||
22. Ferdinand Ier du Saint-Empire | |||||||||||||||||||
45. Jeanne Ire de Castille | |||||||||||||||||||
11. Jeanne d'Autriche | |||||||||||||||||||
46. Vladislas IV de Bohême | |||||||||||||||||||
23. Anne Jagellon | |||||||||||||||||||
47. Anne de Foix | |||||||||||||||||||
1. Louis XIV de France | |||||||||||||||||||
48=44. Philippe Ier de Castille | |||||||||||||||||||
24. Charles Quint | |||||||||||||||||||
49=45. Jeanne Ire de Castille | |||||||||||||||||||
12. Philippe II d'Espagne | |||||||||||||||||||
50. Manuel Ier de Portugal | |||||||||||||||||||
25. Isabelle de Portugal | |||||||||||||||||||
51. Marie d'Aragon | |||||||||||||||||||
6. Philippe III d'Espagne | |||||||||||||||||||
52=22. Ferdinand Ier du Saint-Empire | |||||||||||||||||||
26. Maximilien II du Saint-Empire | |||||||||||||||||||
53=23. Anne Jagellon | |||||||||||||||||||
13. Anne d'Autriche | |||||||||||||||||||
54=24. Charles Quint | |||||||||||||||||||
27. Marie d'Autriche | |||||||||||||||||||
55=25. Isabelle de Portugal | |||||||||||||||||||
3. Anne d'Autriche | |||||||||||||||||||
56=44. Philippe Ier de Castille | |||||||||||||||||||
28=22. Ferdinand Ier du Saint-Empire | |||||||||||||||||||
57=45. Jeanne Ire de Castille | |||||||||||||||||||
14. Charles II d'Autriche-Styrie | |||||||||||||||||||
58=46. Vladislas IV de Bohême | |||||||||||||||||||
29=23. Anne Jagellon | |||||||||||||||||||
59=47. Anne de Foix | |||||||||||||||||||
7. Marguerite d'Autriche-Styrie | |||||||||||||||||||
60. Guillaume IV de Bavière | |||||||||||||||||||
30. Albert V de Bavière | |||||||||||||||||||
61. Marie-Jacobée de Bade-Sponheim | |||||||||||||||||||
15. Marie-Anne de Bavière | |||||||||||||||||||
62=22. Ferdinand Ier du Saint-Empire | |||||||||||||||||||
31. Anne d'Autriche | |||||||||||||||||||
63=23. Anne Jagellon | |||||||||||||||||||
Descendance
Louis XIV a de nombreux enfants légitimes et illégitimes.
De sa femme, Marie-Thérèse d'Autriche, le roi a six enfants (3 filles et 3 garçons) dont un seul, Louis de France, le « Grand Dauphin », survécut à l'enfance :
Nom | Naissance | Décès |
---|---|---|
Louis de France, fils de France, le Grand Dauphin | 1er novembre 1661 | 14 avril 1711 |
Anne-Élisabeth de France, fille de France | 18 novembre 1662 | 30 décembre 1662 |
Marie-Anne de France, fille de France | 16 novembre 1664 | 26 décembre 1664 |
Marie-Thérèse de France, fille de France, la Petite Madame | 2 janvier 1667 | 1er mars 1672 |
Philippe-Charles de France, fils de France, duc d'Anjou | 5 août 1668 | 10 juillet 1671 |
Louis-François de France, fils de France, duc d'Anjou | 14 juin 1672 | 4 novembre 1672 |
De ses deux principales maîtresses, il eut 10 enfants légitimés dont 5 seulement survécurent à l'enfance[91] :
De l'union du roi avec Louise de La Vallière naissent :
- Louis de Bourbon (1663-1666) ;
- Philippe (1665-1666) ;
- Marie-Anne, mademoiselle de Blois (1666-1739), mariée au prince de Conti ;
- Louis de Bourbon, comte de Vermandois (1667-1683).
De Madame de Montespan naissent :
Louis-Auguste, duc du Maine (1670-1736) ;
Louis-César, comte de Vexin (1672-1683) ;
Louise-Françoise de Bourbon, « Mademoiselle de Nantes » (1673-1743), mariée au prince de Condé ;
Louise-Marie-Anne, mademoiselle de Tours (1674-1681) ;
Françoise-Marie, Mademoiselle de Blois (1677-1749), mariée au duc d'Orléans ;
Louis-Alexandre, comte de Toulouse (1678-1737).
En 1679, l'affaire des poisons consomme la disgrâce dans laquelle Madame de Montespan, ex-favorite du roi était tombée quelques mois auparavant.
Le roi aurait eu d'autres enfants mais non reconnus dont :
- Avec Claude de Vin des Œillets :
Louise de Maisonblanche (1676-1718).
Personnalité et vie
Le « portrait de Louis XIV » occupe une place certaine dans les Mémoires de Saint-Simon (381 pages dans l'édition Boislisle de 1916). Pour le mémorialiste, tout le « caractère » du roi découle de son trait fondamental, l'orgueil, alimenté par la flatterie dont il fait sans cesse l'objet et par son esprit qui est, dit-il, « au-dessous du médiocre [...] mais capable de se former et de se raffiner »[92]. Pour l'historien moderne Thierry Sarmant, Louis XIV tirait cet orgueil de son impression d'appartenir à la plus ancienne, puissante et noble dynastie d'Europe, les Capétiens, de même que de la grande confiance en sa capacité de gouverner qu'il gagna après des débuts hésitants[93].
D'autre part, certains de ses contemporains tel que le maréchal de Berwick ont souligné sa grande politesse, et sa belle-sœur Madame Palatine son affabilité[94]. Il était connu qu'il traitait avec respect ses domestiques[95]. En effet, Saint-Simon a écrit que sa mort n'a été regrettée « que de ses valets inférieurs, de peu d'autres gens [...] » [96]. Le roi avait d'ailleurs comme principal homme de confiance son fidèle valet Alexandre Bontemps, qui était notamment l'organisateur et l'un des quelque témoins de son mariage secret avec Madame de Maintenon[97].
Malgré l'étiquette de « roi soleil », il était de nature timide, ce qui n'est pas sans rappeler son père Louis XIII et ses successeurs Louis XV et Louis XVI. Outre le faste des cérémonies, il redoutait les conflits et les scènes, et a ainsi pu favoriser des ministres plus effacés et dociles tel que d'Aligre, Boucherat, mais surtout Chamillart, l'un de ses favoris. Au demeurant, il n'était en confiance que dans un cercle restreint de parents, domestiques, ministres de longue date et quelques grands seigneurs[98].
Au fil des années, il a su maîtriser sa timidité, sans la surmonter, et la faisait paraître comme maîtrise de soi[98]. Primi Visconti, le chroniqueur du XVIIe siècle, relate dans la même veine que « en public, il est plein de gravité et très différent de ce qu’il est en son particulier. Me trouvant dans sa chambre avec d’autres courtisans, j’ai remarqué plusieurs fois que, si la porte vient par hasard à être ouverte, ou s’il sort, il compose aussitôt son attitude et prend une autre expression de figure, comme s’il devait paraître sur un théâtre »[99]. S'exprimant de manière laconique et préférant réfléchir seul avant de prendre une décision[100], une de ses réplique célèbre est « je verrai », en réponse à des requêtes de toutes sortes[98].
Le soleil comme emblème
Louis XIV choisit pour emblème le soleil. C'est l'astre qui donne vie à toute chose mais c'est aussi le symbole de l'ordre et de la régularité. Il régna en soleil sur la cour, les courtisans et la France. En effet, les courtisans assistaient à la journée du roi comme à la course journalière du soleil. Il apparaît même déguisé en soleil lors d'une fête donnée à la cour[101].
Concernant une éventuelle tendance du souverain à l’égocentrisme, Mme de Maintenon rapportait que Louis XIV, qui avait eu à affronter en peu de temps les décès de plusieurs proches et membres de sa famille, notamment son fils, voyait ces évènements comme une affaire entre Dieu et lui, et qu'il se lamentait sur son propre sort. Elle expliqua : « Le roi était si habitué à ce que l'on vécut pour lui qu'il n'imaginait pas que l'on put mourir pour soi » [réf. nécessaire].
Sa devise Nec pluribus impar
Voltaire rappelle dans son Histoire du siècle de Louis XIV l’épisode de la célèbre devise du Roi-Soleil. Louis Douvrier, un médailliste « antiquaire »[Note 10], eut l’idée en prévision du prochain carrousel de 1662, d’attribuer un emblème et une devise à Louis XIV qui n’en avait pas. Cet ensemble ne plut pas au roi qui le trouva ostentatoire et prétentieux. Douvrier, pour assurer malgré tout le succès de sa production, la promut discrètement auprès de la Cour qui s’enthousiasma de cette trouvaille et y vit l’occasion de montrer son éternel esprit de flatterie. Le blason comportait un globe éclairé par un soleil étincelant et la devise : nec pluribus impar (latin). Les héraldistes contemporains furent prompts à y voir un plagiat d’un ancien blason ayant appartenu à Philippe II d'Espagne qui signifiait pour la circonstance : « Suffisant à toutes les étendues »[102]. On fit alors remarquer que ce roi d’Espagne possédait encore à cette époque un empire où le soleil ne se couchait jamais. On détourna donc le sens de cette devise vers la personnalité du roi qui n’en demandait pas tant. Cela lui fit tort car elle lui attribua une attitude hautaine, distante et orgueilleuse qu’il n’avait pas. D’ailleurs, Louis XIV refusa toujours de s’en parer et ne la porta jamais dans les carrousels. Il semble que par la suite il ne fit que la tolérer pour ne pas décevoir ses courtisans.
Traduire la devise par « non inférieur à plusieurs » paraît d’abord un mot à mot plutôt indigent[103] et n’a pas beaucoup de sens si elle s’adresse au soleil. La formule latine trop abrupte (et construite en litote) permet ainsi toutes les traductions. Charles Rozan rapporte dans un ouvrage[104] la parole que Louvois adressa au roi quand celui-ci déplorait le sort de Jacques II d'Angleterre chassé de son pays : « Si jamais devise a été juste à tous égards, c’est celle qui a été faite pour votre Majesté : Seul contre tous ». De fait, le roi dut déclarer la guerre à l'Angleterre, les Provinces-Unies, l’Espagne et le Saint-Empire, avec l’espoir de rétablir son cousin sur le trône[réf. nécessaire].
Enfin, la ville de Neuf-Brisach qui doit tant au Roi-Soleil, arbora à cette époque la devise du souverain : Nec pluribus impar, avec le sous-titre inattendu de « sans pareille ». Faisant abstraction du symbole solaire, on peut dire également que Louis XIV fut un roi « sans pareil ». Napoléon Ier en dictant ses mémoires jugeait de son côté : « Le soleil lui-même n’a-t-il pas de taches ? Louis XIV fut un grand roi. C’est lui qui a élevé la France au premier rang des nations. Depuis Charlemagne, quel est le roi de France qu’on puisse comparer à Louis XIV sous toutes ses faces » [réf. nécessaire].
Physionomie
Il a été régulièrement dit du roi qu'il n'était pas grand. En 1956, Louis Hastier avait déduit, à partir des dimensions de l’armure qui lui avait été offerte en 1668 par la république de Venise, que le roi ne pouvait mesurer plus de 1,65 m. Cette déduction est aujourd’hui contestée[105] : cette armure aurait pu être fabriquée selon un standard moyen de l’époque et était un présent honorifique : elle n’était donc pas destinée à être portée, si ce n’est dans les tableaux peints à sujet antique — au Grand Siècle, le roi allait à la guerre en chapeau à plume et en perruque. Certains témoignages confirment qu’il était d’une belle prestance ; ce qui laisse supposer que, pour son temps, il avait au moins une taille moyenne et une silhouette bien proportionnée. Madame de Motteville[106] raconte, par exemple, que lors de l’entrevue sur l’île des Faisans en juin 1660 entre les jeunes promis, présentés par les deux partis français et espagnols, que l’Infante Reine « le regardait avec des yeux tout-à-fait intéressés par sa bonne mine, parce que sa belle taille le faisait dépasser les deux ministres [Mazarin, d’un côté et don Louis de Haro, de l’autre] de toute la tête ». Enfin, un seul témoin, François-Joseph de Lagrange-Chancel qui fut maître d’hôtel de la Princesse Palatine, belle-sœur du roi, avance une mesure précise : « Cinq pieds, huit pouces de hauteur », soit 1,84 m[107].
Il fut un amateur fervent de la danse, du spectacle de ballets et du jeu de paume et comme presque tous ses ancêtres, un passionné de chasse et d’équitation. Cela fut surtout vrai dans sa jeunesse car s’il a pu paraître robuste et insensible à la fatigue, ne se plaignant ni du chaud ni du froid, ni de la pluie ni de la grêle et feignait de s’étonner qu’on puisse en souffrir, Louis XIV fut avant tout un homme d’une grande endurance physique et morale. Et s’il eut un règne d’une longueur exceptionnelle, il fut paradoxalement toute sa vie d’une santé déficiente et maintes fois mise en péril, aussi fut-il suivi quotidiennement par cinq médecins, Jacques Cousinot de 1643 à 1646, François Vautier en 1647, Antoine Vallot de 1648 à 1671, Antoine d'Aquin de 1672 à 1693, enfin Guy-Crescent Fagon jusqu'à la mort du roi, tous usant et abusant de la saignée, des purgations et des lavements aux clystères (le roi ayant reçu plus de 5 000 lavements en 50 ans[108]). Par ailleurs, comme l'expliquent des notes sanitaires, il eut de nombreux ennuis peu « royaux »[109]. Ainsi, il arriva à Louis d'avoir fort mauvaise haleine à cause de ses ennuis dentaires apparus en 1676 selon le journal de son dentiste Dubois : il arrivait alors à ses maîtresses de placer un mouchoir parfumé devant leur nez (et ce d'autant plus que le roi ne supportait pas les parfums, à l’exception de la fleur d'oranger[110]) et en 1685, alors qu'on lui arrachait un des nombreux chicots de son maxillaire gauche, une partie de son palais fut arrachée, provoquant une « communication bucco-nasale »[111].
Sa psychologie présentait des tendances mégalomanes comme en témoignent sa grande collection de chaussures de ballet ornées de rubans somptueux dont certains témoignages l'évaluait à 2 500 paires. Il avait une obsession pour sa vaste collection qu'il a portée toute sa vie à chercher la deuxième pièce d'une paire qui ne sera jamais reconstituée.[réf. nécessaire]
Santé
La lecture du journal de santé du roi Louis XIV, minutieusement entretenu par ses trois médecins successifs, est édifiante : il se passe peu de jours sans que le souverain soit l’objet d’une purgation, d’un lavement, d’un emplâtre, d’une pommade ou d’une saignée[112]. On y trouve entre autres consignés :
Petite vérole en 1647.- Troubles gastriques et dysenteries : ce sont des indispositions pénibles et chroniques chez ce monarque, réputé gros mangeur.
Tumeurs : téton droit cautérisé en janvier 1653…
Blennorragie : tenue secrète, cette maladie le tenaille régulièrement depuis sa jeunesse (depuis mai 1655, époque de ses premières liaisons).- Vapeurs et douleurs dorsales fréquentes : certaines (novembre 1647) attribuées à une attaque de petite vérole ; avec pustules sur tout le visage et d’autres parties du corps, suivie d'un début de « gangrène » des orteils…
- Langueurs et fièvres variées : fièvres de fin 1655 ; fièvre typhoïde de juin 1658 qui lui fait perdre ses cheveux et le condamne à porter des perruques toute sa vie.
- Maux de dents : en 1685, toute sa dentition supérieure côté gauche est « arrachée » avec le voile du palais qui sera cautérisé plusieurs fois aux pointes de feu (les liquides lui ressortent parfois par le nez).
Fistule anale : cette malformation handicapante lui fera finalement subir une opération expérimentale la plus douloureuse qui soit (par le chirurgien Félix) en novembre 1686.Article détaillé : Fistule anale de Louis XIV.Ennuis urinaires : accompagnés de probables calculs (mictions accompagnées de « pelotons de sable »)…- La goutte : des attaques insupportables au pied droit et à la cheville gauche qui le tiennent longtemps immobilisé ou gênent sa marche. Ses dernières années tiendront du supplice.
Un amant fougueux
Louis XIV a de très nombreuses maîtresses, parmi lesquelles Louise de La Vallière, Athénaïs de Montespan, Marie-Élisabeth de Ludres, Marie Angélique de Fontanges, Madame de Maintenon (qu'il épousa secrètement après la mort de la Reine, sans doute dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683, en présence du Père de La Chaise qui donna la bénédiction nuptiale).
On dit souvent que Mademoiselle de Beauvais, dite Cateau La Borgnesse, déniaisa le roi qui avait 14 ans, mais les historiens en doutent fortement. Cependant, cette femme « issue de peu » eut l'extrême honneur de recevoir un cadeau étonnant d'Anne d'Autriche (la reine mère) : elle est payée en pierres précieuses, prévues initialement pour les travaux du Louvre, avec lesquelles elle s’est construit un hôtel particulier à Paris, aujourd’hui situé au 68, rue François-Miron, l'hôtel de Beauvais.
Le roi adolescent fait à 18 ans la rencontre d'une nièce du cardinal Mazarin, Marie Mancini. S'ensuivra entre eux une grande passion, contrariée par le puissant cardinal qui est l'oncle de la jeune fille, le parrain du roi, le Premier ministre du royaume et un prince de l'Église. Conscient des intérêts de la France et des siens, le primat préfère faire épouser au roi, son pupille, l'infante d'Espagne. En 1670, Jean Racine s'inspira de l'histoire du roi et de Marie Mancini pour écrire Bérénice.
Plus tard, le roi fait aménager des escaliers secrets dans Versailles pour rejoindre ses différentes maîtresses[113]. Ces liaisons irritent la compagnie du Saint-Sacrement, un parti de dévots. Bossuet, comme Madame de Maintenon, tentent de ramener le roi à plus de vertu.
Ses maîtresses et favorites
On dénombre au moins quinze favorites et maîtresses supposées du roi avant son mariage avec Madame de Maintenon :
Marie Mancini, nièce du cardinal de Mazarin qui deviendra Madame la Connétable de Colonna ;
Olympe Mancini, comtesse de Soissons (1655), sœur de la précédente ;- Lucie de La Motte-Argencourt (1657) ;
Henriette Anne Stuart d'Angleterre, sa belle-sœur — le statut de maîtresse est contesté par des historiens, notamment par Jean-Christian Petitfils qui parle de relation platonique[114] ;
Louise Françoise de La Baume Le Blanc, duchesse de La Vallière et de Vaujours (1644-1710, liaison avec le roi de 1661 à 1667) ;
Catherine Charlotte de Gramont, princesse de Monaco, épouse du prince de Monaco ;- Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan (1667 à 1681) ;
- Bonne de Pons, marquise d'Heudicourt (1665 ou 1666) ;
Anne-Julie de Rohan-Chabot, princesse de Soubise (1674 à 1676) ;
Marie-Élisabeth de Ludres (1676 à 1677) ;- Lydie de Rochefort-Théobon ;
Marie Angélique de Scoraille de Roussille, marquise puis duchesse de Fontanges († 1681), dite « Mademoiselle de Fontanges » ;
Claude de Vin des Œillets, dite « mademoiselle des Œillets » ;- Anne-Lucie de La Mothe-Houdancourt ;
- Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon, veuve du poète Scarron dite « la belle Indienne » qu'il épousera en secret (mariage morganatique) après le décès de la reine.
Titres
1638-1643 : S.A.R. Monseigneur le Dauphin.
1643-1715 : S.M. le Roi de France et de Navarre.
Filmographie
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Roberto Rossellini, La Prise de pouvoir par Louis XIV, 1966
Roger Planchon, Louis, enfant roi, 1993
Nina Companeez, L'Allée du roi, 1995
Randall Wallace, L'Homme au masque de fer, 1998
Gérard Corbiau, Le roi danse, 2000
Patricia Mazuy, Saint-Cyr, 2000
Thierry Binisti, Versailles, le rêve d'un roi, 2007
Laurent Heynemann, Le Roi, l'Écureuil et la Couleuvre, 2011
Alan Rickman, Les Jardins du roi, 2014
Jalil Lespert, Cristoph Schrewe, Thomas Vincent et Daniel Roby, Versailles, depuis 2015
Albert Serra, La Mort de Louis XIV, 2016
Pierce Brosnan, The King's Daughter, 2018
Bibliographie
Biographies
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Notes et références
Notes
Ayant quitté en ce jour son château de Versailles, le roi, à la suite d'un gros orage, doit se replier au Louvre où loge la reine Anne d'Autriche. Ses appartements n'étant pas préparés, il doit partager le lit de la reine.
Primi Visconti rapporte que c’est elle qui avait déniaisé le jeune roi Louis XIV, qui avait alors 16 ans : « Tout affreuse qu’elle était, le prince étant fort jeune, l’ayant trouvé seul à l’écart dans le Louvre, elle le viola, ou du moins le surprit, de sorte qu’elle obtint ce qu’elle désirait ». On prétend même que, nullement gêné, il serait retourné plusieurs fois dans son lit. Certains avancent que c’est la reine mère, Anne d’Autriche, qui avait inventé ce stratagème dans le but de s’assurer si son fils était « propre au mariage ».
Ordre dont il était le grand maître.
Le roi descendait dans la nef les jours où il communiait. Lorsque le roi assistait à la messe du rez-de-chaussée, il prenait place sur un prie-dieu : deux rangées de suisses battait du tambour jusqu’à ce qu’il fût agenouillé. Deux maîtres des requêtes restaient de part et d’autre du prie-Dieu, prêts à recevoir les éventuels suppliques adressées au souverain : le principe d’un libre accès au souverain durant la manifestation publique de sa dévotion était respecté durant toute la messe.
On parlait alors des bons jours du roi.
Le roi ne prenait pas le deuil en noir, mais en violet couleur du deuil de l’évêque. Au cours de la messe, le célébrant ne devait pas oublier d’accomplir non moins de dix inclinations profondes en direction du souverain, que celui fut présent dans la nef ou la tribune royale. À l’offertoire, le roi était encensé de trois coups doubles immédiatement après le célébrant, c’est-à-dire avant les cardinaux, évêques et autres clercs éventuellement présents. Pendant la messe basse, deux clercs de la Chapelle agenouillés, devaient tenir des flambeaux allumés de la fin de la préface jusqu’à l’élévation incluse, une disposition prévue également pour la messe basse célébrée par un évêque.Lors des cérémonies de l’Ordre du Saint-Esprit, s’il y avait prestation de serment, le roi disposait d’un fauteuil placé sous un dais, duc ôté de l’Évangile, une situation qui rappelle précisément aussi celle de l’évêque officiant. Le roi disposait alors exclusivement du baldaquin, privilège en principe réservé aux évêques pour toutes les églises de leur diocèse et l’évêque officiant devait se contenter d’une banquette ou d’un faldistoire, comme s’il était en présence d’un prélat supérieur en dignité ou en juridiction. À Versailles, dans la chapelle définitive, le prie-Dieu du roi était placé entre les deux rangées des stalles des lazaristes, c’est-à-dire dans le chœur liturgique, lieu en principe réservé aux clercs. Cette prérogative rappelle celle de l’empereur byzantin, qui seul avait eu le droit de franchir la barrière du chancel.
Le chiffre treize rappelle la cérémonie alors accomplie en souvenir du miracle datant de l’époque de saint Grégoire le Grand, lorsque ce Pape vit arriver un ange, sous l’apparence d’un treizième enfant, à la Cène qu’il était en train de célébrer.
La prédication à la Chapelle du roi venait sanctionner une renommée montante, acquise dans les grandes paroisses parisiennes exigeantes ; cette prédication ouvrait la carrière de l’épiscopat.
À cette époque, ce resserrement politico-religieux n'est pas propre à la France. L'Angleterre, après l'exécution de Charles Ier, que Louis XIV connut à l'âge de 11 ans en même temps que la Fronde, imposa, en 1673, le Test Act qui interdit jusqu'en 1829 aux catholiques l'accès aux fonctions publiques et aux Chambres des lords et des communes.
Le mot désignait un spécialiste des monnaies antiques.
Références
« La chapelle royale Saint-Louis du château de Saint-Germain-en-Laye », sur frontenac-ameriques.org (consulté le 17 janvier 2016).
Archives départementales des Yvelines - Saint-Germain-en-Laye (BMS 1637-1644 ; vues 277/339 et 278/339) - Mort du Roy (Louis XIII) le 14 mai 1643 …après une longue et langoureuse maladie mourut dans le Chasteau neuf de St Germain en Laye tres puissant tres Victorieux et tres chrestien Prince Louis De Bourbon treiziesme du nom surnommé Le Juste… ; tres Illustre Prince Louis De Bourbon quatorziesme du nom surnommé Dieudonné son fils aisné Dauphin de France…).
C. Carretier a calculé que sur huit générations, le sang de Louis XIV avait des origines espagnoles (36 %), françaises (28 %), germanique (11 %) et italien (8 %), le reste étant slave, anglais, savoyard et lorrain (dans F. Bluche, Louis XIV, Paris, Fayard, p. 33).
« La tête d'Henri IV a parlé : son ADN coïncide avec celui de Louis XVI », sur Le Parisien, 31 décembre 2012.
Claude Dulong, « Les signes cryptiques dans la correspondance d'Anne d'Autriche avec Mazarin. Contribution à l'emblématique du XVIIe siècle », Bibliothèque de l'École des chartes, t. CXL, 198, p. 61-83.
« 5 septembre 1638 », sur herodote.net (consulté le 17 janvier 2016).
Claude Dulong, Anne d'Autriche, Gallimard.
Lucien Bély, op. cité, p. 7.
Archives départementales des Yvelines - Saint-Germain-en-Laye (B 1640-1656 ; vue 47/187 et 48/187) - Acte de baptême de Louis XIV Roy de France : Le vingt et un (avril 1643) mardy à cinq heures après midy furent supplées les ceremonies du sacrement de baptesme dans la chapelle du chasteau viel de St Germain en Laye par messire Dominique Seguier evesque de Meaux... à tres hault et tres puissant prince Monseigneur le Dauphin né du cinquième du mois de septembre mil six cent trente huit.... la marraine Madame Charlotte Marguerite de Montmorency, épouse de tres hault prince Henry de Bourbon prince du sang laquelle a donné le nom de Louys à monseigneur le Dauphin.
Archives départementales des Yvelines - Saint-Germain-en-Laye (B 1629-1640 ; vue 110/140 ; page 103 du registre) - Acte d'ondoiement du 5 septembre 1638, de Monseigneur le Dauphin (pas de prénom donné ; noté en marge de l'acte : ondoyment de Louis quatorze Roy de France).
On dit jusqu'au XVIIe siècle inclus, Louis Quatorzième.
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Christian Bouyer, Les enfants-rois, Pygmalion, 2012, 288 p..
Pierre de La Porte, Mémoires de M. de La Porte, premier valet de chambre de Louis XIV, contenant plusieurs particularités des règnes de Louis XIII et de Louis XIV, 1756, 325 p. (lire en ligne).
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Ou : à tous les mondes, voire : à plusieurs mondes… La concision de la formule latine admet de nombreux compléments sous-entendus.
Le philologue des langues anciennes J. Saunier (1873-1949) indique, dans son Vocabulaire latin, (1927), que le mot latin « par » a le sens premier d'« être capable », dans le sens d’être à la hauteur d’une tâche, de tenir tête à… et plures (pluribus) a le sens de « plus nombreux que » ; « plusieurs » se traduisant plutôt en latin classique par « multi, nonnulli… ».
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Annexes
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Descendance de Louis XIV (ébauche de tableau de descendance)- Généalogie des Bourbons
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