Pedro Sánchez





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Sánchez Pérez-Castejón est un nom espagnol. Le premier nom de famille, paternel, est Sánchez ; le second, maternel, souvent omis, est Pérez-Castejón.










































































































































































Pedro Sánchez

Illustration.
Pedro Sánchez en 2018.
Fonctions
Président du gouvernement d'Espagne
En fonction depuis le 2 juin 2018
(8 mois et 6 jours)
Monarque

Felipe VI
Gouvernement

Sánchez
Législature

XIIe
Coalition

PSOE-PSC
Prédécesseur

Mariano Rajoy
Secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol
En fonction depuis le 18 juin 2017
(1 an, 7 mois et 21 jours)
Élection

21 mai 2017
Président

Cristina Narbona
Prédécesseur

Javier Fernández (intérim)
Lui-même
26 juillet 2014 – 1er octobre 2016
(2 ans, 2 mois et 5 jours)
Élection

13 juillet 2014
Président

Micaela Navarro
Prédécesseur

Alfredo Pérez Rubalcaba
Successeur

Javier Fernández (intérim)
Lui-même

Député aux Cortes Generales
15 janvier 2013 – 29 octobre 2016
(3 ans, 9 mois et 14 jours)
Élection

20 novembre 2011
Réélection

20 décembre 2015
26 juin 2016
Circonscription

Madrid
Législature

Xe, XIe, XIIe
Groupe politique

Socialiste
Prédécesseur

Cristina Narbona
Successeur

Carlota Merchán
15 septembre 2009 – 27 septembre 2011
(2 ans et 12 jours)
Élection

9 mars 2008
Circonscription

Madrid
Législature

IXe
Groupe politique

Socialiste
Prédécesseur

Pedro Solbes
Biographie
Nom de naissance
Pedro Sánchez
Pérez-Castejón
Date de naissance

29 février 1972(46 ans)
Lieu de naissance

Madrid (Espagne)
Nationalité

Espagnole
Parti politique

PSOE
Diplômé de

Université complutense
de Madrid
Université Camilo José Cela
Profession

Universitaire
Économiste
Résidence

Palais de la Moncloa





Signature de Pedro Sánchez




Pedro Sánchez
Présidents du gouvernement d'Espagne

Pedro Sánchez Pérez-Castejón [peˈðɾo ˈsant͡ʃeθ ˈpeɾeθ kasteˈxon][1], né le 29 février 1972 à Madrid, est un homme d'État espagnol membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Il est président du gouvernement depuis le 2 juin 2018.


Formé en économie à l'université complutense de Madrid, il travaille comme assistant parlementaire au Parlement européen en 1998, puis en tant que chef de cabinet du Haut représentant international en Bosnie-Herzégovine en 1999. Il fait partie en 2000 de l'équipe du futur numéro deux du PSOE, José Blanco, et devient par la suite un conseiller économique du parti.


Il se présente aux élections municipales à Madrid en 2003, mais il doit attendre 2004 pour entrer au conseil municipal. Il est réélu en 2007 et devient en 2009député, à la faveur de la démission de Pedro Solbes. Il occupe alors des fonctions de second plan. Il échoue à conserver son siège en 2011, mais le retrouve en 2013 après que Cristina Narbona a quitté le Congrès.


À l'occasion des primaires du PSOE pour son congrès extraordinaire de 2014, il est élu secrétaire général avec plus de 48 % des voix. Après que les socialistes ont réalisé aux élections de 2015 leur pire score depuis 1977, il tente sans succès de se faire investir président du gouvernement avec le soutien de Ciudadanos.


En conséquence des échecs socialistes aux élections législatives anticipées, en Galice et au Pays basque à l'été 2016, il est mis en minorité par les cadres du PSOE. Il démissionne du secrétariat général, puis de son mandat de député afin de ne pas s'abstenir lors du vote de confiance de Mariano Rajoy. À l'occasion des primaires du 39e congrès socialiste, il est réélu secrétaire général face à Susana Díaz avec 50,3 % des voix.


Il est assermenté président du gouvernement en 2018, après avoir fait voter une motion de censure contre Mariano Rajoy puis forme le cabinet le plus féminisé de l'histoire.





Sommaire






  • 1 Études et premiers engagements


    • 1.1 Jeunesse


    • 1.2 Économiste


    • 1.3 Proche de José Blanco


    • 1.4 Premier mandat électif à Madrid


    • 1.5 Élection au Congrès des députés


    • 1.6 Ascension au sein du Parti socialiste




  • 2 Premier mandat de secrétaire général du PSOE (2014-2016)


    • 2.1 Émergence


    • 2.2 Candidat et vainqueur inattendu


    • 2.3 Confirmation par acclamation


    • 2.4 Une direction fédérale largement approuvée


    • 2.5 Élections de 2015


      • 2.5.1 Campagne électorale


      • 2.5.2 Candidat du roi à la présidence


      • 2.5.3 Accord avec Ciudadanos


      • 2.5.4 Échec à l'investiture




    • 2.6 Élections de 2016


    • 2.7 Crise post-électorale et démission


      • 2.7.1 Un congrès critiqué par les dirigeants territoriaux


      • 2.7.2 Démission de la moitié de la commission exécutive


      • 2.7.3 Départ du secrétariat du PSOE puis du Congrès






  • 3 Deuxième mandat de secrétaire général du PSOE (depuis 2017)


    • 3.1 Candidature et projet politique


    • 3.2 Une nette victoire face à Susana Díaz


    • 3.3 Nouvelle équipe de direction




  • 4 Président du gouvernement (depuis 2018)


    • 4.1 La motion de censure


      • 4.1.1 L'annonce


      • 4.1.2 Le débat


      • 4.1.3 L'adoption




    • 4.2 Au pouvoir


      • 4.2.1 Formation du gouvernement


      • 4.2.2 Le gouvernement le plus féminisé du monde


      • 4.2.3 Question territoriale


      • 4.2.4 Relations internationales


      • 4.2.5 Affaires


        • 4.2.5.1 Fraude fiscale de Màxim Huerta


        • 4.2.5.2 Master de Carmen Montón


        • 4.2.5.3 Thèse de doctorat




      • 4.2.6 Rapports avec les autres partis


      • 4.2.7 Programme social


      • 4.2.8 Nominations de second rang


      • 4.2.9 Politique de mémoire historique


      • 4.2.10 Réforme de la télévision publique


      • 4.2.11 Fiscalité et budget


      • 4.2.12 Réformes institutionnelles






  • 5 Vie privée


  • 6 Notes et références


  • 7 Voir aussi


    • 7.1 Articles connexes


    • 7.2 Liens externes







Études et premiers engagements |



Jeunesse |


Pedro Sánchez Pérez-Castejón naît à Madrid le 29 février 1972, dans le quartier de Tetuán. Il est le fils de Pedro Sánchez et Magdalena Pérez-Castejón[2],[3].


Il accomplit ses études secondaires au lycée Ramiro de Maeztu à Madrid. À cette période, il commence à jouer au basket-ball au sein du club Estudiantes Madrid. Il y reste après la fin de sa scolarité et abandonne son équipe à l'âge de 21 ans[4].



Économiste |


En 1993, alors qu'il étudie en licence de sciences économiques et de l'entreprise à l'université complutense de Madrid, il adhère au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et aux Jeunesses socialistes d'Espagne (JSE). Toujours résident de Tetuán, il y fonde la section des JSE et en devient le secrétaire général[5]. Il obtient son diplôme deux ans plus tard et accomplit son service militaire obligatoire[6].


Il obtient son premier emploi dans une société de conseil fiscal, où il gagne 40 000 pesetas non-déclarés. Fautes de réelles opportunités professionnelles, il rejoint alors New York, où il travaille comme consultant[6]. Il fait en 1996 la rencontre de Carlos Westendorp, ambassadeur espagnol aux Nations unies et ancien ministre des Affaires étrangères[5]. Il quitte les États-Unis en 1997 et s'inscrit à l'université libre de Bruxelles (ULB) pour suivre un master de politique économique de l'Union européenne (UE)[7].


Il devient en 1998 collaborateur de la députée européenne Bárbara Dührkop. Recommandé par l'ancien président du Parlement européen Enrique Barón, il vient renforcer l'équipe de Dührkop en prévision du débat budgétaire. Il fait notamment la connaissance d'Óscar López[8].


Il est ensuite nommé chef de cabinet de Westendorp, qui occupe désormais le poste de Haut représentant international en Bosnie-Herzégovine. Sa maîtrise de la langue anglaise est alors remarquée, puisqu'il parle avec un niveau quasi-bilingue et que seul Westendorp s'exprime mieux que lui[9].



Proche de José Blanco |





José Blanco, numéro deux du PSOE, intègre Sánchez à l'équipe des collaborateurs de la direction fédérale.


Il participe en tant que délégué au XXXVe congrès fédéral du PSOE en 2000, qui voit le rénovateur José Luis Rodríguez Zapatero élu secrétaire général[10].


Il devient ensuite conseiller auprès du département de l'Économie, dirigé par Jordi Sevilla[2]. Il arrive à ce poste grâce au nouveau secrétaire à l'Organisation José Blanco, dont il est un proche avec Óscar López et Antonio Hernando. Chaque membre de ce trio reçoit un surnom, et Sánchez hérite du sobriquet de « Le beau » (en espagnol : El Guapo)[11].


Il entreprend un nouveau cursus universitaire en 2001, en s'inscrivant au master d'intégration économique et monétaire européenne au sein de l'Institut universitaire Ortega y Gasset (IUIOG)[7].



Premier mandat électif à Madrid |




En 23e position sur la liste de Trinidad Jiménez pour les élections de 2003 à Madrid, Pedro Sánchez attend un an avant d'entrer au conseil municipal.


Aux élections municipales du 25 mai 2003 à Madrid, il est intégré en 23e position à la liste que mène Trinidad Jiménez, malgré les consignes du département de l'Organisation du parti qui souhaitait le voir plus haut[12]. Celle-ci n'emporte que 21 élus, mais en mai 2004 il fait finalement son entrée au conseil municipal à la faveur de deux démissions. Il devient ensuite un proche de Jiménez[11].


Il participe par la suite au groupe « Économistes 2004 » (Economistas 2004), un rassemblement d'économistes socialistes ou sympathisants qui inspire le programme économique de Zapatero en lieu et place de Jordi Sevilla. En faisaient notamment partie Miguel Sebastián, David Taguas et Javier Vallés, futurs directeurs du bureau économique du président du gouvernement (OEPG), Soledad Núñez, future directrice générale du Trésor, David Vergara, futur secrétaire d'État à l'Économie, et Inmaculada Rodríguez-Piñero, future secrétaire à la Politique économique du PSOE. Sánchez choisit alors de se rapprocher de Sebastián, plutôt qu'intégrer le groupe des proches du ministre de l'Économie Pedro Solbes. À cette occasion, il rencontre Carlos Ocaña, qui sera directeur de cabinet de Miguel Sebastián au ministère de l'Industrie et coauteur avec Sánchez en 2013 d'un livre tiré de la thèse de ce dernier[13].


Entre 2004 et 2005, il suit les enseignements du programme de direction dans la gestion publique de l'Institut d'études supérieures de commerce (IESE)[7],[14].


À la demande de Blanco, il rejoint en 2005 le siège du Parti des socialistes de Galice-PSOE (PSdeG-PSOE) à Saint-Jacques-de-Compostelle pour travailler avec Óscar López et Antonio Hernando sur la campagne des élections régionales. Les résultats du scrutin permettront au socialiste Emilio Pérez Touriño de s'imposer, et Sánchez participera par la suite à plusieurs rencontres entre le secrétaire à l'Organisation du PSOE et le président de la Junte de Galice[15]. Il est nommé la même année coordonnateur fédéral de l'organisation sectorielle du PSOE pour les entrepreneurs, l'économie sociale et solidaire, et les travailleurs indépendants[16].



Élection au Congrès des députés |




La démission de Pedro Solbes en septembre 2009 offre à Sánchez son premier mandat parlementaire à 40 ans.


Il est réélu conseiller municipal d'opposition dans la capitale en mai 2007 et devient quatre mois plus tard porte-parole du groupe socialiste à la commission de l'Urbanisme et du Logement du conseil municipal[17]. Il figure sur la liste du PSOE pour les élections législatives du 12 mars 2008 en 21e position dans la circonscription de Madrid mais les socialistes n'emportent toutefois que 15 sièges[18]. Il prend alors un poste de professeur de structure économique et histoire de la pensée économique à l'université privée Camilo José Cela, à Madrid[19].


Il entre finalement au Congrès des députés le 15 septembre 2009, à la suite de la démission de l'ancien ministre Pedro Solbes. Le siège revenait initialement à Verónica Díaz Moreno, mais celle-ci y avait renoncé. Il démissionne dix jours plus tard du conseil municipal[20]. Il est désigné porte-parole adjoint des députés socialistes à la commission parlementaire de la Politique territoriale. En août 2010, il intègre la plateforme de soutien à Trinidad Jiménez — finalement battue par Tomás Gómez — lors des primaires internes au Parti socialiste de Madrid-PSOE (PSM-PSOE)[16].


Il se fait en octobre suivant le défenseur des mesures d'austérité proposées par le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero. Il déclare ainsi devant la commission du Budget que le projet de loi de finances — qui diminuait les traitements publics de 5 %, gelait les pensions de retraite et augmentait la TVA — est « austère, crédible et cohérent » et « inscrit dans les décisions de l'Union européenne ». Selon lui, ce projet remplit « cette exigence d'austérité nécessaire pour réduire le déficit public, retrouver la trajectoire de stabilité budgétaire et atteindre en 2011 un déficit de 6 % du PIB ». Le mois qui suit, il déclare que « il y a plusieurs chemins qui mènent à Rome. Les défenseurs de David Cameron pensent qu'il est bien meilleur de diminuer la dépense publique en licenciant 500 000 fonctionnaires, alors que le gouvernement socialiste de Zapatero essaie d'ajuster — dans un exercice de responsabilité — les traitements de la fonction publique pour ne pas prendre cette décision bien plus facile »[21]. En décembre, les journalistes de la presse parlementaire lui décernent le titre de « député révélation »[11].



Ascension au sein du Parti socialiste |




L'intervention d'Alfredo Pérez Rubalcaba remonte Sánchez en 11e position sur la liste à Madrid pour les élections législatives de 2011, place finalement insuffisante pour sa réélection.


Il participe à partir de décembre 2010 au comité électoral du Parti socialiste pour les élections municipales et dans les communautés autonomes de mai 2011, aux côtés de José Blanco, Antonio Hernando, Gaspar Zarrías, Pilar Alegría, Elena Valenciano et María González Veracruz, en tant que coordonnateur adjoint[16],[22]. Au mois de juin, il intègre le comité de campagne socialiste pour les élections générales anticipées du 20 novembre, où il est chargé de la programmation[23].


Lors de l'élaboration de la liste de la circonscription de Madrid, le chef de file Alfredo Pérez Rubalcaba et Blanco sont contraints d'intervenir directement afin de lui assurer la place la plus élevée possible, mais la présence de poids lourds comme la coordonnatrice de campagne Elena Valenciano, son adjoint Antonio Hernando, le directeur de cabinet de Zapatero José Enrique Serrano le placent finalement en 11e position, initialement occupée par le syndicaliste Juan Antonio Barrios, qui décide de retirer sa candidature[24],[25].


Au cours du scrutin, seuls les dix premiers candidats sont élus. Il devient alors travailleur indépendant auprès d'une société de conseil tout en poursuivant ses activités d'enseignement à l'université[6]. Devenu docteur de sciences économiques et de l'entreprise en 2012[26], il revient au Congrès en janvier 2013, en remplacement de Cristina Narbona.



Premier mandat de secrétaire général du PSOE (2014-2016) |



Émergence |


Pour la conférence politique promue par le secrétaire général du PSOE Alfredo Pérez Rubalcaba en novembre 2013, il est responsable du contenu et des amendements, partageant avec María González Veracruz le rôle de coordonnateur[16]. Du fait de ses responsabilités, il parcourt les sections socialistes dans tout le pays pour organiser le travail d'amendement, jetant les bases de son réseau de contacts[27]. Une partie des cadres dirigeants voit alors en lui la figure montante de la nouvelle génération, le jugeant mieux préparé qu'Eduardo Madina du fait de son parcours professionnel[28]. Il présente en décembre 2013 son livre La nouvelle diplomatie économique à Madrid. Le livre est introduit par l'ancien ministre de la Présidence Ramón Jáuregui, et Trinidad Jiménez. Assistent à ce moment José Blanco, l'ex-secrétaire d'État à l'Union européenne Diego López Garrido et la vice-secrétaire générale du PSOE Elena Valenciano[29].


Son nom réapparaît ensuite au début de l'année 2014 comme le « dauphin » de Rubalcaba — après la prise de distance de Patxi López — dans la perspective des primaires ouvertes pour désigner le chef de file électoral du parti[30]. Il assume lui-même sa volonté d'être candidat à ce scrutin, programmé en novembre, en précisant au mois de mai son calendrier de campagne. La direction fédérale n'accorde pas de crédit à cette décision, et ne lui donne aucun rôle dans la campagne des élections européennes, à l'inverse des candidats putatifs Carme Chacón, Eduardo Madina et Patxi López[31].



Candidat et vainqueur inattendu |





Eduardo Madina est largement défait lors du vote militant.


Après la lourde défaite des socialistes au cours du scrutin, Pérez Rubalcaba annonce un congrès extraordinaire, renonce à se succéder et organise une élection consultative de son remplaçant par les militants. Sánchez se déclare candidat le 12 juin suivant et commence à recueillir les parrainages militants. À la date limite du 26 juin, il présente 41 338 soutiens, contre 25 238 pour Madina — perçu comme le favori — et 9 912 pour le challenger José Antonio Pérez Tapias. Il domine dans 13 fédérations socialistes, l'Andalousie, l'Aragon, la Castille-La Manche, la Castille-et-León, la Communauté valencienne, la Galice, la Communauté de Madrid, la Navarre, le Pays basque, La Rioja, les îles Baléares, les Canaries et Ceuta, soit toutes celles dont le dirigeant avait appelé à une candidature de la présidente de la Junte d'Andalousie Susana Díaz. Dans la fédération andalouse, il totalise plus de 14 000 appuis, soit le quintuple de Madina[32].


Lors du vote du 12 juillet, il reçoit 48,73 % des suffrages exprimés, contre 36,14 % à Madina et 15,13 % à Pérez Tapias. Le taux de participation atteint 67 %, alors que 39 % des militants avaient accordé leur parrainage à l'un des trois candidats. Sur les 62 411 voix qui se portent sur sa candidature, Sánchez en totalise 20 381 en Andalousie, où il l'emporte comme dans dix autres fédérations. Par rapport au recueil des parrainages, la Castille-et-León, la Navarre et Ceuta lui font défaut, mais il devance Edu Madina dans la Région de Murcie. Le soir même, il propose à ses deux concurrents d'intégrer sa future commission exécutive, sans obtenir de réponse immédiate[33].



Confirmation par acclamation |


Son élection est confirmée par acclamation le 26 juillet, par les délégués au congrès fédéral extraordinaire réuni à Madrid sous la présidence de Susana Díaz. Lors de son discours d'investiture, il affirme que le PSOE est « le parti du changement », « le meilleur instrument pour faire progresser le pays », « la gauche qui change l'Espagne », ajoutant souhaiter un parti ouvert, dans lequel il sera « peu au siège national et beaucoup sur les territoires, avec la base militante »[34]. Ses deux concurrents lors du vote interne regrettent cependant l'absence d'unité dans la constitution de la commission exécutive fédérale, Madina expliquant qu'il n'a jamais réussi à le joindre par téléphone, tandis que les socialistes des Asturies critiquent l'absence du président Javier Fernández – seul chef de gouvernement régional socialiste avec Díaz en Andalousie – de tout poste à responsabilité, alors qu'il était président jusqu'à présent du conseil territorial, qui réunit les principaux cadres régionaux du parti[35].



Une direction fédérale largement approuvée |





Micaela Navarro, première femme à présider le PSOE.


Le lendemain, la composition de la commission exécutive fédérale (CEF) est annoncée : Micaela Navarro devient ainsi la première femme présidente du parti, tandis que César Luena prend le poste stratégique de secrétaire à l'Organisation. Le secrétaire général du PSPV-PSOE Ximo Puig et l'ancien lehendakari Patxi López occupent des postes politiques de premier plan, Javier Fernández prenant la présidence du conseil pour la transition industrielle et énergétique[36]. Renouvelée à 85 %, composée de 20 femmes et 18 hommes, elle marque également une rupture générationnelle puisque 40 % de ses membres sont âgés de 30 à 40 ans[37].


La liste pour le comité fédéral comprend, quant à elle, des figures du parti, à savoir les trois principaux cadres de l'ère Rubalcaba, José Antonio Griñán, Elena Valenciano, Óscar López, ainsi qu'une vingtaine des membres de l'exécutif sortant, Eduardo Madina et José Antonio Pérez Tapias, les porte-parole parlementaires Soraya Rodríguez et Marcelino Iglesias, l'ancienne ministre de la Santé retirée de la politique Leire Pajín, l'ancien président d'Andalousie Manuel Chaves et l'ancien président du Parlement européen Josep Borrell[38].


La liste de la CEF est approuvée par 86,1 % des suffrages exprimés, tandis que celle du comité fédéral fait mieux avec un total de 87,4 %. Bien que des tensions aient eu lieu, la plupart des cadres socialistes considèrent que leur parti est bien plus uni qu'il ne l'était à l'issue du 38e congrès fédéral, organisé à Séville en février 2012[39].



Élections de 2015 |



Campagne électorale |




Députée de Barcelone, Meritxell Batet est choisie comme deuxième de la liste dans la circonscription de Madrid pour les élections de 2015.


Il présente le 26 juin 2015 un « groupe d'experts » de 12 membres, chargé d'aider le PSOE dans l'élaboration de son programme électoral pour les élections générales du 20 décembre. En font notamment partie les anciens ministres Jordi Sevilla et Ángel Gabilondo, l'ex-secrétaire d'État Teresa Ribera, l'ancien conseiller à la Santé du gouvernement basque Rafael Bengoa, la députée Magdalena Valerio, Patxi López ou encore l'universitaire franco-algérien Sami Naïr. Sánchez affirme que ce groupe proposera « un programme de gouvernement honnête, avec les valeurs du Parti socialiste et avec les Espagnols », qui offrira « des propositions progressistes vaillantes et financièrement tenables pour les dix prochaines années ». Le premier objectif qu'il assigne à son équipe est d'aider le parti à connaître toutes les « possibilités » pour faire tout ce qui est « humainement possible pour améliorer la société, résoudre ses problèmes les plus pressants »[40],[41].


Il présente le 30 septembre une partie de la liste de la circonscription de Madrid, où il occupe la première place. Il confie la deuxième position à la secrétaire aux Études et aux Programmes du PSOE, la Catalane Meritxell Batet, députée de Barcelone depuis 2004, membre du Parti des socialistes de Catalogne (PSC) depuis 2008 et coordonnatrice du programme électoral socialiste. Il indique en outre avoir choisi Zaida Cantera — ancienne officier de l'armée de terre ayant dénoncé le harcèlement moral et sexuel de la part de son supérieur — pour la sixième place[42],[43]. Trois semaines plus tard, il intègre la députée d'UPyD Irene Lozano — qui avait fait connaître le harcèlement de Zaida Cantera au Congrès — parmi les candidats socialistes, souhaitant qu'elle se charge des propositions en matière de régénération démocratique et lutte contre la corruption[44]. Du fait de ses dures critiques passées envers le PSOE, son incorporation en quatrième position sur la liste de Madrid génère un certain malais parmi les dirigeants du PSOE, qui valident néanmoins sa candidature lors d'un comité fédéral qui se tient trois jours après cette annonce[45].



Candidat du roi à la présidence |




Le roi Felipe VI désigne Sánchez candidat à la présidence du gouvernement après un mois et demi de blocage.


À l'issue des élections générales, le PSOE obtient 90 sièges sur 350 au Congrès des députés et 47 sur 208 au Sénat, arrivant en deuxième position derrière le Parti populaire (123 sièges au Congrès, 124 sièges au Sénat). La majorité absolue (176 sièges) n'étant atteinte par aucun parti au Congrès des députés, des tractations s'opèrent pour former des alliances.


Le président de la généralité de Catalogne Artur Mas et le porte-parole parlementaire de la Convergence démocratique de Catalogne (CDC) tentent alors de constituer une alliance entre les socialistes et Podemos en vue de remplacer Mariano Rajoy, estimant que le maintien du Parti populaire au gouvernement amenait au pire pour la Catalogne. Toutefois, l'opération échoue après plusieurs réunions entre les dirigeants des deux partis, qui constatent leurs désaccords[46].


Après 1 mois et 13 jours de blocage politique et deux séries de consultations avec les partis représentés aux Cortes, le roi Felipe VI charge le 2 février 2016 Pedro Sánchez de former le nouveau gouvernement. Ce dernier accepte, après que le président du gouvernement sortant Rajoy s'est trouvé incapable de réunir les soutiens nécessaires. C'est la première fois qu'un candidat à l'investiture n'est pas issu du plus important groupe parlementaire. S'engageant à constituer un « gouvernement progressiste et réformiste », il explique que « le changement n'est pas le patrimoine d'un parti ou d'un chef, mais de millions de citoyens. Tous les Espagnols doivent pouvoir opter pour le changement. Le changement sera pour tous, ou ne sera pas ». Il précise qu'il ne négociera ni avec le Parti populaire, ni avec les partis favorables à l'indépendance de la Catalogne[47].


Il compose dès le lendemain une équipe de négociations. Elle comprend six personnes, quatre hommes et deux femmes. En font partie deux « vétérans de poids » du socialisme espagnol, le député José Enrique Serrano — ancien directeur de cabinet de González et Zapatero — et l'ancien conseiller à l'Intérieur du gouvernement basque Rodolfo Ares. L'ancien ministre des Administrations publiques Jordi Sevilla, le porte-parole parlementaire Antonio Hernando, la coordonnatrice du programme électoral Meritxell Batet et la secrétaire au Bien-être social du PSOE María Luisa Carcedo en sont également membres[48].



Accord avec Ciudadanos |


À l'occasion du comité fédéral du PSOE qui se tient le 30 janvier, il annonce que tout accord de coalition signé par les socialistes ferait l'objet d'une ratification par les militants. Il prend ainsi de court les poids lourds du parti comme Susana Díaz, Javier Fernández ou Felipe González, qui s'opposent fortement à tout accord avec Podemos. Il déclare ne pas vouloir « être président du gouvernement à n'importe quel prix » mais qu'il n'est pas non plus « disposé à ce que les Espagnols paient le prix de quatre années de plus de droite à la tête des institutions ». Il indique que « le PSOE tendra la main à la gauche et à la droite, sans affrontements. Avec des politiques, des programmes, pas des postes »[49].




Le président de Ciudadanos Albert Rivera signe un pacte d'investiture à Sánchez qui reprend des éléments-clés de leurs programmes électoraux.


Avec le président de Ciudadanos Albert Rivera, ils présentent le 24 février un accord d'investiture. Les socialistes acceptent notamment de supprimer les députations provinciales au profit de conseils des maires, tandis que les libéraux renoncent à leur projet de contrat de travail unique pour trois types de contrats : de formation, à durée indéterminée, et à durée déterminée. Ce dernier ferait l'objet de droits progressifs à l'indemnisation en cas de licenciement, selon la durée du contrat. Alors que le PSOE voulait accroître la pression fiscale et Ciudadanos la diminuer, les deux approuvent de maintenir le niveau de l'impôt sur le revenu, limiter les exemptions des grandes entreprises et baisser la taxe sur la valeur ajoutée sur les produits culturels. Le salaire minimum augmenterait de 1 %, les immigrants retrouveraient leur carte universelle permettant d'accéder à la santé publique, le congé parental serait porté de 18 à 26 semaines. Les deux partis approuvent l'adoption d'une loi de liberté religieuse, pour fixer un statut commun de droits et devoirs de la pratique religieuse, et la révision des accords avec le Saint-Siège. Enfin, le pacte entre les socialistes et les libéraux envisage un moratoire sur la fracturation hydraulique et la fermeture des centrales nucléaires en fonction depuis plus de 40 ans[50]. L'accord est ratifié par les militants socialistes à peine trois jours plus tard, par 79 % de votes favorables pour un taux de participation de 51 %[51].



Échec à l'investiture |


Le 2 mars 2016, lors du premier vote pour l'investiture du président du gouvernement, sa candidature n'obtient que 130 voix favorables, celles du PSOE et de Ciudadanos, contre 219 voix défavorables et une abstention[52]. Lors du second vote organisé le 4 mars, il échoue de nouveau avec 131 voix favorables et 219 défavorables, la seule députée de la Coalition canarienne — Ana Oramas — lui ayant alors donné son appui[53]. C'est la première fois depuis l'entrée en vigueur de la Constitution de 1978 qu'un candidat n'obtient pas l'investiture du Congrès.



Élections de 2016 |





« Un oui pour le changement », slogan de campagne du PSOE aux élections du 26 juin 2016.


Alors que la tenue de nouvelles élections apparaît inévitable, le 28 avril la députée de Barcelone, ancienne ministre de la Défense, Carme Chacón, ainsi qu'Irene Lozano font savoir qu'elles ne postuleront pas à ce nouveau scrutin[54],[55]. Il précise deux jours plus tard qu'Eduardo Madina sera confirmé à la septième place de la liste dans la circonscription de Madrid — où le PSOE n'a obtenu que six élus en décembre 2015 — et ce malgré les pressions de Susana Díaz[56].


Le 3 mai, jour de la dissolution des Cortes par le roi, il présente la composition de son comité électoral. Les fonctions de coordonnateur reviennent à César Luena, tandis que le porte-parole parlementaire Antonio Hernando est désigné porte-parole et Meritxell Batet redevient coordonnatrice du programme. Le porte-parole sénatorial Óscar López est responsable de la stratégie de communication, la secrétaire à la Politique municipale Adriana Lastra des actions militantes de terrain et la secrétaire à la Science María González Veracruz gère la mobilisation numérique. En parallèle, Sánchez a l'intention de s'appuyer sur un groupe d'experts, véritable « gouvernement fantôme » destiné à alimenter un éventuel futur exécutif socialiste[57].


Il annonce dix jours plus tard avoir choisi la magistrate du Tribunal suprême et ancienne secrétaire d'État Margarita Robles comme « numéro deux » de sa liste dans la circonscription de Madrid. Elle remplit ainsi les critères fixées par Sánchez, être une femme et indépendante du PSOE, pour prendre la suite de Meritxell Batet, devenue tête de liste à Barcelone[58]. Le « comité des sages » est présenté le 15 mai à L'Hospitalet de Llobregat. Il compte 20 membres, dont la coordination est assumée par José Enrique Serrano. En font notamment partie les anciens ministres Josep Borrell, Jordi Sevilla et Ángel Gabilondo, la numéro deux du Parti des socialistes de Catalogne Núria Parlon ou encore Margarita Robles[59].


Le soir du scrutin, le PSOE confirme sa deuxième position avec un total de 85 députés. Au cours des semaines qui suivent, il défend sa position des « trois non » : refus de soutenir l'investiture de Mariano Rajoy (par un vote favorable ou l'abstention), renoncement à postuler à la présidence du gouvernement et rejet de nouvelles élections anticipées. Le 5 septembre 2016, après que Rajoy a échoué à obtenir l'investiture du Congrès, il demande à la commission exécutive socialiste de l'autoriser à négocier son investiture avec les « forces de changement », Podemos et Ciudadanos, avec qui il cumulerait 189 suffrages mais qui lui adressent une fin de non-recevoir[60].



Crise post-électorale et démission |



Un congrès critiqué par les dirigeants territoriaux |




La présidente des îles Baléares Francina Armengol est la seule soutien de Sánchez parmi les « barons » territoriaux.


Au lendemain de la déroute historique des socialistes au cours des élections autonomiques en Galice et au Pays basque le 25 septembre 2016, il convoque la commission exécutive fédérale et, après cinq heures de débat, annonce qu'il réunira le comité fédéral le 1er octobre afin que soit convoqué le 39e congrès fédéral du PSOE. Celui-ci se déroulera en deux phases : élection du secrétaire général par les militants le 23 octobre et tenue du congrès au début du mois de décembre[61]. Cette décision est vertement critiquée par plusieurs « barons » du PSOE comme le président d'Estrémadure Guillermo Fernández Vara, le président de la généralité valencienne Ximo Puig, mais aussi la fédération d'Andalousie dirigée par Susana Díaz et l'ancien président du gouvernement José Luis Rodríguez Zapatero[62].


Il bénéficie alors de l'appui de huit des seize fédérations du parti et du PSC, mais d'une seule présidente de communauté autonome, Francina Armengol, présidente des îles Baléares[63]. Toutefois, une réunion du groupe parlementaire au Congrès, à laquelle il ne participe pas, est l'occasion, pour une majorité des intervenants, de remettre en cause son choix de convoquer le congrès du parti, la critique étant menée par les députés d'Andalousie[64].



Démission de la moitié de la commission exécutive |


Finalement, au soir du 28 septembre, 17 membres de la commission exécutive fédérale du PSOE présentent leur démission, dont la présidente du parti Micaela Navarro, l'ancienne ministre de la Défense Carme Chacón et les présidents de Castille-La Manche Emiliano García-Page et de la généralité valencienne[65]. S'opposant avec les démissionnaires sur l'interprétation des statuts quant au maintien en fonction de la direction du parti, le secrétaire à l'Organisation César Luena indique que les membres restants de la commission exécutive se réuniront le lendemain afin d'inscrire à l'ordre du jour du comité fédéral du 1er octobre la convocation d'un congrès fédéral extraordinaire, conformément aux dispositions prévues par les statuts du PSOE[66].


À la suite de la réunion de l'exécutif du 29 septembre, la réunion du comité fédéral est confirmée et un calendrier pour le congrès extraordinaire dévoilé, qui maintient la date du scrutin pour l'élection du secrétaire général, mais avance la réunion des délégués à la moitié du mois de novembre[67]. Dans la matinée, la présidente du bureau du comité fédéral Verónica Pérez (es) s'était présentée au siège du PSOE à Madrid en s'affirmant « unique autorité qui existe dans [le parti] » et appelant à une réunion de la commission fédérale d'éthique et des garanties, tout en reconnaissant qu'elle n'avait pas la compétence pour convoquer cet organe[68]. Dans la journée, il reçoit le soutien de Josep Borrell, Jordi Sevilla, Pere Navarro, José Antonio Pérez Tapias, et les critiques de Felipe González, José María Barreda, Abel Caballero, Joaquín Leguina[69].


Le 30 septembre, après quatre jours de silence, Pedro Sánchez intervient devant les médias et laisse entendre qu'il remettra sa démission si le comité fédéral du lendemain décide que les députés doivent s'abstenir pour permettre l'investiture de Mariano Rajoy[70]. Plus tôt dans la journée, la commission exécutive fédérale s'était déclarée « par intérim » (en espagnol : en funciones) et avait demandé aux militants de ne pas rejoindre le siège de la rue Ferraz le 30 septembre, tandis que trois des cinq membres de la commission des garanties avaient remis un rapport, sans avoir été mandatés pour le faire, qui estime la direction « dissoute » et juge nécessaire la formation d'une direction provisoire (en espagnol : comisión gestora)[71]. Il déclare être la cible d'une campagne de pressions orchestrée par Felipe González, El País et le groupe Prisa (auquel appartient El País)[72].



Départ du secrétariat du PSOE puis du Congrès |




Le président de la principauté des Asturies Javier Fernández prend la tête de la direction provisoire.


Le lendemain 1er octobre, il remet sa démission après 12 heures de débats et de tensions au sein du comité fédéral qui rejette finalement par 132 voix contre 107 sa proposition de congrès fédéral extraordinaire[73]. Les « barons du parti » s'accordent alors pour la formation d'une direction provisoire présidée par Javier Fernández[74].


Le lundi suivant, le 3 octobre, il annonce qu'il conserve son siège de député. Il occupe désormais le siège 1 401 situé sur la quatrième file, juste devant Eduardo Madina qu'il avait battu lors des primaires de 2014. Son ancien siège, celui de chef de l'opposition, est repris par le porte-parole du groupe parlementaire socialiste Antonio Hernando et ceux de la première file par l'ensemble de la direction du groupe parlementaire[75].


Finalement, le 29 octobre, il annonce lors d'une conférence sa décision de quitter son siège de député. Il dit rester fidèle à ses engagements électoraux et refuse de s'abstenir lors du second scrutin du vote d'investiture de Mariano Rajoy comme l'a décidé le comité fédéral du PSOE le 23 octobre. Il écrit sur les réseaux sociaux sa volonté de « parcourir tous les coins de l'Espagne » et demande à la direction provisoire de fixer la date du prochain congrès du parti sans dévoiler toutefois s'il compte se présenter[76]. Il est remplacé au Congrès par Carlota Merchán.



Deuxième mandat de secrétaire général du PSOE (depuis 2017) |



Candidature et projet politique |




La présidente de la Junte d'Andalousie Susana Díaz est la principale concurrente de Sánchez au 39e congrès.


À l'occasion d'une réunion publique le 28 janvier 2017 à Dos Hermanas, ville de la province de Séville dont le maire Quico Toscano est un critique de Susana Díaz, il annonce sa candidature aux primaires du 39e congrès fédéral du PSOE. Il présente alors la campagne à venir comme « un plébiscite » entre deux propositions politiques : « un parti autonome et de gauche où les militants décident, ou un parti qui s'est abstenu face à Rajoy et qui se trouve rendu nulle part ». Il estime que « ce que nous entreprenons aujourd'hui, c'est d'unir le PSOE, pour après unir la gauche et battre le Parti populaire »[77].


Il tient une semaine plus tard un meeting à Castellón de la Plana — secondé par les députés Odón Elorza et Zaida Cantera — devant 900 personnes, au cours duquel il promet que « tous les accords de gouvernement » seront soumis à ratification de la base militante. Il maintient son idée que « le 39e congrès est décisif. Il n'échappe à aucun socialiste que notre organisation est à la croisée des chemins et qu'il n'y en a que deux : celui de l'alliance avec les forces progressistes, le PSOE structurant le changement, ou celui initié par la direction provisoire, qui n'a mené nulle part le socialisme espagnol »[78]. Il fait savoir dans un entretien accordé le 6 février à Arsenio Escolar de 20 Minutos qu'il abandonnera la vie politique s'il est défait lors des primaires[79].


Il fait connaître le 21 février son projet politique, baptisé « Pour une nouvelle social-démocratie » (en espagnol : Por una nueva socialdemocracia). Sous le titre « Nous sommes socialistes » (en espagnol : Somos Socialistas), le document, présenté à Madrid devant 1 000 personnes, défend « l'unité d'action » avec les syndicats et les autres forces de gauche pour mettre en place une « alliance du progrès » qui change le « modèle économique et social néolibéral ». À cet égard, il critique la social-démocratie européenne, « incapable de proposer [un projet de société alternatif] lors des dernières décennies ». Sánchez se fait ainsi le défenseur du socialisme démocratique, dont « l'adversaire idéologique est le néolibéralisme et l'adversaire politique est le Parti populaire ». Manuel Escudero précise alors qu'il ne propose pas « un virage à gauche [mais] que les socialistes retrouvent leurs principes ». Le projet envisage aussi un premier pas vers la reconnaissance de la plurinationalité de l'État espagnol, en suggérant qu'« une réforme constitutionnelle fédérale — qui maintient que la souveraineté réside dans l'ensemble du peuple espagnol — doit perfectionner la reconnaissance du caractère plurinational de l'État, admis par l'article 2 de la Constitution »[80].



Une nette victoire face à Susana Díaz |




Pedro Sánchez au soir de sa victoire aux primaires de 2017.


Au moment du dépôt des parrainages militants le 4 mai, il présente 53 117 soutiens d'adhérents, soit 6 273 de moins que Díaz. Plus de 70 % des membres du PSOE ont participé à ce processus. Dans la fédération d'Andalousie, Sánchez récolte 40 % de parrainages en moins que lors du congrès de 2014 tandis que sa principale concurrente y capte le soutien de 60 % des adhérents. Toutefois, il la devance largement au sein du Parti des socialistes de Catalogne (PSC) en recevant sept fois plus d'appuis, et s'impose également parmi les militants du Parti socialiste du Pays valencien-PSOE (PSPV-PSOE) avec 2 800 signatures de plus. En revanche, Díaz le dépasse au Parti socialiste ouvrier espagnol de la Communauté de Madrid (PSOE-M)[81],[82].


Au soir des primaires le 21 mai 2017, il est proclamé large vainqueur face à Susana Díaz et Patxi López. Il remporte ainsi plus de 50 % des suffrages exprimés, soit dix points d'avance sur Díaz. Celle-ci ne s'impose que dans sa fédération d'Andalousie, tandis que López l'emporte au Pays basque. Sánchez totalise de son côté 81 % des voix en Catalogne et l'emporte dans la Communauté de Madrid et dans la Communauté valencienne. S'exprimant depuis le siège du parti au milieu de la nuit, il déclare que « rien ne finit ce soir, tout commence au contraire. Nous allons et nous voulons créer une nouvelle organisation. Nous allons accomplir le mandat issu des urnes, faire du PSOE le parti de la gauche de ce pays, et mon engagement reste fermement le même : unir le parti »[83],[84].



Nouvelle équipe de direction |




À l'issue du 39e congrès, Pedro Sánchez tient un meeting devant les militants.


Lors du 39e congrès fédéral le 18 juin suivant, il propose une commission exécutive de 49 membres dont 20 femmes : l'ancienne ministre Cristina Narbona en occupe la présidence, Adriana Lastra exerce les fonctions de vice-secrétaire générale et José Luis Ábalos prend la tête du secrétariat à l'Organisation. Deux anciennes ministres de Zapatero, Carmen Calvo et Beatriz Corredor intègrent cette équipe, qui reçoit 70,5 % de votes favorables[85]. La liste des 132 membres du comité fédéral est emmenée par Quico Toscano, maire de Dos Hermanas, tandis que de nombreux anciens dirigeants du parti tels Josep Borrell, José Blanco, César Luena ou Óscar López n'en font pas partie[86]. La composition de cet organe, dont sont également exclus Elena Valenciano, Eduardo Madina ou Soraya Rodríguez, est critiquée par plusieurs personnalités, qui pointent de manière générale « le manque d'intégration » à l'instar de Ximo Puig, du porte-parole du groupe socialiste au Sénat Vicente Álvarez Areces et celui à la Junte générale de la principauté des Asturies Fernando Lastra. À l'inverse, le premier secrétaire du Parti des socialistes de Catalogne (PSC) Miquel Iceta appelle à « oublier les étiquettes et penser au parti »[87].


Le congrès est marqué par deux débats d'importance sur les questions institutionnelles : la revendication du caractère plurinational de l'État espagnol, demandée par Sánchez et que le PSOE reconnaît pour la première fois tout en affirmant que « la souveraineté réside dans l'ensemble du peuple espagnol »[88], et l'instauration d'une République en Espagne, proposition portée par les Jeunesses socialistes, initialement adoptée en commission et finalement retirée avant son passage en séance plénière des délégués après une intervention en ce sens de Sánchez[89].



Président du gouvernement (depuis 2018) |



La motion de censure |



L'annonce |




Au pouvoir depuis décembre 2011, Mariano Rajoy est mis en difficulté par la condamnation du Parti populaire dans l'affaire Gürtel.


Article détaillé : Motion de censure contre Mariano Rajoy de 2018.

Le 24 mai 2018, quelques heures après que l'Audience nationale a condamné le Parti populaire au pouvoir dans le cadre de l'affaire Gürtel, Pedro Sánchez prend la décision de déposer une motion de censure contre Mariano Rajoy. Il convoque pour le lendemain une réunion de la commission exécutive du PSOE, après s'être préalablement assuré du soutien des principaux dirigeants du parti. Il prend notamment conseil auprès d'Adriana Lastra, de la porte-parole du groupe parlementaire Margarita Robles ou de la secrétaire à l'Égalité Carmen Calvo[90]. Plus tôt dans la journée, Podemos et ses alliés parlementaires, ainsi que les indépendantistes catalans de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) et du Parti démocrate européen catalan (PDeCAT) s'étaient engagés à voter en faveur d'une éventuelle motion de censure. Ciudadanos refuse initialement de se prononcer avant la prochaine réunion de sa direction, prévue le 11 juin[91]. La motion est enregistrée dès le lendemain, avant même la réunion de la commission exécutive du PSOE, afin d'activer les différentes procédures réglementaires pour son examen[92].


À l'issue de la réunion de la direction du PSOE, il explique que « les motions de censure sont constructives, pour donner un gouvernement au pays. Nous convoquerons des élections, dès que possible, mais avant cela il faudra retrouver la normalité politique et institutionnelle, répondre aux urgences sociales et s'attaquer à la régénération démocratique ». Il précise que son éventuel gouvernement « appliquera et fera appliquer la Constitution » et garantira « la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale », tout en refusant de renoncer au soutien des indépendantistes catalans[93]. Le matin même, Ciudadanos avait indiqué ne pas soutenir la motion, sauf dans l'objectif de convoquer des élections anticipées, le secrétaire général José Manuel Villegas jugeant que « la solution n'est pas l'opportunisme de Sánchez, qui semble vouloir arriver à la Moncloa par n'importe quel moyen »[94].


Sánchez s'engage ensuite à ce qu'une partie des propositions de loi bloquées par le gouvernement — grâce à un mécanisme constitutionnel lui permettant d'empêcher l'étude de tout texte d'origine parlementaire ayant une incidence sur les recettes ou dépenses publiques — soient reprises par son gouvernement en cas d'arrivée au pouvoir. Ces textes, au nombre d'une soixantaine, concernent notamment les retraites, la taxe foncière ou encore l'exhumation des fosses communes datant de la Guerre civile[95]. Il adopte toutefois une stratégie refusant toute négociation ou tractation avec les autres forces parlementaires. S'il exprime sa volonté de rencontrer les autres groupes, il a simplement l'intention de leur présenter sa motion et non de conclure des accords en vue d'obtenir leur soutien. S'il arrive à la tête du gouvernement, son objectif n'est pas d'achever la législature — en juin 2020 — ou de faire voter une loi de finances pour 2019, mais seulement de faire voter quelques mesures sociales avant de dissoudre les Cortes Generales dans un délai de 12 mois[96].



Le débat |





Aitor Esteban annonce le soutien du PNV, garantissant le succès de la motion de censure.


La présidente du Congrès des députés Ana Pastor annonce le 28 mai que la motion sera débattue les 31 mai et 1er juin et votée dans la foulée[97].


Lors du premier jour de débat, le 31 mai, Pedro Sánchez indique devant les parlementaires qu'il n'a pas l'intention de revenir sur le projet de loi de finances pour 2018, adopté peu avant, mettant en avant la « responsabilité » et la volonté de « garantir la gouvernabilité et la stabilité du pays ». Se faisant le défenseur de la décentralisation, il refuse d'exploiter politiquement le débat territorial pour ne pas « mettre l'accent sur ce qui nous sépare ». Il affirme que son cabinet aurait l'objectif de rétablir les liens avec toutes les communautés autonomes et d'ouvrir « un dialogue entre le gouvernement de l'Espagne et le nouveau gouvernement catalan, ainsi qu'avec le gouvernement basque ». Il promet alors de former « un gouvernement socialiste, paritaire, européiste, qui garantira la stabilité budgétaire, appliquera et fera appliquer la Constitution, qui fera du dialogue sa manière de faire de la politique avec toutes les forces politiques et tous les gouvernements autonomes », s'engageant par la suite à fixer « par consensus » la date des prochaines élections générales. D'ici là, il précise que son programme sera « celui de la stabilité, de la modération, progressiste et consensuel »[98].


Plus tard dans la journée, le Parti nationaliste basque apporte son soutien à la motion, ce qui lui garantit 180 voix favorables[99]. De son côté, Rajoy exclut de démissionner, unique solution pour éviter sa destitution et pour permettre le maintien transitoire du PP au pouvoir[100].



L'adoption |




À l'issue du vote, Pedro Sánchez reçoit les félicitations de Mariano Rajoy.


À l'issue du vote du 1er juin, la motion de censure est adoptée par le Congrès. Elle recueille 180 voix favorables, 169 contre et une abstention. Pedro Sánchez est donc investi président du gouvernement d'Espagne avec le soutien de Podemos, d'Izquierda Unida (IU), de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), du Parti nationaliste basque (EAJ/PNV), du Parti démocrate européen catalan (PDeCAT), d'En Marea, de Barcelone en commun (BeC), de Compromís, d'Equo, d'Initiative pour la Catalogne Verts (ICV), d'Anova-Fraternité nationaliste, d'Euskal Herria Bildu (Bildu), d'En Comú Podem et de Nouvelles Canaries (NCa), soit 15 partis et cinq groupes parlementaires. Tandis que la Coalition canarienne (CC) fait le choix de l'abstention, le Parti populaire (PP), Ciudadanos, l'Union du peuple navarrais (UPN) et le Forum des Asturies (FAC) votent contre[101].


Peu après l'adoption de la motion, Sánchez s'entretient au téléphone avec le roi Felipe VI qui signe le même jour le décret de nomination, publié le lendemain au Bulletin officiel de l'État[102].


Pedro Sánchez prête serment au palais de la Zarzuela le 2 juin, devant Felipe VI et en présence du ministre de la Justice démissionnaire Rafael Catalá, en sa qualité de grand notaire du Royaume, d'Ana Pastor, présidente du Congrès, de Pío García-Escudero, président du Sénat, de Francisco Pérez de los Cobos, président du Tribunal constitutionnel, de Carlos Lesmes, président du Tribunal suprême, et de Mariano Rajoy. Il choisit de promettre et non jurer loyauté au roi et fidélité à la Constitution. Contrairement à celles de ses prédécesseurs, la cérémonie se déroule sans Bible ni crucifix, simplement avec un exemplaire du texte constitutionnel[103].


Le renversement de Rajoy inscrit plusieurs faits inédits dans l'histoire politique espagnole. C'est la première fois depuis 1978 qu'une motion de censure est adoptée, que le président du gouvernement et le président du Congrès ne sont pas issus du même parti, que le principal groupe parlementaire siège dans l'opposition, et que le chef de l'exécutif ne détient aucun mandat parlementaire[104],[105],[106].



Au pouvoir |



Formation du gouvernement |





Josep Borrell est le premier à accepter d'intégrer le gouvernement Sánchez.


Le 4 juin, l'ancien ministre des Travaux publics puis président du Parlement européen Josep Borrell, membre du « gouvernement fantôme » de Sánchez pour la campagne des élections de 2016, comptant parmi ses défenseurs lors du comité fédéral du 1er octobre 2016 et très engagé contre les indépendantistes catalans, accepte la proposition de devenir ministre des Affaires étrangères. À l'inverse, la présidente du PSOE et ex-ministre de l'Environnement Cristina Narbona refuse d'intégrer l'exécutif[107],[108]. Ce refus peut être expliqué par le fait que Borrell et Narbona sont en couple et que cela pourrait générer une certaine « méfiance » de la part de certains socialistes[109]. En outre, José Luis Ábalos indique que sera créé un haut commissariat à la Lutte contre la pauvreté infantile, qui sera directement intégré à l'administration de la présidence du gouvernement pour marquer l'engagement personnel de Sánchez dans cette cause : 29 % des jeunes de moins de 16 ans vivent en situation de pauvreté, soit plus de deux millions de personnes[110]. À la fin de la journée, il est confirmé que Teresa Ribera, président du conseil consultatif pour la transition écologique du PSOE et ancienne secrétaire d'État au Changement climatique de Zapatero, sera ministre de l'Environnement avec un portefeuille élargi à la transition énergétique[111].




La haute fonctionnaire européenne Nadia Calviño prend en charge le ministère de l'Économie.


Dans la journée du 5 juin et alors qu'aucune annonce officielle n'est intervenue, plusieurs autres noms sont révélés et confirmés. Ainsi, Carmen Calvo sera vice-présidente du gouvernement — unique titulaire de ce titre — et ministre de l'Égalité[112]. José Luis Ábalos est présenté comme futur ministre de l'Équipement[113] et Meritxell Batet comme prochaine ministre des Administrations territoriales[114]. Les deux ministères économiques restent séparés : la conseillère aux Finances de la Junte d'Andalousie María Jesús Montero est choisie comme ministre des Finances[115] tandis que le ministère de l'Économie est confié à la directrice générale du Budget de la Commission européenne Nadia Calviño[116]. La conseillère à la Santé de la généralité valencienne Carmen Montón est désignée ministre de la Santé, après le refus exprimé pour ce poste par l'ancien conseiller à la Santé du gouvernement basque Rafael Bengoa[117]. Le président d'Estrémadure Guillermo Fernández Vara indique le soir même avoir reçu une offre de siéger au gouvernement — sans indiquer à quel poste — mais qu'il l'a déclinée, justifiant son refus par « le pacte éternel » passé entre lui et les Estrémègnes du fait de sa victoire aux élections de 2015[118].


Une nouvelle série de ministres est révélée le 6 juin, alors que Sánchez a prévu de rencontrer le souverain dans la soirée pour lui soumettre la liste de son gouvernement[119]. L'ancienne conseillère à l'Éducation du Pays basque Isabel Celaá se voit confier le ministère de l'Éducation[120] tandis que Magdalena Valerio, ex-conseillère au Travail de Castille-La Manche, obtient le ministère du Travail[121]. Pedro Duque, connu comme le premier astronaute espagnol, est désigné ministre de la Science[122] et la procureure Dolores Delgado, affectée à l'Audience nationale et spécialisée dans la lutte contre le terrorisme islamiste, sera ministre de la Justice[123].



Le gouvernement le plus féminisé du monde |




Le gouvernement Sánchez comprend 65 % de femmes, un record historique et mondial.


Article détaillé : Gouvernement Sánchez.

Il présente son exécutif au complet peu après. Celui-ci réunit 17 ministres, soit quatre de plus que le gouvernement sortant. Il rétablit notamment le ministère de la Culture, en estimant qu'il « n'aurait jamais dû être supprimé ». Il fait apparaître la compétence de la formation professionnelle dans le titre du ministère de l'Éducation tandis que le nom du ministère des Affaires étrangères fait également référence à l'Union européenne pour souligner la « vocation européiste » du cabinet. Il révèle en outre que le juge de l'Audience nationale Fernando Grande-Marlaska occupera le ministère de l'Intérieur, qu'il confie le ministère de la Défense à Margarita Robles et que l'auteur Màxim Huerta sera ministre de la Culture. Il affirme que la nouvelle équipe gouvernementale « est prête pour faire de l'Espagne un pays meilleur, avec réalisme et ambition », jugeant que « c'est un gouvernement ouvert, proposé par le PSOE mais avec l'intention de représenter la société espagnole »[124].


Ayant promis de constituer un exécutif paritaire, il nomme un total de 11 femmes et six hommes, confiant aux ministres féminines des postes-clé comme la vice-présidence du gouvernement, les ministères économiques et deux portefeuilles régaliens[125]. Rassemblant 64,7 % de femmes, le gouvernement Sánchez est le plus féminisé dans l'histoire et dans le monde. Il dépasse le record établi en 2007 par le gouvernement finlandais[126]. Lors de la cérémonie d'assermentation devant le roi, Carmen Calvo modifie à l'improviste la formule du serment en y ajoutant une référence féminine. Elle promet ainsi de maintenir le secret des délibérations du conseil des « ministras y ministros ». Elle est imitée, sans concertation préalable, par 12 de ses collègues. Seuls Dolores Delgado, qui a prêté serment avant elle, Nadia Calviño, qui bute sur le mot « délibérations » et se rattrape en lisant textuellement la formule écrite sur une feuille de papier, Josep Borrell et José Luis Ábalos utilisent le simple terme « ministros »[127].



Question territoriale |




Pedro Sánchez reçoit le lehendakari Iñigo Urkullu le 25 juin 2018 au palais de la Moncloa.


Au cours de la première réunion du conseil des ministres, le gouvernement prend la décision de lever le contrôle exercé par le ministère des Finances sur les comptes publics de la généralité de Catalogne : depuis huit mois, près de 300 organismes publics ne pouvaient déclencher de paiement ou signer de contrat sans disposer d'une « certification de légalité ». La porte-parole Isabel Celaá présente cet acte comme « un geste de normalité politique ». Précisant que « le droit à l'autodétermination est absolument en dehors » du programme gouvernemental, elle annonce que Sánchez a l'intention de rencontrer les 17 dirigeants des communautés autonomes, incluant de fait Quim Torra[128],[129]. Après le conseil des ministres du 15 juin, Celaá précise que les réunions se feront dans l'ordre d'adoption des statuts d'autonomie : les rencontres débuteront avec le lehendakari Iñigo Urkullu puis Quim Torra, et termineront avec Ángel Garrido et Juan Vicente Herrera, ainsi que les présidents des villes autonomes Juan Jesús Vivas et Juan José Imbroda[130]. Sánchez indique également avoir l'intention de recevoir le maire de Vigo Abel Caballero, président de la Fédération espagnole des villes et provinces (FEMP), dans le cadre de ce tour de table territorial. C'est la première fois que le responsable de la FEMP reçoit un traitement égal aux chefs de gouvernement régionaux[131].


Au cours de la séance de questions au gouvernement au Sénat du 19 juin, il répond à la sénatrice de la Coalition canarienne María del Mar Julios que son gouvernement n'aura pas « le temps matériel » pour réformer le système de financement des communautés autonomes d'ici la fin de la XIIe législature. Affirmant vouloir être « ambitieux mais réaliste », il promet néanmoins des améliorations dans le financement de « toutes et chacune » des autonomies espagnoles[132]. Cette déclaration, qu'il confirme au Congrès des députés le lendemain, elle est mal accueillie par les dirigeants territoriaux : Susana Díaz annonce qu'elle fera valoir lors de son entrevue avec le président du gouvernement le mandat reçu de son Parlement d'obtenir quatre milliards d'euros supplémentaires, Ximo Puig juge qu'on ne peut renoncer à changer le modèle de financement « le plus rapidement possible » car il est injuste, le président de la Junte de Galice Alberto Núñez Feijóo exige un calendrier clair et le président de la Région de Murcie Fernando López Miras souhaite que la réforme se fasse en transparence et pas dans « des réunions occultes »[133].




Pedro Sánchez et le président de la généralité de Catalogne Quim Torra échangent le 9 juillet 2018 dans les jardins de la Moncloa.


Lors du conseil des ministres du 6 juillet, le gouvernement décide de déférer devant le Tribunal constitutionnel la motion du Parlement de Catalogne confirmant l'objectif d'indépendance de la communauté autonome. Celaá précise alors que « nous interjetons ce recours en défense de la Constitution et du statut d'autonomie ; la légalité suit un chemin, la politique un autre », expliquant que l'exécutif attend la réunion entre Sánchez et Torra, prévue trois jours plus tard, « avec force, illusion et fermeté quant à la réciprocité » des autorités catalanes. Les autorités centrales prétendent ainsi défendre le cadre juridique tout en normalisant les relations avec les institutions catalanes. En parallèle, le cabinet envisage de négocier avec le conseil exécutif de Catalogne le retrait de 14 recours en inconstitutionnalité déposés par le précédent gouvernement contre un certain nombre de lois à dominante sociale, approuvées par le Parlement de la communauté autonome en 2017 et suspendues depuis l'admission des recours. En preuve de bonne foi, la ministre de la Justice a nommé le 29 juinavocate générale de l'État Consuelo Castro, perçue comme la moins centraliste de l'histoire de ce poste[134],[135]. À l'issue de son entretien avec Torra, Sánchez fait savoir qu'ils se sont mis d'accord pour relancer la commission bilatérale État-généralité — un organe en sommeil depuis plusieurs années permettant aux deux gouvernements d'avoir des interactions au quotidien sur des sujets comme les infrastructures ou les investissements de l'État — et qu'il a confirmé à son interlocuteur son intention de retirer un certain nombre de recours en inconstitutionnalité. En revanche, et bien que ce point ait été abordé, il réaffirme son refus catégorique de toute reconnaissance du droit à l'autodétermination. Chargée de rendre compte de ce temps d'échange, la vice-présidente Carmen Calvo le décrit comme « institutionnel, plein de courtoisie et fluide », estimant qu'il revêt « une importance spéciale après avoir longuement traversé une crise politique, à laquelle ce gouvernement entend donner une réponse politique »[136]. Calvo et le vice-président du gouvernement catalan Pere Aragonès ont prévu de se rencontrer à leur tour trois jours plus tard[137].


Lors d'un discours au Congrès des députés le 18 juillet, Sánchez affirme que « la crise en Catalogne sera uniquement résolue par le vote ». Néanmoins, il rejette théoriquement les thèses indépendantistes : « nous voulons que le vote se fasse sur un accord alors que [les indépendantistes] veulent qu'il concerne une rupture ». Rejetant le droit à l'autodétermination, il déclare que « nous serons vaillants et audacieux, mais dans le cadre de la Constitution ». Bien qu'il n'ait pas explicité sa stratégie devant les députés, celle-ci s'inscrit dans le cadre de la « déclaration de Grenade », par laquelle le PSOE propose la transformation de l'Espagne en État fédéral. L'objectif serait un double référendum : dans toute l'Espagne pour modifier le texte constitutionnel, puis en Catalogne seule pour adopter un nouveau statut d'autonomie[138].




Sánchez indique à Javier Fernández vouloir réformer le système de financement des autonomies avant juin 2020.


Après avoir reçu Susana Díaz puis le président de la principauté des Asturies Javier Fernández, il décide le 25 juillet de changer de stratégie concernant la réforme du système de financement des communautés autonomes. Prenant acte des études techniques déjà réalisées par le gouvernement précédent, le Conseil de la politique fiscale et financière (CPFF) avait approuvé la semaine précédente la création d'un groupe de travail au niveau politique sur cette question extrêmement sensible. Fernández indique que lorsque Sánchez avait déclaré le mois précédent ne pas disposer du temps matériel pour mener à bien ce projet, il évoquait comme horizon non pas la fin théorique de la législature — en juin 2020 — mais les élections dans les communautés autonomes prévues en mai 2019. Sans remettre en cause les propos du président de l'exécutif asturien, la présidence du gouvernement indique que l'achèvement de la réforme pourrait toutefois avoir lieu au cours de la législature suivante, compte tenu de l'extrême faiblesse parlementaire de Sánchez qui rend impossible de déterminer avec certitude la fin de la législature en cours[139].



Relations internationales |




L’Aquarius, refusé par les autorités italiennes, est finalement accueilli à Valence.


Le 13 juin, Sánchez décide que le navire Aquarius — affrété par l'ONG SOS Méditerranée pour recueillir des migrants et en attente d'un port de débarquement avec 629 personnes à bord — sera accueilli dans le port de Valence. Le bâtiment était alors en attente d'instruction des autorités italiennes après le refus du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini de le laisser accoster. Après que les maires de Barcelone Ada Colau et de Valence Joan Ribó ont proposé de recevoir le navire, le président du gouvernement valide l'arrivée de l’Aquarius dans la capitale de la Communauté valencienne, estimant que « c'est notre obligation d'aider à éviter une catastrophe humanitaire, et d'offrir un port sûr à ces personnes, en respectant ainsi les obligations du droit international ». Josep Borrell considère alors que « [Sánchez] a rompu avec une attitude qui consistait à regarder de l'autre côté » et Magdalena Valerio juge cette décision « magnifique ». Pour le président du PP de Barcelone, cette décision pourrait créer une « appel d'air », tandis que Ciudadanos juge qu'« on ne peut pas laisser mourir en mer des centaines de personnes » mais que la question doit être réglée au niveau européen, et Podemos fait part de sa satisfaction[140]. Le bateau — précédé par deux autres de la Marina militare qui avaient pris à leur bord une partie des migrants — accoste le 17 juin[141].




Pedro Sánchez et Emmanuel Macron discutent sur les questions migratoires le 23 juin 2018.


Souhaitant transmettre une image résolument favorable à l'intégration européenne, il fixe comme priorité de renforcer le lien entre Madrid, Paris et Berlin. Conformément à la tradition espagnole depuis 40 ans, ses premières prises de contact internationales ont été avec le Chef du gouvernement du Maroc, Saâdeddine El Othmani. Toutefois, du fait de l'absence du roi Mohammed VI et de la proximité du Conseil européen, la visite de Sánchez dans le royaume est reportée à la fin de l'été, ce qui rompt avec l'habitude de réaliser le premier déplacement à l'étranger sur l'autre rive de la Méditerranée[142].


À l'issue de sa première rencontre avec le président de la République française Emmanuel Macron le 23 juin, il annonce son soutien à la proposition franco-allemande de création sur le sol européen de « centres fermés » pour accueillir les migrants et réaliser les démarches administratives. Il dit vouloir développer une « politique migratoire commune basée sur la solidarité, respectueuse des droits humains, des êtres humains qui fuient leur pays à la recherche d'un avenir meilleur », et salue « la solidarité et la responsabilité » des autorités françaises qui ont « aidé l'Espagne » lors de l'accueil de l’Aquarius[143]. Il précise le lendemain à Bruxelles qu'il considère qu'il s'agit d'une « solution européenne » et que lui et ses homologues cherchent « surtout à avoir une politique migratoire contrôlée, responsable, qui fasse face à la réalité de ce qui se passe dans l'ensemble de l'Europe » tout en respectant « les droits humains des migrants qui arrivent sur les côtes européennes »[144].


La décision prise d'accueillir l’Aquarius permet ainsi à Sánchez de rencontrer — moins de trois semaines après son arrivée à la Moncloa — le chef de l'État français puis la chancelière allemande Angela Merkel. Elle relance le débat sur la politique migratoire commune et place le président du gouvernement espagnol an cœur des négociations. Merkel le reconnaît en suggérant que la Commission européenne pourrait accorder aux autorités espagnoles un soutien financier plus important. Elle ajoute que « nous pouvons nous répartir les rôles entre chefs d'États membres », proposant ainsi que les Espagnols usent de leurs relations préférentielles avec le Maroc, pays de transit de l'immigration. Sánchez explique alors que son travail se base sur la conviction que « le défi humain que représente [l'immigration impose] une dose énorme de responsabilité »[145].




Sánchez et António Costa à Lisbonne le 2 juillet 2018.


Il achève son premier tour d'Europe à Lisbonne, où il s'entretient avec le Premier ministre socialiste António Costa. Leurs échanges sont principalement centrés sur le sommet hispano-portugais prévu plus tard dans l'année. Toutefois, les questions européennes comme la nouvelle crise migratoire et la réforme de la zone euro font également partie des discussions. Sánchez révèle à cette occasion que la capitale portugaise accueillera le 27 juillet un sommet sur les connexions énergétiques de la péninsule ibérique avec le reste du continent, auquel assisteront notamment Macron et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Rendant hommage à son homologue, le président du gouvernement affirme s'inspirer de son projet « progressiste, modernisateur et européiste » et qu'il souhaite importer en Espagne un certain nombre des grands principes mis en œuvre par Costa, comme la lutte contre la précarité du travail, la redistribution des richesses ou encore les grands accords avec les partenaires sociaux[146],[147].



Affaires |



Fraude fiscale de Màxim Huerta |



Condamné en 2017 pour fraude fiscale, Màxim Huerta démissionne après six jours de mandat.


Le 13 juin, le journal El Confidencial révèle que le ministre de la Culture et des Sports Màxim Huerta a été condamné en 2017 pour fraude fiscale et a dû rembourser plus de 200 000 euros au Trésor public pour avoir monté entre 2006 et 2008 une société afin de percevoir ses émoluments de présentateur télé et ainsi être imposé au titre de l'impôt sur les sociétés, moins élevé que l'impôt sur le revenu. Huerta remet sa démission le soir même. Il avait initialement assuré qu'il ne pas avoir l'intention de quitter ses fonctions, mais Podemos puis le Parti populaire avaient appelé à son départ, menaçant de proposer sa révocation au Congrès dans le cas contraire. Le président du gouvernement le remplace par José Guirao, ancienne figure du PSOE d'Almería et ex-directeur du musée Reina Sofía[148],[149]. Alors que la nomination de Huerta avait créé une certaine stupeur et reçu un accueil réservé du secteur culturel, la désignation de Guirao est au contraire chaudement applaudie. Le départ de Huerta est toutefois critiqué par Ángeles González-Sinde, dernière ministre de la Culture de Zapatero[150].



Master de Carmen Montón |



Accusée d'avoir obtenu son master irrégulièrement, la ministre de la Santé Carmen Montón démissionne 100 jours après son entrée en fonction.


Alors que son gouvernement célèbre ses 100 jours au pouvoir, le quotidien en ligne eldiario.es révèle le 10 septembre que la ministre de la Santé Carmen Montón aurait obtenu son master en études interdisciplinaires de genre de manière frauduleuse à l'université Roi Juan Carlos (URJC). Après que celle-ci a tenu une conférence de presse où elle a expliqué avoir suivi ses enseignements à distance, le journal indique que les cours devaient être suivis en classe et qu'une note a été modifiée après la fin de l'année universitaire. Interrogé le lendemain par la presse au Sénat, Pedro Sánchez apporte un soutien appuyé à Montón. Rappelant ses premières actions et le fait qu'elle élabore un projet de loi contre la violence sur les mineurs, il qualifie son travail d'« extraordinaire » et affirme « qu'elle continuera à le faire »[151]. Elle remet finalement sa démission dans la soirée et sera remplacée par María Luisa Carcedo, Haute commissaire à la Lutte contre la pauvreté infantile[152],[153].



Thèse de doctorat |



C'est en 2012 que l'université Camilo José Cela a délivré à Pedro Sánchez un doctorat en économie.


Au lendemain du départ de Montón, Albert Rivera interpelle Sánchez devant le Congrès des députés et l'invite à rendre publique sa thèse de doctorat en économie — alors uniquement consultable à la bibliothèque universitaire de l'université Camilo José Cela et sans possibilité de reproduction — pour lever les « doutes raisonnables » pesant sur elles[154].


Le 13 septembre, après que le journal ABC et la publication en ligne Okdiario l'ont accusé d'avoir plagié son travail universitaire, il annonce envisager des poursuites judiciaires contre les médias et ordonne la numérisation et publication de sa thèse[155]. Tandis que sa directrice de thèse Isabel Cepeda affirme que le document a été rédigé dans les règles[156], l'économiste Carlos Ocaña — coauteur en 2013 avec Sánchez d'un livre reprenant de nombreux éléments de la thèse et ancien directeur de cabinet du ministre de l'Industrie Miguel Sebastián — indique qu'il n'a en rien participé à l'élaboration du travail universitaire du président du gouvernement, contrairement à ce que disent Okdiario et El Mundo[157].


Le gouvernement émet par ailleurs une protestation contre la présidente du Congrès Ana Pastor car Rivera avait initialement prévu d'interpeller Sánchez sur le conflit en Catalogne, mais a finalement changé le sujet de sa question sans avertissement préalable[158]. Réagissant à l'annonce d'un possible dépôt de plainte de Sánchez contre les journaux, le président de Ciudadanos fait savoir qu'il a l'intention de demander la comparution immédiate du chef de l'exécutif devant les parlementaires, obtenant d'ailleurs le soutien du Parti populaire[159]. Son ancienne université diffuse ensuite un communiqué dans lequel elle explique avoir examiné les processus d'évaluation externe et interne à la thèse sans y détecter aucune irrégularité, jugeant ces processus « normaux, conformes aux normes en vigueur ainsi qu'aux protocoles de vérification et contrôles habituels dans le cadre universitaire »[160].


La présidence du gouvernement fait savoir le 14 septembre avoir soumis le texte de la thèse à deux logiciels de détection du plagiat, Turnitin et PlagScan. Le premier détecte 13 % de coïncidences avec des textes publiés antérieurement, et le second 0,96 %, précisant que ces chiffres sont issus des citations et références contenues dans le travail. Le communiqué affirme ensuite qu'il y a « un large consensus dans le monde académique pour considérer qu'il s'agit de taux normaux, en accord avec les normes et protocoles de contrôle »[161]. Lluis Val, responsable de Turnitin en Espagne tempère cette analyse, expliquant que « un logiciel anti-plagiat ne dit pas à 100 % s'il y a eu plagiat, il donne simplement un pourcentage de similitude avec d'autres documents. C'est une personne qui en détermine l'importance, et avec 13 % le plagiat est possible »[162]. Les journaux El Confidencial, El País et la chaîne de télévision La Sexta soumettent la thèse au contrôle Turnitin et arrivent aux mêmes conclusions que celles énoncées par l'exécutif dans la matinée. La Sexta et El País atteignent également les chiffres identiques à ceux du gouvernement avec PlagScan[163],[164],[165].


Le conseil des ministres se tenant le même jour, la porte-parole du gouvernement fait savoir que Sánchez a la « conviction que cette affaire a été créée pour faire du bruit et abattre le gouvernement » et appelle le Parti populaire et Ciudadanos à « demander pardon au président »[166]. En parallèle, les différents partis ayant permis l'accession au pouvoir de Sánchez indiquent ne pas avoir l'intention de soutenir la demande des deux partis de centre droit de comparution immédiate du chef de l'exécutif devant le Congrès, Unidos Podemos et le Parti nationaliste basque jugeant la publication de la thèse comme suffisante, et la Gauche républicaine de Catalogne refusant de « faire le jeu » de Ciudadanos[167].



Rapports avec les autres partis |




Sánchez rencontre le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias, en secret deux semaines après son investiture.


Il se réunit le 14 juin avec le secrétaire général de Podemos Pablo Iglesias, en secret au palais de la Moncloa. Cette rencontre est destinée à ouvrir un dialogue en vue de présenter des initiatives conjointes, ce qui permettrait au gouvernement d'élargir sa base parlementaire en totalisant un soutien initial de 151 députés. Cette entrevue est perçue comme la mise en œuvre du rapprochement entre les deux partis promu par Sánchez au 39e congrès socialiste. Au lendemain de ce rendez-vous, Iglesias déclare devant le conseil citoyen de Podemos que « nous sommes disposés à appuyer et pousser ce gouvernement dans son travail, s'il décide d'avancer sur le chemin que marque les défis [auxquels la société espagnole est confrontée]. De même, nous serons obligés de nous situer dans l'opposition si ce n'est pas le cas »[168]. Le lendemain, le gouvernement annonce qu'il lève 18 vétos à l'admission de propositions de loi pour raisons budgétaires imposés par l'équipe précédente, parmi elles 16 textes soumis par Podemos concernant notamment la fermeture des centrales nucléaires, l'assistance juridique gratuite, la retraite des garde-côtes, le transfert de l'autoroute AP-9 à la Junte de Galice, la création d'une carte des services communs du service national de santé, la revalorisation des pensions de retraite ou encore l'instauration d'un statut de base des sapeurs-pompiers[169].





Elsa Artadi assure que les indépendantistes catalans garantiront la stabilité du gouvernement Sánchez tant que le dialogue sera ouvert.


Le 23 juillet, le nouveau président du PDeCAT David Bonvehí et son adjointe, la députée Míriam Nogueras, font savoir par voie de presse que leur formation a l'intention de durcir les conditions de son soutien au gouvernement. La bonne disposition des huit députés indépendantistes de centre droit sera conditionnée à des avancées « concernant le droit à l'autodétermination ou à l'élaboration d'une solution politique au problème catalan » explique Bonvehí. Nogueras ajoute que « nous devons coordonner le parti et le groupe parlementaire, ce qui ne s'est pas bien fait jusqu'à présent ». Ces déclarations traduisent concrètement la prise de contrôle du PDeCAT par le président déchu de la généralité de Catalogne Carles Puigdemont, figure du mouvement indépendantiste et installé en Allemagne du fait du mandat d'arrêt dont il fait l'objet en Espagne. Validant la décision de renverser Rajoy, David Bonvehí indique « que cela coûtera désormais plus » à Sánchez de recevoir l'appui du Parti démocrate. Alors que la direction du groupe parlementaire revenait jusqu'ici à Carles Campuzano et Jordi Xuclà, ceux-ci seront remplacés par Nogueras, perçue comme plus proche des thèses politiques de Puigdemont[170]. Ces propos sont tempérés le lendemain par la conseillère à la Présidence du gouvernement catalan et bras droit de Puigdemont, Elsa Artadi. Assurant que l'objectif de l'exécutif catalan est « de continuer à travailler et dialoguer » avec le cabinet espagnol, elle indique que le PDeCAT et ERC garantiront la stabilité de Sánchez « tant que continueront le dialogue et la négociation politique ». Elle salue le fait que le gouvernement central ne refuse l'inscription d'aucun sujet à l'ordre du jour de la prochaine réunion de la commission bilatérale État-généralité[171].


Il reçoit le 2 août le nouveau président du Parti populaire Pablo Casado. Si leur entretien de près de trois heures ne débouche sur aucun accord ni aucune annonce, il permet aux deux dirigeants de mettre en scène le retour du « bipartisme » (bipartidismo) qui a régi la vie politique espagnole depuis l'avènement de la démocratie. Casado assume pleinement cette stratégie, déclarant vouloir revenir « au modèle de bipartisme imparfait, dans lequel le PP et le PSOE garantissent l'alternance et la stabilité politiques, et dans lequel il peut y avoir des partis comme Ciudadanos ou Podemos qui peuvent garantir la stabilité gouvernementale ». Ainsi, Sánchez choisit de traiter Casado comme un « invité d'État » en lui cédant la salle de presse de l'exécutif, tandis que des proches du gouvernement le reconnaissent comme « chef de l'opposition » et admettent qu'il a eu droit à un « traitement déférent ». Le président du gouvernement reprend ainsi la stratégie adoptée par son prédécesseur, destinée à marginaliser le président de Ciudadanos Albert Rivera, alors premier parti dans les sondages. Plusieurs ministres admettent d'ailleurs que la ligne idéologique portée à droite par le nouveau chef du PP aide à mobiliser l'électorat de gauche et accorde plus d'espace politique au centre pour le PSOE[172],[173].


Trois semaines plus tard, le gouvernement et Unidos Podemos parviennent à un accord pour réformer la loi organique relative à la stabilité budgétaire et l'actualisation des pensions de retraite suivant l'inflation. Rompant la méfiance qui s'était installée entre eux, Pedro Sánchez et Pablo Iglesias s'impliquent directement dans les discussions afin de les faire aboutir. La ministre des Finances María Jesús Montero et le secrétaire à l'Organisation de Podemos Pablo Echenique, actant cette volonté de dialogue entre leurs deux formations, ouvrent quatre groupes de travail sur la Sécurité sociale, les retraites et l'emploi ; l'amélioration des services publics de l'éducation, de la santé et de la dépendance ; les finances municipales ; et les revenus de l'État. L'enjeu pour les deux formations est l'établissement d'un accord économique global valable jusqu'à la fin de la législature, donnant à la politique économique du gouvernement une base minimale de 155 députés, ce qui lui apporterait une forme de stabilité[174].


Le 2 octobre, le président de la généralité de Catalogne Quim Torra déclare devant le Parlement de Catalogne, un an et un jour après le référendum d'indépendance, que s'il n'obtient pas d'ici le mois de novembre un accord sur la tenue d'une consultation sur l'autodétermination de la Catalogne, « l'indépendantisme ne pourra garantir aucune stabilité à Pedro Sánchez au Congrès des députés ». Il avait précédemment affirmé que « la patience des Catalans n'est pas infinie » et « ne pas être ici pour gérer une communauté autonome » mais avancer vers l'indépendance[175]. Le soir même, la porte-parole du gouvernement rejette toute forme d'ultimatum et rappelle que l'exécutif espagnol propose l'autonomie interne et le dialogue, mais pas la séparation. Dès le lendemain, les principaux groupes indépendantistes au Parlement catalan déposent une résolution appelant au dialogue et à la négociation, sans conditions ni limites de temps[176],[177].



Programme social |


Après l'affaire Huerta, l'exécutif accélère la mise en place d'un agenda social. Le conseil des ministres du 15 juin approuve ainsi la distribution aux communautés autonomes de 1,4 milliard d'euros issus du plan d'État pour le logement 2018-2021, lance la réinstauration de l'accès aux soins pour les migrants en situation irrégulière — supprimé en 2012 par Mariano Rajoy et partiellement rétabli par certaines régions depuis — et une étude pour faire retirer les barbelés apposés sur les barrières séparant le Maroc des enclaves Ceuta et Melilla[178],[179].


Dans un entretien accordé à El País le 23 juin, il annonce sa volonté de lancer un « grand plan contre l'exploitation des travailleurs », sans entrer dans le détail. Citant l'exemple de l'engagement des Baléares, qui a mobilisé des ressources supplémentaires pour l'inspection du travail dans le secteur de l'hôtellerie, il précise que ce plan sera partagé avec les communautés autonomes. Il souhaite par ailleurs augmenter le taux maximum des cotisations retraite sur les hauts salaires et confirme sa volonté d'augmenter l'impôt sur les sociétés pour les banques afin de financer le système de retraite. Il réaffirme son objectif d'abroger la réforme du marché du travail adopté sous le gouvernement Rajoy mais constate l'absence d'une majorité parlementaire pour y parvenir. Il ajoute qu'il existe toutefois une majorité pour améliorer la protection des salariés d'entreprises prestataires et que le débat doit être ouvert au sujet sur la primauté des conventions collectives, sur l'égalité dans le travail et des salaires[180].


Après la conclusion d'un accord national interprofessionnel entre syndicats et patronat concernant notamment la hausse du salaire minimum à 1 000 euros par mois à la fin du mois de juin, le gouvernement décide que ce montant sera également appliqué au salaire minimum interprofessionnel (SMI), afin de concerner tous les salariés et non uniquement ceux couverts par le champ de la négociation collective. Ce montant devant être atteint en 2020, le SMI progressera de 36 % en deux ans, ce qui en fait la plus forte hausse de l'histoire. Elle dépasse celle du début des années 1980, d'un niveau de 25 % et équivaut à celle enregistrée au cours des 13 années précédentes[181].


Le conseil des ministres adopte le 27 juillet le décret-loi rétablissant un accès universel au service national de santé (SNS). En vertu de la nouvelle norme, l'assistance sanitaire est déconnectée de la condition d'assuré. Ainsi, les étrangers, les retraités expatriés et les travailleurs transfontaliers sont établis comme titulaires du droit à l'assistance sanitaire[182]. Six semaines plus tard, le texte est ratifié par le Congrès des députés avec l'opposition du Parti populaire et l'abstention de Ciudadanos[183].


Le 5 octobre, le gouvernement approuve un décret-loi relatif à la transition énergétique, dont l'objectif est de faire baisser le coût de l'électricité. La suspension pour six mois de deux impôts affectant les entreprises de production électrique pour un total de 970 millions d'euros devrait diminuer la facture de l'ordre de 4 %. Le texte accroît le bénéfice du chèque social pour l'électricité, instaure un chèque social thermique et interdit de couper la fourniture d'électricité pour factures impayées à des foyers bénéficiant du chèque social dans lequel vivent des mineurs de moins de 16 ans, des personnes handicapées ou dépendantes[184],[185]. Ces annonces ont un effet quasi-immédiat sur le marché à terme puisque le prix du mégawatt chute de près de 10 % par rapport au début du mois de septembre[186].



Nominations de second rang |





María Teresa Fernández de la Vega sera la première femme à présider le Conseil d'État.


Le cabinet procède le 15 juin à une série de nominations à plusieurs postes administratifs, perçue comme une forme de correction de ses choix ministériels après l'affaire Huerta. Alors que le gouvernement comprend un certain nombre d'experts, les fonctions de second rang sont d'avantage confiées à des personnalités du PSOE. Huit membres de la commission exécutive reçoivent ainsi de nouvelles responsabilités. Par exemple la secrétaire exécutive à la Santé María Luisa Carcedo devient haute commissaire à la Lutte contre la pauvreté infantile, le secrétaire à la Transition écologique de l'économie Hugo Morán est désigné secrétaire d'État à l'Environnement et le secrétaire à l'Entreprenariat Francisco Polo prend le poste de secrétaire d'État au Numérique. Sánchez rappelle également des figures de l'ère Zapatero, comme Octavio Granado qui retrouve les fonctions de secrétaire d'État à la Sécurité sociale et Consuelo Rumí qui redevient secrétaire d'État aux Migrations. Le choix des 19 délégués du gouvernement obéit pour partie à une stratégie interne. Ainsi le délégué dans la Communauté de Madrid, au Pays basque ou en Estrémadure est nommé en lien avec la fédération régionale du parti. À l'inverse, la décision de nommer Alfonso Gómez de Celis — opposant à Susana Díaz — en Andalousie, Manuel González Ramos — seul secrétaire provincial opposé à Emiliano García-Page — en Castille-La Manche et Juan Carlos Fulgencio — proche de José Luis Ábalos — en Communauté valencienne est un geste d'opposition aux « barons socialistes » qui dirigent ces trois territoires. Par ailleurs, il désigne Pablo Zuloaga en Cantabrie et Diego Conesa en Région de Murcie afin de leur donner une projection publique avant les élections de mai 2019 auxquelles ils seront candidats. Le poste stratégique de délégué en Catalogne est confié à l'ancienne députée Teresa Cunillera, un choix validé par Miquel Iceta[187].





María José Rienda est la première femme nommée à la présidence du Conseil supérieur des Sports.


Par ailleurs, les ministres José Luis Ábalos, Margarita Robles et Meritxell Batet remettent en parallèle leurs démissions au Congrès des députés, renonçant ainsi à leur mandat de parlementaire. Bien que celui-ci soit compatible avec leurs fonctions ministérielles, ils obéissent ainsi à une demande du président du gouvernement. Cela permet au PSOE d'avoir la certitude que les 84 députés formant son groupe parlementaire seront présents à chaque vote, alors que des obligations officielles peuvent tenir les ministres éloignés de Madrid. Ils mettent ainsi en œuvre le principe de non cumul des fonctions et des rémunérations établi par les statuts de leur parti. C'est la première fois depuis 1977 qu'aucun ministre ne siège au Congrès[188],[189],[190].


La présidence du gouvernement indique le 19 juin que Sánchez nommera María Teresa Fernández de la Vega présidente du Conseil d'État. Âgée de 69 ans, l'ancienne ministre de la Présidence de José Luis Rodríguez Zapatero sera la première femme à diriger l'organe de conseil du gouvernement, où elle siège depuis 2010[191]. Peu après, l'exécutif décide de confier la présidence du Conseil supérieur des Sports (CSD) — dont le rang équivaut à celui d'un secrétaire d'État — à l'ancienne skieuse alpine María José Rienda, vainqueure de six des neufs épreuves de slalom géant lors de la coupe du monde 2005-2006. Elle est alors la première femme à prendre la direction du principal organe de la politique sportive du gouvernement espagnol[192].


En trois semaines, le gouvernement a pourvu près de 144 postes de second rang administratif, dont 86 hommes et 58 femmes, ce qui rompt avec la nette prépondérance féminine du conseil des ministres. S'il y a 16 directrices générales pour neuf directeurs, on compte en revanche dix secrétaires généraux pour trois secrétaires générales et six directrices de cabinet sur 18. Sur les 19 délégations du gouvernement, la parité est atteinte avec neuf femmes titulaires, tandis que 12 femmes sont nommées parmi les 27 secrétaires d'État. La porte-parole du gouvernement Isabel Celaá avait pourtant indiqué que lors du conseil des ministres du 15 juin, Pedro Sánchez avait fait part de sa volonté de respecter l'équilibre et l'égalité hommes/femmes dans les nominations aux hautes fonctions administratives[193].


Au total, 18 membres de la commission exécutive du PSOE ont intégré des responsabilités exécutives, dont trois ministres et 15 fonctions de second plan : deux secrétaires d'État, trois délégués du gouvernement, l'ambassadeur auprès de l'OCDE, le président du Centre de recherches sociologiques (CIS) et deux conseillers du président entre autres. Ainsi, 37 % des secrétaires du parti appartiennent à l'appareil gouvernemental. Parmi eux, seul le secrétaire aux Études et président du CIS José Felix Tezanos remet sa démission de la direction du PSOE[194]. En réorganisant la présidence du gouvernement, Sánchez y crée la plus importante administration de l'histoire démocratique. Sept personnes occupent ainsi un poste de rang équivalent à un secrétaire d'État ou un sous-secrétaire, deux de plus que Mariano Rajoy. Bien que le bureau économique du président du gouvernement (OEPG) ait été supprimé, le nombre de directions générales passe de huit à 15[195].


Au début du mois d'août 2018, Ciudadanos dénonce le fait que 44 % des membres de la direction socialiste exercent une charge publique sur désignation du gouvernement. Parlant de « désignations arbitraires » (en espagnol : dedazos), le parti d'Albert Rivera convoque devant le Congrès plusieurs dirigeants d'entités publiques, comme le président de la SEPI Vicente Fernández, ex-contrôleur de la Junte d'Andalousie, le président de Paradores de turismo Óscar López, ancien secrétaire à l'Organisation du PSOE, ou encore le président de Correos Juanma Serrano, ex-directeur de cabinet de Sánchez[196],[197].



Politique de mémoire historique |





Francisco Franco repose dans la basilique du Valle de los Caídos.


En juin, la volonté de son gouvernement de faire retirer la dépouille de Francisco Franco du mémorial du Valle de los Caídos, dans la Communauté de Madrid. Expliquant que « l'Espagne ne peut se permettre des symboles qui divisent les Espagnols », il affirme agir conformément à la volonté exprimée par le Congrès des députés[198]. Il fait savoir que l'objectif du cabinet est de réaliser le transfert de la dépouille de Franco pendant le mois de juillet. Le déplacement des restes mortels est prévu sans cérémonie et discrètement, à la fois pour éviter toute forme de manifestation et pour donner un sentiment de normalité à cet événement. Le Valle de los Caídos est ensuite censé devenir un « lieu de culte et de réconciliation »[199].


C'est finalement deux mois plus tard que le conseil des ministres adopte un décret-loi modifiant la loi de mémoire historique de 2007 afin de permettre l'exhumation de Franco. Le texte, qui qualifie d'« urgent » le déplacement du corps de l'ancien Caudillo, donne 15 jours à ses descendants pour assumer la prise en charge des restes mortels. Passé ce délai, ce sera au gouvernement espagnol de décider où ceux-ci seront déplacés. Quelques jours plus tôt, la Gauche républicaine de Catalogne s'était dite prête à soutenir la ratification du décret-loi au Congrès, à condition que soient annulés les jugements du franquisme, notamment celui ayant condamné Lluís Companys à mort en 1940. Bien que la réforme législative ne le prévoie pas, la vice-présidente Carmen Calvo précise que l'exécutif souhaite que le décret-loi soit soumis au Parlement selon les règles d'un projet de loi, ouvrant la voie à des amendements des groupes parlementaires[200],[201]. Le texte est adopté en séance publique le 13 septembre suivant, par 176 voix pour et 165 abstentions, aucun parti n'ayant voté contre[202].


Mais les membres de la famille de Franco font ensuite connaître son intention d'enterrer leur aïeul au sein de la cathédrale de l'Almudena de Madrid, un monument situé en plein cœur de Madrid et très visité où elle dispose d'un caveau familial[203]. Cette hypothèse apparaît à la gauche espagnole comme pire que la situation initiale : ce qui était perçu comme une importante victoire politique et symbolique pour Sanchez se transforme alors en camouflet[204].



Réforme de la télévision publique |




Le 18 juin 2018, Pedro Sánchez accorde sa première interview à la RTVE.


Le conseil des ministres du 22 juin adopte un décret-loi modifiant la désignation des dirigeants de la Radiotelevisión Española (RTVE), le service public audiovisuel. Ce même jour le mandat du président de la RTVE et du conseil d'administration échoit, et les Cortes Generales n'ont pas lancé l'appel public à candidature pour les remplacer. Afin d'éviter que la RTVE se retrouve sans direction, Sánchez fait approuver par son gouvernement une modification législative en urgence, qui devra être ratifiée par les parlementaires à posteriori. Elle autorise les deux chambres à désigner à titre provisoire, jusqu'à ce qu'elles soient en mesure de le faire via l'appel public à candidature. Dans un délai de 15 jours, le Congrès devra avoir désigné six administrateurs et le Sénat quatre, par un vote à la majorité des deux tiers. En cas d'échec, la désignation se fera à la majorité absolue, tant qu'elle bénéficie du soutien de la moitié des groupes parlementaires. Si la chambre haute ne désigne pas les administrateurs qui lui sont dévolus ou seulement une partie, les vacances éventuelles seront couvertes par la chambre basse. Au cas où les Cortes ne seraient pas capable de former le conseil d'administration, le gouvernement désignera un administrateur unique. Le décret-loi fixe par ailleurs les règles de composition du comité d'experts chargé de valider les candidatures aux postes d'administrateurs, objet de dissensions entre le PP et Ciudadanos d'une part et le PSOE et Podemos d'autre part. La réforme permet au PP de proposer quatre administrateurs, le PSOE trois, Podemos deux et Ciudadanos un[205].


Peu avant le conseil des ministres, la porte-parole des députés socialistes Adriana Lastra indique que le gouvernement bénéficiera de la majorité requise pour ratifier le décret-loi au Congrès des députés, soit 176 voix au moins. Sans préciser quels groupes ou formations politiques appuient la réforme, elle annonce simplement que « il y a une majorité de députés qui comprend qu'il faut régénérer RTVE, qu'elle soit une télévision de qualité, où l'on respecte le travail des professionnels et qui offre l'information véridique à laquelle les citoyens ont droit ». Le Parti populaire et Ciudadanos font alors savoir qu'ils n'ont pas l'intention de voter en faveur du texte du gouvernement[206],[207]. Le député Ramón Moreno annonce au lendemain de l'adoption du décret-loi que le PP déposera un recours devant le Tribunal constitutionnel, estimant que ce texte retire aux chambres leurs compétences constitutionnelles et dénonçant une « quasi-prévarication »[208].


Quatre jours plus tôt, Sánchez avait appelé les Cortes Generales à procéder à la désignation du conseil d'administration, ajoutant qu'en cas d'échec « le gouvernement ne regardera pas de l'autre côté », précisant que l'exécutif devra « exhorter le Congrès à ne pas retarder ce nécessaire renouvellement ». Il avait également réaffirmé son engagement pour un service public de l'information, une télévision et une radio publiques indépendants, qui ne soient soumis au diktat d'aucun parti politique[209].


Le 19 juillet 2018, trois jours après que le Congrès a échoué à une voix près à élire les dix membres du conseil de la RTVE du fait d'une erreur de vote de deux parlementaires, l'exécutif trouve un accord avec les partis ayant voté la motion de censure afin de désigner la journaliste Rosa María Mateo, personnalité historique de la radiotélévision publique. Alors que le PSOE la présente comme « une personne de grand prestige et à la trajectoire irréprochable », Podemos juge qu'elle se conforme parfaitement à ses exigences, à savoir « une grande expérience de l'entreprise et le respect des salariés ». Le gouvernement estime qu'il s'agit d'une « figure iconique, avec une très large expérience professionnelle et qui — par son seul mérite — est devenue le visage télévisuel de la transition »[210]. À l'inverse, le Parti populaire s'y oppose, dénonçant une personnalité « sans aucune expérience de gestion » qui « représente la pire époque de la RTVE », connue comme « telePSOE » au début des années 1980[211]. Le Congrès approuve le 27 juillet la désignation de Mateo par 180 voix pour, soit quatre de plus que la majorité requise et deux de plus que le résultat attendu. Deux jours plus tôt, elle avait échoué à obtenir les 234 votes nécessaires lors du premier tour de scrutin[212].



Fiscalité et budget |




La ministre des Finances María Jesús Montero augmente le plafond des dépenses publiques pour 2019 mais le Congrès rejette sa volonté d'accroissement du déficit public.


Au début du mois de juillet, le gouvernement obtient de la Commission européenne une marge budgétaire de 5,5 milliards d'euros après avoir négocié à la hausse son objectif de déficit public pour 2019, tout en restant dans la limite des 3 % du pacte de stabilité. Cette somme est affectée à 40 % aux communautés autonomes, dont l'autorisation de déficit est ainsi multipliée par trois. De cette manière, Sánchez apporte aux régions une compensation à son renoncement de réformer le système de financement territorial avant la fin de la législature. Les 60 % sont accordés au système de Sécurité sociale, dont le déficit se creusera ainsi jusqu'à 1,3 % du PIB, soit les deux tiers du déficit des administrations publiques pour 2019[213].


Sánchez annonce ensuite sa volonté de modifier l'impôt sur les sociétés pour que le taux d'imposition réel des grandes entreprises ne soit jamais inférieur à 15 %, de mettre en place la « taxe Google », un impôt basé sur les recettes réalisées par les grandes entreprises du numérique grâce à leurs opérations sur le territoire espagnol, d'instaurer un « impôt fléché » sur le secteur bancaire afin de « compléter les cotisations sociales et contribuer à maintenir la dignité des pensions de retraite » et de créer des mécanismes fiscaux pour lutter contre les mauvaises pratiques environnementales[214]. Il indique également qu'il souhaite réviser le code général des impôts pour éviter à l'avenir les amnisties fiscales, tout en admettant que la loi ne lui permet pas de dévoiler — comme il s'y était engagé — les noms des bénéficiaires de celle décidée par le ministre des Finances de Rajoy, Cristóbal Montoro[215].


Lors du vote du 27 juillet, le Congrès rejette la nouvelle trajectoire de déficit public pour la période 2019-2021 : seuls le PSOE, le Parti nationaliste basque et Nouvelles Canaries votent pour, soit 88 voix favorables, contre 173 refus et 86 abstentions principalement issues d'Unidos Podemos, du Parti démocrate européen catalan et de la Gauche républicaine de Catalogne. À l'exception du vote raté sur le renouvellement du conseil d'administration de la RTVE, il s'agit du premier échec de Sánchez lors d'un scrutin à la chambre basse des Cortes depuis son arrivée au pouvoir. En conséquence, les pouvoirs publics ne pourront avoir recours aux 5,5 milliards d'euros supplémentaires négociés avec l'Union européenne au début du mois, puisque les précédents objectifs de déficit établis par le Parti populaire restent en vigueur. En revanche, le plafond des dépenses des administrations publiques pour 2019 — en hausse de 4,4 % par rapport à celui de 2018 et qui sert de base à l'élaboration de la loi de finances — n'est pas impacté par ce vote parlementaire[216].


Le 22 août 2018, María Jesús Montero arrive à un accord avec Pablo Echenique de Podemos en vue de réformer la loi organique de stabilité budgétaire : il s'agit d'en réviser l'article 15 pour retirer au Sénat son pouvoir de veto sur l'adoption de la trajectoire pluriannuelle de déficit public, puisqu'en vertu de la législation en vigueur un vote négatif de la chambre haute oblige l'exécutif à présenter une nouvelle proposition de programmation pluriannuelle[217]. En conséquence de cet accord, le gouvernement renonce à proposer de nouveau sa trajectoire de déficit pour la période 2019-2021 — pourtant approuvée la même semaine par le Conseil de la politique fiscale et financière (CPFF) et la Commission nationale de l'administration locale (CNAL) — jusqu'à ce que la réforme de la loi organique entre en vigueur[218]. La Gauche républicaine de Catalogne, le Parti démocrate européen catalan et le Parti nationaliste basque indiquent soutenir cette modification législative[219], tandis que le Parti populaire et Ciudadanos la critiquent vertement, le PP annonçant avoir l'intention de recourir « à tous les instruments parlementaires et juridiques » possibles pour l'empêcher[220].




Pedro Sánchez et Pablo Iglesias signent le 11 octobre 2018 un accord pour l'élaboration du budget de l'État.


Pedro Sánchez et le secrétaire général de Podemos Pablo Iglesias signent le 11 octobre suivant un accord pour l'élaboration du projet de loi de finances pour 2019. Les socialistes et Podemos s'accordent sur une hausse du salaire minimum à 900 euros mensuels, un alignement de la hausse des pensions de retraite sur l'inflation, une progression de 3 % des pensions les plus faibles, une augmentation de 200 millions d'euros du budget pour le logement, 237 millions supplémentaires dédiés à la recherche et à l'innovation, un budget de 330 millions d'euros pour faciliter la scolarisation des 0-3 ans, l'encadrement des loyers dans les zones tendues identifiées par les mairies, une réforme des cotisations sociales des travailleurs indépendants pour les aligner sur leurs revenus réels, le rétablissement des cotisations sur les heures supplémentaires, l'alignement du congé de paternité sur le congé de maternité, une hausse de 62 % des allocations familiales pour réduire la pauvreté infantile. L'impôt sur le revenu augmente de deux points pour les revenus annuels supérieurs à 130 000 euros et de quatre points pour ceux qui dépassent 300 000 euros, tandis que l'impôt sur le patrimoine progresse d'un point pour les fortunes supérieures à dix millions d'euros. Une taxe de 0,2 % sur les transactions financières réalisées en Espagne est instaurée, de même qu'un taux minimum de 15 % d'impôt sur les sociétés pour les entreprises au bénéfice supérieur à 20 millions d'euros et un impôt de 3 % sur la publicité en ligne pour toucher les entreprises du numérique. Cet accord permet au gouvernement de soumettre à la Commission européenne un projet de budget bénéficiant du soutien de 151 députés[221],[222],[223].



Réformes institutionnelles |




En plus de leur immunité, les parlementaires espagnols bénéficient d'un privilège de juridiction : seul le Tribunal suprême peut les juger.


Il annonce le 17 septembre 2018 son intention de proposer une révision de la Constitution de 1978 afin de limiter le privilège de juridiction (aforamiento) dont bénéficie le personnel politique : à l'avenir, les titulaires de mandats et fonctions politiques nationaux seraient responsables devant les tribunaux ordinaires de leurs actes accomplis en dehors de l'exercice de leur charge. Il indique que cette réforme peut se faire en 60 jours via un dispositif déjà employé sept ans plus tôt pour inscrire le principe de stabilité budgétaire dans le texte constitutionnel[224].


Le secrétaire général du Parti populaire Teodoro García Egea se montre extrêmement critique, dénonçant à la fois un « écran de fumée » visant à détourner l'attention et un cadeau fait aux « putschistes » catalans, mais se dit ouvert à la discussion tout en appelant à ce que le privilège de juridiction soit maintenu pour le roi émérite[225]. La porte-parole de Podemos Noelia Vera salue « avec joie » l'annonce de Sánchez, mais fait savoir que son parti souhaite voir l'abrogation étendue à l'ancien monarque Juan Carlos Ier et que la modification constitutionnelle permette de garantir le droit au logement, à l'éducation, à la santé et avance sur la question territoriale[226]. Le secrétaire général de Ciudadanos José Manuel Villegas, dont le parti est favorable au principe de la réforme, se dit lui aussi ouvert à aborder la possible suppression du privilège de juridiction de l'ex-souverain espagnol[227].



Vie privée |




Pedro Sánchez et Begoña Gómez en 2018.


Son père, Pedro Sánchez, a notamment été gérant de l'Institut national des arts de la scène et de la musique (INAEM) à l'époque de la ministre de la Culture Carmen Alborch. Sa mère, Magdalena Pérez-Castejón, est fonctionnaire de la Sécurité sociale[5]. Il a un frère aîné, David Sánchez, plus connu sous son nom d'artiste, David Azagra[228].


Il est marié depuis 2006 avec Begoña Gómez, originaire de Bilbao. Ils se sont rencontrés au cours d'une fête. Leur mariage civil a été officié à Madrid par Trinidad Jiménez. Le couple vit à Pozuelo de Alarcón, dans le centre de la Communauté de Madrid. Ils ont deux enfants, Ainhoa et Carlota, qu'ils indiquent avoir inscrit à l'école publique. Begoña Gómez est licenciée en marketing. Elle travaille pour une entreprise chargée de lever des fonds pour des organisations non gouvernementales (ONG). Lors de la révélation du scandale d'abus sexuels à Oxfam, le nom de Gómez est cité à tort comme directrice générale de la branche espagnole de l'ONG, alors que celle-ci n'est qu'une cliente de son entreprise[229],[230].


Elle est recrutée en août 2018 par l'Institut de l'entreprise pour diriger un centre de développement de projets d'action sociale en Afrique. Le mois précédent, elle avait demandé une mise en disponibilité de son poste de directrice de conseil en externalisation du groupe Inmark[231]. Sur les réseaux sociaux, ce recrutement est âprement commenté : une partie des internautes dénonce un recrutement dicté par la position politique de son époux, tandis que d'autres — dont le député indépendantiste catalan Gabriel Rufián — prennent sa défense en rappelant ses nombreux diplômes, sa longue expérience professionnelle dans le secteur concerné et la quasi-absence de subventions publiques perçues par l'Institut[232].



Notes et références |



(es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Pedro Sánchez Pérez-Castejón » (voir la liste des auteurs).




  1. Prononciation en espagnol d'Espagne retranscrite selon la norme API.


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  6. a b et c(es) « Biografía: Pedro Sánchez, del paro a la Moncloa », Expansión,‎ 1er juin 2018(lire en ligne, consulté le 16 septembre 2018).


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  198. « le gouvernement doit gouverner avec le Parlement, qui en 2017 a clairement dit que la dépouille de Franco doit être exhumée, remise à sa famille, et que le Valle de los Caídos devienne un mémorial de la lutte conte le fascisme ». La résolution parlementaire — votée sans l'appui du Parti populaire et de la Gauche républicaine de Catalogne — demandait également que la dépouille de Primo de Rivera soit déplacée dans un lieu moins prééminent de l'édifice. Plus tôt dans la journée, le porte-parole du PSOE Óscar Puente considérait que « c'est le moment » de prendre cette décision, tandis que la vice-secrétaire générale du PP Andrea Levy dénonçait le « sectarisme » des socialistes ((es) Elsa García de Blas, « El Gobierno garantiza que exhumará a Franco del Valle de los Caídos », El País,‎ 18 juin 2018(lire en ligne, consulté le 20 juin 2018)).


  199. (es) Manuel Sánchez, « Sánchez dice que el traslado de la tumba de Franco será "antes de vacaciones" », Público,‎ 27 juin 2018(lire en ligne, consulté le 27 juin 2018).


  200. (es) Iñigo Aduriz, « El Gobierno aprueba el decreto para sacar a Franco del mausoleo del Valle de los Caídos », eldiario.es,‎ 24 août 2018(lire en ligne, consulté le 24 août 2018).


  201. (es) « ERC avisa a Sánchez que sólo apoyará al decreto de la exhumación de Franco si anula las sentencias del franquismo », Europa Press,‎ 21 août 2018(lire en ligne, consulté le 24 août 2018).


  202. (es) « El Congreso da luz verde a la exhumación de Franco con la abstención de PP y Ciudadanos », eldiario.es,‎ 13 septembre 2018(lire en ligne, consulté le 13 septembre 2018).


  203. François Musseau, « La dépouille de Franco, un chemin de croix pour Pedro Sanchez », Le Temps,‎ 12 octobre 2018(lire en ligne, consulté le 12 novembre 2018).


  204. François Musseau, « Dépouille de Franco : le cauchemar des socialistes espagnols », Le Point,‎ 12 octobre 2018(lire en ligne, consulté le 12 novembre 2018).


  205. (es) Irene Castro, « El Gobierno fuerza con un decreto ley la renovación en RTVE y nombrará un administrador único si no hay acuerdo », eldiario.es,‎ 22 juin 2018(lire en ligne, consulté le 22 juin 2018).


  206. (es) « El PSOE logra los apoyos para convalidar el decreto la renovación temporal de RTVE », La Vanguardia,‎ 22 juin 2018(lire en ligne, consulté le 22 juin 2018).


  207. (es) Raúl Piña, « El Gobierno renovará la cúpula de RTVE en un mes con el apoyo de Podemos y los nacionalistas », El Mundo,‎ 22 juin 2018(lire en ligne, consulté le 22 juin 2018).


  208. (es) Fernando Garea, « El PP llevará al Tribunal Constitucional el decreto de RTVE », El Confidencial,‎ 23 juin 2018(lire en ligne, consulté le 23 juin 2018).


  209. (es) « Sánchez dice que Gobierno no mirará a otro lado si no hay acuerdo sobre RTVE », La Vanguardia,‎ 18 juin 2018(lire en ligne, consulté le 22 juin 2018).


  210. (es) « La periodista Rosa María Mateo, propuesta como administradora única de RTVE », El Confidencial,‎ 19 juillet 2018(lire en ligne, consulté le 19 juillet 2018).


  211. (es) « El PP rechaza a Rosa María Mateo para RTVE por su falta de experiencia en gestión y representar a "telePSOE" », La Vanguardia,‎ 19 juillet 2018(lire en ligne, consulté le 19 juillet 2018).


  212. (es) « Premio de consolación para el Gobierno: logra la elección de Mateo para RTVE », El Confidencial,‎ 27 juillet 2018(lire en ligne, consulté le 27 juillet 2018).


  213. (es) « El Gobierno dará los 5.500 M de déficit extra a las comunidades y la Seguridad Social », El Confidencial,‎ 16 juillet 2018(lire en ligne, consulté le 19 juillet 2018).


  214. (es) « Sánchez impondrá impuestos a la banca y las tecnológicas, subirá sociedades y prohibirá las amnistías fiscales », El Español,‎ 17 juillet 2018(lire en ligne, consulté le 19 juillet 2018).


  215. (es) « Pedro Sánchez anuncia que el Gobierno prohibirá por ley las amnistías fiscales », El Confidencial,‎ 17 juillet 2018(lire en ligne, consulté le 19 juillet 2018).


  216. (es) « Los socios de Sánchez golpean al Gobierno y dinamitan su senda de déficit más expansiva », El Confidencial,‎ 27 juillet 2018(lire en ligne, consulté le 27 juillet 2018).


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  219. (es) Iñaki Pardo Torregrosa, « ERC y PDeCAT ven positivo retirar el veto del Senado en el déficit pero esperan contactos con el Gobierno », La Vanguardia,‎ 23 août 2018(lire en ligne, consulté le 24 août 2018).


  220. (es) Elsa García de Blas, « PP y Ciudadanos tratarán de impedir que se sortee al Senado », El País,‎ 23 août 2018(lire en ligne, consulté le 24 août 2018).


  221. (es) Javier Jorrín, « Gobierno y Podemos subirán el SMI a 900 euros y las pensiones mínimas un 3% », El Confidencial,‎ 11 octobre 2018(lire en ligne, consulté le 11 octobre 2018).


  222. (es) Manuel Sánchez et Beatriz Asuar Gallego, « Salario mínimo, dependencia, violencia sexual, conciliación... el acuerdo completo de Gobierno y Podemos », Público,‎ 11 octobre 2018(lire en ligne, consulté le 11 octobre 2018).


  223. (es) « Sánchez e Iglesias pactan subir el salario mínimo a 900 euros e incrementar al 1% el impuesto de patrimonio a partir de 10 millones », eldiario.es,‎ 11 octobre 2018(lire en ligne, consulté le 11 octobre 2018).


  224. (es) Clara Pinar, « Sánchez planteará retirar el aforamiento sólo a cargos públicos y por cuestiones ajenas a su cargo », 20 Minutos,‎ 17 septembre 2018(lire en ligne, consulté le 18 septembre 2018).


  225. (es) « El PP cree que eliminar los aforamientos busca beneficiar a los «golpistas» catalanes », La Razón,‎ 17 septembre 2018(lire en ligne, consulté le 18 septembre 2018).


  226. (es) « Podemos pide quitar el aforamiento también al rey emérito », El Español,‎ 17 septembre 2018(lire en ligne, consulté le 18 septembre 2018).


  227. (es) Paloma Esteban, « Cs entra en el debate de los aforamientos y se abre a abordar la inviolabilidad del Rey », El Confidencial,‎ 17 septembre 2018(lire en ligne, consulté le 18 septembre 2018).


  228. (es) « Nombran al hermano de Pedro Sánchez coordinador de los conservatorios de Badajoz », El Periódico de Extremadura,‎ 4 juillet 2017(lire en ligne, consulté le 4 juin 2018).


  229. (es) Vega Sánchez, « Así es Begoña Gómez, la mujer de Pedro Sánchez », El Periódico de Catalunya,‎ 1er juin 2018(lire en ligne, consulté le 2 juin 2018).


  230. (es) « Begoña Gómez, la nueva primera dama », La Vanguardia,‎ 1er juin 2018(lire en ligne, consulté le 2 juin 2018).


  231. (es) « El Instituto de Empresa ficha a la mujer de Sánchez para dirigir un nuevo centro », El Confidencial,‎ 8 août 2018(lire en ligne, consulté le 8 août 2018).


  232. (es) « Gabriel Rufián se pronuncia sobre el puesto la mujer de Pedro Sánchez », El Huffington Post,‎ 8 août 2018(lire en ligne, consulté le 8 août 2018).




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  • Parti socialiste ouvrier espagnol - Commission exécutive fédérale du PSOE


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