Antispécisme





L'antispécisme est un courant de pensée philosophique et moral, formalisé dans les années 1970, qui considère que l'espèce à laquelle appartient un animal n'est pas un critère pertinent pour décider de la manière dont on doit le traiter et de la considération morale qu'on doit lui accorder. L'antispécisme s'oppose au spécisme (concept forgé par les antispécistes sur le modèle du racisme), qui place l'espèce humaine avant toutes les autres.




Sommaire






  • 1 Définitions


  • 2 Antispécisme et religion


  • 3 Sources théoriques et philosophiques de l'antispécisme


    • 3.1 Critique philosophique du terme « Animal » et du « propre de l'homme »




  • 4 Critiques épistémologiques


  • 5 Antispécisme et humanisme


  • 6 Approches militantes et activisme


  • 7 Notes et références


  • 8 Voir aussi


    • 8.1 Bibliographie


    • 8.2 Articles connexes


    • 8.3 Liens externes







Définitions |


Le mot « spécisme » (ou « espécisme » — speciesism en anglais) a été introduit en 1970 par le Britannique Richard D. Ryder et repris en 1975 par le philosophe utilitariste Peter Singer. Il désigne une forme de discrimination concernant l'espèce, mise en parallèle avec toutes les formes de domination d'un groupe sur un autre (racisme, sexisme, etc.).


En pratique, selon l'antispécisme, le spécisme justifie l'exploitation et l'utilisation des animaux par les humains d'une façon qui ne serait pas considérée comme acceptable s'il s'agissait d'humains[1]. Ainsi, selon l'antispécisme, le spécisme est une idéologie condamnable, et un « mouvement de libération animale » est nécessaire pour y mettre un terme.


Peter Singer précise dans son livre La Libération animale :



« Je soutiens qu'il ne peut y avoir aucune raison — hormis le désir égoïste de préserver les privilèges du groupe exploiteur — de refuser d'étendre le principe fondamental d'égalité de considération des intérêts aux membres des autres espèces. »



L'égalité que prône l'antispécisme concerne les individus, et non les espèces. Les intérêts des individus (à vivre une vie heureuse, à ne pas souffrir) doivent être pris en compte de manière égale, indépendamment de l'espèce de ces individus. L'espèce peut intervenir, mais uniquement dans la mesure où il en résulte quelque caractéristique pertinente pour la détermination des intérêts. C'est pourquoi il est moins grave, écrit Singer, de donner une claque (de même intensité) à un cheval qu'à un bébé humain ; car la peau du cheval est plus épaisse que celle du bébé, et sa souffrance effective sera donc moindre.


Ainsi, les auteurs antispécistes ne prônent pas nécessairement une égalité de traitement ou une égalité des droits (Rachels, 1990) ; tout comme il serait absurde d'accorder à un homme (mâle) le droit à l'avortement, il est absurde d'accorder à une poule le droit de fréquenter l'université. Les différences de traitement ou de droits ne sont cependant justifiables qu'en fonction de caractéristiques individuelles, et non collectives. Si le mal qu'il y a à tuer un être dépend de la capacité qu'a cet être à se projeter dans l'avenir (thèse que défend Singer), il est plus grave de tuer un être humain adulte normal que de tuer une vache ; mais il est plus grave aussi de tuer une vache, qui possède cette capacité à un certain niveau, que de tuer un nouveau-né humain, qui ne la possède presque pas (en pratique, il est nécessaire de tenir compte aussi de la douleur éventuelle causée aux parents et aux proches, dans un cas comme dans l'autre).


L'antispécisme n'implique aucun discours sur les « intérêts des espèces » ; il n'apparaît pas du tout évident qu'une espèce, entité collective, ait en tant que telle un intérêt quel qu'il soit, y compris un intérêt à survivre. L'antispécisme ne s'offusque pas particulièrement de la disparition d'une espèce ; l'intérêt à vivre de la dernière baleine bleue n'est pas plus important que celui de chacun des centaines de millions de poulets qui sont abattus chaque jour.


Peter Singer est utilitariste, mais d'autres auteurs antispécistes rejettent l'utilitarisme, et se fondent sur des théories éthiques d'inspiration plus kantienne (Tom Regan, en particulier), et mettent en avant les droits des animaux. Paola Cavalieri, dans son article Combien les animaux comptent-ils ?[2], énumère cinq positions morales qui remettent en question la discrimination spéciste. De façon générale, cette remise en cause est principalement négative : quels que soient les fondements que l'on se donne pour une éthique, l'espèce, étant une simple caractéristique biologique, ne peut être une caractéristique pertinente, affirme-t-elle.



Antispécisme et religion |


Les antispécistes réservent la plupart de leurs critiques à la culture de l'« anthropocentrisme » inhérente à la pensée de certains théologiens chrétiens. En effet, le dogme selon lequel l'homme est créé à l'image de Dieu est en contradiction directe avec la notion d'égale considération des intérêts. Pour un chrétien, les autres espèces ont été créées par Dieu pour servir à l'homme : même si elles méritent le respect que leur confère le statut de créatures de Dieu, elles restent inférieures et n'ont pas droit au salut, ni aux sacrements, etc. Les interprétations des théologiens ont subi l'influence des Pères de l'Église, adeptes du néoplatonisme[3], qui instille une rupture entre l'homme et les autres créatures[4], et par les rapprochements métaphoriques entre les démons et les bêtes[4] (le serpent du péché originel fut assez tardivement identifié au diable, ce que le Livre de la Genèse ne faisait pas[4]).


Néanmoins, si l'on tient compte de la Bible hébraïque originelle, dénuée d'interprétations anthropocentristes (le Dieu chrétien s'est fait homme pour les seuls hommes[5]), on remarquera, alors, que, dans le judaïsme primitif, la domination sur les poissons et les oiseaux par un Adam végétarien et ses successeurs n'est que de l'ordre du concept et non de la pratique[4],[6], le titre de souverain des animaux n'étant qu'honorifique, la Genèse n'indiquant nulle part qu'ils ont besoin d'être dirigés ou qu'ils doivent l'être pour accomplir leur destinée, animaux qui d'ailleurs louent à leur manière Dieu (Psaumes, CXLVIII:10)[4].


Certaines religions ou cultures majeures paraissent se rapprocher de l'antispécisme. La croyance en la réincarnation dans l'hindouisme (qui est plus une culture avec des courants religieux en son sein, liés au shivaïsme, au vishnouisme, shaktisme, etc.), le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme amène à proscrire la consommation des animaux et à éviter autant que possible de les tuer, de les faire souffrir. La notion d'être sensible, quelle que soit l'espèce à laquelle il appartient, est centrale dans l'hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme. C'est parce que tous les animaux sont dotés de cette âme commune, principe vital commun à tout être vivant (même « vouloir-vivre » selon le philosophe Arthur Schopenhauer) qu'il convient de ne pas les blesser, les tuer (voir à hindouisme et non-violence). Tous les textes sacrés, qu'ils soient hindous, bouddhistes, sikhs ou jaïns, enseignent le respect envers toutes les créatures vivantes (notion de l'ahimsa) comme valeur suprême, norme sociale, politique, et idéal le plus élevé.


Article détaillé : Ahimsa.

Dans l'hindouisme, le jaïnisme et de manière générale dans les religions et philosophies indiennes (bouddhisme, ayyavazhi), la séparation entre humanité et animalité n'est pas en conséquence une séparation de nature mais une différence de degré. Selon l'hindouisme, les animaux possèdent le sourire, le rire, les pleurs, etc., comme le démontre ce chant du poète vishnouite Toukaram :



« Je ne pouvais plus mentir, donc j'ai commencé à appeler mon chien : « Dieu ». D'abord il m'a regardé, embarrassé ! Alors il a commencé à sourire, alors il a même dansé ! Je l'ai gardé auprès de moi : maintenant il ne mord même plus ! Je me demande si ceci pourrait marcher sur les gens[7] ? »



Pour la branche philosophique du Mîmâmsâ, les animaux ont néanmoins plus de tamas (« inconscience ») que l'homme, d'où leur innocence, ce qui les rapproche des jeunes enfants[8]. Cependant, tous les philosophes hindous s’accordent à reconnaître à l’animal les mêmes capacités de perception et de raisonnement par inférence qu’à l’homme[8] : c’est essentiellement l’inaptitude au rite védique ou à transcender le rite (karma) qui fait de l’animal un être non-humain[8], résultat de ses actes antérieurs (car, d'après la tradition hindoue, l'homme qui a manqué sa délivrance doit parcourir un cycle de 8 400 000 renaissances dans d'autres conditions que la condition humaine avant d'y accéder à nouveau[9]) : c'est d'ailleurs aussi l'absence de pratique rituelle qui fait l'unique différence essentielle entre les divinités et les hommes (les animaux et les dieux ont ainsi un point commun, celui de ne pas faire de rite, ce qui est la seule chose qui les distingue réellement de l'humanité)[8]. Du point de vue hindou, il n'y a donc pas de séparation nette entre humanité et animalité[8] ; d'ailleurs, les « dernières des créatures » ne sont ni les végétaux ni les animaux selon les lois de Manu, mais les hommes cruels, rudes, appelés « démons »[8],[10].


Dans le monde chinois, selon les perspectives du taoïsme et du confucianisme[11], il n'y a pas de séparation nette entre humanité et animalité non plus, pas de séparation de « nature », mais différence de « degré » aussi, animaux et humains étant en réalité interdépendants ; ainsi les ouvrages confucianiste de l'antiquité déclarent :



« Qu'il n'y a pas de différence entre l'homme ordinaire et l'animal, que tous sont des enfants de la Nature, et cela implique une sorte de fraternité. Mais les mêmes textes précisent aussi que seul l'homme éclairé se distingue de la bête. »



— Danielle Elisseeff[12]


Le confucianisme met aussi en cause une certaine perception chinoise du sens de la vie pour toute créature, et considère comme une « erreur » le fait de donner une définition d'un « propre de l'homme » pour l'humanité :



« Dans les faits, la position confucéenne encourage l'établissement d'une sorte de correspondance entre la manière dont une civilisation considère les animaux, et celle dont ses élites traitent les hommes réputés ordinaires, ceux qui n'ont ni la primauté du savoir, ni la primauté du pouvoir. C'est pourquoi, et quoi qu'en disent certains observateurs de la société chinoise qui tendent à considérer les rapports homme-animal comme un “non-sujet”, rien n'est, en fait, plus révélateur de ce qui peut arriver à l'homme simple dont l'État aura besoin demain, comme un prince en appétit réclame un ragoût. Si l'animal en Chine est un “non-sujet”, c'est peut-être que le même danger menace le citoyen ordinaire. »



— Danielle Elisseeff[12]


La consommation d'aliments d'origine animale est un élément central du régime alimentaire de la majorité des populations humaines. Dans presque toutes les cultures, l'Homme considère comme normal d'exploiter ou de tuer des individus d'autres espèces, parce qu'elles sont considérées tantôt comme profitables, tantôt comme nuisibles. Enfin, de nombreuses cultures pratiquaient des sacrifices animaux et humains.



Sources théoriques et philosophiques de l'antispécisme |




Claude Lévi-Strauss en 2005.


La critique antispéciste correspond de manière plus large à celle du « post-humanisme », qui a connu un développement certain avec les sciences sociales qui puisent leur source dans la pensée rousseauiste et dont Claude Lévi-Strauss est, par exemple, le plus illustre représentant :[réf. nécessaire]



« C'est maintenant […] qu'exposant les tares d'un humanisme décidément incapable de fonder chez l'homme l'exercice de la vertu, la pensée de Rousseau peut nous aider à rejeter l'illusion dont nous sommes, hélas ! en mesure d'observer en nous-mêmes et sur nous-mêmes les funestes effets. Car n'est-ce-pas le mythe de la dignité exclusive de la nature humaine qui a fait essuyer à la nature elle-même une première mutilation, dont devrait inévitablement s'ensuivre d'autres mutilations ? On a commencé par couper l'homme de la nature, et par le constituer en règne souverain ; on a cru ainsi effacer son caractère le plus irrécusable, à savoir qu'il est d'abord un être vivant. Et en restant aveugle à cette propriété commune, on a donné champ libre à tous les abus. Jamais mieux qu'au terme des quatre derniers siècles de son histoire l'homme occidental ne put-il comprendre qu'en s'arrogeant le droit de séparer radicalement l'humanité de l'animalité, en accordant à l'une tout ce qu'il refusait à l'autre, il ouvrait un cercle maudit, et que la même frontière, constamment reculée, servirait à écarter des hommes d'autres hommes, et à revendiquer au profit de minorités toujours plus restreintes le privilège d'un humanisme corrompu aussitôt né pour avoir emprunté à l'amour-propre son principe et sa notion. »



— Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale Deux (1973), p. 53.



Critique philosophique du terme « Animal » et du « propre de l'homme » |


En parallèle avec l'antispécisme, le terme « animal », au singulier, est rejeté par le philosophe français Jacques Derrida dans sa généralité, parce qu'il est une « simplification conceptuelle » vue comme un premier geste de « répression violente » à l'égard des animaux de la part des hommes, et qui consiste à faire une césure totale entre l'humanité et l'animalité, et un regroupement tout aussi injustifié entre des animaux qui demeurent des vivants radicalement différents les uns des autres, d'une espèce à une autre[13] :



« Chaque fois que « on » dit « L'Animal », chaque fois que le philosophe, ou n'importe qui, dit au singulier et sans plus « L'Animal », en prétendant désigner ainsi tout vivant qui ne serait pas l'homme […], eh bien, chaque fois, le sujet de cette phrase, ce « on », ce « je » dit une bêtise. Il avoue sans avouer, il déclare, comme un mal se déclare à travers un symptôme, il donne à diagnostiquer un « je dis une bêtise ». Et ce « je dis une bêtise » devrait confirmer non seulement l'animalité qu'il dénie mais sa participation engagée, continuée, organisée à une véritable guerre des espèces. »



— Jacques Derrida, L'Animal que donc je suis


Ainsi, dans cet ouvrage, Derrida conçoit la question de l'« animal » comme une réponse à la question du « propre de l'« homme » », et a mis en doute le droit de ce dernier de se faire valoir toujours aux dépens de l'« animal », alors qu'il semble bien que ce réflexe conceptuel soit, par essence, un préjugé, et non le fruit d'un raisonnement philosophique garant de ce droit :



« Il ne s'agit pas seulement de demander si on a le droit de refuser tel ou tel pouvoir à l'animal (parole, raison, expérience de la mort, deuil, culture, institution, technique, vêtement, mensonge, feinte de la feinte, effacement de la trace, don, rire, pleur, respect, etc. – la liste est nécessairement indéfinie, et la plus puissante tradition philosophique dans laquelle nous vivons a refusé tout cela à l'“animal”). Il s'agit aussi de se demander si ce qui s'appelle l'homme a le droit d'attribuer en toute rigueur à l'homme, de s'attribuer, donc, ce qu'il refuse à l'animal, et s'il en a jamais le concept pur, rigoureux, indivisible, en tant que tel. »



— Jacques Derrida, op. cit., p. 185



Critiques épistémologiques |


Pour le biologiste Christophe Robaglia, l'antispécisme « pur » est intenable : mettre à égalité humains, rats et bactéries conduirait à l'aporie que la simple vie de tout être vivant provoque en permanence la mort de millions d'individus de micro-organismes (c'est le principe du système immunitaire, par exemple). Certains antispécistes ont donc créé une hiérarchie des espèces de manière à exclure la plus grande partie des êtres dont la mise à mort est inévitable et relativement indifférent à l'individu : ce fut l'apogée du concept de « sentience », qui veut qu'un animal est d'autant plus respectable qu'il est capable de ressentir la douleur, la souffrance ou le chagrin. Le problème de cette démarche, selon Robaglia, est qu'elle annule l'idée même d'antispécisme, puisqu'elle valorise les animaux les plus proches de l'Homme sur le plan biologique (essentiellement des grands mammifères), et replace l'Homme au sommet de la Création, sorte de retour à la caricature du système classique[14].



Antispécisme et humanisme |


Ce titre a été utilisé lors d'une émission de radio diffusée sur France Culture, dans laquelle étaient invités Chantal Delsol et Aymeric Caron[15].
Lors de cet échange, le journaliste, auteur de l'ouvrage Antispéciste : réconcilier l'humain, l'animal, la nature et la philosophe, auteure de la tribune L'antispécisme ou le début d'une barbarie nouvelle[16] ont donné les définitions des notions d'humanisme, d'antispécisme et de spécisme. Du fait de la double définition de l'humanisme, d'un côté décrit comme la généralisation de la compassion et de l'autre comme concept de royauté de l'homme, l'antispécisme peut être vu comme un humanisme compassionnel et dans le même temps comme l'antithèse de l'humanisme, puisque l'antispécisme met en question la supériorité de l'homme. La morale antispéciste peut donc être perçue soit comme une généralisation au-delà des frontières de l'espèce humaine de l'humanisme, donc une sorte d'universalisme de la compassion ; soit comme un anti-humanisme, dans le sens où elle refuse à l'être humain une essence qui le placerait au-dessus des autres animaux (par exemple, dans la culture hindoue, contrairement à la culture chrétienne, l'humanité a une différence de « degré » avec les autres animaux, non de « nature »).



Approches militantes et activisme |


Plusieurs approches militantes s'opposent. Certains prônent le réformisme ou « welfarisme »[17] qui consiste à œuvrer pour que les conditions d'élevage, de transport et d'abattage s'améliorent, en s'appuyant sur la notion de « bien-être animal ». D'autres comme Tom Regan, Gary Francione[18] ou Joan Dunayer (en) défendent une position « abolitionniste » et considèrent que l'approche réformiste serait contradictoire avec la volonté de faire progresser les droits des animaux puisqu'elle légitimerait l'exploitation animale[19]. Steven Best, maître de conférences en philosophie, prône une action directe militante, voire « violente »[20].


Ingrid Newkirk, la présidente de PETA, considère la démarche abolitionniste peu adaptée à la réalité et a une position réformiste : « Quiconque est le témoin de la souffrance des animaux et espère réduire cette souffrance ne peut soutenir que c'est tout ou rien. Nous devons être pragmatiques[21] ». Bruce Friedrich (en), également de PETA, défend une position similaire[22].


En France, la tendance abolitionniste est représentée par des associations comme L214 ou 269 Life France[23] dont les actions comme la diffusion sur internet de vidéos tournées dans les abattoirs, le blocage des chaines d'abattages[24] ou l'occupation de sièges sociaux[25] suscitent une forte empathie parmi la population[26] et nourrissent la réflexion sur le mouvement antispéciste qui prend de l'ampleur. Cette vision est relayée par certaines personnalités médiatiques[27] ou intellectuelles comme Michel Onfray[28]. La sociologue française Marianne Celka, spécialiste des mouvements animalistes, estime que les actions des associations abolitionnistes ont un impact réel : « Avec des associations comme L214, on passe de l'activisme au militantisme. Ces asso ont contribué à une popularisation croissante de ces causes, avec beaucoup de pédagogie. »[29]. Ainsi, Brigitte Gothière, porte-parole de l'association L214, déclare : « ce qui a changé aujourd'hui, c'est que la question animale n'est plus marginale. C'est une question sérieuse, de société »[30].


En Suisse et en France, des actions de groupes laissant derrière eux des symboles antispécistes ont vandalisé des boucheries[31],[32] et des poissonneries, mais également la restauration rapide, ou des fourreurs. Virginia Markus, militante et auteure antispéciste suisse, ne voit toutefois pas dans ces dégradations des actes violents, mais simplement emblématiques, visant le métier et non le commerçant[33].


La sociologue Marianne Celka rappelle que l’antispécisme, loin d'être récent, était très virulent dans les années 60 à 80. « La mouvance antispéciste ne se radicalise pas, elle l’est à la base, puisqu’elle veut renégocier les racines de la société ». Selon elle, le mouvement semble même s’être assagi, grâce à la popularisation du véganisme : « Les gens adhèrent plus facilement à ce mode de vie, qui s'acoquine avec le capitalisme, qu’à du militantisme antispéciste »[34].


Les revendications antispécistes s'expriment de façon internationale à travers la journée mondiale pour la fin du spécisme et la journée mondiale pour la fin de la pêche.




Notes et références |




  1. Site de la revue Les Cahiers antispécistes.


  2. Paola Cavalieri, « Combien les animaux comptent-ils ? », http://www.cahiers-antispecistes.org, janvier 1992(consulté le 4 octobre 2012).


  3. Éric Baratay, Le christianisme et l’animal, une histoire difficile, Ecozona, European Journal of Literature, Culture and Environment, 2011(lire en ligne), p. 120-138.


  4. a b c d et eÉric Baratay, « L'anthropocentrisme du christianisme occidental », Si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, sous la dir. de Boris Cyrulnik.


  5. Elisabeth de Fontenay, Le silence des bêtes : la philosophie à l'épreuve de l'animalité, Paris, Fayard, 1998(ISBN 2213600457 et 9782213600451)


  6. Rav Kook : « Aucune intelligence, aucune personne sensée pourrait supposer que quand la Torah charge l'humanité de dominer… (La Genèse 1:28) cela signifie la domination d'un dirigeant dur, qui afflige un peuple et des serviteurs simplement pour accomplir son caprice personnel et ses désirs, selon la courbure de son cœur. Il est impensable que la Torah imposerait un tel décret de servitude, scellé pour l'éternité, sur le monde de Dieu, qui est « bon envers tous et Sa pitié est sur toutes Ses œuvres » (Psaumes 145:9) et qui a déclaré « le monde sera construit sur la bonté » (Psaumes 89:3). »


  7. Tukaram, Psaumes du pèlerin, préface de Guy Déleury, Folio.


  8. a b c d e et fMadeleine Biardeau, L'hindouisme anthropologie d'une civilisation., Paris, Flammerion, 1981, 206 p. (OCLC 760346233)


  9. Anne-Marie Esnoul, L'Hindouisme, Fayard-Denoël.


  10. « The Laws of Manu X », sur www.sacred-texts.com (consulté le 23 janvier 2017)


  11. Si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, sous la dir. de Boris Cyrulnik, p. 900.


  12. a et b« Le rapport homme/animal quelques vérités premières à la source des croyances chinoises » dans Si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, sous la dir. de Boris Cyrulnik, p. 1484.


  13. Jacques Derrida, « Jacques Derrida And The Question Of "The Animal" », sur YouTube, 2008(consulté le 4 octobre 2012).


  14. Christophe Robaglia, « L’argumentation biologique soutenant l’antispécisme est erronée », Le Monde, 28 juin 2018.


  15. « Du Grain à moudre, émission du 20/04/2016 » (consulté le 3 mai 2017).


  16. « L'antispécisme ou le début d'une barbarie nouvelle » (consulté le 3 mai 2017)


  17. « Petit guide de survie pour se repérer dans les débats de la cause animale », sur sacresveggies.com, 16 août 2016(consulté le 10 août 2018).


  18. Gary Francione, « A “Very New Approach” or Just More New Welfarism? », 2008(consulté le 13 juin 2015).


  19. « Animal Rights “Welfarists”: An Oxymoron », mars 2005(consulté le 17 juin 2015).


  20. « Paralysie du pacifisme : Une défense de l’action directe militante et de la « violence » », sur www.cahiers-antispecistes.org, février 2012(consulté le 9 aout 2018).


  21. Dan Fastenberg, « Weekday vegetarian », Time, 23 aout 2010.


  22. Bruce Friedrich, « Personal Purity versus Effective Advocacy » (consulté le 17 juin 2015).


  23. « 269 Life Libération Animale : qui sont les ultras de la protection animale ? », sur France Info, 15 septembre 2017(consulté le 9 aout 2018).


  24. « 70 activistes antispécistes pénètrent sur le site de l'abattoir porcin de Tielt et sauvent deux cochons », sur www.rtbf.be, 5 juillet 2018(consulté le 9 aout 2018)


  25. « 269 Life Libération animale : militer par la désobéissance civile », sur www.vegetarisme.fr, 31 juillet 2017(consulté le 9 aout 2018).


  26. « Marche pour la fermeture des abattoirs : les vidéos de L214 « suscitent une très forte empathie » », sur France Info, 16 juin 2017(consulté le 9 aout 2018).


  27. « La viande en désamour », sur www.lesechos.fr, 24 mars 2017(consulté le 9 aout 2018).


  28. « Michel Onfray : l’antispécisme », sur www.kaizen-magazine.com, 19 septembre 2012(consulté le 9 aout 2018).


  29. « « Les vitrines n'ont pas de larmes », des antispécistes réagissent aux caillassages des boucheries », sur /www.lesinrocks.com, 7 juillet 2018(consulté le 9 aout 2018).


  30. « Pour L214, « la question animale n'est plus marginale » », sur www.europe1.fr, 23 juin 2018(consulté le 9 août 2018).


  31. AFP, « Une boucherie des Yvelines caillassée, un tag antispéciste retrouvé sur place », sur Europe 1, 3 juillet 2018.


  32. « La grande peur des bouchers face aux activistes vegan », Le Figaro,‎ 29 juin 2018(lire en ligne).


  33. Marianne Grosjean, « Pourquoi les casseurs épargnent le halal », Tribune de Genève,‎ 2 juillet 2018(lire en ligne).


  34. « Nécessaire ou extrémiste, l'activisme antispéciste crée la controverse », sur www.rts.ch, 20 mai 2018(consulté le 9 aout 2018).



Voir aussi |


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Bibliographie |




  • Cahiers antispécistes, « revue de réflexion et d'action pour l'égalité animale » Paraît depuis 1991. Textes disponibles sur leur site Internet (voir ci-dessous).

  • Boris Cyrulnik (dir.), Si les lions pouvaient parler : essais sur la condition animale, Paris, Éditions Gallimard, 1998(ISBN 2070737098 et 9782070737093, OCLC 39785163)


  • Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Éthique animale, préface de Peter Singer, Presses universitaires de France (Éthique et philosophie morale), Paris, 2008


  • Peter Singer, La Libération animale, Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2012


  • James Rachels, Created from animals, 1990


  • Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux. Vers une bienveillance pour tous, Paris, Allary Éditions, 2014


  • Robert Culat, Méditations bibliques sur les animaux, Éditions L'Harmattan, 2015


  • Aymeric Caron, Antispéciste : réconcilier l'humain, l'animal, la nature, Don Quichotte, 2016

  • Carol J. Adams, La Politique sexuelle de la viande, Éditions L'Âge d'Homme, 2016

  • Timothy Morton, Humankind, Solidarity with Nonhuman people, Verso, 2017



Articles connexes |



  • Droits des animaux

  • Bien-être animal

  • Mentaphobie

  • Liste des groupes de défense des animaux

  • Pratique alimentaire

  • Végétarisme

  • Végétalisme

  • Véganisme

  • Spécisme

  • Yves Bonnardel

  • Peter Singer

  • Tiphaine Lagarde

  • Valéry Giroux



Liens externes |




  • Cahiers antispécistes Site web de la revue, avec la plupart des textes en ligne.

  • Page d'infokiosques.net consacrée à l'antispécisme


  • Le spécisme et les pratiques spécistes Bonne introduction au concept de spécisme.

  • Page antispéciste du site VeganTekno


  • Earthlings documentaire sur le traitement des animaux sur veg-tv.info




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