Droits des animaux





Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne la protection animale ou la libération animale. Pour l'association, voir Droits des animaux (association). Pour l'essai de Peter Singer, voir La Libération animale.

Les droits des animaux sont la rédaction juridique des notions de protection animale ou de libération animale. Ils sont fondés sur l'idée que les besoins et intérêts des espèces animales non humaines — se nourrir, se déplacer, se reproduire et éviter la souffrance, par exemple — sont suffisamment complexes et liés à un développement cognitif leur permettant d'avoir des droits moraux et légaux[1]. Les défenseurs des droits des animaux jugent que ces derniers ne devraient plus être considérés comme des objets que l'on peut posséder ou utiliser, mais qu'ils devraient être considérés comme des personnes légales (voir animalisme)[2].


L'idée d'accorder des droits aux animaux est soutenue par des professeurs de droit tels qu'Alan Dershowitz[3] et Laurence Tribe de la faculté de droit de Harvard[2], et des cours de loi animale sont maintenant dispensés dans 92 des 180 écoles de droit des États-Unis[4].




Sommaire






  • 1 Histoire


  • 2 Théoriciens et aspect législatif du droit des animaux à travers le végétarisme


  • 3 Dans le droit


  • 4 Différents mouvements à travers le monde


  • 5 Critiques du droit des animaux et de l'antispécisme


    • 5.1 Absence d’intérêts des animaux


    • 5.2 Théorie du contrat social


    • 5.3 Théorie du contrat domestique




  • 6 Notes


  • 7 Voir aussi


    • 7.1 Bibliographie


      • 7.1.1 En français


      • 7.1.2 En anglais


      • 7.1.3 En italien




    • 7.2 Articles connexes


    • 7.3 Liens externes







Histoire |


Au Moyen-âge, des procès contre des animaux (porcs, charançons, chenilles, mulot, serpent ect..) sont organisés par l'Eglise. Des avocats sont nommés en défense des animaux. La première excommunication d'un animal par l'évêque de Laon envers les chenille et le mulots pour le tort causé au récoltes. En 1451 l'évêque de Lausanne excommunie les sangsues du lac Léman[5].


La reconnaissance pour la première fois par un tribunal d'une personnalité juridique à un animal ne date que de décembre 2014[6]. Le 21 de ce mois, la chambre de cassation pénale de Buenos Aires, considérant qu'une orang outan est « une personne non humaine », prononçait à l'endroit de celle-ci une ordonnance d'habeas corpus[7]. Cependant, le débat sur les droits des animaux n'est pas récent[8].


Il a été initié par des philosophes de l'Antiquité[1] comme Pythagore au VIe siècle avant notre ère, que l'on a appelé « le premier philosophe des droits des animaux »[9]. Il réclamait le respect pour les animaux parce qu'il croyait en la transmigration des âmes entre humains et non-humains : en tuant un animal, on aurait pu alors tuer un ancêtre. Il défendait le végétarisme, rejetant l'emploi des animaux comme nourritures ou victimes sacrificielles[10],[11].


Peter Singer, dans son Oxford Companion to Philosophy, estime que le premier chapitre de la Genèse décrit comment Dieu donna aux êtres humains la domination sur les animaux, modérée dans la Torah par des injonctions à la douceur ; par exemple, en ne faisant pas travailler ses bœufs lors du chabbat. Le Nouveau Testament est dépourvu de telles exhortations, Paul interprétant cette exigence au bénéfice des propriétaires humains et non des animaux eux-mêmes. Augustin considère que Jésus a laissé les porcs de Gadarène se noyer[12] dans le but de démontrer que l'homme n'a aucun devoir de prendre soin des animaux, une position adoptée par Thomas d'Aquin, qui dit que les humains ne devraient montrer de la charité envers les animaux que pour s'assurer que des habitudes de cruauté ne s'insinuent dans notre traitement envers les êtres humains[13], une position reprise par Locke et Kant.




Buste de Théophraste


Aristote, au IVe siècle av. J.-C., déclarait que les animaux se plaçaient loin en dessous des humains dans la scala naturæ, à cause de leur irrationalité, et parce qu'ils n'auraient pas d'intérêt propre[1]. L'un de ses élèves, Théophraste, exprima son désaccord, se positionnant contre la consommation de viande en alléguant qu'elle privait les animaux de leur vie, et qu'elle était donc injuste. Les animaux, dit-il, peuvent raisonner, sentir, et ressentir de la même manière que les êtres humains[14]. Cet avis ne prévalut pas, et c'est la position d'Aristote - selon laquelle les humains et les non-humains vivaient dans des règnes moraux différents parce que les uns étaient doués de raison et non les autres - qui persista largement jusqu'aux contestations de certains philosophes dans les années 1970.


Au XVIIe siècle, le philosophe français René Descartes soutint, dans sa théorie de l'animal-machine, que les animaux n'avaient ni âme ni esprit, et qu'ils n'étaient que des automates complexes. Ils ne pouvaient donc ni penser ni souffrir. Ils seraient équipés pour voir, entendre, toucher, et même éprouver la peur et la colère, mais ils ne seraient pas conscients. En opposition à cette thèse, Jean-Jacques Rousseau, dans la préface de son Discours sur l'inégalité (1754), rappelle que l'homme a commencé comme un animal, bien que non « dépourvu d'intelligence et de liberté »[15]. Cependant, les animaux étant des êtres doués de sensibilité, « ils devraient participer au droit naturel, et … l'homme est sujet à de certains devoirs envers eux ».


Plus tard, au XVIIIe siècle, l'un des fondateurs de l'utilitarisme moderne, le philosophe anglais Jeremy Bentham, déclara que la souffrance des animaux est aussi réelle et moralement importante que la souffrance humaine, et que « le jour viendra où le reste de la création animale acquerra ces droits qui n'auraient jamais dû leur être refusés si ce n'est de la main de la tyrannie »[16]. Bentham considérait que la faculté de souffrir, et non la faculté de raisonner, devait être le critère pour évaluer le traitement juste des autres êtres. Si la capacité à raisonner en était le critère, plusieurs êtres humains, en comptant les bébés et les personnes handicapées, seraient traitées comme s'ils étaient des choses, écrivit-il en une citation célèbre.


Au XIXe siècle, Arthur Schopenhauer déclare que les animaux partagent la même essence que les humains, malgré le manque de faculté à raisonner. Bien qu'il considère le végétarisme comme excessif, il défend le respect envers les animaux dans la morale, et dénonce la vivisection. Sa critique de l'éthique kantienne contient une longue polémique, souvent passionnée, contre l'exclusion des animaux de son système moral.


En 1822, le Parlement du Royaume-Uni adopte la première loi de protection animale au monde : la loi Martin's Act, introduite par le député irlandais Richard Martin. Elle interdit les actes de cruauté à l'encontre du « bétail » (chevaux, vaches, moutons…)[17],[18]. La première association de protection animale ou de bien-être animal, la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals, fut fondée en Grande-Bretagne en 1824, et des groupes similaires naquirent rapidement ensuite en Europe puis en Amérique du Nord. En France, la Société protectrice des animaux (SPA) est créée en 1845, à Paris, en ayant pour objet d'améliorer « le sort des animaux, dans une pensée de justice, de morale, d'économie bien entendue et d'hygiène publique »[19]. Le 2 juillet 1850, le général de Grammont fait adopter une loi relative aux mauvais traitements infligés aux animaux domestiques. Le premier groupe aux États-Unis, l'American Society for the Prevention of Cruelty to Animals, entra dans la charte de l'État de New York en 1866. Le premier mouvement anti-vivisection fut créé dans la seconde moitié du XIXe siècle. Le concept de droits des animaux devint le thème d'un livre influent en 1892, Animals' Rights: Considered in Relation to Social Progress, par le réformateur social anglais Henry Salt, un an après avoir formé la Ligue humanitaire, avec pour objectif d'interdire la chasse en tant que sport.


Au début du XXe siècle, les associations défendant le bien-être animal et les lois contre la cruauté envers les animaux, étaient présentes dans presque tous les pays du monde. Des groupes spécialisés dans la défense des animaux se sont multipliés, entre ceux qui se consacrent à la préservation des espèces en danger, et les autres, telles que People for the Ethical Treatment of Animals (PETA), qui protestent contre les méthodes de chasse brutales ou douloureuses, les mauvais traitements aux animaux élevés dans les élevages intensifs, et l'utilisation d'animaux dans les expériences et les divertissements. En 1978, une Déclaration universelle des droits de l'animal a été proclamée à la Maison de l'Unesco. Elle n'a cependant pas de valeur juridique.
En ce début de XXIe siècle, les animaux ne disposent pas officiellement de droits. Dans le meilleur des cas, ils sont considérés comme des objets de droits particuliers et disposent d’une certaine protection juridique et légale. Dans ce contexte cela veut dire que les animaux peuvent être utilisés comme des marchandises et des moyens de productions mais du fait de la loi du 14 août 1986 relative à la protection et au bien-être des animaux, leur bien-être doit être pris en compte. Le Code civil a prévu deux articles concernant le "statut de l’animal" au sein du code civil.



Théoriciens et aspect législatif du droit des animaux à travers le végétarisme |


Article détaillé : Déclaration universelle des droits de l'animal.



Buste de Pythagore.




L'empereur japonais Temmu.





Tom Regan.


Le végétarisme est une pratique qui peut être motivée par le droit – défini comme l'« ensemble des règles qui régissent la conduite de l'homme en société, les rapports sociaux[20] », dans le cadre évidemment du droit considérant comme nécessaire les droits des animaux.


Le végétarisme (ou l'interdiction de tuer/manger un animal), en tant que norme à faire respecter par des lois, existe depuis l'Antiquité, avec, en Inde, les édits de l'empereur Ashoka (v. 304 av. J.-C. - 232 av. J.-C.), au Gujarat, les lois du roi jaïn Kumârapâla (1143–1172)[21],[22],[23], et, au Japon, les lois promulguées (en 676 ap. J.-C.) par l'empereur Temmu[24] par exemple, mais aussi en Europe à l'époque présocratique, avec, en particulier, Pythagore et Empédocle[25] :



« Cicéron rapproche de manière critique les deux philosophes Pythagore et Empédocle quand il rapporte qu'à leurs yeux, tous les vivants jouissant du même droit, il fallait que les mêmes sanctions frappent les homicides et ceux qui tuent des animaux[26] : les hommes […] ne forment pas seulement une communauté avec les dieux, mais avec les bêtes […] – en vertu, dit le Sceptique Sextus Empiricus, d'un « esprit un qui pénètre, à la façon d'une âme, le cosmos tout entier[26] » »



— Élisabeth de Fontenay, Le silence des bêtes, la philosophie à l'épreuve de l'animalité, p.66[25].


En passant aux philosophes du XXe siècle, il y a les thèses des philosophes du droit italiens Martinetti et surtout Goretti. En 1926, Piero Martinetti avait publié La psiche degli animali (Le psychisme des animaux), dans lequel il avait souligné que les animaux possèdent l'intelligence et la conscience et, en général, une vie intérieure, comme il ressort des « attitudes, les gestes, la physionomie » ; cette vie intérieure est « probablement très différente et loin » de la vie intérieure humaine, mais elle « a aussi les caractéristiques de la conscience et ne peut pas être réduite à un simple mécanisme physiologique »[27]. En 1928 Goretti dépasse ce point de vue, et affirme que les animaux sont de véritables « sujets de droit » et que l'animal a une « conscience morale » et une perception du juridique[28]. De cette façon, il a anticipé les questions de la bioéthique et de l’éthologie ; malgré l'originalité et le caractère novateur des thèses de Cesare Goretti, son travail a été entièrement négligé dans le débat sur les droits des animaux et dans les études d'éthologie[29],[30].



« On ne peut nier à l'animal, quoique vague, l'utilisation de la catégorie de causalité ; de la même façon, on ne peut pas exclure que l'animal, participant à notre monde, ait un sens obscur de ce que peut être la propriété ou l'obligation. D'innombrables cas démontrent comment le chien est le gardien jaloux de la propriété de son maître, et comment il participe à son utilisation. Quoique inconnue, doit fonctionner en lui cette vision de la réalité extérieure comme quelque chose qui lui est propre ; ce n’est que pour l'homme civilisé qu’il s'agit de structures sophistiquées. Il est absurde de penser que l'animal qui rend service à son maître agit seulement selon son instinct. [...] Le chien sent, de façon obscure et significative, ce rapport pour les services rendus et échangés. Bien sûr, l'animal ne peut pas comprendre le concept de ce qui est la propriété, l'obligation ; il suffit qu’il montre vers l'extérieur de faire usage de ces principes, qui en lui fonctionnent encore en manière obscure et sensible.[pas clair] »



— Cesare Goretti, L’animale quale soggetto di diritto, 1928


Aujourd'hui, c'est le philosophe américain Tom Regan, professeur à l'université d'État de Caroline du Nord (et président en 1993 de l' American Society for Value Inquiry), qui est célèbre pour sa défense du végétarisme et des animaux dans le cadre du droit ; en premier lieu, il prend appui, pour développer sa théorie du droit, sur la considération de la vie mentale des animaux, considérée selon leur degré de complexité, et en arrive à ce bilan :



« La conclusion de T. Regan est la suivante : certains animaux ont une vie mentale suffisamment complexe pour avoir une expérience propre de leur bien-être. En d'autres termes, ils ont une vie mentale assez complexe pour que ce qui leur arrive leur importe. »



— Jean-Yves Goffi, Droits des animaux et libération animale, Si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, sous la direction de Boris Cyrulnik[31].


Ce faisant, les conséquences de ce point de vue amènent à considérer l'animal en tant que tel comme détenteur de droits :



« Les êtres qui sont les sujets d'une vie ont une valeur inhérente. Seul le langage des droits est apte à exprimer l'exigence de ne pas leur infliger des dommages sans des raisons contraignantes. […] On est le sujet d'une vie dès lors qu'on est capable de manifester une vie mentale assez complexe pour s'intéresser à son bien-être […]. Il s'ensuit que les animaux sont des sujets d'une vie et qu'ils sont des titulaires de droits, même s'ils ne le savent pas. »



— Jean-Yves Goffi, op. cit.[32].


Les obligations qu'impose une telle conception du droit, vont au-delà de la pratique du végétarisme :



« Tom Regan considère comme injustifiables des pratiques ou des institutions comme la chasse, la pêche, l'alimentation carnée, les cirques, les zoos, l'élevage intensif. […] Il englobe dans la même condamnation l'expérimentation sur l'animal dans une perspective médicale ou biologique […]. Il n'admet de transgression au principe de (non)-dommage que dans des cas soigneusement définis d'auto-défense.[…] Être le sujet d'une vie […] suffit à conférer des droits et à justifier la protection du titulaire de ces droits, avant même que quoi que ce soit ait été énoncé à propos de ce qui rend la vie digne d'être vécue. La puissance publique doit protéger impartialement ces droits, indépendamment de toute conception du bien et du mal[33]. »



— Jean-Yves Goffi, op. cit.[34].


Ce point de vue est partagé (mais élargi à tout être vivant sensible et non aux seuls animaux qui ont des capacités cognitives complexes[35]) par le professeur de droit à l'université d'État du New Jersey Gary Francione[35], qui écrit[36] :



« Le mouvement pour les droits des animaux soutient que tous les êtres sensibles, humains ou non, ont un droit : le droit fondamental à ne pas être traités comme la propriété d'autrui. Notre reconnaissance de ce droit fondamental signifie que nous devons abolir – et non pas simplement réglementer – les pratiques établies d'exploitation animale, parce qu'elles supposent que les animaux sont la propriété des humains. (…) Nous considérons que le pas principal vers l'abolition que chacun de nous peut franchir consiste à adopter un mode de vie végan et à éduquer le public sur ce mode de vie[37],[38]. »



Ce rapport au droit se veut donc une conception de la justice concernant les êtres humains ou non humains pour le bénéfice de tous ; ainsi, dans l’introduction de Vegetarianism, a way of life, de Dudley Giehl, Isaac Bashevis Singer écrit :



« Tant que les êtres humains continueront à répandre le sang des animaux, il n’existera pas de paix dans le monde. La distance qui existe entre la création des chambres à gaz à la Hitler et les camps de concentration à la Staline n’est que d’un pas, car tous ces actes ont été perpétrés au nom d’une justice sociale et il n’y aura aucune justice tant que l’homme empoignera un couteau ou un pistolet pour détruire des êtres plus faibles que lui. »



Selon la juriste et philosophe Valéry Giroux la cohérence du droit et de la morale exige l'extension des droits fondamentaux à tous les êtres sensibles. Les droits fondamentaux en question sont les suivants: le droit à ne pas être torturé, le droit à ne pas être tué et le droit à ne pas être asservi ou exploité.


Ces droits se fondent sur les intérêts spécifiques qu'ils protègent. Respectivement, ils reposent sur l'intérêt à ne pas souffrir, l'intérêt à vivre et l'intérêt à être libre[39],[40].



Dans le droit |


Article détaillé : Animal domestique en droit français.

En Grande-Bretagne, le 15 novembre 2017, une loi est votée qui défait les animaux de la plupart de leurs droits et surtout de la reconnaissance de leur capacité à ressentir la douleur. Cette loi sera effective au moment de la sortie officielle du pays de l'Union européenne[41].



Différents mouvements à travers le monde |


Article détaillé : Liste des groupes de défense des animaux.





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Aujourd’hui, des mouvements de défense des animaux existent un peu partout dans le monde. Ils sont nombreux en Angleterre, aux États-Unis, au Canada et dans les pays du Nord de l’Europe.


En France, la plus ancienne association de défense des animaux est la SPA, fondée en 1845. Parmi les autres mouvements français, certains sont assez populaires comme la fondation 30 millions d'amis, créée en 1995 à partir de l'émission télévisée diffusée à partir de 1976, la Ligue pour la protection des oiseaux dont le président est Allain Bougrain-Dubourg et qui a été fondée en 1912 ou encore la Fondation Brigitte-Bardot créée en 1986. D’autres mouvements plus jeunes commencent aussi à gagner en visibilité comme L214 fondé en 2008 ou Welfarm qui s’implique depuis 1994 notamment dans la défense des animaux dans les élevages intensifs, 269 Life France par ses actions à la fois choc et pédagogiques, ou encore le mouvement belge Gaia (Gaia Voice of the Voiceless) qui possède un département réservé aux enfants. En novembre 2016, le premier parti animaliste de France a vu le jour[42].


Aux États-Unis, un des plus grands mouvements de défense de la cause animale s’appelle Peta (People for the Ethical Treatment of Animals, soit les personnes qui sont pour un traitement éthique des animaux). Spécialisé dans les actions médiatiques ou symboliques, ce mouvement mobilise des personnalités célèbres autour de sa cause. Ainsi, le chanteur Paul McCartney et les acteurs Joaquin Phoenix, Anne Hathaway, Jessica Chastain, Casey Affleck ou encore Rooney Mara soutiennent le mouvement et n’hésitent pas à poser ou tourner des vidéos pour défendre les animaux. En France, de nombreux petits mouvements sont nés aux côtés des grandes organisations comme la fondation Brigitte-Bardot. Parmi eux, l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages plaide pour une meilleure protection des animaux sauvages, le Comité radicalement anticorrida (CRAC) réclame l’abolition de cette pratique etc.


Depuis sa création, sous l'impulsion du psychologue Richard Ryder à l’Université anglaise d’Oxford, l'éthique animale s'impose comme nouvelle discipline universitaire dans les facultés anglo-saxonnes. L’éthique animale est l'étude de la responsabilité morale des hommes vis-à-vis de ce qu'ils font subir aux animaux. Elle se demande ce qu'il est bien ou mal de faire aux animaux et se trouve à la base des réflexions menées sur le droit des animaux. Florence Pinaud défend[43] :



« Les universitaires ont mis en lumière une attitude qu'ils appellent le "spécisme". Comme le racisme, elle consiste à privilégier les individus de sa propre espèce (soit les humains) et à les considérer comme supérieurs aux autres. Alors que rien ne justifie cette attitude, sinon les sentiments. Et parmi les espèces, certains préfèrent les animaux mignons ou qui ont l'air inoffensifs aux animaux moins jolis et réputés dangereux. C'est aussi une forme de spécisme car les animaux qui ne nous semblent pas beaux sont parfois très gentils. »



Certains mouvements sont parfois considérés comme radicaux, c'est-à-dire qu’ils réalisent des actions « coup de poing » qui sont dénoncées comme étant trop violentes. C’est le cas des mouvements anglais Animal Rights Militia (ARM) ou Animal Liberation Front (ALF) Front de libération des animaux et du mouvement américain The Revolutionary Cels - Animal Liberation Brigade (RCALB) (en). Ces mouvements s’en prennent parfois aux directeurs des laboratoires qui pratiquent la vivisection. Aurobindo Ghose déclare : « La vie est la vie, que ce soit un chat, un chien ou un homme. Il n'y a pas de différence entre un chat, un chien, un homme. L'idée de différence est une conception humaine pour mettre l'homme à son avantage. »



Critiques du droit des animaux et de l'antispécisme |



Absence d’intérêts des animaux |


Raymond Frey est un philosophe utilitariste comme Peter Singer, mais affirme dans Interests and Rights (1980)[44] que les animaux n’ont pas d’intérêts qui puissent être pris en compte. Pour avoir des intérêts, selon Frey, il faut avoir des désirs et, pour avoir des désirs, il faut avoir des croyances. Or, les animaux n’ont pas de croyances, donc pas de désirs, car avoir des croyances nécessite le langage. Pour Frey, croire quelque chose revient à croire qu’une phrase est vraie.


L’affirmation selon laquelle les animaux n’ont pas de croyance ou qu’il faut un langage pour avoir des croyances est aujourd’hui contredite par les recherches en sciences cognitives et en éthologie[45]. Mais elle pose un autre problème, celui des cas marginaux humains qui n’ont pas de langage (comme les nouveau-nés ou certains handicapés mentaux). La réponse de Frey est cohérente : les humains sans langage n’ont, eux non plus, ni croyance, ni désir et donc pas d’intérêts à défendre. Selon lui, seuls compteraient les intérêts de leurs proches.



Théorie du contrat social |


Défendue par Carl Cohen, Roger Scruton et, en France, Francis Wolff, cette théorie consiste à voir les droits comme résultat d’un contrat social. Corollaire : seuls les êtres capables de réciprocité morale peuvent avoir des droits, autrement dit il ne peut y avoir de droit sans devoir. Les animaux n’étant capables de comprendre ni la notion de droit, ni celle de réciprocité, ils ne peuvent avoir de droits[46].


Outre que l’absence de réciprocité chez les animaux est contestée par des travaux éthologiques[47], se pose ici encore la question des cas marginaux, les humains incapables de réciprocité : les nouveau-nés et les jeunes enfants, certains handicapés mentaux ou victimes de maladies neurodégénératives, ainsi que les générations futures. La réponse des théoriciens du contrat social est qu’il ne faut pas traiter les individus selon leurs caractéristiques propres, mais selon les caractéristiques « typiques » de leur espèce[48], ou plutôt certaines caractéristiques « typiques » (personne ne propose de cesser de soigner les malades au motif que l’humain typique est en bonne santé !) choisies par ces auteurs[pas clair].


En considérant qu’il faut traiter les individus sur la base de certaines caractéristiques moyennes de leur espèce, ils s’opposent frontalement aux partisans des droits des animaux pour qui on doit traiter les individus en fonction de leurs caractéristiques propres. Il faut aussi noter que les droits des animaux ont été défendus y compris dans le cadre théorique du contrat social[49].



Théorie du contrat domestique |


Selon des auteurs comme Jocelyne Porcher, Raphaël Larrère ou Catherine Larrère, les animaux peuvent passer un contrat « symbolique » avec leur propriétaire : c’est le contrat domestique[50], une sorte de « contrat de travail », ou « échange de services » entre l’éleveur et ses animaux. Les termes de ce contrat sont les suivants: l'éleveur travaille en prodiguant des soins aux animaux et ces derniers, en échange, lui donnent le fruit de leur travail, c’est-à-dire leur chair, et acceptent donc de mourir lors de l’abattage. Cependant, un contrat nécessite l'accord des deux parties et le consentement des animaux semble rester purement hypothétique dans la théorie du contrat domestique, ce qui suscite de nombreuses critiques des défenseurs des droits des animaux qui affirment notamment que les animaux « refusent leur mise à mort »[51].



Notes |




  1. a b et c« Animal Rights. » Encyclopædia Britannica. 2007


  2. a et b« Personhood'Redefined: Animal Rights Strategy Gets at the Essence of Being Human », Association of American Medical Colleges, retrieved July 12, 2006


  3. Dershowitz, Alan. Rights from Wrongs: A Secular Theory of the Origins of Rights, 2004, pp. 198–99, and "Darwin, Meet Dershowitz," The Animals' Advocate, Winter 2002, volume 21.


  4. « Animal law courses », Animal Legal Defense Fund (en).


  5. Émile (1810-1882) Agnel, Curiosités judiciaires et historiques du moyen âge. Procès contre les animaux / par Émile Agnel, J. Dumoulin, 1858(lire en ligne)


  6. « Le zoo de Buenos Aires fermé, 1 500 animaux bientôt libérés. », in Le Monde, Paris, 28 juin 2016.


  7. « Un tribunal ordonne la libération d'un orang outan. », in Le Monde, Paris, 23 décembre 2014.


  8. Pour un historique détaillé, voir Georges Chapouthier, Au bon vouloir de l'homme, l'animal, Éditions Denoël, Paris,1990.


  9. Violin, Mary Ann. "Pythagoras—The First Animal Rights Philosopher," Between the Species 6:122–127, cited in Taylor, Angus. Animals and Ethics. Broad view Press, p. 34


  10. Taylor, Angus. Animals and Ethics. Broadview Press, p. 34.


  11. Pythagoras's thought has been the subject of much debate; none of his original work is extant. See Huffman, Carl. "Pythagoras" in Zalta, Edward N. The Stanford Encyclopedia of Philosophy, Winter 2006, retrieved January 10, 2007


  12. Mt. 8.28


  13. Singer, Peter. "Animals" in Honderich, Ted (ed). The Oxford Companion to Philosophy, Oxford University Press, 1995


  14. Taylor, Angus. Animals and Ethics. Broadview Press, p. 35


  15. Rousseau, Jean-Jacques. Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1754, préface


  16. Bentham, Jeremy. An Introduction to the Principles of Morals and Legislation, 1789. Latest edition: Adamant Media Corporation, 2005


  17. (en) "MARTIN, Richard (1754-1834)", The History of Parliament, 2009


  18. (en) "Martin, Richard (1754-1834)", Dictionary of National Biography vol. 36


  19. Georges Fleury, La Belle Histoire de la SPA : De 1845 à nos jours, Grasset, Paris, 1995 (ISBN 2-246-49631-4).


  20. Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1863, [lire en ligne]


  21. Voir sur books.google.fr.


  22. Voir sur indianfood.indianetzone.com.


  23. Voir sur clas.ufl.edu.


  24. Voir sur ivu.org.


  25. a et bLe Silence des bêtes, la philosophie à l'épreuve de l'animalité, Élisabeth de Fontenay, éditions Fayard.


  26. a et bRéférence donnée par Élisabeth de Fontenay dans son ouvrage : Cf. Les Présocratiques, édition établie par J.-P. Dumont, D. Delattre et J.-L. Poirier, Paris, Gallimard, l'histoire philosophique grecque.


  27. (it) Piero Martinetti, La psiche degli animali en Saggi e discorsi, éd. Paravia, Torino, 1926, maintenant en Pietà verso gli animali (édité par Alessandro De Chiara), éd. Il Melangolo, Genova, 1999


  28. (it) Cesare Goretti, L’animale come soggetto di diritto, en Rivista di filosofia, 1928, 348 ss. ; aussi, sous forme abrégée, dans Paolo Di Lucia, Filosofia del diritto, Raffaello Cortina editore, Milano, 2002, 83 s.


  29. (it) Paolo Di Lucia, ‘’Filosofia del diritto’’, Raffaello Cortina editore, Milano, 2002, 82


  30. (it) Attilio Pisano, Diritti deumanizzati, éd. Giuffrè, Milano, 2012, 39 s.


  31. Jean-Yves Goffi, professeur agrégé de philosophie et docteur d'État en lettres et sciences humaines, Droits des animaux et libération animale, Si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, sous la direction de Boris Cyrulnik, éd. Gallimard (ISBN 2-07-073709-8), p. 900.


  32. Jean-Yves Goffi, op. cit., p. 902.


  33. Note de Jean-Yves Goffi : « L'objection classique consiste à tenir l'affirmation de droits pour une théorie déjà morale dans son principe. »


  34. Jean-Yves Goffi, op. cit., p. 902-903.


  35. a et bVoir sur herenow4u.net.


  36. Principes parus dans la revue Les Cahiers antispecistes, décembre 2003. Des militants ont demandé à Gary Francione d'énoncer une série de principes résumant ce que sont pour lui les bases éthiques d'un authentique mouvement pour les droits des animaux.


  37. Texte intégral de l'interview sur le magazine de l'association Friends of Animal, 2002


  38. Voir sur herenow4u.net.


  39. Contre l'exploitation animale, pp. 102-103.


  40. Jean-Yves Goffi, « Valéry Giroux, Contre l’exploitation animale. Un
    argument pour les droits fondamentaux de tous les êtres sensibles, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2017, 515 pages (Recension)
     », Philosophiques, no 1,‎ printemps 2018, p. 296 (lire en ligne, consulté le 20 juillet 2018)



  41. « En Grande-Bretagne, les parlementaires rejettent une loi qui reconnaît des droits aux animaux », sur francetvinfo.fr, 22 novembre 2017(consulté le 15 février 2018).


  42. Charline Vergne, « En France, le premier Parti animaliste voit le jour », sur lefigaro.fr, 2016(consulté en 13 mars2017)


  43. Florence Pinaud, Respecter les animaux à petits pas, Actes Sud Junior, 2013, p 19


  44. R.G. Frey, Interests and Rights: The Case against Animals, Clarendon Press, 1980.


  45. Voir par exemple Joëlle Proust, Les animaux pensent-ils ? « Le temps d’une question », Paris, Bayard, 2003.


  46. F. Wolff, Notre humanité : d’Aristote à l’homme neuronal, Paris, Fayard, 2010.


  47. Voir par exemple : Frans de Waal, Françoise Chemla et Paul Chemla, Le Bonobo, Dieu et nous aux origines animales de l’humanisme - avec dessins de l’auteur, Paris, Les Liens qui libèrent, 2013.


  48. Carl Cohen, « The Case for the Use of Animals in Biomedical Research », New England Journal of Medicine, vol. 315, issue 14, October 1986, pp. 865–870.


  49. Mark Rowlands, Animal Rights: A Philosophical Defence, Macmillan/St Martin’s Press, 1998 (ISBN 978-0-333-71131-6).


  50. Voir sur inra.fr.


  51. « Jocelyne Porcher, une manipulatrice engagée - Association Sentience », sur asso-sentience.net (consulté le 12 octobre 2015)



Voir aussi |



Bibliographie |



En français |




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  • Chapouthier, Georges et Nouët, Jean-Claude (dir.), Les Droits de l'animal aujourd'hui., Arléa, 1997


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En anglais |




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  • (en) Cass Sunstein et Nussbaum, (dir.), Animal Rights : Current Debates and New Directions., Oxford University Press (États-Unis) ; nouvelle édition, 2005


  • (en) Spiegel, Marjory, The Dreaded Comparison: Human and Animal Slavery, Mirror books, 1996


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  • (en) Van DeVeer, Donald, « Of Beasts, Persons, and the Original Position. », The Monist; 62, 1979, pp. 368-377, 1984


  • (en) West, Patrick, Conspicuous Compassion: Why sometimes it really is cruel to be kind, Civitas, VII et 2, 2004



En italien |



  • (it) Cesare Goretti, « L'animale quale soggetto di diritto » (L'animal comme sujet de droit) in Rivista di filosofia. 1928: 348


Articles connexes |




  • Ahimsâ

  • Anthropomorphisme

  • Animal domestique en droit français

  • Certificat de capacité pour l'entretien d'animaux d'espèces non domestiques

  • Front de libération des animaux

  • Antispécisme

  • Animalisme

  • Bien-être animal

  • Droit naturel

  • Droits des plantes

  • Mentaphobie

  • Animal-machine

  • Cruauté envers les animaux

  • Refuge animalier

  • Liste des groupes de défense des animaux




Liens externes |




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    • Bibliothèque nationale de France (données)

    • Gemeinsame Normdatei



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