Henri Lemaître








































Henri Lemaître
Naissance

6 juillet 1894
château de La Coursicauderie, Bléré (Indre-et-Loire)
Décès

23 juillet 1935(à 41 ans)
château d’Oriou, Saint-Maxire (Deux-Sèvres
Origine

Drapeau de la France France
Arme

French-roundel.svg Aéronautique militaire
Années de service
1912-1931
Conflits

Première Guerre mondiale
Autres fonctions

pilote d'essai

Henri Lemaître, né le 6 juillet 1894 à Bléré (Indre-et-Loire) et mort le 23 juillet 1935 à Saint-Maxire (Deux-Sèvres), était un aviateur français, pionnier de l’aviation. Breveté pilote en 1912, il cesse de voler en 1931. En seulement vingt ans de carrière, il a enchaîné les exploits : as du bombardement pendant la Première Guerre mondiale crédité de deux victoires aériennes, précurseur de l’Aéropostale, pilote d'essai, recordman du monde de distance en ligne droite, conseiller technique en Bolivie[1]...




Sommaire






  • 1 Biographie


    • 1.1 Belle époque


    • 1.2 Première Guerre mondiale


    • 1.3 Entre-deux-guerres




  • 2 Distinctions


  • 3 Notes et références


    • 3.1 Bibliographie




  • 4 Voir aussi


    • 4.1 Articles connexes


    • 4.2 Liens externes







Biographie |



Belle époque |


Henri Lemaitre naît le 6 juillet 1894 dans le château de La Coursicauderie, construit par son grand-père maternel à Bléré (Indre-et-Loire)[2]. C’est désormais la mairie de la ville[1]. Il appartient à un milieu social privilégié : sa mère, Henriette, née Tassin de Nonneville, appartient à une grande famille du Val de Loire. La demeure des Tassin de Nonneville est située à la Charpraie, au sud de Tours. En 1913, le domaine n’est plus dans la famille. Il appartient à l’épouse d’Armand Deperdussin, le fabricant d’avions[1]. Tous les cousins portent des particules : La Rüe du Can, Nonneville, Naurois, Beaumont. Henri Lemaitre grandit boulevard Béranger, à Tours, et dans le château du Tremblay, à Saint-Roch. Comme tous les enfants de la bourgeoisie tourangelle, il étudie chez les Frères, à Saint-Grégoire[2].


Sa vocation pour l’aéronautique lui vient de son père, Georges Lemaître. Grand propriétaire, celui-ci a deux passions, l'air et les voyages. Il cumule les activités non lucratives : maire de Saint-Roch où il possède une belle demeure, le « château » du Tremblay, il est également



  • conseiller municipal de Tours,

  • président de la commission du Vieux-Tours,

  • membre de la Société archéologique de Touraine

  • membre de la Société de géographie de Touraine,

  • membre de l'Automobile-Club de l'Ouest,

  • photographe amateur de talent,

  • et un des membres fondateurs de l’Aéro-Club de Touraine en 1908, enthousiasmé par sa première ascension en ballon[1],[2].


Lorsque Henri déclare à ses parents qu’il veut devenir pilote, il ne leur laisse pas le choix : « Vous ne pouvez pas m’empêcher de suivre ma voie, c’est vous qui me l’avez montrée. »[1]. Ses études terminées, Henri Lemaitre passe à 18 ans son brevet de pilote (no 1168) le 6 décembre 1912) à l'école Farman d'Étampes[2]. Il est le premier pilote breveté de l’Aéro-Club de Touraine[2]. Le 15 février 1913 à Tours devant toute sa famille, il passe la seconde épreuve de son brevet militaire : Étampes – Tours et retour[1].



Première Guerre mondiale |


Lorsque la guerre éclate, Henri Lemaître est affecté à l’escadrille d'observation MF 5 à Épinal dans les Vosges : les yeux de l'armée[2]. Sergent pilote, il a pour compagnon Jacques Mortane qui raconta ses exploits. Il fait partie des pilotes les plus braves de l’escadrille, avec Aristide André Quennehen (tué le 31 mai 1916) et Hector Varcin (grièvement blessé en 1916). De pilote d'observation, le sergent Lemaitre se fait bombardier. Après le bombardement de Nancy par un Zeppelin allemand dans la nuit de Noël 1914, il prend part le 28 décembre 1914 à une attaque de représailles contre les hangars à dirigeables de Metz. Il obtient ainsi sa première citation, décernée par le général Dubail le 7 janvier 1915[1] :



« Sergent pilote aviateur : très hardi pilote. A été fréquemment sous le feu des canons spéciaux et a montré les plus belles qualités d’énergie et de sang-froid. A pris part, le 28 décembre, étant seul à bord, au bombardement de hangars à dirigeables exécuté par un groupe d’aviateurs. »



Une seconde citation, décernée par le général Franchet d'Espèrey, accompagne sa Médaille militaire, le 3 avril 1915[1] :



« D’une hardiesse au-dessus de tout éloge, toujours prêt pour les reconnaissances les plus périlleuses. A l’escadrille MF 5 de la 1ère armée depuis le début de la campagne, a rendu les plus grands services. A été cité à l’ordre de l’armée le 7 janvier 1915 pour être allé bombarder les hangars de Metz. A eu à plusieurs reprises son appareil atteint par les éclats d’obus. N’a pas hésité le 21 mars à donner à deux reprises la chasse à un Aviatik. »



Après être passé par l'école d'aviation d'Avord puis au Service de Fabrication de l’Aéronautique, Henri Lemaître se spécialise dans le bombardement. Il participe notamment au raid sur Habsheim en mars 1916, considéré à l’époque comme la première grande bataille aérienne[2], avec vingt-trois avions français du groupe de bombardement no 4 engagés contre la piste d’aviation et la gare de la banlieue de Mulhouse[1]. Il commande alors l’escadrille BM 120 équipée de Breguet-Michelin IV et V[1]. Cet avion, dessiné pour bombarder les usines de la Ruhr, était lent et vulnérable[2], peu apprécié de ses équipages[1].


Henri Lemaître est également de la seconde grande bataille aérienne, le 16 octobre 1916, lorsque le groupe Happe[1] part à l’attaque des usines Mauser, à Oberndorf am Neckar[2]. Les escadrilles MF 29 (6 avions), MF 123 (5 avions) et BM 120 attaquent dans cet ordre, escortées par des escadrilles de chasse. Sur les quatorze Breguet-Michelin qu’emmène Henri Lemaître, six ne rentreront pas. Ce bombardement marque la fin des opérations de jour pour l’appareil, qui mènera désormais des bombardements de nuit[1].


En 1917, Henri Lemaître est appelé pour tester[3], avec l’adjudant Achille Piquet, du Service technique de l'aéronautique, le second prototype du Breguet XIV[2], la future épine dorsale du bombardement français[1].


De retour à son escadrille, il prend part à toutes les opérations. Son escadrille compte de nombreux blessés et tué, comme Tanner, dont Henri Lemaître épousera la sœur en 1919, qui suit partout son chef depuis le jour où il fut placé sous ses ordres. Lemaître va partout, aucun tir de barrage ne l’empêche de passer et, miraculeusement, il n’est jamais atteint. Lui qui rêvait d’être pilote de chasse abat même deux avions allemands au cours de ses missions[1].


À la fin de la guerre, il a le grade de capitaine et totalise 134 missions de bombardement dont 87 de nuit, deux victoires aériennes, la Légion d'honneur et neuf citations[2].



Entre-deux-guerres |


Après la guerre, Henri Lemaître ne quitte pas l’aviation. Détaché au ministère de la Guerre pour promouvoir l’aviation, il va vite comprendre que son Breguet XIV de bombardement peut encore être utile. Il n’est pas seul à le penser. La guerre n’était pas terminée que Pierre-Georges Latécoère projetait d’ouvrir une ligne vers l’Amérique du Sud pour y transporter le courrier. Le premier départ vers l’Afrique a lieu le 3 mars 1919. Deux Salmson partent de Toulouse-Montaudran à destination du Maroc. Dans le premier, Henri Lemaître et Beppo di Massimi. Dans l’autre, l’adjudant Paul Junquet et Pierre-Georges Latécoère. Malgré le mauvais temps, Lemaître et di Massimi se posent normalement à Barcelone. Mais lors de la seconde étape, à Alicante, le terrain est trop petit, parsemé d’embûches. Lemaître y casse son avion, Junquet également. D’où un retour à la case départ, à Toulouse[1].


Le samedi 8 mars à midi, Henri Lemaître et Pierre-Georges Latécoère décollent seuls en direction de l’Afrique. En onze heures quarante-cinq minutes, ils relient Toulouse à Casablanca où les attend le maréchal Lyautey à qui Pierre-Georges Latécoère apporte le journal Le Temps et des violettes de Toulouse pour la maréchale. « Une réception enthousiaste nous était réservée, racontera Lemaître. J’étais très ému de l’accueil chaleureux du général Lyautey. Sale, exténué, je devais aller sabler le champagne et banqueter. J’avais fait 1 900 kilomètres en moins d’un jour et demi pour porter des lettres qui mettent généralement une dizaine de jours. » Le lendemain, ils sont reçus à l’Automobile-Club. Le résident général demande au ministère de la Guerre de prévenir Mme Latécoère à Bagnères-de-Bigorre, et M. Lemaître, 45 boulevard Béranger à Tours[1].


En avril 1919, Henri Lemaître est détaché à l’escadrille F 110, l’escadrille « des grands raids ». Y sont affectés tous les pilotes destinés à des raids qui doivent être accomplis avant le 1er juillet. Il y a notamment le capitaine Leune (Paris – Constantinople sur Farman F.50), les lieutenants Bernard Barny de Romanet et Georges Flachaire (Paris – Rome sur SEA) ou encore René Fonck (Paris – Madrid sur Nieuport. Le 18 juin 1919, il repart pour l’Afrique. Pour faire encore mieux. Après Toulouse – Casablanca, il veut aller de Villacoublay à Dakar. Il a retrouvé un avion qu’il connaît bien, le Breguet XIV ainsi qu’un mécanicien qu’il affectionne : l’adjudant Guignard, tourangeau comme lui – ses parents demeurent alors à Saint-Cyr-sur-Loire –, qu’il avait sous ses ordres à l’escadrille Br 120. Ils font une première halte « à domicile » pour réparer le robinet de graissage. Puis à Cazaux, à cause d’une tubulure. Le 19, le Breguet 14 gagne Rabat après avoir franchi 1 400 kilomètres en 8 heures 30. Le 21, ils sont à Marrakech. Le 25, Mogador est atteint. Le 27, ils partent pour la traversée du Sahara, pour Dakar. Jusqu’à Agadir, tout se passe bien, quand le moteur perd de la puissance. Le mécanicien Guignard rampe en plain vol sur le fuselage jusqu’au capot du moteur pour identifier la panne : une électrode de bougie a sauté, mais ils continuent sur les onze autres cylindres. Ils survolent Villa Cisneros, capitale espagnole du Río de Oro. Puis ils arrivent à Port-Étienne, encore distant de 570 kilomètres de Saint-Louis (Sénégal), leur destination finale. N’ayant plus d’essence que pour deux heures de vol, ils tentent de se poser près de la station de T.S.F., mais le sable est mou, l’avion roule une centaine de mètres, puis s’enfonce et capote. Le Breguet 14 ne peut aller plus loin. Le raid est terminé. Ils ont volé près de onze heures, parcouru 4 200 kilomètres et franchi le Sahara sur 1 700 kilomètres[1].


En 1922, Henri Lemaître quitte l’armée mais pas l’aviation. Il rentre chez Breguet comme pilote d'essai. 1925 marque le sommet de sa carrière. Il commence, avec Ludovic Arrachart, par un raid Paris – Tombouctou et retour. Puis, en février 1925, sur un Breguet 19 à moteur Renault de 450 ch, les deux pilotes battent le record du monde de distance sans escale, d’Étampes à Villa Cisneros, soit 3 166 kilomètres en ligne droite. Le lendemain, ils se posent à Dakar, soit 4 800 kilomètres en deux étapes. Cette même année, Henri Lemaître remporte, à la surprise générale, la « Liberty Race » à New York, devant Georges Pelletier-Doisy. L’année suivante, avec le colonel Barès, ancien inspecteur de l’aéronautique pendant la Grande Guerre, il tente de battre le record du capitaine Eugène Girier et du lieutenant Jean Dordilly, toujours sur Breguet 19. Mais leur moteur s’arrête au-dessus de l’Autriche. Cette tentative est un échec. Pour Henri Lemaître, une page se tourne. C’était son dernier raid[1].


En 1927, toujours au profit de Breguet qui vient d’y vendre des Breguet 19, Henri Lemaître accepte d’aller en Amérique du Sud pour mettre sur pied l’armée de l’air bolivienne. Au Bourget, il fait un brin de conduite à son ami, Dieudonné Costes, qui, avec Joseph Le Brix sur le Nungesser-et-Coli, s’envole vers l’Amérique du Sud, première étape de leur tour du monde. Henri Lemaître passe deux années en Bolivie, dans des conditions difficiles, à former des pilotes sur un aéroport de La Paz perché à plus de 4 000 mètres d’altitude. Il semble même qu’il ait participé à un bombardement à bord de son Breguet 19, contre le Paraguay. Une panne, dans la forêt vierge, au pied des Andes boliviennes, fait craindre sa mort. Mais il reparaît au bout de trois semaines[1].


Henri Lemaître revient en France en 1930, toujours chez Breguet. Il participe, en Europe centrale, à la course de la Petite Entente et réceptionne les avions. En 1931, il quitte Breguet. La fatigue, et une santé fragilisée par vingt années à piloter dans des conditions difficiles, l’obligent à replier ses ailes. Pour toujours mais après un dernier vol… sur un Breguet, bien sûr (le Breguet 410). Son second mariage, en mai avec Fernande Viala, n’y est peut-être pas également étranger. Il devient directeur d’une compagnie de transport, l’Auto-Routière et collabore au journal Paris-Soir.


Il décède le 23 juillet 1935 au château d’Oriou, propriété de ses beaux-parents, à Saint-Maxire (Deux-Sèvres). De maladie, lui qui avait traversé la Première Guerre mondiale sans une égratignure puis connu plusieurs accidents dont il s’était sorti indemne. C’est dans cette ville qu’il est inhumé, le 26 juillet, en présence du général Vuillemin et de ses anciens compagnons dont le commandant Morraglia (futur général et résistant), aux côtés de son jeune fils décédé trois ans plus tôt.



Distinctions |




  • Legion Honneur Chevalier ribbon.svg Chevalier de la Légion d'honneur


  • Croix de Guerre 1914-1918 ribbon.svg Croix de guerre 1914-1918 avec 9 citations à l'ordre de l'armée.


  • Medaille militaire ribbon.svg Médaille militaire


  • Tours et Bléré ont baptisé une rue « Commandant-Lemaitre »[2].



Notes et références |





  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et tDidier Lecoq, « Henri Lemaître, une vie consacrée à l’aviation… et à Breguet », sur Aéroplane de Touraine, 23 septembre 2010 2005.


  2. a b c d e f g h i j k et lDidier Lecoq, « Henri Lemaitre, as du bombardement », 27 avril 2017.


  3. Michel Benichou, « Un avion très redoutable (2ème partie) », Le Fana de l’Aviation,‎ 1er août 2017.




Bibliographie |



Voir aussi |



Articles connexes |


  • Liste de pilotes et navigants de l'Aéropostale

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