Radovan Karadžić
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Radovan Karadžić | ||
Radovan Karadžić le 3 mars 1994. | ||
Fonctions | ||
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Président de la République serbe de Bosnie | ||
7 avril 1992 – 19 juillet 1996 (4 ans, 3 mois et 12 jours) | ||
Successeur | Biljana Plavšić | |
Biographie | ||
Nom de naissance | (sr) Радован Караџић | |
Date de naissance | 19 juin 1945 | |
Lieu de naissance | Petnjica, RS Monténégro, RFS Yougoslavie République fédérative socialiste de Yougoslavie | |
Nationalité | Serbe | |
Parti politique | Parti démocratique serbe | |
Diplômé de | Université de Sarajevo - Université Columbia | |
Profession | Psychiatre | |
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Radovan Karadžić (alphabet cyrillique serbe : Радован Караџић), né le 19 juin 1945 à Petnjica (actuel Monténégro), est un psychiatre de formation et homme politique de l'ex-Yougoslavie.
Il devient le premier président la République serbe de Bosnie en 1992. Dénommé le « boucher des Balkans » pour les faits commis durant la guerre de Bosnie, il est poursuivi par la justice internationale pour la campagne de purification ethnique menée lors du conflit, notamment pour le massacre de Srebrenica. Biljana Plavšić lui succède à la tête de la République serbe de Bosnie en 1996.
Après plusieurs années de fuite, il est arrêté à Belgrade en juillet 2008, avant d'être transféré à La Haye. Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie le condamne, en mars 2016, à 40 ans d'emprisonnement, notamment pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
Sommaire
1 Jeunesse
2 Vie professionnelle
3 Vie politique
4 Années de cavale
5 Procès devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie
5.1 Polémiques entourant le procès
5.2 Déroulement
6 Famille
7 Filmographie
8 Poète
9 Notes et références
10 Voir aussi
Jeunesse |
Né dans le village de Petnjica (municipalité de Šavnik) au Monténégro, il passe son enfance à Nikšić toujours au Monténégro, près de la frontière avec la Bosnie, puis arrive en 1960 à Sarajevo où il poursuit des études de médecine. En juin 1968, il prononce des discours nationalistes serbes à la faculté de philosophie de Sarajevo.
Vie professionnelle |
Le 19 juillet 1971, il devient docteur en médecine. Il se spécialise dans la psychiatrie et tout particulièrement le traitement des névroses et de la dépression. Il fera une partie de ses études à l'université Columbia de Manhattan, New York.
En mars 1977, il travaille au Centre pour l’éducation des adultes Duro Dakovic de Sarajevo. De 1979 à 1992, il exerce au service de psychiatrie de l’hôpital d’État de Sarajevo. En 1983-1984, il devient psychologue du club de football l'Étoile rouge Belgrade.
Entre 1984 et 1985, il a fait 11 mois de détention préventive pour détournement de fonds publics. Le 26 septembre 1985, il est condamné à 3 ans de prison mais la peine ne sera pas purgée.
Il est ensuite préparateur mental pour les joueurs du club de football FK Sarajevo[1].
Selon le footballeur international Predrag Pašić, lui aussi Serbe de Bosnie mais qui choisira de ne jamais quitter les Bosniaques, Radovan Karadžić s'est soudainement transformé en un animal politique en révélant une deuxième « personnalité » totalement différente : « Il nous enseignait tout le temps à être ensemble, à avoir un esprit d'équipe, que la victoire ne comptait que si nous étions ensemble, que si nous respirions ensemble, que nous jouions ensemble, les uns pour les autres. Et l'homme politique refusait toute vie commune, et c'est lui qui a assiégé Sarajevo pendant 3 ans »[2].
Vie politique |
En juillet 1990, âgé de 45 ans, il est cofondateur du parti politique Parti démocratique serbe (SDS, Srpska Demokratska Stranka) en Bosnie-Herzégovine. Ce parti se présente comme le parti nationaliste serbe équivalent du Parti nationaliste musulman (SDA) et du Parti nationaliste croate (HDZ). Ces trois partis nationalistes formeront une coalition pour provoquer la chute du Parti socialiste au pouvoir (SDP, Parti socio-démocrate). La coalition sera néanmoins de courte durée à la suite du processus de dislocation de la fédération yougoslave.
Il prend la stature de principal leader nationaliste serbe le 14 octobre 1991, lorsqu'il déclare publiquement devant le Parlement de Bosnie et Herzégovine : « si vous continuez à soutenir la sortie de la Bosnie et Herzégovine de la fédération yougoslave, vous allez connaître le même enfer que celui qu'ont connu la Slovénie et la Croatie. Quant aux citoyens bosniaques de religion musulmane, ils risquent tout simplement de disparaître en cas de guerre car ils n'auront pas suffisamment d'armes pour se défendre »[3],[4]. Après ce discours, les élus SDS se sont levés et ont quitté leur siège au Parlement[5], ce qui précipite la fracture de la Bosnie et Herzégovine en deux camps : d'un côté, les croates et musulmans, voulant la sortie de la Bosnie et Herzégovine de la fédération yougoslave, et de l'autre côté, les sympathisants SDS voulant l'annexion de la Bosnie et Herzégovine à la Serbie pour la constitution de la Grande Serbie dirigée à cette époque par Slobodan Milošević.
Après l'éclatement de la Yougoslavie en 1991, le 27 mars 1992, il devient président du Conseil de sécurité nationale de la République serbe de Bosnie (Republika Srpska), le 12 mai 1992, il est membre de la présidence à trois de la République serbe, puis du 17 décembre 1992 au 19 juillet 1996, président unique de la République serbe. Il est accusé d'avoir ordonné le nettoyage ethnique des Bosniaques et des Croates lors de cette guerre.
Inculpé de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité depuis le 25 juillet 1995 et le 16 novembre 1995 par le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, Radovan Karadžić quitte sa maison de Pale une nuit de 1997 et prend la fuite. Il est recherché par les forces de l'ONU présentes en Bosnie-Herzégovine. L'avis de recherche d'Interpol indique notamment crimes contre l'humanité, atteintes graves à la convention de Genève de 1949, meurtre, et génocide, en particulier pour ce qui concerne le massacre de Srebrenica. Pour sa défense, ses partisans affirment qu'il n'est pas plus coupable que n'importe quel chef politique en temps de guerre.
Années de cavale |
De 1996 à juillet 2008, Karadžić modifie en profondeur son apparence physique. Lors de son arrestation à Belgrade, le ministre de la Justice serbe exhibe, en fin d'entretien, le portrait de Dragan Dabic, son nom de substitution[6] : la presse serbe le surnomme le Père Noël, barbe blanche et cheveux longs attachés sur le haut de son crâne[7]. Devenu spécialiste de médecine alternative[8], il participe à plusieurs conférences et est employé par une clinique privée où il gagne bien sa vie. Il a aussi écrit plusieurs articles dans le magazine Zdrav Zivot (en français la « vie saine »). Lors d'une conférence de Dragan Dabic dans la ville de Kikinda, se trouvait au premier rang l'une de ses camarades d'école, Olga Bajsinski (pendant 4 ans) ; elle dit qu'elle n'avait pas reconnu Karadžić. Il rencontre aussi des personnalités politiques étrangères amies comme Jean-Marie Le Pen, qui lui a rendu visite pendant cette période[9]. Durant sa seconde vie, il eut aussi une femme, Mila[10].
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Le 21 juillet 2008, à 23 h 18, la chaîne d'informations Al Jazeera annonce sa capture par les forces spéciales serbes en territoire serbe[11]. Cette arrestation aurait été rendue possible par la volonté du nouveau gouvernement serbe sous la présidence de Boris Tadić, élu par l'Assemblée nationale le 7 juillet 2008. Le 22 juillet 2008, l'arrestation de Radovan Karadžić est officiellement déclarée après une longue cavale de 13 années. Il a été transféré le 30 juillet 2008 vers le centre de détention du tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie.
Procès devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie |
Polémiques entourant le procès |
Richard Holbrooke aurait passé un accord avec Karadžić, lui promettant de ne plus le poursuivre si celui-ci se retirait de la vie politique bosniaque. Le New York Times, citant un diplomate américain, rapporte que celui-ci n'aurait pas respecté l'accord, et Holbrooke aurait, en 2000, fustigé l'ancien chef de guerre : « Ce salopard de Karadžić. J'ai passé un accord avec lui : qu'il se retire de la politique et nous ne le recherchons pas. Il a rompu cet accord, nous allons le traquer ».
Les polémiques se sont accentuées lors de la publication en 2007 du livre Paix et Châtiment de Florence Hartmann, ancien porte parole du procureur du tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie qui avait accès à certaines pièces à conviction ignorées du grand public. Dans ce livre, Florence Hartmann produit notamment deux pièces à conviction qui démontrent que la Serbie était directement responsable du génocide de Srebrenica et que la faute n'incombait pas exclusivement à Radovan Karadžić. Ces pièces auraient été cachées au grand public par le tribunal lui-même[12]. L'arrestation récente de cet écrivain a remis en exergue les éventuels arrangements officieux entre les représentants de la communauté internationale et les responsables politiques serbes dont Radovan Karadžić faisait partie intégrante.
C'est à la suite de pressions des États-Unis qu'aurait été arrêté Radovan Karadžić en juillet 2008 par la police serbe[13].
En mars 2016, le président du gouvernement serbe, Aleksandar Vučić, qualifie le TPIY de « tribunal politique » ayant échoué à réconcilier les peuples dans l'ex-Yougoslavie[14],[15].
Déroulement |
Le 25 juillet 1995, le TPIY dresse un acte d’accusation à l’encontre de Radovan Karadžić, inculpé au titre de sa position de supérieur hiérarchique responsable des crimes commis par ses subordonnés ; il lui est notamment reproché d’avoir commis un génocide et d’autres crimes en Bosnie-Herzégovine[16]. Le 16 novembre 1995, un autre acte d’accusation est émis à son encontre concernant les accusations de génocide et d’autres crimes commis dans la région de Srebrenica[16]. Le 11 juillet 1996, la chambre de première instance délivre des mandats d'arrêt internationaux à l’encontre de Radovan Karadžić[17].
Le 30 juillet 2008, après son arrestation à Belgrade, Radovan Karadžić est transféré au quartier pénitentiaire des Nations unies à La Haye. Sa première comparution initiale devant le TPIY a lieu dès le lendemain, le 31 juillet 2008[18]. Le 29 août 2008, après que Radovan Karadžić a refusé de plaider coupable ou non coupable relativement à l’acte d’accusation utilisé au procès, le juge de la mise en état Iain Bonomy prononce un plaidoyer de non-culpabilité au nom de l’accusé, en application du règlement de procédure et de preuve du Tribunal. Le 19 octobre 2009, en exécution d’une ordonnance de la chambre de première instance visant à réduire le volume du dossier de l’affaire, l’accusation retire un certain nombre de municipalités et de faits de l’acte d’accusation précédemment confirmé[réf. nécessaire].
Le 28 juin 2012, la chambre d'instruction de première instance rejette la requête aux fins d’acquittement déposée par la défense en ce qui concerne 10 chefs d’accusation. Elle accepte en revanche d’acquitter l’accusé pour ce qui est du chef 1 de l’acte d’accusation, à savoir l’accusation de génocide pour les crimes commis dans plusieurs municipalités de Bosnie-Herzégovine entre mars et décembre 1992[19]. Le 11 juillet 2013, à la suite de l’appel interjeté par l’accusation, la chambre d'instruction d’appel annule la décision rendue par la chambre de première instance le 28 juin 2012 et rétablit l’accusation de génocide retenue contre l’accusé au chef 1 de l’acte d’accusation[20],[21][réf. insuffisante].
L'instruction se termine en octobre 2014 après 497 jours d’audience. Le procureur du tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie requiert l'emprisonnement à perpétuité[22] alors que Radovan Karadžić, qui assure seul sa défense, plaide non-coupable[23].
Le 24 mars 2016, la chambre de première instance déclare Radovan Karadžić coupable de la majorité des crimes cités dans l'acte d'accusation[24]. Il est déclaré coupable de génocide soit le pire crime commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale[25]. Le génocide n'est cependant retenu que pour les actes commis dans la région de Srebrenica en 1995 et non pour les actes commis dans les autres municipalités[25].
Pour les autres municipalités, il est condamné pour crimes contre l'humanité, crimes de persécution, crimes d’extermination d'un peuple du fait de son appartenance religieuse vraie ou supposée (des Bosniaques musulmans de Bosnie et des Croates catholiques de Bosnie), crimes d’assassinat, crimes de meurtre, crimes d’expulsion, crimes d’actes inhumains (transfert forcé), crimes de terrorisation des Bosniaques musulmans et des Croates catholiques (terrorisme) ; crimes d’attaques illégales contre des civils; crimes de prise d’otages (notamment prise en otage des soldats de l'ONU dont deux pilotes de l'aviation française).[réf. nécessaire]
Alors qu'il est âgé de 70 ans, il est condamné à 40 ans d'emprisonnement[25]. Son avocat a annoncé vouloir faire appel de la décision[25].
Famille |
Radovan Karadžić est l’aîné de trois enfants. Son père, Vuko, tchetnik durant la Seconde Guerre mondiale, fut blessé puis emprisonné pendant cinq ans par les partisans de Josip Broz Tito. En 1964, Radovan Karadžić épouse une camarade de promotion, Liljana (née le 27 novembre 1945 à Sarajevo). Deux enfants naîtront de leur union : Sonia, (née le 22 mai 1967 à Sarajevo) et Alexandre (né le 14 mai 1973 à Sarajevo).
Filmographie |
De ce procès, et des compromis politiques auxquels il a donné lieu, le réalisateur allemand Hans-Christian Schmid a tiré le film La Révélation en 2009. Kerry Fox, sous le nom de Hannah Maynard, incarne le rôle de la procureure au TPI de La Haye : Carla Del Ponte dont l'ex-porte parole Florence Hartmann a été conseillère sur le film, commencé au moment où débutait à La Haye le procès de Radovan Karadžić[26].
Poète |
Il publie plusieurs recueils de poésie, même durant sa cavale :
- 1990 : Crna bajka (Svjetlost, Sarajevo)
- 1992 : Rat u Bosni: kako je počelo
- 1994 : Ima čuda, nema čuda
- 2001 : Od Ludog koplja do Crne bajke (Dobrica knjiga, Novi Sad)
- 2004 : Čudesna hronika noći (IGAM, Belgrade)
- 2005 : Pod levu sisu veka (Književna zajednica « Veljko Vidaković », Niš)
Notes et références |
https://www.lequipe.fr/explore/yougo-football-trip/.
Predrag Pašić, dans Les rebelles du foot, film documentaire de Gilles Perez et Gilles Rof (Arte France, Canto Bros), 63e minute.
https://www.youtube.com/watch?v=lRDAds6b90Y.
https://www.lemonde.fr/europe/article/2008/07/22/radovan-karadzic-l-icone-de-l-ultranationalisme-serbe_1075820_3214.html.
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/serbie-montenegro/chronologie.shtml.
« Radovan Karadzic arrêté en Serbie sous une identité usurpée ; il existait bien un Dabic qui avait fui la Croatie », La Tribune du 22 juillet 2008.
Photo de Radovan Karadžić.
« Radovan Karadzic arrêté par les services secrets serbes », 20 Minutes du 22 juillet 2007.
« Jean-Marie Le Pen admet avoir rencontré Karadzic quand il était recherché », Libération, 21 février 2012.
« Karadzic tente de retarder son transfèrement devant la justice internationale à La Haye ».
War criminal' Karadzic arrested, Al Jazeera, 22 juillet 2008
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20160329.OBS7298/detention-de-florence-hartmann-pourquoi-le-tribunal-penal-international-n-en-sort-pas-grandi.html.
Le Monde.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/04/01/97001-20160401FILWWW00148-le-premier-ministre-serbe-fustige-le-tpiy.php.
https://www.letemps.ch/monde/2016/03/31/tpiy-cree-surprise-acquittant-ultranationaliste-serbe-seselj.
http://www.icty.org/fr/press/les-elements-de-preuve-charge-de-radovan-karadzic-et-ratko-mladic-seront-exposes-en-public.
http://www.icty.org/fr/sid/7327.
http://www1.rfi.fr/actufr/articles/103/article_69183.asp.
« TPIY : Karadzic acquitté de génocide dans des municipalités de Bosnie », Le Monde, 28 juin 2012.
http://www.icty.org/x/cases/karadzic/ind/fr/091019f.pdf.
http://www.icty.org/x/cases/karadzic/acjug/fr/130711_judgement_summary_rule98bis.pdf.
« Prison à vie requise contre Radovan Karadzic, l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie », Le Monde, 26 septembre 2014.
http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/radovan-karadzic-condamne-a-40-ans-de-prison-pour-genocide-1111699.
http://www.itele.fr/monde/video/radovan-karadzic-le-boucher-des-balkans-condamne-a-40-ans-de-prison-pour-genocide-158725.
« Radovan Karadzic reconnu coupable du génocide à Srebrenica, condamné à quarante ans de prison », Le Monde, 24 mars 2016.
lire la critique.
Voir aussi |
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