Festival
Pour les articles homonymes, voir festival (homonymie).
Un festival est une manifestation à caractère festif, organisée à époque fixe et récurrente annuellement, autour d'une activité liée au spectacle, aux arts, aux loisirs, etc., d'une durée de un ou plusieurs jours.
Sommaire
1 Histoire et évolution du festival
1.1 En France
1.2 Sur le continent africain
1.3 Sur le continent américain
2 Enjeux politiques
3 Enjeux territoriaux
3.1 Valorisation d'une collectivité territoriale
3.2 Le discours et l'action des élus
3.2.1 L'exemple du festival de jazz d'Amiens
4 Enjeux culturels et artistiques
5 Économie des festivals
5.1 Financements
5.1.1 Subvention de l'État
5.1.2 Financement des collectivités territoriales
5.1.3 Mécénat
5.2 Retombées économiques
5.2.1 Les festivals, générateurs d'emplois
5.2.2 Produit touristique culturel
6 Direction des festivals
7 Audience des festivals
8 Types de festivals
9 Notes et références
10 Voir aussi
10.1 Sources
10.2 Articles connexes
Histoire et évolution du festival |
En France |
Le terme apparaît dans le Nord de la France en 1829 et est lié au mouvement orphéonique, fête musicale populaire à vocation charitable et politique qui progressivement s'annualise et se laïcise. Mot emprunté à l'anglais qui est lui-même emprunté à l'ancien français festival « de fête ; joyeux ; solennel », mot latin festivus.
En France, les festivals participent de la nouvelle ère culturelle qui s'est ouverte après la guerre. Celui d'Avignon s'est créé dès 1947 ; le Nice Jazz Festival, dans les arènes de Cimiez, l'année suivante. Théâtre romain de Vienne ou pinède en bord de plage à Juan-les-Pins, la recette du lieu à dimension touristique devient la valeur ajoutée. Le territoire français comprend aujourd'hui plus de 2 400 festivals de spectacle vivant et plus de 1 600 festivals de musiques actuelles[1].
Sur le continent africain |
En Tunisie par exemple, les premiers festivals datent du début du XXe siècle, mais leur véritable essor n'a commencé qu'à la fin des années soixante, après la décolonisation. Le premier festival tunisien a vu le jour en 1906 à Carthage. Le Festival international de Dougga a débuté en 1924, un seul spectacle du répertoire du théâtre classique français était alors présenté en juillet de chaque année. Au cours de cette période de leur évolution, ces festivals ne représentaient pas encore le phénomène social et culturel qu'ils sont devenus. De par le public ciblé et le contenu de leur programmation, ces festivals restaient élitistes, voire marginaux par rapport aux attentes des populations locales. À l'orée des années soixante, les festivals connaissent un essor réel : dans l'exemple tunisien, le festival de Sousse débute en 1958, Tabarka en 1961, Carthage en 1963, Hammamet en 1964, Monastir en 1965, les Journées cinématographiques de Carthage (JCC), le festival de Testour en 1966; le festival de Douz en 1967... À partir des années 1970, le nombre festivals se multiplie et leur répartition régionale se confirme. En même temps, ils subissent des mutations importantes tant au niveau du contenu des programmes que celui du public qu'ils attirent. En outre, ils sont hiérarchisés en plusieurs catégories : internationale, nationale, régionale et locale[2].
Dans le domaine du cinéma, le Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) demeure le plus grand festival du continent africain. Il se déroule tous les deux ans à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso.
Sur le continent américain |
La Nouvelle-Orléans est la ville qui organise le plus de festivals dans le monde : chaque année, près de 500 manifestations[3] diverses sont organisées dans différents quartiers.
Enjeux politiques |
Les guerres mondiales ont donné l'occasion aux festivals d'associer les échanges artistiques à la promotion de l'idéal de la paix[4]. Plus largement, les festivals sont bien souvent le théâtre d'enjeux politiques, ils représentent parfois l’occasion de revendiquer une position sur la scène internationale et une existence nationale. Par exemple, le Festival palestinien de littérature ou PalFest (Palestine Festival of Literature) vise, depuis 2008, à apporter un festival culturel de niveau international en Palestine pour affirmer « la puissance de la culture sur la culture du pouvoir ». Par le passé, en tant que moyens d'affirmation politique, le festival des Arts nègres de Dakar (1966), le Festac du Nigeria (1977) ou le Panaf à Alger (1969) ont marqué l'histoire des festivals dans ce sens, l'ouvrage Une histoire des festivals (2014) en décrit l'histoire, et montre aussi la dimension promotionnelle des festivals, qui dans certains cas s'inscrivent dans le cadre d'une propagande nationale illustrée par l'exemple du festival of Britain de 1951 (aspect campagne publicitaire) qui est caractéristique de l'enjeu politique. La période de la guerre froide est aussi très marquée par l'utilisation des festivals dans le grand jeu diplomatique et dans le cadre de la concurrence entre les deux blocs. Les exemples de ce type de tentative, côté bloc soviétique, est celui de la création d'un festival concurrent de Cannes et Venise et celui des festivals mondiaux de la jeunesse organisés pour réunir une jeunesse qui se retrouvait dans des idéaux marxistes. Le festival est souvent l'occasion de la remise de trophées, de prix et récompenses diverses.
Enjeux territoriaux |
Valorisation d'une collectivité territoriale |
Les " vieilles pierres " sont souvent le seul capital culturel dont dispose une collectivité locale. Après les sons et lumières, et les reconstitutions historiques, la création d'un festival en est devenue le meilleur outil de promotion et de valorisation[5]. Qu'ils se positionnent ou non, dans une optique commerciale, les festivals placent souvent sous les projecteurs des terroirs « oubliés ». Christian Troadec, cofondateur des Vieilles Charrues de Carhaix en 1992, élu en 2001 maire divers gauche de cette ville du Finistère investit beaucoup dans l'identité bretonne, il a notamment contribué à l'établissement d'un lycée Diwan à Carhaix. Le musicien Bernard Lubat, reparti en 1977 dans le terroir de ses origines familiales pour créer le petit festival de l'Uzeste musical, a monté une compagnie qui s'est implantée dans ce petit pays d'Oc, et remis à l'œuvre L'Estaminet, qui s'est métamorphosé en centre de recherche et d'innovation transartistique.
Le discours et l'action des élus |
Les festivals ont trouvé une place privilégiée au sein des politiques publiques de la culture. États et collectivités locales insèrent ces festivals dans des dispositifs administratifs et discursifs qui ont pu varier selon les lieux et les époques. Le soutien à la création artistique et la volonté de rendre accessible la culture à un plus grand nombre ont été mis en avant dès l’origine. La défense d’une identité culturelle, la participation au rayonnement culturel et le souhait de renforcer l’attraction culturelle d’un État ou d’une ville constituent, depuis deux ou trois décennies, de nouveaux arguments. L’événementiel culturel, l’attraction touristique, et les ressources de l’économie créative priment désormais, sans les effacer totalement, les autres discours qui légitiment les interventions publiques. La multiplication du nombre des festivals, très nette au cours des années 1980 et 1990, véritable « festivalomanie » (Inez Boogaarts), accompagne une territorialisation croissante des politiques culturelles.
L'anthropologue Alain Bertho s'interroge sur les motivations des élus locaux urbains, qui sont si facilement mobilisés pour ces opérations temporaires, coûteuses, dévoreuses de temps et d'énergie que sont les événements culturels[6]. Selon Jacques Denis (Le Monde diplomatique), la réponse tient en partie à leur volonté de se lancer dans un marketing territorial nappé de culture pour tous. Les édiles sont à l'écoute de toute suggestion qui rendra visible leur clocher sur les autoroutes encombrées de l'été. Un rapport du CNV établissait la répartition saisonnière des festivals comme suit : 45 % en été, 22 % au printemps, 26 % à l'automne et 7 % en hiver[7], car l'enjeu financier pour la filière et les retombées économiques pour les territoires ne sont pas minces[7].
L'exemple du festival de jazz d'Amiens |
Motif avancé : Ce passage reprend un article du 6 février 2015 du journal Le Courrier Picard concernant l'arrêt du festival de jazz d'Amiens faute d'argent. Tout ceci est assez polémique et ne présente pas d'intérêt encyclopédique, surtout dans un article généraliste sur les festivals.
Les dirigeants des collectivités sont parfois accusés d'utiliser la programmation d'un festival comme un argument de mondanité. Responsable depuis 2001 du festival de jazz d'Amiens, Pierre Walfisz soulignait en 2010 la « pression énorme du politique, qui conçoit le festival comme une agence de communication pour sa ville et son département. Les festivals sont soumis à la loi du retour sur investissement ». En 2015, le festival Musiques de jazz et d’ailleurs d'Amiens s’arrête[8]. Amiens Métropole a décidé en 2015 de ne pas reconduire la subvention de 190 000 €. L’État avait coupé ses crédits depuis 10 ans. La Région n’avait pas subventionné l’édition 2014 et le Département avait versé 14 000 €. « Tant que les paillettes faisaient illusion, nous n’étions qu’un élément de communication. Sans le budget pour programmer quelques noms médiatisés, nous sommes devenus inutiles » résumait alors le responsable du festival. M. Walfisz n'en considérait pas moins en 2010 que le crime originel incombait à Jack Lang : la version "société du spectacle" post-Vilar et Vitez[7]. Le festival tenait sur deux jambes. La première, le financement croisé des collectivités locales, L’autre était le soutien de la Maison de la culture qui mettait à disposition ses salles, ses moyens techniques et humains et apportait accessoirement une aide financière grâce à la coproduction[9].
Enjeux culturels et artistiques |
Le festival, manifestation culturelle éphémère inscrite dans un calendrier le plus souvent annuel, s’est progressivement imposé comme un dispositif essentiel de médiation culturelle. Issu du domaine musical, le festival, né dans les années 1830-1840, a été ensuite mobilisé par l’ensemble des secteurs artistiques et culturels : les arts de la scène, le spectacle vivant, les différentes formes musicales et le cinéma…
Les festivals jouent également un rôle moteur dans le processus de création. Signe d'une vitalité artistique, les festivals étaient porteurs, en 2006, de « 104 créations mondiales » annuelles[10]. Les artistes et, plus largement les professionnels de la culture, se sont approprié la forme festivalière. La typologie est diverses, sans exclusive : la construction d’un lieu éponyme dédié à un créateur ; les lieux et moments de productions de nouvelles créations ; les lieux de découvertes de nouveaux talents ; le moment de la reconnaissance médiatique et artistique ; les lieux où se structurent les mouvements et les offres qui scandent le marché de l’art et des œuvres ; les lieux de circulation des œuvres et des productions à l’échelle nationale et internationale. Le festival de Suresnes Cités Danse a ainsi contribué, depuis 1993, à légitimer la scène hip-hop, et a favorisé la rencontre avec d’autres chorégraphies. Depuis 2007, ce festival est devenu un véritable centre de production et d’accompagnement des artistes. Le film The Artist, en compétition à Cannes, sera ainsi présenté dans les festivals nord-américains, avant de triompher, en février 2012, aux cérémonies des César et des Oscars.
Les festivals, qui rencontrent un succès public croissant, ont contribué à la démocratisation de la culture. « Lieu de rencontres, pouvant susciter débats et forum, espace festif et de convivialité recherchée ou suscitée, la forme festivalière, souligne l’historien Philippe Poirrier, continue pourtant de prospérer alors même, que depuis les années 1970, l’individualisation des pratiques culturelles s’accentue, portée par les évolutions technologiques qui gouvernent les formes de la consommation culturelle ». L’histoire des pratiques festivalières, qui mobilise aujourd’hui de nombreux chercheurs en sciences sociales, saisie à l’échelle individuelle ou collective, reste indissociable, et étroitement articulée, à celle de la démocratisation des loisirs, du tourisme culturel et de l’accroissement des circulations et des mobilités. Enfin, il ne faut pas sous-estimer le goût de la fête, le souci qu'ont les gens de retrouver par tous les moyens des temps de convivialité dont ils sont privés le reste de l'année. Un festival, c'est le retour de la fête au village, des veillées modernes[5].
Les festivals jouent aussi un rôle important dans le processus de légitimation artistique de certaines disciplines émergentes et sont souvent le vecteur d'un ancrage dans le champ artistique de ces nouveaux "arts" : cinéma, télévision, bande dessinée… L'enjeu de reconnaissance peut être analysé comme une question d'identité, à laquelle s'ajoute une recherche de reconnaissance de la qualité d'une discipline. Des arts réputés "mineurs" ambitionnent d'être reconnus comme des Arts à part entière. De nombreux exemples de ce rôle des festivals dans ce processus d'"artification" sont décrits dans le livre "Une histoire des festivals" (Publications de la Sorbonne). Dans cette optique, les festivals sont souvent le théâtre de conférences et de débats savants qui s'inscrivent dans ce "passage à l'art" de la discipline à laquelle ils sont consacrés. Il peut y avoir aussi processus de re-légitimation d'une discipline, exemple des festivals d'Aldeburgh et d'Aix-en-Provence et du rôle qu'ils ont joué dans la renaissance de l'opéra.
Économie des festivals |
Outre les composantes artistiques et politiques des festivals, la composante économique constitue un moteur important dans le développement de ces manifestations culturelles. Mais le développement des festivals peut s'opérer dans des logiques très différentes . Les Vieilles Charrues sont passées de la « kermesse » pour deux mille personnes en 1993 à l'un des rendez-vous incontournables de juillet - affichant deux cent mille spectateurs et un budget de 6 millions d'euros. Le festival d'Uzeste fondé par Bernard Lubat, qui dépend des subventions publiques, baisse régulièrement depuis quinze ans. En 2007, les subventions publiques s'élevaient à 56 000 euros, contre 71 550 euros en 2006. Du point de vue de Bernard Lubat, « On a vu apparaître des expositions de technologies, des écrans géants avec des nains sur scène qui beuglent à la rébellion face à cent mille pèlerins... En juin 2009, trois cent cinq festivals en France de musique, danse et théâtre étaient subventionnés par les collectivités publiques, pour un montant de 19,7 millions d'euros[7].
Financements |
La forte croissance des dépenses consacrées aux festivals s'explique par la conjugaison de trois phénomènes : des dépenses de communication nourries par une course folle à la notoriété, une inflation des coûts artistiques due au recours de plus en plus fréquent aux vedettes pour " assurer la recette " et nourrir la popularité de la manifestation, une institutionnalisation des structures de fonctionnement. En effet, réussir un festival devient un vrai métier, une préoccupation de toute une année[5]. Le budget d'un festival repose sur trois composantes : les recettes propres (essentiellement issues de la billetterie), les subventions des collectivités publiques et le mécénat d'entreprises partenaires. Chaque festival étant unique, on ne peut pas conclure à une structure de budget idéale entre ces trois sources de financement. Bien évidemment, plus la part des ressources propres est importante, plus la situation financière du festival est saine. Mais force est de constater que le poids des subventions est souvent très important pour les festivals de moyenne ampleur et conditionne la pérennité de l'événement. Cette dépendance de la subvention publique entraine un manque de visibilité à long terme pour les organisateurs[11].
Subvention de l'État |
En 2006, une étude démontrait qu'il n'y avait pas de retrait de l'État[10]. En revanche, l'aide de l'État s'était recentrée sur un nombre restreint de festivals, les plus gros. « Si le nombre de festivals aidés est en constante diminution de 550 festivals en 1998 à 329 en 2004 , le volume global d'aide se maintient autour de 5 % des crédits du spectacle vivant » - soit 17,7 millions d'euros en 2004, et 20,2 millions d'euros en 2005[10].
En 2003, une directive nationale d'orientation du ministère de la culture indiquait que les festivals n'étaient plus une priorité de la politique ministérielle, ce qui avait suscité un tollé. La consigne a été diversement appliquée par les services déconcentrés de l'État (DRAC, directions régionales des affaires culturelles), d'où une disparité, selon les régions, du soutien de l'État en direction des festivals.
Des "reculades" dans les politiques de soutien et des réductions budgétaires drastiques sont pointées et analysées comme un désengagement de l'État depuis une décennie. Par exemple, les financements des festivals musicaux, qui représentaient en moyenne 6 % des investissements mis en œuvre pour les festivals en 2005, tombaient à 4 % en 2008[7]. Les festivals, fils aînés de la « décentralisation culturelle », pour reprendre l'expression d'Emmanuel Négrier[12], s'inscrivent désormais dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) visant à réduire les dépenses de l'État pour tendre à l'équilibre budgétaire.
Financement des collectivités territoriales |
Les festivals sont financés, avant tout, par les collectivités locales, en premier lieu par les conseils généraux (départements) : ils attribuent 105 000 euros en moyenne par festival, dont le budget moyen se serait élèvé, en 2006, à 570 000 euros. Mais ces subventions sont extrêmement variables en fonction des festivals. Comme l'indiquait l'un de ses directeurs artistiques des Vieilles charrues au sujet de son festival: « Les subventions publiques ne constituent que 3 % du budget, sans aucun soutien du ministère. L'autofinancement est la clé de voûte. La billetterie avec les recettes annexes couvre tous les frais. » Et il faisait remarquer que Les Vieilles Charrues dégageaient des profits, répartis entre la centaine d'associations de bénévoles qui les soutiennent[7].
Mécénat |
Dans certains festivals comme le Printemps de Bourges se pressent désormais les professionnels. Alors que ce festival s'est positionné depuis 1977 en indicateur de tendances et révélateur de nouveaux talents, il programmait en 2010 Iggy Pop, Diam's ou encore -M-. Nombre de responsables festivaliers privilégient en effet leurs rapports avec le mécénat esthète, que favorise la loi Aillagon de 2003 qui défiscalise les dons à hauteur de 60 %. Un festival peut être une occasion idéale pour communiquer sur un nouveau produit. SFR comptait ainsi toucher la « génération 3 G » à Bourges... La multiplication des soutiens a neutralisé et dépolitisé le financement public analysait le fondateur du Printemps de Bourges[7].
Le mécénat est de plus en plus sollicité. En termes de ressources, « c'est la plus forte croissance constatée » entre 2002 et 2005. Avec une moyenne de 71 000 euros attribués en 2006 par festival, le mécénat se situait au quatrième rang des partenaires, derrière le conseil général, le conseil régional et l'intercommunalité. Une chance pour les festivals les plus en vue mais, pour d'autres, une manne qui relève du « miracle »[10].
Retombées économiques |
Les festivals peuvent susciter de belles retombées économiques (122 000 euros par festival en moyenne en France en 2006). Toutefois, l'évolution « globalement positive » de la fréquentation, en France, entre 2002 et 2005 (+ 8 %), masquait une réalité contrastée : quelques locomotives tiraient la moyenne vers le haut, mais « 21 festivals enregistraient une baisse » du nombre de visiteurs. Sans lien apparent avec le niveau de subventions[10].
Les festivals, générateurs d'emplois |
Après le bâtiment et le tourisme le secteur des festivals est le troisième employeur en PACA [Provence - Alpes-Côte d'Azur].
Les festival sont donc générateurs d'emplois. Mais pour leur fonctionnement, le bénévolat reste un « pilier » de l'activité de certaines structures, même si, en 2006, quinze festivals l'excluaient totalement. La même année, pour 38 festivals l'emploi était constitué à plus de 60 % par le bénévolat. Par ailleurs, les structures, « massivement » de type associatif, ont dû faire face à la disparition des emplois-jeunes, fortement aidés par l'État. « La tendance est que les dépenses des festivals progressent plus vite que les recettes. L'emploi artistique augmente, mais la rémunération n'est pas tout à fait proportionnelle », commentait Emmanuel Négrier[10]. Ainsi, 77 festivals employaient 18 011 interprètes, « aux deux tiers français » pour les festivals de musique.
Produit touristique culturel |
Le festival est considéré comme un élément du produit touristique culturel, un des facteurs qui incitent les gens à voyager. Pour le tourisme, ce produit de niche, le tourisme événementiel, est un produit de consommation qui peut dans certains cas devenir un moteur important du tourisme local, doper les réservations. En Tunisie, par exemple, les grands événements à caractère touristique ont pris une ampleur telle qu'ils ont nécessairement un impact sur l'économie locale, régionale, voire nationale[11]. Chaque été, des centaines de festivals sont organisés dans les villes tunisiennes touristiques qui vivent au rythmes des festivals de toutes sortes à Hammamet, Carthage, Tabarka, à Mahdia et à El Djem. Sans que cela soit encore un produit toujours « rentable »[11] mais les bienfaits des festivals internationaux sur la dynamique économique sont probants. À Tabarka, la moitié du chiffre d'affaires de la ville était réalisée pendant l'été et particulièrement pendant les festivals du jazz, de world music et du raï.
Mais le développement du festival est largement tributaires des capacités touristiques du lieu où il se déroule. La présence d'infrastructures d'accueil et de transports est une condition nécessaire à l'émergence d'une clientèle touristique. Un festival ne peut se développer en termes de fréquentation si les festivaliers n'arrivent pas à se loger dans les environs ou si le site est difficile d'accès. Pour reprendre l'exemple tunisien, à Hammamet, parvenir à trouver un logement pendant le festival en juillet et en août n'est pas toujours facile, les capacités hôtelières de la ville atteignent très vite leur seuil de saturation et la ville où se déroule le festival et ses environs doit pouvoir absorber un flux massif de festivaliers dans un espace temps très limité[11].
Un véritable phénomène de concurrence est apparu entre les diverses manifestations, notamment estivales. La programmation reste un bon levier de différenciation, tout comme la durée du festival (un festival de trois jours n'a pas le même impact qu'un festival d'une semaine). Mais pour pouvoir réaliser une manifestation de qualité, il faut disposer de moyens financiers et humains à la hauteur de ses ambitions.
L'économie des festivals engendre des retombées économiques directes, reflétées par le budget de l'événement, et des retombées indirectes dans les secteurs suivants: hôtellerie, restauration, transport, nettoyage, sécurité, alimentation et commerce en général, santé et action sociale, Poste et télécoms, associations socioculturelles. À Avignon et à Lorient, le chiffre de l'économie induite par la présence du public festivalier serait de plus de 7 millions d'euros (sans le festival "off" à Avignon); à Édimbourg, de près de 9 millions d'euros; à Salzbourg, de près de 15 millions d'euros; à Wexford, de 850 000 euros[11].
Les retombées sur une ville et une région sont nombreuses et vont bien au-delà des seules retombées économiques. Les bénéfices en termes de communication et d'image, qui contribuent au développement touristique du lieu, peuvent être aussi importants. L'organisation d'un festival, si sa programmation est cohérente avec les caractéristiques du lieu et repose sur un projet artistique de qualité, contribue, en effet, à la valorisation de l'image de la ville, et donc au développement de l'attractivité touristique du lieu. Cela suppose de proposer un projet original, innovant et différencié, permettant d'affirmer l'identité de la collectivité organisatrice. Ce potentiel de communication n'a d'ailleurs pas échappé aux entreprises, qui y trouvent souvent, non seulement le support d'une promotion commerciale de leurs activités et produits, mais aussi un vecteur efficace de valorisation de leur image, tant en interne que vis-à-vis de leurs partenaires. En termes touristiques, l'impact des festivals est de deux types. D'une part, les festivals ont une incidence sur l'attractivité d'une ville, en intervenant dans les choix de destination touristique des vacanciers. D'autre part, ils contribuent à l'animation touristique du lieu .La population qu'ils attirent présente, en général, une forte propension aux consommations culturelles. Les festivals permettent également de renouveler l'attractivité du territoire d'une année sur l'autre. Ils peuvent être le support de produits touristiques (forfaits,voyages à thème...)[11].
Direction des festivals |
Le choix d'implanter un festival tient souvent à la volonté d'une personnalité à fort ancrage local. La trajectoire de Jean-Louis Guilhaumon est un cas d'école. Principal du collège de Marciac, il a porté le projet de Jazz in Marciac. Ce village du Gers incarne un haut lieu du jazz mondial; son directeur en est maire, ainsi que vice-président du conseil régional... chargé entre autres de l'économie touristique[7].
Audience des festivals |
« Le mot festival est devenu efficace en termes de levée de fonds. (...) Tous les programmateurs le savent, pour les financeurs et les audiences potentiels, le message doit être spectaculaire[13] ». Le Festival de Salzbourg, né en 1920, paraît à ce titre emblématique : près de deux cent cinquante mille personnes viennent en juillet consommer de la culture dans le cadre prestigieux qui fut le berceau de Mozart.
Il existe autant de publics que de festivals; en outre, ceux-ci attirent chaque année un flot de nouveaux spectateurs. L'amateur qui va écouter des musiques postindustrielles dans les froidures de l'hiver ne se rend pas forcément au bord d'une plage l'été pour fredonner des bluettes. Le mélomane qui se déplace tout spécialement dans un festival pour une création originale peut pour sa part se trouver assis à côté d'un simple curieux venu pour la notoriété de ce festival. En revanche, une chose est sûre : la hausse régulière de la fréquentation va de pair avec la structuration professionnelle de telles manifestations. « Les festivals, après les musées, s'érigent en labels industrialisés. Surtout dans la musique. Le premier signe est l'affluence record », analyse le philosophe Yves Michaud[14]. Une étude portant sur le public des festivals en Languedoc-Roussillon, réalisée en novembre 2009, fait ainsi apparaître que 39 % de l'audience était constituée en 2008 de nouveaux venus - un phénomène encore accentué s'agissant des musiques actuelles et du jazz. Selon cette étude, le public était composé majoritairement de femmes mais aussi d'actifs, âgés en moyenne de 51 ans, diplômés à plus de 70 % de l'enseignement supérieur, habitant dans la région et ayant dépensé en moyenne 23 euros pour l'occasion[7].
Types de festivals |
Les festivals peuvent être classés en quatre catégories : international, national, régional, local. Cette classification n'est pas établie sur les critères de notoriété (internationale, nationale, régionale, locale) de rayonnement et d'audience, mais selon la cote-part des programmes présentés : part des spectacles d'origine internationale, nationale, régionale ou locale.
Il est aussi bien-sûr possible de répertorier les festivals selon d'autres critères, notamment le contenu de leurs activités[2] :
- Manifestations à caractère artistique axées sur un art en particulier (musique, cinéma, arts plastiques, théâtre, danse)
- Manifestations à caractère polyculturel englobant les différents arts (musique, cinéma, arts plastiques, théâtre, danse) dans leur programmation: Festival international de Carthage, Festival international d'Hammamet... .
- Manifestations à caractère patrimonial, prolongement des formes traditionnelles culturelle locales
- Manifestations à caractère agro-culturel : Festival des vignobles de Thibar, festival fêtes des orangers Béni-Khaled, festival de la pêche Sayada, par exemple
- Manifestations à caractère artisanal
Établir une typologie festivalière se révèle par ailleurs fort malaisé, car on trouve tout et son contraire : petit budget à forte valeur créative comme grands moyens aux ambitions artistiques modestes; soutien de l'État à des récréations sans intérêt comme adhésion populaire à des innovations sans subventions. Cette diversité est accentuée par le fait que l'expansion des festivals s'est faîte au niveau international et dans des domaines toujours plus variés : théâtre, cinéma, musique, bande-dessinée, pyrotechnie, cerfs-volants... Chaque domaine engendrant des spécialisations musicales (jazz, rock, classique, variétés...), cinématographique (film d'aventure, film policier, film LGBT...), etc. La liste suivante est donc loin d'être exhaustive.
- Festival sportif et culturel
- Festival d'humour
- Festival du bois
- Festival du voyage
- Festival de géographie
- Festival de bande dessinée
- Festival de cirque
- Festival des filets bleus
- Festival de cinéma
- Festival nature
- Festival manga
- Festival de danse
- Festival de musique
- Festival de photographie
- Festival de la neige
- Festival de théâtre
- Festival de rue
- Festival littéraire
- Festival de conte
- Festival de jeux
Festival de fêtes comme les fêtes landaises par exemple où l'on peut observer des groupes de musiques appelés Bandas défilant dans la rue où la fête se fait fortement sentir- Convention de jonglerie
- Festival national d'archéologie de Privas
- Festivals excentriques :
- les différents festivals de la couille aux États-Unis
Notes et références |
Chiffres donnés par Bénédicte Dumeige, directrice de France Festivals. Source : Natacha Gorwitz, « Baisse des dotations : les festivals menacés ? », sur publicsenat.fr, 20 mai 2015.
« Tunisie: Les festivals et le tourisme culturel - Les vicissitudes d'une corrélation », La presse (Tunis), 8 août 2014(lire en ligne)
Bruno Lesprit, Jazz Fest à New Orleans, dans Le Mondeweb du 6 mai 2006
Pascal Ory, Qu’est-ce qu’un festival ? Une définition par l’histoire, Colloque international Pour une histoire des festivals (XIXe-XXIe siècles), "Une histoire des festivals", publié en décembre 2013
Emmanuel Hoog, directeur du Festival de poésie du Haut Allier, et fonctionnaire au ministère de la culture., « La France en festivals », Le Monde, 30 septembre 1991, p. 15
Anne-Marie Autissier (sous la dir. de), L'Europe des festivals. De Zagreb à Edimbourg, points de vue croisés, Culture Europe International, Toulouse, Editions de l'attribut, 2008
Jacques Denis, « Entre démocratisation et commerce. Le grand cirque des festivals musicaux », Le Monde diplomatique, juillet 2010, p. 22-23
« Amiens n'aura plus son festival de jazz », sur France3-regions.francetvinfo.fr (consulté le 4 avril 2015)
Le courrier Picard, 06/02/2015, Estelle THIEBAULT
« Les nouveaux territoires des festivals » : étude limitée aux secteurs de la musique et de la danse - menée en 2006 par deux chercheurs au CNRS, Emmanuel Négrier et Marie-Thérèse Jourda, pour le compte de France Festivals (fédération qui regroupe 84 festivals de musique) et avec le soutien du ministère de la culture et de la communication. L'enquête portait sur 86 festivals bien identifiés du public et des professionnels, de notoriété internationale ou plus confidentielle : 76 festivals de musique (La Chaise-Dieu, Jazz in Marciac, Chorégies d'Orange, Festival de l'Epau dans la Sarthe...), et 10 festivals de danse (Biennale de Lyon, Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, Faits divers à Paris...). Une quarantaine d'entretiens réalisés avec des responsables de festivals, des partenaires institutionnels et des experts, complétaient le tableau. Étude résumée dans l'article du Monde du samedi 30 décembre 2006, p. 21, "La santé fragile des festivals de musique et de danse".
Kamel Bouaouina, « Sont-ils de bons alliés ? », Le Temps d'Algérie, juillet 2013
Emmanuel Négrier et Marie-Thérèse Jourda, Les Nouveaux Territoires des festivals, France Festivals-Michel de Maule, Paris, 2007, p. 180.
M. Dragan Klaic, professeur à l'université de Leiden, aux Pays-Bas, initiateur et directeur du Groupe européen de recherche sur les festivals (EFRP), cité dans l'ouvrage dirigé par Anne-Marie Autissier, L'Europe des festivals. De Zagreb à Edimbourg, points de vue croisés, Culture Europe International - Éditions de l'attribut, Toulouse, 2008, p. 212.
13 juin 2009, « Le Monde 2 », Le Monde, 13 juin 2009
Voir aussi |
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Sources |
- L'ouvrage Une histoire des festivals XXe-XXIe siècle, publications de la Sorbonne (décembre 2013), sous la direction de Anaïs Flechet, Pascale Goetschel, Patricia Hidiroglou, Sophie Jacotot, Caroline Moine, Julie Verlaine. Le livre est issu du Colloque international Pour une histoire des festivals (XIXe-XXIe siècles), novembre 2011, organisé par le Centre d'histoire sociale du XXe siècle (Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne)] et le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (Institut d’études culturelles - Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines).
Festivals et sociétés en Europe, XIXe-XXIe siècle, sous la direction de Philippe Poirrier, Territoires contemporains, 2012
Articles connexes |
- Exposition universelle
- Salon
- Éco-festival
- Festival d’Avignon
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