Marie de France (poétesse)
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Enluminure représentant Marie de France, Paris, BnF, Bibliothèque de l'Arsenal, Ms. 3142, fo 256.
Naissance | XIIe siècle |
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Décès | XIIIe siècle |
Langue d’écriture | ancien français, anglo-normand |
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Genres | Poésie, contes (lais), fables |
Œuvres principales
Traduction des Fables d'Ésope
L'Espurgatoire Seint Patriz
Lais
Marie de France (fl. 1160-1210[1]) est une poétesse qui vécut en France et surtout en Angleterre[2]. Ses fables adaptées d'Ésope furent lues et imitées du XIIe au XVIIIe siècle. Le romantisme au XIXe siècle redécouvrit ses lais, contes en vers rédigés en ancien français dans la scripta anglo-normande. Marie de France appartient à la génération des auteurs qui illustrèrent l'amour courtois en langue d'oïl.
Sommaire
1 Biographie
2 Écriture
3 Liste des œuvres
4 Notes et références
5 Bibliographie
6 Articles connexes
7 Liens externes
Biographie |
Elle est la première femme de lettres d'expression française connue ; Héloïse, qui est de la génération de sa mère, n'ayant écrit qu'en latin[3],[4],[5]. On ne sait rien d'elle, si ce n'est ce qu'elle dit d'elle-même dans l'épilogue de ses Fables :
Le terme de France, à cette époque, est assez ambigu : le plus souvent, il désignait l'Île-de-France, mais pouvait aussi être utilisé pour désigner la totalité du royaume. Il est donc difficile d'en déduire l'origine de la poétesse. Liée à la cour d'Henri II Plantagenêt et surtout d'Aliénor d'Aquitaine, il est probable qu'elle a vécu un temps, peut-être très long, en Angleterre. Les vassaux et alliés bretons, normands ou flamands se déplaçaient régulièrement d'un côté de la Manche à l'autre, confiant leur cour à leur femme. Les épouses ont ainsi assumé un rôle grandissant.
Ses douze lais sont dédiés à un roi, sans doute Henri II.
Des médiévistes comme Carla Rossi[6] ont supposé qu'elle avait été abbesse du monastère de Reading ou de Barking mais sans fonder réellement ces affirmations.
Plusieurs médiévistes ont suggéré qu'elle pourrait être cette fille de Galéran IV, comte de Meulan, qui épousa Hugues Talbot, vers 1170, et qui alla vivre avec lui sur ses terres anglaises[6],[7],[8],[9]. Mais cette hypothèse est hautement improbable.
Elle occupe un rang distingué parmi les poètes anglo-normands, femme fort supérieure à son siècle par ses lumières et par sa culture. Marie prévient qu’elle a hésité longtemps à s’adonner à ce genre de littérature (la poésie) ; auparavant, elle avait entrepris de traduire du latin plusieurs sujets tirés de l’histoire ancienne. Mais s’étant aperçue que ce genre de travail avait été adopté par la plus grande partie des écrivains de son temps, elle abandonna ce projet pour se consacrer entièrement à la recherche des lais bretons.
Elle écrivit ensuite des fables qui font d'elle la première fabuliste française.
Écriture |
Poétesse, elle adapte en français, ou plus précisément en dialecte anglo-normand[10], et en vers des légendes bretonnes, auxquelles elle donne le nom de Lais. Les Lais (1160-1175) se composent de douze courts récits en octosyllabes à rimes plates, de dimensions variables (118 vers pour le Lai du Chèvrefeuille et 1184 vers pour Eliduc). Ils sont aux romans bretons ce que seront plus tard les nouvelles par rapport aux romans. Marie dit avoir écrit et « assemblé » ses textes à partir de « lais bretons ». Un seul de ces contes, le Lai de Lanval, est à proprement parler arthurien. L'amour, le plus souvent en marge de la société (neuf des douze lais racontent des amours adultères), est le sujet principal du recueil : le plus court mais peut-être le plus beau de ces textes, le Lai du chèvrefeuille, se rapporte ainsi à l'histoire de Tristan et Iseut[4]. Plusieurs lais font intervenir le merveilleux, mais tous ont néanmoins le monde réel pour toile de fond, avec une conclusion plutôt pessimiste où la douleur et l'épreuve succèdent à la joie et au bonheur initial.
Conteuse de talent, Marie de France ajoute une tonalité courtoise et poétique à la magie de la matière de Bretagne. Une discrète émotion se dégage de récits où l'auteur privilégie la pitié et la compassion pour ses personnages. Son style présente une remarquable économie de moyens, et se reconnait facilement à la sobriété dans la composition du récit, à un art très sûr de la mise en scène et à l'efficacité d'une langue simple et limpide.
Outre les Lais, Marie de France est l'auteur de l'Ysopet, première adaptation en français des fables d'Ésope, composé entre 1167 et 1189[3], et de L'Espurgatoire de saint Patrice[4], roman qui propose une évocation détaillée des souffrances du Purgatoire, et s'inscrit dans la tradition du voyage dans l'Au-delà.
D'après June Hall McCash, elle aurait rédigé La Vie Seinte Audree[11].
Liste des œuvres |
- Un recueil de douze lais qui peuvent être classés en deux catégories : lais féeriques (Lanval, Yonec…) et lais réalistes (Eliduc, Le Laostic…)[4].
- Lai de Yonec
- Lai de Frêne
- Lai du Chaitivel (Le Malheureux)
- Lai de Lanval
- Lai de Milun
- Lai des deux Amants
- Lai d’Eliduc
- Lai du Bisclaveret
- Lai de Guigemar
- Lai d’Equitan
- Lai du Chèvrefeuille
Lai du Laüstic ou Lai du Laostic ou Lai de l’eostic (du breton eostig = « rossignol »)
Fables (Ysopet)- L’Espurgatoire de saint Patrice
Notes et références |
Matilda Bruckner (en), « Marie de France », in Medieval France: An Encyclopedia, Routledge, 1995, p. 589.
Marie de France est probablement originaire d’Île-de-France ou de Normandie. Léopold Constans et Chabaille affirment qu’elle est née à Compiègne et l’assimilent à Marie de Compiègne. De plus, tout porte à croire qu’elle fut liée à la cour d’Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine. L'identification la plus plausible est proposée par Sir John Fox, qui la voit comme la fille naturelle de Geoffroy V d'Anjou (père d’Henri II), elle serait alors la demi-sœur illégitime d'Henri II. Marie de France serait devenue abbesse du monastère de Shaftesbury (ou peut-être celui de Reading), en 1181 ou quelques années auparavant.
Journal des demoiselles, 1840, Paris.
Robert Sabatier, Histoire de la poésie française, volume 1 - Poésie du Moyen-Age, Albin Michel, 1975 p. 124.
Mercure de France, 1819 p. 431.
Carla Rossi, Marie de France et les érudits de Cantorbéry, Paris, Classiques Garnier
Batany Jean, « Le "mari aux deux femmes" les deux Bretagne et l'Irlande », Celtitudes médiévales, Ed. Philippe Walter, univ. Grenoble 3; IRIS 29(2005), p. 73-88.
Grillo P.R., « Was Marie de France the dauther of Waleran II, count of Meulan? », Medium Aevuum, vol. 53, no 2 (1988), p. 269-75.
Yolande de Pontfarcy, « Si Marie de France était Marie de Meulan », Cahiers de Civilisation Médiévale (XIIe siècle), vol. 38 (1995), p. 353-61.
Histoire de la littérature de la France - Des origines à 1600, collectif, Messidor/Éditions sociales 1971.
McCash, June Hall, La Vie seinte Audree: A Fourth Text by Marie de France? dans Speculum 77 (2002), 744-77.
Bibliographie |
- Baum, Richard, Recherches sur les œuvres attribuées à Marie de France, Heidelberg, Winter (Annales Universitatis Saraviensis, Philosophische Facultät, 9), 1968, 241 p.
- Blain, Virgina, et al., « Marie de France », The Feminist Companion to Literature in English (Yale UP, 1990, 714).
- H. Brät, Marie de France et l'obscurité des anciens dans Neuphilologische Mitteilungen 79 (1978), 180-84.
- K. Brightenback, Remarks on the 'Prologue' to Marie de France's Lais dans Romance Philology 30 (1976), 168-77.
- Burgess, Glyn S. The Lais of Marie de France: Text and Context, Athens (USA), University of Georgia Press, c1987.
- Burgess, Glyn S. Marie de France, Research Bibliographies and Checklists: New Series, vol. 8, Supplément 3, Woodbridge, Suffolk, Tamesis, 2007.
- Burgess, Glyn S. et Keith Busby, traducteurs, The Lais of Marie de France, Londres, Penguin, 1986.
- Curley, Michael, éditeur et traducteur, Saint Patrick's Purgatory: A Poem by Marie de France, Binghamton, New York, Medieval and Renaissance Texts & Studies, 1993.
- Gallagher, Edward J., traducteur, The Lays of Marie de France, with Introduction and Commentary, Indianapolis et Cambridge, Massachusetts, Hackett Publishing, 2010.
- Delcos, J. C., Encore sur le prologue des Lais de Marie de France, dans Le Moyen Âge 90 (1984), 223-32.
- Elizabeth A. Francis, « Marie de France et son temps », in Romania, n°72, 1951.
- Ferrante J. « The French Courtly Poet: Marie de France », in Medieval Women Writers, éd. K.M Wilson, Athènes, 1984. pp. 64-89.
- Hoepffner, Ernest The Breton Lais in: Ages, Roger S. Loomis (éd.), Arthurian Literature in the Middle Ages, Clarendon Press, Oxford University, 1959 (ISBN 0198115881).
- A. Micha (trad.), Lais de Marie de France, Paris, Flammarion, collection Bilingue Littérature, 1999.
- McCash, June Hall, La Vie seinte Audree: A Fourth Text by Marie de France? dans Speculum 77 (2002), 744-77.
- Morvan, Françoise, traduction, présentation et notes des Lais de Marie de France, Babel-Actes sud, 2008.
- Morvan, Françoise, traduction, présentation et notes des Fables de Marie de France, Babel-Actes sud, 2010.
- Rossi, Carla, 2009, « Marie de France et les érudits de Cantorbéry », Paris, Éditions Classiques Garnier.
- Rychner, Jean, 1983, Les Lais de Marie de France, Paris, Honoré Champion.
- Schiött, Emil, 1889, L'Amour et les amoureux dans les lais de Marie de France, Thèse : Lettres: Lund, 1889
- Sergent, Bernard, 2014, L'origine celtique des Lais de Marie de France, Genève, Droz.
- Tuffrau, Paul, 1923. Les Lais de Marie de France (transposition en français moderne), Paris, Piazza.
- Watt, Diane, Medieval Women's Writing, Polity, 2008.
Articles connexes |
- Lai
- Lais de Marie de France
Littérature française du Moyen Âge, Littérature médiévale, Poésie médiévale française
Liens externes |
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- « Marie de France, Bibliographie », sur www.arlima.net (consulté le 24 juillet 2016)
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