Non-binaire
L'expression non-binaire ou genderqueer[1] désigne, dans le concept de sciences sociales du genre, les personnes dont l'identité de genre n'est ni homme ni femme. La personne non-binaire s'oppose à la binarité de genre et à la hiérarchie des genres qui peut l'accompagner (le patriarcat ou, plus théoriquement, le matriarcat). Elle remet aussi en cause l'assignation sexuelle à un genre donné[2],[3].
Sommaire
1 Ne pas confondre
2 Taille de la population concernée
3 Utilisation de pronoms non genrés
4 Mention d'un genre neutre à l'état civil
5 Terminologie
5.1 Agenre et neutrois
5.2 Gender fluid
5.3 Bigenre
5.4 Pangenre
6 Critiques du concept
7 Rejet des personnes non binaires
8 Drapeau de la fierté non binaire
9 Notes et références
10 Voir aussi
10.1 Articles connexes
10.2 Liens externes
10.3 Sources audio
10.4 Bibliographie
Ne pas confondre |
L'identité de genre non-binaire concerne la façon dont la personne se ressent, alors que l'androgynie fait référence à l'apparence (comment les autres personnes la voient) et l'intersexuation concerne les caractéristiques sexuelles (anatomiques, chromosomiques etc.) : ce sont donc trois choses entièrement différentes. De plus, l'identité de genre est indépendante de l'orientation sexuelle : toutes les personnes, y compris celles qui se considèrent non binaires, peuvent être hétérosexuelles, homosexuelles, bisexuelles[6], asexuelles, pansexuelles, etc.[4],[5].
Le gender bread ci-contre (il s'agit d'un jeu de mot avec le nom du biscuit ginger bread, bonhomme de pain d'épices) schématise la différence entre ces concepts: l'apparence est représentée par le trait extérieur, l'identité de genre par le cerveau, l'orientation sexuelle par le coeur, et les caractéristiques sexuelles par la combinaison des signes Mars et Vénus à la hauteur de l'appareil génital[4],[5].
Taille de la population concernée |
Selon une étude américaine menée en 2016[7], 56 % des 13/20 ans connaissent une personne qui se qualifie à travers des pronoms neutres, 74 % considèrent que « le genre ne définit pas une personne autant qu’avant »[8]. Des sondages français indiquent qu'entre 6 et 13% des personnes interrogées ne se considèrent « ni homme ni femme »[9],[10].
Utilisation de pronoms non genrés |
Certaines personnes non binaires préfèrent utiliser des pronoms neutres[2], par exemple en anglais « they » utilisé au singulier[11],[12],[13] ou « hen » en suédois[14],[15],[16].
En français, il n'existe pas de genre neutre[17] mais certaines personnes utilisent les pronoms personnels neutres «on»[réf. nécessaire], «iels», «illes», «iel», «ul» ou «ele»[18],[19]. L'utilisation de ces néologismes et de toute autre forme de language épicène est rejetée par l'Académie française[20].
Mention d'un genre neutre à l'état civil |
Dans certains pays, des personnes intersexes ou non binaires ont demandé la reconnaissance légale d'un troisième sexe, mais cela ne correspond pas à une revendication des associations trans et intersexes (définies à l'occasion du Troisième Forum International Intersexe en 2013) : les associations demandent plutôt l'enregistrement des enfants intersexes comme filles ou garçons, l'interdiction immédiate des mutilations des enfants intersexes[21], la mise en place de procédures simples de changement d'état civil, et, à terme, la suppression complète des catégories sexuées sur les documents d’identité[2],[22],[23],[24](voir l'article Intersexuation pour plus de détails).
Parmi les pays qui ont accédé à la demande de reconnaissance légale d'un troisième sexe figurent les Pays Bas[25],[26], l'Australie[24], l'Allemagne[27],[28], l'Inde, la province de l'Ontario[29] et quelques états des Etats Unis[30]. La possibilité de mentionner un troisième sexe à l'état civil est à l'étude en Suisse[31]. En France, la Cour de cassation s'y est opposée[30],[32],[33], mais d'après Libération, un requérant veut solliciter à ce sujet la Cour européenne des droits de l'homme[34].
Les résultats d'une consultation menée en Écosse en 2018 montrent qu'une majorité des voix exprimées sont en faveur de la reconnaissance d'un genre non-binaire[35].
Terminologie |
Agenre et neutrois |
D'après Karine Espineira, l'identité « agenre » est « le refus probablement le plus affirmé d’un marqueur de genre[2] ». La personne s'identifie comme n'ayant pas d'identité de genre. Le genre est neutralisé. Alors que la personne non binaire se place sur une position intermédiaire sur l'axe homme/femme, la personne agenre se situe en dehors de cet axe[36].
L'expression « neutrois » qualifie une identité de genre qui est neutre[37],[38].
Gender fluid |
L'expression met l'accent sur la fluidité du genre, les personnes pouvant se définir d'une façon ou d'une autre à différents moments, sans se sentir obligées de s'inscrire dans un genre particulier[2],[39],[36]. L'affirmation d'une identité de genre fluide est très visible dans le milieu de la mode[9],[40].
Bigenre |
Une personne bigenre est une personne qui a deux genres à la fois[41],[3].
Pangenre |
Une personne pangenre est une personne se définissant de tous les genres à la fois, de manière égale[42].
Critiques du concept |
Isabelle Barbéris et David Christoffel s'inquiètent de l'expansion de cette nouvelle catégorie dans laquelle ils voient une manière paradoxale de « ficher l'indétermination »[43].
Rejet des personnes non binaires |
Karine Espineira explique que si la non-binarité d'une personne peut provoquer d'intenses réactions de rejet, c'est parce que la société est profondément binaire et patriarcale, et que certaines personnes traditionalistes ont peur d'un chamboulement de « l'ordre des genres »[2]. Ce rejet a été manifeste en 2018 lorsqu'Arnaud Gauthier-Fawas, porte-parole de l'Inter-LGBT, s'est déclaré non-binaire en affirmant ne pas être un homme sur le plateau de l'émission arrêt sur image[44],[45]. Mais Karine Espineira note que ce rejet est sans commune mesure avec « la transphobie que peut vivre une personne trans quand elle fait sa transition, qui est d’une violence inouïe dans l’espace public [et] familial. »[2]
Le rejet des personnes non binaires est appelé "enbyphobie", un néologisme formé à partir des initiales de "Non Binaire", NB, prononcées à l'anglaise[46].
Drapeau de la fierté non binaire |
Notes et références |
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Genderqueer » (voir la liste des auteurs).
« Ça veut dire quoi, être genderqueer? », Vice, 19 mai 2017(lire en ligne)
« Qu'est-ce que la non-binarité ? Entretien avec la sociologue Karine Espineira », Les Inrocks, 8 juillet 2018(lire en ligne)
« Le dictionnaire des 52 nuances de genre de Facebook », Slate.fr, 17 février 2014(lire en ligne)
« The Gender Bread Person » [vidéo] (consulté le 20 août 2018)
« Les concepts du GenderBread », AlterCité, 9 février 2016(lire en ligne)
« Quouïr #5 - Shyle » [audio], sur ART19, 25 juillet 2018 : « Shyle a 29 ans, il est (...) bisexuel et genderfluid, il est attiré par les garçons et les filles et peut s'identifier aux deux genres de la même façon. »
(en) Shepherd Laughlin, « Gen Z goes beyond gender binaries in new Innovation Group data », sur Jwtintlligence, 11 mars 2016(consulté le 22 décembre 2017).
Anne Demoulin, « "Gender fluid" : et si on assistait à la fin des genres masculin et féminin? », sur 20 Minutes, 14 octobre 2016(consulté le 22 décembre 2017).
« «No gender», «non binaire», «gender fluid»... De nouvelles identités de genre bousculent la société », sur www.20minutes.fr (consulté le 14 août 2018)
« 13% des jeunes de France ne sont « ni homme ni femme » : le genre non-binaire, c’est quoi ? », madmoiZelle.com, 21 février 2018(lire en ligne)
(en) Robin Dembroff et Daniel Wodak, « If someone wants to be called 'they' and not 'he' or 'she', why say no? | Robin Dembroff and Daniel Wodak », sur the Guardian, 4 juin 2018(consulté le 14 août 2018)
(en) « Singular 'They' » (consulté le 14 août 2018)
(en) « ‘He or she’ versus ‘they’ | Oxford Dictionaries », sur Oxford Dictionaries | English (consulté le 14 août 2018)
« Hen [pronom] : en suédois, désigne indifféremment un homme ou une femme », Libération.fr, 20 avril 2015(lire en ligne)
« Hen: le nouveau pronom neutre qui fait polémique en Suède », Slate.fr, 27 mai 2012(lire en ligne)
« Suède: Ni «il», ni «elle», le pronom neutre «hen» fait son entrée dans le dictionnaire », sur www.20minutes.fr (consulté le 14 août 2018)
« Ecriture inclusive : le genre neutre existe-t-il vraiment en français ? », Libération, 28 novembre 2017(lire en ligne)
« Ecriture inclusive : le genre neutre existe-t-il vraiment en français ? », Libération, 28 novembre 2017(lire en ligne)
« Iels, comme leur pronom l’indique », Les Jours, 13 octobre 2018(lire en ligne)
« Déclaration de l'Académie française sur l'écriture dite "inclusive" | Académie française », sur www.academie-francaise.fr (consulté le 14 août 2018)
« Intersexes, le cri du corps », Libération, 12 octobre 2018(lire en ligne)
« Déclaration de Malte (Conclusions du 3e Forum International Intersexe) », Collectif Intersexes et Allié.e.s, 31 octobre 2016(lire en ligne)
« « Intersexes : non, la 3ème case de sexe/genre n’est pas notre but » », KOMITID, 13 juin 2018(lire en ligne)
« Genre: l'Australie reconnaît une troisième voie », RFI, 3 avril 2014(lire en ligne)
« Personnes intersexes : les Pays-Bas avancent d'une case », KOMITID, 29 mai 2018(lire en ligne)
« Pays-Bas : pour la première fois, une personne intersexe obtient le genre neutre sur son passeport », KOMITID, 23 octobre 2018(lire en ligne)
« La justice allemande demande l’inscription d’un « troisième sexe » sur les registres de naissance », Le Monde.fr, 8 novembre 2017(lire en ligne)
« L’Allemagne coche l’option « troisième sexe » », Le Monde.fr, 22 novembre 2017(lire en ligne)
« Des certificats de naissance non binaires en Ontario », L’actualité, 7 mai 2018(lire en ligne)
« Cinq questions sur la reconnaissance d'un "sexe neutre" à l'état civil », Franceinfo, 4 mai 2017(lire en ligne)
« L'inscription d'un 3e sexe étudiée », lematin.ch/, 17 septembre 2018(lire en ligne)
« « Ni homme ni femme », la question du sexe neutre pour l’état civil devant la Cour de cassation », Le Monde.fr, 22 mars 2017(lire en ligne)
« La justice refuse l’inscription « sexe neutre » sur un état civil », Le Monde.fr, 4 mai 2017(lire en ligne)
« La Cour de cassation refuse la mention «sexe neutre» pour un intersexe », Libération.fr, 4 mai 2017(lire en ligne)
(en-GB) « Scots back legal recognition for ‘non-binary’ third gender », inews.co.uk, 23 novembre 2018(lire en ligne)
« Le lexique du genre : de "transgenre" à "fluide", d'autres réalités à saisir », RTL.fr, 21 mars 2017(lire en ligne)
« Le neutrois : ni femme ni homme », Les Inrocks, juin 2015(lire en ligne)
« Je ne me sens ni femme, ni homme : ne m'appelez pas "Madame", je suis neutrois », leplus.nouvelobs.com, 18 février 2017(lire en ligne)
« Entre elle et lui : « mon genre est fluide » », sur lequatreheures.com (consulté le 14 août 2018)
« Etre gender fluid, ça veut dire quoi ? », Les Inrocks, 3 mars 2016(lire en ligne)
« « Trans* », « asexuel » mais aussi « no homo » : les nouvelles entrées de l'Oxford English Dictionary », KOMITID, 4 avril 2018(lire en ligne)
« Glossaire », Unique en son genre (consulté le 14 août 2018)
https://www.liberation.fr/debats/2018/09/20/binaires-non-unissez-vous_1680153
Daniel Schneidermann, « "JE NE SUIS PAS UN HOMME" : DU BON USAGE D'UNE PANIQUE » [blog], sur arretsurimages.net, 2 juillet 2018
« "Je suis ni une fille, ni un garçon, juste moi" : prises pour cibles sur internet, des personnes non-binaires témoignent », Franceinfo, 4 juillet 2018(lire en ligne)
« Définition : enbyphobie », sur www.cestcommeca.net (consulté le 10 octobre 2018)
(en) « genderweird », sur genderweird (consulté le 4 octobre 2017).
Voir aussi |
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Articles connexes |
- Transidentité
- Troisième sexe
- Androgynie
- Bernard Saladin d'Anglure
- Ignorance du genre
Liens externes |
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- « Sexe : et toi, c'est quoi ton genre ? », sur 20 minutes, 24 novembre 2015
Sources audio |
- « Quouïr » [audio], sur www.nouvellesecoutes.fr, Nouvelles Écoutes (consulté le 14 août 2018)
- « LGBTQ+ : les mots pour le dire » [audio], France Inter (consulté le 14 août 2018)
Bibliographie |
- (en) Joan Nestle, Clare Howell et Riki Wilchins (dir.), GenderQueer : Voices From Beyond the Sexual Binary, New York, Alyson Books, 2002(ISBN 978-1555837303)
- (en) C Tolbert et Tim Trace Peterson (dir.), Troubling the Line : Trans and Genderqueer Poetry and Poetics, New York, Nightboat Books, 2013(ISBN 978-1937658106)
- (en) Brit Mandelo, Beyond Binary : Genderqueer and Sexually Fluid Speculative Fiction, Maple Shade, Lethe Press, 2012(ISBN 978-1590210055)
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