Biniou kozh





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Image illustrative de l’article Biniou kozh


Classification

Instrument à vent

Famille

Instrument à anche
Instruments voisins

Cornemuse




Sonneur de binioù kozh (à droite), accompagnant une bombarde.


Le biniou kozh est une cornemuse utilisée en Basse-Bretagne, et accompagnant traditionnellement la bombarde. Son utilisation connaît une baisse importante jusqu'aux années 1930 avant de connaître un regain d'intérêt à partir des années 1960.




Sommaire






  • 1 Historique


  • 2 Facture


    • 2.1 Jeu




  • 3 Références


  • 4 Voir aussi


    • 4.1 Bibliographie


      • 4.1.1 Ouvrages


      • 4.1.2 Articles de presse




    • 4.2 Liens externes







Historique |


Le biniou kozh (« biniou ancien »), biniou bihan (« petit biniou »), ou parfois simplement biniou, est très ancien en Bretagne[1]. Sa forme et ses dimensions ont changé au cours du temps. Il est apparu dans la région de Quimperlé.


Le biniou kozh appartient à une famille instrumentale des plus anciennes. Connu dès l'Antiquité des Grecs et des Romains (tibia utricularis), il s'est par la suite répandu à travers toute l'Europe du Moyen Âge. Sous sa forme actuelle, il apparaît très tardivement dans l'iconographie et dans les textes d'Armorique (XVIe siècle)[2]. Jusqu'au XVIe siècle, il semble que la cornemuse de Basse Bretagne soit un instrument ressemblant beaucoup à la veuze, ou aux versions archaïques (à bourdon unique) de la gaïta espagnole ou du war pipe irlandais. Elle est alors utilisée seule ou en couple avec la Bombarde, voire en trio avec un tambour, suivant la générosité du client. Dans la Cornouaille et le Vannetais, il atteint son apogée entre la fin du XVIIe et la fin du XIXe siècle, prenant alors part à toutes les festivités[2].


Au début du XIXe siècle, des « talabarderien » (joueurs de bombarde), dont le plus célèbre est Matilin an Dall (Mathurin l'Aveugle, qui jouera à Versailles devant Louis-Philippe), arrivent à faire « octavier » leur bombarde, rejoignant ainsi la nouvelle tessiture du biniou dont le « levriad » (le tuyau mélodique) se raccourcit vers cette époque ou peut-être dès le milieu du XVIIIe siècle, sans qu'on puisse savoir lequel des deux événements est la cause de l'autre.


La pratique des concours est très enracinée dans l'activité des sonneurs de couple. Chaque pays a instauré son propre concours, où les sonneurs se confrontent en trois épreuves : mélodie, marche et danse. Depuis 1993, les meilleurs sonneurs de couple se retrouvent le premier dimanche de septembre à Gourin pour participer au Championnat de Bretagne, départageant les couples « koz » et « braz». La première édition s'est tenue en 1956 à l'initiative de l'abbé Le Poulichet de Gourin, qui a pris contact avec l'association Bodadeg Ar Sonerion (BAS) pour ajouter au traditionnel pardon de la Saint Hervé une procession de sonneurs[3]. En 1957, Polig Montjarret[4] propose au maire de Gourin d'organiser chaque année autour du pardon un concours de sonneurs, auquel Bogadeg Ar Sonerion fournit un règlement et un jury.


La musique traditionnelle bretonne connait un regain d’intérêt dans les années 1970, les fest-noz sont très fréquentés ainsi que le championnat des sonneurs[5]. Cependant, le biniou kozh s'est difficilement inséré dans les groupes multi-instrumentaux. Dans les bagadoù, des couples bombardes-binou koz réapparaissent parmi les biniou braz. Dans les années 1990, le groupe Ar Re Yaouank, après le groupe Gwerz, ouvre la voie à un jeu de biniou résolument actif[6]. Il est alors particulièrement utilisé par les groupes de musique à danser moderne comme Startijenn, Skeduz, Wig A Wag, Katé-Mé, Plantec... Après avoir compris l'environnement culturel, le sonneur devient un créateur, improvise, met en valeur les caractéristiques de son instrument[7]. Les Ramoneurs de menhirs associent le punk-rock au couple biniou-bombarde, voir à deux biniou kozh. Depuis leur rencontre en 2011, Youenn Le Cam collabore à plusieurs reprises avec le trompettiste libanais Ibrahim Maalouf[8]. Le Bagad du Bout du Monde, né en 2014, accompagne le trompettiste la même année et en 2016 aux Vieilles Charrues jusqu'à l'AccorHotels Arena[9].



Facture |


Structurellement, le biniou se compose d'un réservoir de cuir (sac'h) alimenté par un petit tuyau (sutell) permettant au préalable de le gonfler. Ce sac, placé sous l'aisselle gauche du sonneur, laisse échapper, sous la pression du bras contre les côtes, l'air qu'il contient par deux autres tuyaux : d'une part le chalumeau (levriad) à anche double, percé de six trous offrant la possibilité de jouer une octave de notes selon un doigté voisin de celui de la bombarde, et d'autre part, le bourdon (c'horn-boud) à anche simple, qui fait entendre un son grave, continu et invariable correspondant à ce que l'on appelle une pédale de tonique en harmonique[2]. Ces pièces s'insèrent dans la poche par des souches (kefioù) liées à la poche par des ligatures (liammoù) et bloquées à l'aide de "filassages" (neudennoù)[10].


Le biniou kozh se compose d'un bourdon et d'un levriad (nom breton pour le chalumeau ou hautbois). Certains binious modernes possèdent deux bourdons, le deuxième étant accordé à la quinte du premier, et appelé chanterelle. Le « levriad », très court, joue à une hauteur très aiguë. Le biniou est considéré comme l'un des instruments à vent les plus aigus existant, car la note la plus grave qu'il puisse produire est de fait extrêmement haute. le bourdon produit une deux octaves en-dessous de celle donnée par la tonique du biniou. Celui-ci s'accorde en général sur la note donnée par le levriad lorsque le musicien en bouche les six premiers trous. Dans le jeu en couple, la bombarde est toujours une octave en dessous du biniou. Les tonalités du biniou sont variables, comprises dans la majorité des cas entre le sol et le do[11].


Dans les instruments ancien, la pratique du biniou étant cantonnée au jeu en couple, la tonalité de la bombarde devait être identique sur la tonique. Ces différences de tonalités sont souvent associés à des différences de style d'un terroir à l'autre, le pays Vannetais étant réputé pour avoir des instruments plus grave et on trouve des instruments dans un registre relativement plus aigu dans la haute Cornouaille[11]. L'échelle des binious anciens se situait en dehors du tempérament égal, comme l'étaient également les bombardes, et malgré quelques tendances globales (cf. article bombarde), la plupart des instruments possédaient des gammes différentes les unes des autres[11],[12]. Il est important de souligner que la bombarde et le biniou ne possédait pas la même échelle. Celle de la bombarde se rapproche en général d'une gamme majeure, tandis que l'échelle du biniou est plutôt proche d'un mode phrygien avec une seconde mineure haute et une tierce presque neutre (ceci représentant une tendance globale, mais chaque instrument avait ses particularités)[12]. De nos jours, de nombreux couples de sonneurs utilisent des gammes parfois appelées "non-tempérées" ou "gammes anciennes". Dans ce cas cependant, la bombarde et le biniou possèdent en général la même échelle, à l'inverse de ce qui était pratiqué auparavant[11].


Enfin, la majorité des binious sont aujourd'hui réalisés de manière à obtenir une Intonation juste dans une gamme donnée par rapport à la note délivrée par le bourdon, un peu à la manière de la Cornemuse écossaise. Le jeu en couple est aussi souvent exécuté avec des instruments tempérés, utilisant diverses gammes diatoniques (majeures ou mineures). Le fait d'utiliser des gammes tempérées au biniou a permis d'utiliser cet instrument dans d'autres contextes que celui de la musique de couple, comme évoqué dans la partie précédente.




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Jeu |


Depuis son apparition[réf. nécessaire], cet instrument est joué en couple avec la bombarde dans les danses traditionnelles : la bombarde joue une ligne mélodique à l'unisson (ou non, selon les choix d'accompagnement du biniawer) avec le biniou, puis s'arrête pour laisser le biniou rejouer cette ligne mélodique[13]. Le biniou joue donc sans arrêt.


Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le couple bombarde / biniou kozh est très utilisé dans les campagnes pour accompagner les festivités, notamment les mariages. Le couple bombarde/biniou est souvent accompagné d'un tambour. De nombreux écrivains romantiques appellent alors ce trio « l'Orchestre National Breton »[réf. souhaitée]. Certains joueurs sont même professionnels et leur réputation peut dépasser le département. Après la Première Guerre mondiale, l'instrument subit une désaffection quasi totale. Il faut attendre les années 1970 pour le voir réapparaître sur les scènes, toujours en couple avec la bombarde[14].


Le couple biniou-bombarde est souvent considéré comme un instrument unique servi par deux instrumentistes. La bombarde expose la mélodie sur les deux octaves, pendant que le biniou effectue un accompagnement qui peut être mélodique ou purement rythmique, puis le biniou répète seul la mélodie à l'octave supérieure, en y introduisant ou non des variations.



Références |




  1. Musique Bretonne : Histoire des sonneurs de tradition, ouvrage collectif rédigé sous l'égide de la revue ArMen, Le Chasse-Marée / Armen, 1996, (ISBN 2-903708-67-3).


  2. a b et cRobert Marot, La Chanson populaire bretonne, reflet de l'évolution culturelle , 1987, J. Grassin, p. 23


  3. Gourin, un demi-siècle de championnat, Revue Ar Soner, no 382, 4e trimestre 2006


  4. Polig Monjarret 1920-2003, numéro spécial de la revue Ar Soner, no 372, janvier/février 2004


  5. Castel 2008, p. 67


  6. Castel 2008, p. 69


  7. Castel 2008, p. 70


  8. Isabelle Johancik, « Le biniou colore la musique d'Ibrahim Maalouf », Ouest-France,‎ 30 septembre 2013(lire en ligne).


  9. Julien Boitel, « Maalouf à Bercy. Final grandiose avec le Bagad du Bout du monde », Le Télégramme,‎ 15 décembre 2016(lire en ligne).


  10. Castel 2008, p. 17


  11. a b c et dJean-Christophe Maillard, « Portraits de biniaouerien : bruit de fond ou compère pour la bombarde ? », Colloque de Gaillac (Tarn) / Un monde qui bourdonne ou la vie palpitante des cornemuses, CORDAE / La Talvera (Cordes),‎ décembre 2008, p. 107–119 (lire en ligne)


  12. a et bJean-Christophe Maillard, « L'acoustique musicale du couple biniou-bombarde », Pastel, no 41,‎ septembre 1999(lire en ligne)


  13. Yves Castel, Sonerien daou ha daou (Méthode de biniou et de bombarde), Éd. Breizh Hor Bro, 1980


  14. Roland Becker et Laure Le Gurun, La musique bretonne, Spézet, Coop Breizh, 1994, 119 p. (ISBN 290992419X)



Voir aussi |


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Bibliographie |



Ouvrages |



  • Édouard Decaudin-Labesse et Henry Pierret, Le roi du biniou, Éd. Ducrocq, Bretagne, 1893, 90 dessins, 272 p.


  • ArMen, Michel Colleu (codirection), Laurent Bigot (codirection) et Yves Labbé (codirection), Musique bretonne : Histoire des sonneurs de tradition, t. 1, Douarnenez, éd. Le Chasse-Marée - ArMen, 1996, 512 p. (ISBN 2-903708-67-3)
    réédition par la Coop Breizh en 2008



  • Yann Le Meur (préf. Ronan Gorgiard), Sonneur (Soner pour sa version bretonne), Coop Breizh, 2002, 144 pages, (ISBN 2843461618)

  • Ifig Castel, Bombarde et biniou. Les secrets de la vie de couple, Lannion, Dastum Bro Dreger, coll. « Mémoire d'aujourd'hui », 2008, 128 p. (ISBN 978-2-9086-0417-7)

  • Fañch Roudaut, « Le biniou, voix du démon ou Les sonneurs vont en enfer », dans Bretagne du cœur aux lèvres : Mélanges offerts à Donatien Laurent, Presses Universitaires de Rennes, 2009, 421 pages, p. 29-38


  • Thierry Jigourel, Cornemuses de Bretagne, éditions CPE, 2011 (ISBN 2-84503-943-3)

  • Martial Le Corre (préf. Jean-Louis Jossic), Les sonneurs breton, A. Sutton, coll. « Mémoire en Images », 2013, 224 p. (ISBN 9782813806192)

  • Jean-Pierre Van Hees, Cornemuses. Un infini sonore, Coop Breizh, 2014, 410 pages, 2 DVD (ISBN 2843466377)



Articles de presse |



  • Gildas Le Guen, « Les sonneurs dans le Trégor », Musique Bretonne, no 16, juin 1981, p. 23, lire en ligne

  • Hervé Villieu, « Musique et société en pays bigouden. L'exemple des sonneurs de bombarde et de biniou », Musique Bretonne, mai 1993, no 123, p. 12-16, lire en ligne

  • Laurent Bigot, « Le couple biniou-bombarde I. Aux origines d’une grande tradition », ArMen, no 59, mai 1994, p. 27-39

  • Laurent Bigot, « Le couple biniou-bombarde II. Apogée, décadence et renouveau », ArMen, no 61, août 1994, p. 10-29

  • « Quand les sonneurs menaient la noce… », ArMen, no 73, janvier 1996, p. 12-23

  • Laurent Bigot et Michel Colleu, « Conscrits et binious militaires », ArMen, no 79, septembre 1996, p. 30-35

  • « Le championnat de Bretagne des sonneurs », ArMen, no 141, juillet-août 2004

  • Kristian Morvan, « Sonneurs de biniou à Quintin. Des professionnels de l'animation », Musique Bretonne, no 187, novembre-décembre 2004, p. 40-41.

  • Kristian Morvan, « Sonneur et tourneur à Callac en 1707 », Musique Bretonne, no 203, juillet 2007, p. 30-31



Liens externes |



  • Assemblée des sonneurs (Bodadeg Ar Sonerion)


  • Historique des instruments bretons , Site de l'association Dastum.

  • Kristian Morvan, Blog : Musik-e-Breiz, Histoire de la Musique Instrumentale Bretonne.



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