Royaume de Koush
Pour les articles homonymes, voir Koush (homonymie).
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XXVe siècle – XVIe siècle av. J.-C.
VIIIe siècle av. J.-C. – IVe ap. J.-C.
Capitale | Kerma (XXVe siècle—XVIe siècle av. J.-C.) Napata (VIIIe siècle—IVe siècle av. J.-C.) Méroé (IVe siècle av. J.-C.—IVe) |
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Langue | Méroïtique Nubien |
Religion | Religion de l'Égypte antique |
(1er) 1900 av. J.-C. | Kaa |
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(Der) IVe siècle | Reine Lakhideamani |
Entités précédentes :
- Nouvel Empire égyptien
Entités suivantes :
- Makurie
- Alodie
- Nobatie
Le royaume de Koush est l'appellation que les Égyptiens antiques donnèrent au royaume qui s'établit au sud de leur pays dès l'Ancien Empire égyptien. Ce royaume eut une longévité peu commune et trouve ses origines dans les cultures néolithiques qui se développèrent dans le couloir nilotique du Soudan actuel et de la Nubie égyptienne.
On a longtemps considéré cette culture à l'aune de la civilisation égyptienne et de ce fait peu d'études eurent lieu à son sujet, la reléguant alors soit au stade d'une principauté dépendante du royaume des pharaons ou encore à celui d'un avatar de cette civilisation, ne lui reconnaissant donc aucune spécificité voire une valeur relative.
Depuis les années 1950, et notamment la campagne de sauvetage des monuments nubiens menacés par la mise en eau de la région comprise entre la première et la seconde cataracte à la suite de l'édification du Haut barrage d'Assouan, un regain d'intérêt des égyptologues pour cette région nous permet aujourd'hui d'affirmer que ce royaume tant à ses débuts au troisième millénaire avant notre ère que jusqu'aux conquêtes chrétiennes du IVe siècle était une culture et une civilisation indépendante et qui réussit la synthèse des différents apports culturels de ses voisins, y compris ceux de l'Égypte, dont il représentera l'ultime évolution aux alentours de l'ère chrétienne alors que Rome dominait l'ensemble des cultures de l'antiquité méditerranéenne.
Sommaire
1 Histoire
1.1 Royaume de Kerma
1.1.1 Premier royaume de Kerma
1.1.2 Deuxième royaume de Kerma
1.1.3 Troisième royaume de Kerma
1.2 Domination égyptienne
1.3 Royaume de Napata
1.4 Royaume de Méroé
2 Royaumes post-méroïtiques
3 Représentations dans la fiction
4 Notes
5 Bibliographie
6 Voir aussi
6.1 Articles connexes
6.2 Liens externes
Histoire |
Royaume de Kerma |
Le royaume de Kerma formé à partir du site éponyme qui en devint la capitale est un royaume assez puissant pour inquiéter son voisin du nord, l'Égypte de l'Ancien Empire qui organisait déjà des expéditions vers le cœur de l'Afrique et de ce fait devait nécessairement passer par les terres contrôlées par les nubiens. C'est principalement de ces sources égyptiennes que nous tenons les informations sur ce peuple présenté alors de manière quelque peu belliqueuse ou qui en tout cas n'entendait pas céder la place dans le contrôle des routes commerciales qui sillonnaient la région et reliaient les grandes régions de l'Afrique Centrale et Australe au reste du continent en évitant —et c'est un point non négligeable— les routes harassantes du Sahara qui déjà à cette haute époque était atteint par une désertification intense et qui ne cessa plus depuis.
On distingue trois périodes pour ce royaume qui couvre 1 000 ans ou plus de développement et de civilisation. N'étant pas une civilisation de l'écrit, il est donc assez ardu de restituer son histoire et les grands personnages qui la firent. De ce fait, et à l'inverse des autres civilisations antiques, c'est essentiellement l'archéologie de cette civilisation qui permet de la restituer dans son ensemble, et comme nous ne possédons pas d'écrits propres à ce peuple, nous en sommes réduits à faire des hypothèses sur son évolution culturelle à partir des vestiges qu'il nous a transmis, notamment au travers des innombrables sépultures qui attestent que cette civilisation était une civilisation urbaine, son peuple s'étant regroupé autour de grands centres cultuels et commerciaux.
Des preuves linguistiques indiquent que les peuples du royaume de Kerma parlaient des langues afro-asiatiques de la branche couchitique[1],[2]. Le nobiin (nubien) contient aujourd'hui un certain nombre de mots clés liés au pastoralisme qui sont d'origine couchitiques orientales, tels que les termes brebis / peau de chèvre, poule / coq, enclos d'élevage, beurre et lait. Ceci suggère que les populations du kerma - qui, avec la culture du Groupe C, habitaient la vallée du Nil juste avant l'arrivée des premiers locuteurs nubiens - parlaient des langues couchitiques[3].
Premier royaume de Kerma |
(XXVe siècle au XXIe siècle avant notre ère)
Sous la dénomination Kerma ancien on entend regrouper l'ensemble des cultures couchitiques du Soudan moyen qui se regroupèrent par chefferies autour d'un puissant monarque qui avait donc sa capitale à Kerma, site du cours moyen du Nil soudanais. La population de cette époque est en effet constituée d'un ensemble de peuplades différentes. On assiste déjà à un développement de la métallurgie (cuivre mais aussi bronze) et des arts : ébénisterie, ivoire, céramique, dont on a retrouvé beaucoup de témoignages dans les sépultures de l'époque. Les rites d'inhumation sont apparentés à ceux de la culture du Groupe C.
Les tombes acquièrent alors leur forme définitive : une fosse circulaire contenant le défunt inhumé en position contractée et la tête à l'orient, avec un matériel funéraire constitué essentiellement de céramique pour les plus humbles, l'ensemble étant recouvert d'un tumulus autour duquel les offrandes alimentaires sont déposées et les sacrifices funéraires opérés.
Les sépultures royales sont beaucoup plus imposantes (les tumuli royaux à cette époque dépassent alors un diamètre honorable de 40 à 60 mètres) et comportent outre un riche mobilier funéraire, des tombes subsidiaires destinées à l'aristocratie d'alors, tandis que l'entourage immédiat du roi est « sacrifié » le jour de ses funérailles et reçoit donc le « privilège » d'accompagner son souverain dans l'au-delà. Le site de Kerma est en plein essor et de nombreuses constructions attestent l'existence d'une monarchie organisée et à laquelle l'ensemble de la région vouait une certaine déférence.
Au nord de cette région, la Nubie était dominée par des peuplades que l'on regroupe sous le terme de Groupe C et qui interdisaient l'accès au sud en contrôlant drastiquement le commerce, voire en pillant les convois qui revenaient en Égypte ou en partaient. À l'Ancien Empire cette situation devenait critique pour les égyptiens qui avaient besoin de cet accès pour obtenir des biens précieux et rares en provenance de l'Afrique centrale.
Avec le temps le Groupe C semble avoir peu à peu pacifié ses relations avec son voisin égyptien allant jusqu'à fournir des mercenaires aux troupes des pharaons de la VIe dynastie. En retour l'Égypte lui garantissait une relative sécurité aussi bien au niveau militaire qu'économique, notamment en palliant les périodes de famines par l'envoi de grain aux peuples de la région. Les débouchés sur les mines d'or du désert oriental y étaient certainement déjà pour quelque chose.
En revanche le lointain royaume de Kerma représentait toujours un danger pour les expéditions commerciales qui entraient alors sans doute en concurrence avec le jeune royaume dont l'influence grandissait. Deux groupes de population et de culture distinctes occupaient donc toute la vallée du Nil soudanais jusqu'aux environs de la cinquième cataracte et formaient alors deux puissantes civilisations proto-urbaines avec lesquelles il fallait compter. On assiste en effet sur tout le long de la vallée à la sédentarisation progressive des peuples et à l'établissement de villages qui peu à peu deviennent de grosses bourgades. Kerma était alors déjà une cité étendue.
Deuxième royaume de Kerma |
(XXIe siècle au XVIIIe siècle avant notre ère)
À dater de l'époque du Kerma moyen, on assiste au développement du royaume et de sa culture notamment des pratiques funéraires ; les défunts sont toujours inhumés en position fœtale la tête à l'est avec un riche mobilier funéraire et on peut suivre à travers l'évolution de ces pratiques et le développement des tumuli une hiérarchisation de plus en plus marquée de la société. Une véritable classe aristocratique voit donc le jour et préfigure la puissance du royaume à la période suivante. De rares contacts directs ont lieu avec les voisins du nord mais le commerce est florissant et atteste de la stabilité de la région. On retrouve des traces de son réseau commercial sur les terres de Chillouk au sud de la vallée du Nil et jusque dans les montagnes du Tibesti.
Au nord du pays, le Groupe C domine toujours la vallée jusqu'à ce que les pharaons du Moyen Empire égyptien annexent littéralement la région jusqu'au Batn el-Haggar. On assiste alors à une réaction du royaume de Kerma qui protégea ses cités derrière des remparts et, signe des temps, les défunts masculins furent alors inhumés avec leurs armes de manière systématique.
Troisième royaume de Kerma |
(XVIIIe siècle au XVIe siècle avant notre ère)
Le royaume de Koush durant le Kerma classique étend son territoire de la première cataracte, aux environs d'Assouan, jusqu'à la quatrième cataracte à la suite de l'alliance des peuples nubiens et du royaume de Kerma qui en devient alors la capitale. Les relations avec le voisin du nord sont au début pacifiques et le commerce est florissant avec toute la vallée du Nil et l'Afrique centrale.
On assiste à un bond de l'agriculture et de l'urbanisation de la région : grandes constructions dans la capitale et nécropoles royales avec tumuli colossaux, dont certains dépassent les 100 mètres de diamètre. Sur le plan culturel, on assiste à un maintien des coutumes et traditions locales bien que certains éléments architecturaux ou décoratifs soient empruntés à la culture égyptienne qui reste assez présente au nord du royaume. Des relations diplomatiques entre Kerma et les dynastes Hyksôs du delta du Nil sont prouvées et attestent que les deux puissances ont cherché à passer alliance afin de contrer la montée en puissance d'une dynastie rivale située à Thèbes. L'un de ces souverains, Kamosé reprend alors l'avantage sur le royaume de Kerma, repoussant sa frontière au sud d'Éléphantine. Son successeur Ahmôsis Ier poursuit cette conquête des territoires du Soudan.
Domination égyptienne |
(XVIe siècle au XIIe siècle avant notre ère)
Les pharaons du Nouvel Empire égyptien étendent leur domination jusqu'à la IVe cataracte (Nubie égyptienne). Destruction du royaume de Kerma par Ahmôsis Ier puis Amenhotep Ier et contrôle des routes commerciales ainsi que des mines d'or du désert oriental.
Construction des sites et monuments en Nubie égyptienne :
Beit el-Ouali,
Gerf Hussein,
Kouban,
Ouadi es-Séboua,
Amada,
Aniba,
Derr,
El-Lessiya,
Qasr Ibrim,
Abou Simbel.
Construction des sites et monuments en Nubie soudanaise et au Soudan :
Faras,
Aksha,
Bouhen,
Semna,
Ouronarti,
Koumma,
Amara,
Saï[Lequel ?],
Sédeinga,
Djebel Dosha,
Soleb,
Sésébi,
Pnoubs,
Argo,
Kaoua,
Napata (Djebel Barkal),
Kourgous.
Installation d'un vice roi pour cette région qui subit une égyptianisation affichée. Capitale à Aniba.
Au XIe siècle avec la fin de la domination égyptienne sur le Soudan à la suite de l'éclatement de l'Égypte en plusieurs royaumes rivaux, la Nubie devient indépendante autour du vice roi de Koush dont le dernier représentant attesté est Panéhésy (règne de Ramsès XI) et permet ainsi le développement à nouveau des chefferies et des principautés au Soudan qui semblent coexister pacifiquement notamment au sud du pays.
Au Xe siècle on assiste alors à la constitution d'une principauté autour d'une dynastie locale à Napata (Djebel Barkal). Cette dynastie trouverait ses origines dans la lointaine Méroé alors encore simple place commerciale. Peu à peu l'influence de la principauté s'étend sur l'ensemble des royaumes du Soudan et constitue un puissant royaume au cœur de l'Afrique occidentale et centrale.
Règne de six souverains inconnus. Au IXe siècle à la suite d'une guerre civile qui plonge la thébaïde dans le chaos, une partie du clergé de Karnak se réfugie à Napata sous la protection des princes de Koush.
Royaume de Napata |
(VIIIe siècle au IVe siècle avant notre ère)
Avec le règne du prince Alara puis celui du roi Kachta le Koushite, on assiste à la conquête de la Basse Nubie puis de la Haute-Égypte. On peut alors considérer cette période comme l'apogée du royaume de Napata dont la dynastie réclame l'héritage de l'Égypte. En effet, devant l'anarchie qui y règne, Piyé (Piânkhy), puis après lui ses successeurs, interviennent et montent sur le trône d'Égypte fondant la XXVe dynastie. Leur royaume s'étend alors de la VIe cataracte aux environs de Khartoum jusqu'à la Méditerranée.
Pharaons de la XXVe dynastie issus de Napata :
Piyé,
Chabaqa,
Chabataqa,
Taharqa,
Tanouetamani.
Tous règnent sur le royaume de Koush et d'Égypte.
Cependant, on considère en général que le début réel de la XXVe dynastie correspond au règne de Chabaqa qui après une nouvelle conquête de l’Égypte instaure sa capitale à Memphis. En effet, la conquête de Piyé en l'an 21 de son règne ne s'est pas suivi d'une installation durable en Égypte. Après sa victoire, il est rentré à Napata.
De même Taharqa est considéré comme le dernier vrai roi nubien en Égypte, après une première moitié de règne prospère, il est défait finalement par les Assyriens et se retire dans le sud (en Nubie ou à Thèbes) où il meurt après 26 ans de règne en -664. Tanouetamani, après une ultime reconquête de l’Égypte, est de nouveau défait par les troupes assyriennes en -663. On parle souvent alors du saccage de la ville de Thèbes lors de cette dernière défaite mais ce fait n'a pas encore été prouvé par l'archéologie[4].
De cette époque date la construction des temples napatéens de la Nubie actuelle et du Soudan. Cet empire prendra fin à la seconde moitié du VIIe siècle avec la conquête de l'Égypte par les Assyriens. Le royaume qui conserve Napata comme capitale retrouve alors ses frontières originelles.
Royaume de Méroé |
(IVe siècle avant, au IVe siècle de notre ère)
À la fin du IVe siècle av. J.-C., les rois de Nubie font face à une invasion venue du Nord, quittent Napata et se réfugient plus au Sud à Méroé. Développement de la culture méroïtique dans toute la vallée du Nil et relations commerciales étroites avec le royaume lagide d'Égypte. Des conflits éclatent entre les deux puissances et trouveront leur paroxysme lors de la conquête romaine au Ier siècle av. J.-C..
Règne des rois de Méroé :
Arkamani Ier (-275 à –250) il construit de grandes pyramides à Méroé,
Arnékhamani (-235 à –218),
Adikhalamani,
Arkamani II,
Candace (reine) Chanakdakhéto (-170 à –150),
Tanéyidamani (-110 à -90),
Téritéqas,
Candace Amanitoré Ire,
Candace Amanishakhéto (-35 à -20),
Natakamani,
Candace Amanitoré II (-12 à +12),
Chorkarer.
Construction des sites et monuments :
Philæ,
Kalabsha,
Dakka,
Qasr Ibrim,
Tabo,
Napata,
Méroé,
Musawwarat es-Sofra,
Naqa,
Wad-Ben-Naga,
Basa,
El-Hassa,
Hosh-Ben-Naga,
Djebel Qeili,
Soba,
Khartoum.
Développement des cultes des dieux soudanais : Dédoun le premier de Nubie, Apédémak le grand dieu du Sud, Arsénouphis et Mandoulis.
Nécropole de pyramides royales à Méroé : bien qu'on assiste au IIIe siècle à un bref retour de la nécropole royale à Napata, qui doit correspondre à une reprise d'influence de la région du nord du Soudan par le royaume de Koush (probablement au moment où les lagides perdront leur suzeraineté sur la Haute-Égypte) celle-ci est en fait officiellement à Méroé.
Lors de la découverte des nécropoles royales de Méroé au XIXe siècle, une véritable chasse au trésor eut pour effet la destruction systématique des pyramides dans l'espoir de découvrir dans leur maçonnerie des caches et chambres secrètes abritant les trésors des rois soudanais.
Excepté le trésor de la candace Amanishakhéto découvert enveloppé dans des linges dans un chaudron en bronze (oublié par les pillards ?) cette campagne de destruction systématique n'eut que peu de résultats, la plupart des tombes royales ayant été pillées à la fin de l'antiquité et laissa les nécropoles royales en ruine.
En fait les pyramides de Méroé sont conçues de la même manière que celles de Napata, à savoir une sépulture aménagée dans le sous-sol du monument, le plus souvent formé d'une seule pièce, dans laquelle était inhumé le royal défunt avec son mobilier funéraire le jour de ses funérailles. C'est alors que la pyramide était édifiée par les héritiers du défunt. Ces monuments n'avaient donc pas d'autre but que de signaler la sépulture royale et ainsi précédées d'une chapelle funéraire avec un petit pylône, hérité de l'architecture religieuse égyptienne, qui le plus souvent portait une représentation du roi ou de la reine massacrant rituellement les ennemis du royaume. Cette chapelle de culte adossée au monument funéraire pyramidal comportait une représentation d'Osiris en ronde bosse qui finit par disparaître à la fin de la période méroïtique.
Cette époque est troublée par de nombreux conflits avec les tribus et peuplades nomades du désert occidental et oriental qui poussé par la désertification inexorable de la région cherchaient de nouvelles terres pour s'installer. Les rois et reines de Méroé durent ainsi sans cesse repousser ces incursions abandonnant parfois le contrôle de la Nubie puis le reprenant assimilant à nouveau ces cultures dans son orbite d'influence.
Les relations avec l'Égypte lagide sont inégales en fonction de la puissance de cette dernière. Ainsi au début de la prise de pouvoir des premiers Ptolémées les deux royaumes entretiennent des échanges commerciaux et culturels qui favorisent le développement économique de la Nubie. Des temples et des chapelles sont construites conjointement notamment à Kalabsha en l'honneur du dieu Mandoulis et à Philæ en l'honneur d'Arsénouphis.
En revanche au IIe siècle, avec l'affaiblissement de la monarchie d'Alexandrie, la zone frontière semble dominée par les souverains koushites qui poussèrent peut-être leur avantage en aval de la première cataracte. On sait qu'en tous les cas la thébaïde échappa au contrôle des Ptolémées pendant près de vingt ans et qu'un petit royaume s'y forma, sans doute soutenu par son puissant voisin du sud.
Ptolémée V finit par réduire cette sédition de la Haute-Égypte et poussa son expédition jusqu'à Napata, il dut cependant rebrousser chemin, sans doute devant l'hostilité permanente des populations locales comme autrefois le Grand roi des Perses Cambyse II échoua dans cette voie. Le royaume de Méroé restait invaincu et à nouveau la frontière est fixée à Assouan. Les relations commerciales reprirent jusqu'à la fin de l'époque lagide en Égypte lors de l'invasion romaine et le suicide de Cléopâtre VII en -30.
En -24, conquête de Philæ et d'Assouan par la candace Amanishakhéto. Conquête de la Nubie par les romains qui seront stoppés par la reine. Traité de paix entre Rome et Méroé en -21, dit traité de Samos. La frontière est fixée à Maharraqa et à dater de cette époque les deux empires entretiendront des relations commerciales florissantes. De nouveaux programmes architecturaux ont lieu en Nubie conjointement contrôlée pendant les premiers siècles de notre ère. Cependant les relations seront parfois tendues pour des raisons essentiellement économiques (mines d'or notamment).
Néron par exemple organisera une expédition sans lendemain vers Méroé (échec de l'expédition ?). De son côté le royaume de Méroé organisera des expéditions vers le nord dans le but de garantir l'accès à ses lieux de cultes.
À la seconde moitié du IVe siècle, des incursions répétées du royaume d'Axoum entament le royaume de Méroé. C'est à cette époque que l'on situe traditionnellement sa chute sous les coups des rois Ella-Amida et Ezana d'Éthiopie. La dernière sépulture royale méroïtique que l'on ait découverte est datée des environs de 350, ce qui démontre que malgré ces assauts de l'histoire la civilisation de Méroé n'avait pas été totalement anéantie par le royaume chrétien d'Éthiopie.
Royaumes post-méroïtiques |
(IVe au VIe siècles)
Éclatement du royaume de Méroé en trois royaumes :
- En Basse-Nubie, royaume de Nobatie,
- En Haute-Nubie, royaume de Makurie,
- La région de Méroé devient le royaume d'Aloua ou Alodie.
En 450, alliance des Nobades et des Blemmyes contre Rome pour la défense de leurs lieux de cultes dont l'île de Philæ était le principal sanctuaire. En 453, signature d'un traité de paix entre les belligérants autorisant les Soudanais à pratiquer leur culte d'Isis librement. Sépultures royales d'El-Hobagi et nécropoles de Qoustoul et Ballana.
Vers 540, christianisation des royaumes nubiens.
Représentations dans la fiction |
Le royaume de Koush est présent en tant que civilisation jouable dans le jeu vidéo de stratégie 0 A.D. développé par Wildfire Games depuis 2001.
Notes |
Marianne Bechaus-Gerst et Roger Blench, The Origins and Development of African Livestock: Archaeology, Genetics, Linguistics and Ethnography – "Linguistic evidence for the prehistory of livestock in Sudan" (2000), Routledge, 2014, 453–457 p. (ISBN 1135434166, lire en ligne)
Peter Behrens, Libya Antiqua: Report and Papers of the Symposium Organized by Unesco in Paris, 16 to 18 January 1984 - "Language and migrations of the early Saharan cattle herders: the formation of the Berber branch", Unesco, 1986(ISBN 9231023764, lire en ligne), p. 30
Roger Blench, Kevin MacDonald (ed.) Marianne Bechaus-Gerst, The Origins and Development of African Livestock: Archaeology, Genetics, Linguistics and Ethnography - "Linguistic evidence for the prehistory of livestock in Sudan" (2000), Routledge, 2014(ISBN 1135434166, lire en ligne), p. 453
N. Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne, 1988, p. 431-456
Sur le site de L'UNESCO
Bibliographie |
- Jacques Reinold, Archéologie au Soudan. Les civilisations de Nubie, Errance, Paris, 2000 (ISBN 2877721868)
- Collectif, Soudan : royaumes sur le Nil. Catalogue de l'exposition tenue à l'IMA en 1997, Flammarion, Paris, 1997 (ISBN 208010215X)
Charles Bonnet, Édifices et rites funéraires à Kerma, Errance, Paris, 2000 (ISBN 2877721892)
Dominique Valbelle, Jean-Michel Yoyotte (dir.), Statues égyptiennes et kouchites, démembrées et reconstituées, Paris, PUPS, 2011 (ISBN 978-2-84050-712-3)
- Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne [détail des éditions]
Voir aussi |
Articles connexes |
- Nubie
- Éthiopie
- Napata
- Méroé
- Monarques de Koush
Liens externes |
- Site de Kerma
- Voyage au pays des pharaons noirs
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