Pays Bigouden
Le Pays Bigouden (Bro-Vigoudenn en breton), anciennement Cap Caval, est une aire culturelle du sud-ouest du département français du Finistère, en région Bretagne.
Il est notamment connu par la haute coiffe que portaient tradionnellement ses habitantes jusqu'au milieu du XXe siècle, et par Le Cheval d'orgueil, le best-seller de Pierre-Jakez Hélias. L'activité de la pêche joue un grand rôle dans son économie.
Sommaire
1 Géographie
1.1 La limite nord et nord-est
1.2 Les deux enclaves sud
1.3 Les « 20 communes »
1.4 Géologie et relief
1.5 Les terroirs bigoudens
1.6 Les contrastes entre l'intérieur et le littoral
1.7 Environnement
1.7.1 Climat
1.7.2 Faune marine de la baie d'Audierne
1.7.3 La Rivière de Pont-l’Abbé et les abers
2 Toponymie
2.1 Tradition orale : Penmarc'h
2.1.1 Paroisse du même nom
2.1.2 Source de confusion
2.2 Tradition écrite : Cap Caval
3 Histoire
3.1 Étymologie et origines
3.1.1 Le mythe des origines développé au XIXe siècle
3.1.2 Origine du nom actuel : Pays Bigouden
3.2 Le doyenné du Cap Caval
3.3 Moyen Âge
3.3.1 Un ensemble de ports prospères
3.3.2 L'importance des activités textiles et tinctoriales
3.3.3 Des chantiers navals
3.3.4 Des marais salants
3.3.5 Des moulins
3.3.6 La pisciculture
3.4 Les églises décapitées du Pays Bigouden
3.5 Le XIXe siècle
3.5.1 La vie quotidienne
3.5.2 La « mode bigoudène » dans la seconde moitié du XIXe siècle
3.6 Le XXe siècle
3.6.1 Les progrès de la scolarisation et le déclin de la langue bretonne
3.6.2 Ramassage des algues et usines à soude
3.6.3 La pêche des sardines
3.6.3.1 La naissance et l'essor de la pêche sardinière
3.6.3.2 La crise de la sardine à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle
3.6.4 L'essor des conserveries
3.6.5 La crise de la pêche pendant l'Entre-deux-guerres
3.6.6 Le déclin des conserveries
3.6.7 L'Entre-deux-guerres
3.6.8 L'après-Seconde-guerre-mondiale
4 Économie
4.1 Agriculture
4.2 Industrie
4.3 Pêche
4.4 Tourisme
5 Culture et patrimoine
5.1 Monuments
5.1.1 Mégalithes
5.1.2 Art roman
5.1.3 Style architectural dit École de Pont-Croix
5.1.4 Évolution du style École de Pont-Croix
5.1.5 Autres monuments
5.2 Musées
5.3 Manifestations culturelles et festivités
5.4 Le costume, la coiffe et la broderie bigoudens
5.4.1 Le particularisme de l’habit bigouden
5.4.2 An Dennerien-neud, les tireurs de fil, et les broderies bigoudens
5.4.3 Sauver le savoir-faire et la tradition de la broderie
5.5 Traditions culinaires
5.6 Jeux traditionnels
5.7 Littérature
5.8 Sculpture
5.9 Peinture
5.10 Bande dessinée
5.11 Musique
5.12 Personnalités
5.13 Drapeau
5.14 Cinéma
6 Humour
7 Notes et références
8 Voir aussi
8.1 Bibliographie
8.2 Filmographie
8.3 Articles connexes
Géographie |
Le Pays Bigouden, qui compte environ 50 000 habitants, n'a pas de réalité administrative. C'est un bro, c'est-à-dire un pays, un terroir où un groupe social se distingue de ses voisins par ses traditions : costume, danses, chants, musique, parler, économie, croyances, coutumes, usages du quotidien, architecture, gastronomie[1], etc. Formant la pointe sud-ouest de la Bretagne, le Pays Bigouden est baigné par la mer Celtique à l'ouest et par le golfe de Gascogne au sud. Il est limité au sud-est par l'embouchure de l'Odet et l'anse de Combrit.
La limite nord et nord-est |
Il jouxte au nord-ouest le pays Penn Sardin, et au nord-est le pays Glazik. Symboliquement, la limite nord apparaît à Pors Poulhan (sur la rive plozévétienne), où une statue de Quillivic représentant une Bigoudène annonce : Ama echu Bro Bigouden[2] (« Ici finit le pays Bigouden »). Pors Poulhan marque bien la séparation entre la commune de Plouhinec (au nord) et la commune bigoudène de Plozévet (au sud). Mais la frontière de tradition se situe en réalité un peu plus au nord, sur le territoire de Plouhinec[3]. Au nord et au nord-est, cette frontière culturelle n'est pas précise[4]. Comme celle d'autres aires de tradition bretonnes, elle a connu des interpénétrations, elle a évolué[1]. Et, bien évidemment, elle n'épouse pas les limites communales.
Loin d'être le seul élément de différenciation[1], le costume aide cependant à cerner les domaines culturels. On donne souvent aux pays les limites des modes vestimentaires qui furent celles de la première moitié du XXe siècle, avant que le déclin des traditions ne rende les observations moins significatives[5]. L'« apport décisif[6] » concernant le costume breton est celui de René-Yves Creston. Les travaux proprement ethnographiques qu'il mène de 1953 à 1961 lui permettent notamment de tracer la limite du Pays Bigouden[7].
- Les deux-tiers nord de la commune de Plouhinec sont penn sardin[8]. Le tiers sud connaît des « infiltrations[9] » bigoudènes.
- Une grande moitié nord de la commune de Mahalon est penn sardin, « avec des restes glaziks[9] ». Le sud est bigouden.
- La moitié nord de la commune de Guiler-sur-Goyen est penn sardin. Le sud est bigouden[9].
- Une petite partie nord de la commune de Landudec est penn sardin.
- Une petite partie nord de la commune de Plogastel-Saint-Germain est glazik.
- Une frange d'infiltrations bigoudènes est observée dans l'ouest des communes glaziks de Pluguffan et de Plomelin[10].
Les deux enclaves sud |
Sur la côte sud du Pays Bigouden, on trouve deux enclaves :
Kérity (dans la commune de Penmarc'h), où l'on porte la poch flek[11], jolie coiffe d'artisane dont brides et lacets forment deux papillons sur le devant ;- l'Île-Tudy, où l'on porte aussi la penn sardin, une élégante petite coiffe d'ouvrière d'usine de poisson[12], que l'on trouve également dans la presqu'île de Crozon, dans le pays Penn Sardin (d'Audierne à Douarnenez) et à Concarneau.
- Vers 1950, les ruraux du Finistère ne s'expriment qu'en breton. Dans les ports, à Douarnenez, à l'Île-Tudy, à Concarneau, on parle un mélange très coloré de breton et de français que les Bigoudens appellent galleg menet (contraction de galleg merc'hed An Enez Tudi) : « français des femmes de l'Île-Tudy ».
Les « 20 communes » |
On simplifie parfois, en raisonnant en communes. Certaines cartes n'inscrivent pas le sud de Plouhinec, de Mahalon ni de Guiler dans le Pays Bigouden culturel[1],[13]. Elles considèrent que celui-ci est constitué de 20 communes[14]. Ces 20 communes se répartissent sur trois cantons. Ce sont :
les cinq communes du canton du Guilvinec | les sept communes du canton de Pont-l'Abbé | huit des onze communes du canton de Plogastel-Saint-Germain |
---|---|---|
Le Guilvinec Treffiagat Loctudy Penmarch Plobannalec-Lesconil | Combrit-Sainte-Marine Île-Tudy Plomeur Pont-l’Abbé Saint-Jean-Trolimon Tréguennec Tréméoc | Landudec Peumerit Plogastel-Saint-Germain Plovan Plozévet Plonéour-Lanvern Pouldreuzic Tréogat |
Les 20 communes se partagent entre communauté de communes du Pays Bigouden Sud et communauté de communes du Haut Pays Bigouden. Cette dernière compte, en plus, deux communes de tradition particulière :
- Guiler-sur-Goyen (penn sardin au nord, bigoudène au sud[9]) ;
Gourlizon (glazik[15]).
On note aussi que trois communes administrativement englobées dans le canton de Plogastel-Saint-Germain ne figurent pas dans les vingt communes :
- Guiler-sur-Goyen ;
- Gourlizon ;
Plonéis (glazik[15]).
Géologie et relief |
Le Pays Bigouden faisant partie du Massif armoricain, son histoire géologique se confond avec celle de ce dernier, marquée principalement, après une première orogénèse au cadomien (entre - 530 et - 480 millions d'années), par le plissement hercynien au carbonifère supérieur, suivi de son érosion pendant l’ère secondaire et de sa fracturation, avec principalement les deux failles décrochantes, d’orientation presque ouest-est (légèrement ouest-nord-ouest-est-sud-est) dans leurs parties finistériennes, du cisaillement sud-armoricain[16], qui partent de la Pointe du Raz et se poursuivent respectivement jusque dans les régions angevine et nantaise en passant par les environs de Quimper, guidant en particulier le tracé de la vallée du Jet[17] ; d’autres failles, d’orientation nord-ouest-sud-est pour la plupart, sont apparues par la suite, principalement lors de l’ouverture du Golfe de Gascogne et de l’Océan Atlantique, jalonnées par endroits de filons de quartz (par exemple à Minven en Tréogat) ou de laves basaltiques. La région connaît au début de l’ère tertiaire un climat tropical humide qui provoque une importante altération des roches de surface et est par moments recouverte par la mer, d’où la présence de sédiments marins dans la cuvette de Toulven au sud de Quimper, dont les argiles sont à l'origine des faïenceries. Les alternances d’épisodes glaciaires et de réchauffements climatiques interglaciaires à la fin de l’ère tertiaire et au début de l’ère quaternaire entraînent d’importantes variations du niveau de la mer de plus jusqu'à - 130 mètres (le littoral se trouvait alors une cinquantaine de kilomètres plus à l’ouest que le littoral actuel), expliquant le surcreusement des parties aval des vallées des fleuves côtiers suivies de leur invasion par la mer, lors de la transgression flandrienne, provoquant la formation de rias, telles celles de l'Odet, de la Rivière de Pont-l'Abbé et du Goyen, ainsi que l’érosion des roches tendres comme les micaschistes de la baie d’Audierne, provoquant des accumulations importantes de sable et de galets formant des cordons littoraux, certains en position perchée par rapport au niveau actuel de la mer, témoignant d’un niveau de la mer alors supérieur. Ces cordons littoraux bloquent l'écoulement des eux des minuscules fleuves côtiers, d'où la formation de nombreuses lagunes, devenues souvent des étangs d'eau douce ou des paluds (marais maritimes), principalement au niveau de la Baie d'Audierne, mais aussi le long de la côte sud du pays Bigouden, par exemple en arrière de la plage du Ster au Guilvinec, de la plage de Léhan en Léchiagat, de la plage des Sables Blancs en Loctudy et du tombolo allant de la Pointe de Combrit à l'Île-Tudy en arrière de la plage de Kermor.
Le granite de Pont-l’Abbé[18] est la roche principale du Pays Bigouden : il recouvre tout son tiers sud, depuis la Pointe de Penmarc'h et la Pointe de la Torche jusqu'au tiers aval de la ria de l’Odet et la Pointe de Combrit (recouvrant la totalité du finage de communes comme Penmarc’h, Le Guilvinec, Plobanalec-Lesconil, Loctudy, Pont-l’Abbé, Combrit-Sainte-Marine et la majeure partie de celle de Plomeur) ainsi que son tiers nord, juste au sud du cisaillement sud-armoricain, depuis la Pointe du Raz jusqu'à Quimper (recouvrant tout ou partie du finage des communes de Plouhinec, Plogastel-Saint-Germain et Plomelin par exemple). Ce granite est par endroits déformé, présentant une certaine schistosité oblique de 30 à 60 degrés, ce qui explique l'aspect spectaculaire et original des rochers de Saint-Guénolé par exemple.
La partie centrale, à hauteur de la Baie d’Audierne, présente une géologie plus variée, avec une série d’affleurements orientés principalement ouest-sud-ouest-est-nord-est ; successivement, du nord au sud, affleurent des orthogneiss, par exemple à Pors Poulhan et sur la plage du Gored en Plozévet, ainsi qu’à proximité de la chapelle de Languidou par exemple ; des micaschistes occupent toute la partie nord de la Baie d’Audierne de Plovan au sud de Plozévet ; des amphibolites et serpentinites provenant de la décomposition d’anciennes coulées volcaniques se rencontrent principalement à Peumerit, ainsi que des gabbros au niveau du hameau de Kersco dans la même commune. Des prasinites, provenant aussi d’anciennes coulées de laves basaltiques, affleurent principalement au nord de l’étang de Trunvel et autour de Tréogat. D'autres affleurements de micaschistes forment la majeure partie du finage de communes comme Plonéour-Lanvern et Saint-Jean-Trolimon, séparés en deux par un affleurement d’orthogneiss allant du littoral de la baie d’Audierne jusqu'au bourg de Plonéour-Lanvern et au-delà vers l'est, visible par exemple dans le mur d'enceinte de la chapelle de Languidou. Un étroit affleurement de leptynite sépare les deux dernières roches citées ; cette roche blanchâtre a été utilisée dans certaines constructions locales comme la chapelle Saint-Vio en Tréguennec[19].
Les zones humides subsistantes (car certaines ont été poldérisées) au niveau des étangs et marais littoraux, principalement le long de la baie d'Audierne et de la Rivière de Pont-l'Abbé ainsi que l'Anse du Pouldon, présentent désormais un intérêt écologique majeur pour la diversité de la faune et de la flore, notamment au niveau des étangs de Trunvel (en Tréogat) et de Kergalan (en Plovan), leurs abondantes ceintures de phragmites abritant de nombreux passereaux ainsi que des sternes pierregarins. Le cordon de galets proche (considérablement amaigri par les prélèvements de galets effectués, principalement par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale) est un site de nidification pour les gravelots à collier interrompu. Les dunes elles-mêmes constituent un milieu naturel original, colonisées côté mer par des oyats et du panicaut maritime et voyant fleurir au printemps côté terre de nombreuses espèces végétales dont des orchidées. Les tempêtes hivernales comme celles de l'hiver 2013-2014 provoquent des ruptures dans ces cordons et le recul du littoral fragilisé menace la pérennité de ce milieu naturel. L'estuaire de la Rivière de Pont-l'Abbé est une halte pour de nombreux oiseaux migrateurs et abrite aussi de nombreuses espèces hivernant sur place comme le héron cendré, l'aigrette garzette et d'autres[19].
Les terroirs bigoudens |
Trois terroirs principaux peuvent être distingués :
- la palue ou palud : zone marécageuse inondable, séparée de la mer par un cordon littoral portant des dunes ou formé de galets (baie d'Audierne), couverte d'étangs ou lochs, d'anciennes lagunes (la mer pénétrant épisodiquement lors des tempêtes), parfois convertis au fil des siècles en médiocres terres agricoles, restées souvent propriété collective (biens communaux) servant de pâturages à moutons par le passé dans le cadre de la vaine pâture. Ces paluds ont par endroits été poldérisés, souvent pendant la seconde moitié du XIXe siècle ou le début du XXe siècle pour permettre l'extension des cultures maraîchères et parfois urbanisés, surtout pendant la seconde moitié du XXe siècle, en raison de l'attractivité littorale et balnéaire, bien que situés en zone inondable. Par exemple, à Treffiagat-Léchiagat, les « communaux », jusque-là principalement utilisés par les paysans sans terre, les journaliers, les valets de ferme, furent partagés à partir de 1853 entre les paysans propriétaires au prorata de la superficie de leurs propriétés respectives ; toujours dans cette commune, la centaine d'ha inondables en hiver fit l'objet d'une première tentative d'assèchement en 1884 (qui échoua en raison des mésententes entre propriétaires), mais réalisé par la suite au début du XXe siècle par Corentin Toulemont d'abord, qui assécha une douzaine d'hectares pour son propre compte ; ce succès incita à la création du « syndicat des marais » vers 1922, qui regroupa tous les fermiers et domaniers de la bande côtière de Kersaoz à Léchiagat, les petits exploitants de Léhan, les paysans de Tal ar Veil, qui possédaient marais et dunes, sous la direction de Corentin Toulemont, et les travaux d'assèchement des marais furent effectués entre 1926 et 1928. Un canal de drainage à ciel ouvert sur 3 km et en souterrain sur 1,3 km fut construit pour évacuer le trop-plein d'eau et près d'une centaine d'ha gagnés à l'agriculture[20]. Des travaux analogues furent faits à Plovan, Tréogat et Tréguennec en bordure de la Baie d'Audierne, à Saint-Guénolé et Kérity en Penmarch. Plus à l'est, les marais de Kermor, à cheval sur les communes de Combrit et l'Île-Tudy furent aussi transformés en polders.
- le traon (mot breton) est la plaine basse traditionnelle, à la terre enrichie par les apports d'engrais et particulièrement de goémon, et amendée par le maërl extrait de la mer voisine, zone traditionnelle de culture céréalière, qui a développé, climat océanique tempéré aidant, une culture de primeurs, pommes de terre principalement, dès le XIXe siècle, exportées principalement vers l'Angleterre à partir du port de Loctudy ; dans les premières décennies du XXe siècle, cette zone a développé des cultures maraîchères de plein champ : carottes, petits pois, haricots verts, choux-fleurs, épinards, oignons, ail, parfois vendus frais, mais souvent destinés aux conserveries.
La prospérité de ce terroir a été vantée par Jacques Cambry dès 1794 :
« Outre le froment qu'on y recueille en abondance, on y trouve beaucoup d'orge, de bled noir et d'avoine ; […] on vante les beurres de ce pays, les fruits de toute espèce y sont délicieux et très-communs : cerises, pêches, abricots, figues, etc. ; les jardins couverts de choux, d'oignons, de haricots, d'asperges, de melons, d'artichaux, de panais, sont très-nombreux. Pour obtenir ces riches productions, il ne faut qu'effleurer la terre : les fruits et les légumes de ce canton devancent d'un mois la maturité de ceux du canton de Quimper, qui n'est éloigné que de trois lieues ; on sent que les cultivateurs de ce canton y vivent avec plus d'aisance[21]. »
- le gorré ou menez (mots bretons) est la partie intérieure, plus haute et vallonnée, bocagère, qui était traditionnellement plus pauvre et plus isolée, couverte partiellement de landes par le passé, où l'élevage des bovins et des chevaux était prépondérant, mais pratiquant aussi des cultures, principalement fourragères[22].
Les contrastes entre l'intérieur et le littoral |
Deux mondes coexistent, et parfois même s'affrontent, au sein du Pays Bigouden : le littoral, dominé par la vie maritime, particulièrement la pêche, bastion ouvrier, syndical, républicain de gauche, longtemps pendant le XXe siècle à forte influence communiste et l'intérieur, rural, paysan et de tradition plus conservatrice. Ce clivage passe même à l'intérieur de nombreuses communes, opposant des bourgs ruraux qui se sont implantés en situation non littorale (les bourgs de Penmarc'h, Plomeur, Treffiagat, Plobannalec, Combrit) et les hameaux portuaires (Saint-Guénolé, Saint-Pierre, Kérity dans la commune de Penmarc'h, Léchiagat dans celle de Treffiagat, Lesconil dans celle de Plobannalec, Sainte-Marine dans celle de Combrit. Cette opposition a même provoqué un séparatisme communal : le port du Guilvinec obtient son indépendance communale par rapport à Plomeur le 6 avril 1880. Seuls trois chefs-lieux communaux se sont implantés originellement en situation littorale et portuaire : Loctudy, L'Île-Tudy (en raison de sa situation initialement insulaire), ainsi que Pont-l'Abbé, au fond de sa ria, la Rivière de Pont-l'Abbé.
Le même clivage existe dans l'ouest du Pays Bigouden, le long de la baie d'Audierne, où les marais littoraux et l'absence de sites portuaires ont dissuadé l'implantation humaine, les bourgs s'implantant, même pour les communes ou anciennes paroisses littorales, en situation non littorale : Saint-Jean-Trolimon, Tréguennec, Plonéour, Tréogat, Plovan, Pouldreuzic (où se trouve le seul hameau notable en situation littorale : Penhors), Lababan, Plozévet.
L'opposition entre les « Blancs », majoritaires parmi les électeurs ruraux, et les « Rouges », majoritaires parmi les marins, fut longtemps très forte, particulièrement pendant les premières décennies du XXe siècle : en 1910, le marquis de L'Estourbeillon, député royaliste, dénonce les incidents survenus lors des élections législatives dans la deuxième circonscription de Quimper, qui virent l'élection comme député radical d'Édouard Plouzané : « ce furent les voies d'accès aux salles de vote et même aux bourgs gardés par des groupes d'individus menaçant et frappant les électeurs ruraux qui venaient voter comme à Treffiagat, Peumerit et Plozévet ; des bureaux et des urnes pris violemment et gardés par des bandes de marins étrangers aux sections de vote, comme à Plobannalec, pour empêcher le vote des cultivateurs. (...) Ce n'est pas tout. Il y eut aussi des voies de fait (...), [une] agression même contre un des candidats, l'honorable M. de Servigny[23], dans la commune de Peumerit, [des] coups et blessures à Plogastel-Saint-Germain (...) »[24].
Ces contrastes se retrouvent en partie de nos jours dans les regroupements de communes qui se sont constitués : la communauté de communes du Pays Bigouden Sud regroupe essentiellement des communes littorales et la communauté de communes du Haut Pays Bigouden des communes de l'intérieur et de la partie occidentale du Pays Bigouden ; ce clivage est aussi symbolisé par la rivalité actuelle entre les deux villes de Pont-l'Abbé, capitale historique du Pays Bigouden et siège de la communauté de communes du Pays Bigouden Sud, et Plonéour-Lanvern, qui se revendique « carrefour du Pays Bigouden », même si le siège de la communauté de communes du Haut Pays Bigouden se trouve à Pouldreuzic.
Environnement |
Climat |
Le climat est océanique avec un hiver doux mais humide et très venté, et un été sans chaleur excessive (voir aussi climat du Finistère).
Le site naturel de la baie d’Audierne est protégé, célèbre par ses courants et sa navigation dangereuse. C'est aussi une zone très poissonneuse par la rencontre des eaux océaniques qui viennent buter contre le courant plus froid venant de la Manche.
Faune marine de la baie d'Audierne |
Le site recueille sur ses côtes de nombreuses espèces marines qui y trouvent refuge entre la côte continentale et les îles du Ponant finistérien dont l’île de Sein qu'on rattache souvent aussi au Pays Bigouden.
Bien que le Pays Bigouden soit de tradition plutôt terrienne, les femmes de Sein partageaient souvent les mêmes traditions et activités que les Bigoudens du continent, ou bien vivaient sur le continent durant l’hiver difficile à Sein, certaines familles sénanes y possédant aussi des potagers car les cultures maraîchères étaient difficiles et insuffisantes sur l’île, et les pêcheurs sénans apportaient l’essentiel de leur pêche en port de Loctudy avant de rentrer sur l’île ou de cultiver leur potager en pays Bigouden ou acheter les provisions de bouche avant de rentrer sur l’île avec leur panier de pêche.
De fait la pêche en baie d’Audierne était très fructueuse et guettée par de nombreux oiseaux (mouettes, fous de Bassan, et depuis quelques années des macareux revenus de la Manche) qui suivaient les pêcheurs pour collecter les espèces non conservées. Les eaux sont riches aussi en poissons de grande taille dont le bar.
De plus, la baie d’Audierne offre un plateau continental favorable à l’élevage des langoustes et homards en paniers, et les eaux sont aussi riches en langoustines, galatées et petites crevettes grises ; son fond est également habité par des espèces très charnues de crabes marins.
Des baleines y étaient observées. On voit toujours des dauphins et petits requins appelés des « peau bleue » qui étaient capturés autrefois pour leur viande, mais le plus souvent parce qu'ils se retrouvaient au milieu des filets, attirés par les riches bancs de poissons de la baie et de la mer d'Iroise. On en trouve encore en criée de Loctudy.
Bien que la pêche soit toujours importante, la diminution des bancs de poissons et crustacés reste un problème et a conduit à limiter l'effort de pêche pour préserver la ressource. Autre problème : la pollution marine (dont les dégâts causés par les marées noires et dégazages sauvages des navires croisant au large de la Bretagne) qui a marqué toute la région et appauvri les espèces aviaires.
La Rivière de Pont-l’Abbé et les abers |
Grâce aux efforts de préservation, de dépollution des effluents urbains et de protection des berges, les populations de saumons sauvages sont revenues et ont colonisé les abers et petites rivières aux eaux cristallines et abondantes qui débouchent à Pont-l'Abbé dans son petit port.
Toponymie |
Tradition orale : Penmarc'h |
La péninsule s'appelle primitivement Penmarc'h[25],[26]. Henri Touchard constate à diverses reprises qu'à la fin du XVe siècle, dans les registres portuaires, le même maître d'équipage et son même bateau peuvent avoir pour port d'attache un jour un port connu (Loctudy[27], Guilvinec…) et un autre jour un mystérieux « Penmarc'h ». Il en conclut que Penmarc'h n'est pas un port, mais une vraie « nébuleuse » de ports. Penmarc'h désigne « toute la côte », de la baie d'Audierne à l'embouchure de l'Odet[28].
« Quand on parle de Penmarc'h à cette époque, il s'agit en fait de l'équivalent d'un quartier maritime qui va de Léchiagat à Pors-Carn. Un maître de bateau de Treffiagat inscrit son bateau à Bordeaux comme étant de Penmarc'h[29]. »
Per Jakez Helias décrit ainsi, dans le conte La Rivière de Kido, de manière imagée, les conséquences de l'envasement et de l'ensablement progressif de la région :
« Le pays de Penmarc'h, en ce temps-là, était un archipel d'îles basses entre lesquelles on circulait par des canaux. Tout au long de la baie d'Audierne, il y avait des ports ouverts. Et c'est par la route de mer que les pèlerins arrivaient de toute part au grand pardon de Languidou. Ils venaient même de pays étrangers tant était grande la réputation du seigneur saint Kido[30], qui protégeait les hommes et les biens sur l'eau salée. (...) Et puis il vint un temps où la mer attrapa mal au ventre, on ne sait pourquoi, ni comment. (...) À force de convulsions, elle dérouta ses courants, elle bannit ses poissons au large, elle encombra ses canaux de sa vase, elle finit par dégorger; sur ses bords, les galets qui lui faisaient mal. (...) La baie de Kido se trouva polie d'un cordon de galets polis et se dessécha derrière ce mur. La rivière devint un étang et les cloches de Languidou sonnèrent le glas du grand pardon. Pendant plusieurs années encore, des navires d'outre-mer, chargés de pèlerins, se présentèrent devant la Baie d'Audierne, cherchant l'entrée de la rivière de Kido. Mais ils avaient beau croiser de Pors-Karn à Pors-Poulhan, il n'y avait plus d'entrée[31] »
Paroisse du même nom |
Le nom de Penmarc'h est donné par la suite à une paroisse. Il s'agit à l'origine d'une trève, qui est nommée Trebotref vers 1330, et dont on sait qu'elle est paroisse en 1349. Cette paroisse comprend un bourg (« le bourg ») et deux ports : Saint-Pierre et Kérity (le port de Saint-Guénolé, à cette époque, est trève de Beuzec-Cap-Caval). Au XVe siècle, la paroisse s'appelle le plus souvent Treoultrenabat. Au XVIe siècle, elle devient Tréoultré. En 1592, on trouve « parroesse de Treoultre, terrouer de Penmarc ». Au XVIIe siècle, on trouve aussi bien Tréoultré que Tréoultré-Penmarc'h. Enfin, en 1740, le nom de la paroisse devient définitivement Penmarc'h. Au moment du Concordat, en 1802, la trève de Saint-Guénolé lui est rattachée[25]. Penmarch (dans l'orthographe officielle) est aujourd'hui le nom du bourg et le nom de la commune.
Source de confusion |
Le nom de Penmarc'h est souvent source de confusion, du fait de son emploi anachronique par les auteurs du XIXe siècle pour désigner la paroisse de Tréoultré (qualifiée aussi de « ville[32] », alors qu'il s'agit bien de trois agglomérations distinctes[33]) : le nom de Penmarc'h fait songer inévitablement au port de Saint-Guénolé, qu'il incite à inclure avant l'heure dans la paroisse.
Tradition écrite : Cap Caval |
Le Pays bigouden formait au haut Moyen Âge le pagus Kap-Caval (Cap Caval), un pays historique, c'était un pagus, c'est-à-dire une subdivision administrative de la Cornouaille[34].
Quittant les registres portuaires, reflets de la tradition orale, on trouve dans les textes anciens le nom de Cap Caval. Il s'agit d'une latinisation (caput caballi), par les religieux chrétiens, de penn marc'h (« tête de cheval »)[25]. Ce nom tombe en désuétude à la fin du XVIIIe siècle.
Histoire |
Étymologie et origines |
Le mythe des origines développé au XIXe siècle |
On a donné toutes sortes d'ancêtres aux Bigoudens : Mongols, Galtchas (les « Tadjiks des Montagnes »), Lapons, Phéniciens, Atlantes[35]… Selon certains ethnologues du XIXe siècle, les Bigoudens seraient les descendants des aborigènes ayant occupé la Bretagne avant les premières invasions celtes[36]. Selon d'autres, se basant sur des « ressemblances physiologiques » (pommettes hautes des Bigoudènes, yeux légèrement bridés, etc.), les Bigoudens descendraient d'une tribu mongole[37]. L'ingénieur A. Mahé de La Bourdonnais voit dans le Bigouden « un Mongol pur sang », « aux traits taillés à coups de hache », présentant le type commun aux Bouriates, aux Tchouktches, aux Kalmouks, aux Tibétains[38]. D'après la thèse pour le doctorat en médecine soutenue en 1899 par le Quimpérois René Le Feunteun, les Bigoudens, « race mongoloïde », forment une « population étrange, qui n'a adopté du Breton que la langue, conservant ses mœurs, son type et un costume à part[39] ». Pour Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais « Les Bigoudens sont foncièrement laids et n'ont rien de commun avec le type grec. (...) Ils me paraissent être d'origine thibétaine (...) Les Bigoudens paraissent être des Mongols pur sang. (...) Les Quimpérois les appellent communément des Chinois, et qu'il n'y a pas à Quimper une seule boutique ou commerce tenu par un « Bigouden ». Elles (sic) ont le monopole de la « marée » et tous les matins, elles arrivent des campagnes environnantes ou des bords de la mer, étaler leurs produits agricoles ou leur pêche, sur la place du marché. Mais, le soir venu, il ne reste pas un seul habitant de Pont-l'Abbé à Quimper[40]. »
À partir de 1983, une enquête immunogénétique, parrainée par l'Inserm, est menée par l'équipe du professeur Gabriel Le Menn. Elle confirme qu'on a bien affaire, de Plozévet à Sainte-Marine, à une seule et même population : « Non seulement cette population constitue un ensemble homogène, mais également elle diffère des Bretons limitrophes[35]. » Les enquêteurs considèrent en revanche qu'« il faut tordre le cou au mythe oriental… puisqu'il n'existe rigoureusement aucune analogie génétique entre Bigoudens et Asiatiques[35]… » La population bigoudène a plus d'affinités génétiques avec les populations de pays celtiques insulaires (île de Man, pays de Galles) que la moyenne de la population finistérienne[41].
Origine du nom actuel : Pays Bigouden |
L'origine de cet ensemble remonte peut-être fort loin dans le temps, mais on n'en trouve pas trace avant le XIIe siècle. On ignore s'il a constitué un fief[42].
On n'a aucune certitude concernant l'origine du mot bigouden. Il serait apparu dans les années 1830, pour désigner la pointe de la coiffe locale[43]. Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que l'usage devient courant d'appeler Bigoudens et Bigoudènes les habitants de la contrée. En témoigne par exemple ce texte d'Albert Racinet publié en 1888 :
« Le bigouden est la coiffe de linon ou de coton dont les paysannes de Pont-l'Abbé recouvrent leur serre-tête brodé de soie ; non seulement cette coiffure prend une forme différente chez la jeune fille ou la femme mariée, mais elle subit encore, dans chacune de ces catégories, plusieurs variantes (...). Les temps ont voulu que l'harmonieuse appellation, si longtemps réservée aux bonnets, fût donnée à celles qui les portaient : on dit aujourd'hui, en parlant de ces paysannes, dont la coquetterie est proverbiale en Basse-Bretagne, les Bigoudens de Pont-l'Abbé[44]. »
Quant à l'expression Pays Bigouden, elle ne s'impose qu'au début du XXe siècle[45].
« Les Bigoudens ont de longue date affirmé leur singularité par la coiffe des femmes et les broderies du costume masculin. (...) La prééminence de la femme est telle chez les Bigoudens que le nom même de l'homme en langue bretonne, le bigouter, est tombé en désuétude et que le pays a pris le nom de la coiffe des femmes, la bigouden. (...) La Bigoudène, même mariée, continue à être désignée sous son nom de jeune fille[46]. »
Pour sa part, Pierre-Jakez Hélias a écrit : « Nous autres Bigoudens, nous avons la réputation de ne pas être comme tout le monde. Cela doit être vrai puisque tout le monde le dit, nous-mêmes les premiers. (...) Dans mon pays, ce sont les femmes qui méritent de commander, à force de sacrifices, d'abnégation et d'orgueil indomptable. Il n'est pas possible sans elles d'expliquer le quart de ce que nous sommes ».
Le doyenné du Cap Caval |
La plus ancienne entité connue dans la péninsule est, au XIIe siècle[47], le doyenné du Cap Caval (on en ignore l'étendue). Il a pour siège Beuzec-Cap-Caval. Le doyen (le recteur de Beuzec) exerce une fonction assez importante, puisqu'il juge les causes matrimoniales et testamentaires de toutes les paroisses du doyenné[47] (on aurait compté quatre notaires à Beuzec[48]). Mais l'évêque de Cornouaille affirme son autorité : il obtient la démission du doyen et, le 19 octobre 1286, il annule définitivement le doyenné, qui devient archidiaconé[47].
Un compte établi en 1368 par l'archevêché de Tours donne la composition pour cette année-là de l'archidiaconé du Cap Caval : 22 paroisses, couvrant un territoire plus vaste que celui du pays Bigouden des années 1940. Il comprend notamment :
- au nord-ouest, la totalité de la paroisse de Plouhinec et de celle de Mahalon (comprenant la trève de Guiler) ;
- à l'est, la totalité des paroisses de Plomelin et de Pluguffan[47],[49].
Dans l'archidiaconé, Beuzec-Cap-Caval devient simple paroisse. Elle est supprimée en 1801, au moment du Concordat[47]. Le bourg de Beuzec-Cap-Caval fait maintenant partie de la commune de Plomeur.
Moyen Âge |
Un ensemble de ports prospères |
Penmarc'h était aux XIVe et XVe siècles une des villes les plus prospères de Bretagne et sa population avoisinait alors les 10 000 âmes. C'est qu'à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Penmarc'h, on trouvait à une certaine époque de l'année un banc considérable de morues dont la pêche était fort lucrative. Par ailleurs la ville faisait commerce de chanvre, de toile, de bestiaux et de grains avec les ports espagnols de la Galice et des Asturies. La ville était tellement tournée vers le commerce maritime que les terres environnantes étaient laissées en friche et que l'autorité dut intervenir pour en exiger la culture[50]. La prospérité de la ville commença à décliner vers 1500 avec la découverte d'importants bancs de morues au large de Terre-Neuve qui profitèrent surtout aux ports de la Manche : Saint-Malo, Granville, Binic. Cependant la ville continua à exporter vers l'Espagne des farines et des poissons secs.
En 1482-1483, le registre de la « comptablie », qui perçoit les taxes à l'entrée du port de Bordeaux enregistre 27 navires venant de Penmarch[51].
Henry Reverdy décrit ainsi l'ancienne prospérité de Penmarc'h :
« Autrefois, Penmarc'h fut une ville qui s'étendait de Kérity à Saint-Guénolé. (...) Un port avec une longue jetée s'étendait à presque un quart de lieue en mer jusqu'au Rocher de la Chaise. Les ducs de Bretagne avaient une pêcherie à Poul-Bras. Les sentiers portent encore le nom des rues qu'ils ont remplacées : "Grand'rue", "rue des Marchands", "rue des Argentiers". La richesse était telle qu'on tapissait d'étoffes de soie les murailles au jour des processions. Les habitants de Penmarc'h étaient déjà dans ces temps éloignés d'intrépides et hardis marins. À 30 lieues dans l'ouest de la Pointe, ils trouvèrent un banc considérable de morues. La présence de la "viande de carême" attira les armateurs. Des artisans de toute espèce vinrent à leur suite ; la ville se forma et s'accrût rapidement. À la pêche s'ajouta aux XIVe siècle et XVe siècle le commerce des grains, des bestiaux, ds toiles avec les ports d'Espagne. Sous Henri II, Penmarc'h pouvait armer 2 500 arquebusiers. La décadence vint. Un raz-de-marée submergea le port. (...) La morue s'éloigna des côtes[52] »
De plus Penmarc'h fut la cible d'attaques répétées de la part de la marine anglaise. Ils pillèrent la cité portuaire à deux reprises : une première fois en l'an 1403 et une seconde fois le siècle suivant en l'an 1514. Lors de l'attaque de 1403, la flotte anglaise était conduite par Guillaume de Wilford qui avait 6 000 hommes sous ses ordres.
René de Rieux, dit Sourdéac, qui fut gouverneur de Brest et marquis d'Ouessant à la fin du XVIe siècle décrit ainsi la prospérité de Penmarc'h à la fin du Moyen Âge :
« Il y avait dans le bourg de Penmarc (que j'estime l'un des plus grands de France) fort grande quantité de petits bourgs, chacun de Soixante à quatre-vingt maisons, lesquelles ne sont distantes les unes des autres que de la portée de l'arquebusade, et diriez que c'est un archipelage terrestre de voir cette grande étendue de maisons séparées par cantons, et auparavant que la rage de Fontenelle les ont ruinés, c'estoit le plus riche bourg de Bretagne, et que les Penmarquéens avoient plus de cinq cents navires à eux[53]. »
L'importance des activités textiles et tinctoriales |
L'« immense richesse » de Penmarc'h au Moyen Âge a été contestée par certains historiens qui fondaient leur analyse sur les taxes prélevées sur le commerce des poissons. Mais les plus grands bénéfices provenaient probablement du commerce des plantes tinctoriales comme le pastel et la garance, du travail du lin et du chanvre. Les documents écrits manquent pour pouvoir l'affirmer avec certitude, mais l'étude de la toponymie locale de Penmarc'h, de Plomeur et des communes avoisinantes menée par Robert Gouzien dans son livre Le Pays Bigouden, un pays de cocagne ? montre de nombreux noms de lieux leur faisant référence, en langue bretonne bien sûr ; par exemple des lieux-dits comme Lestembec'h ("La cuve des tas [de pastel]"), Poulelest ("La mare à la cuve"), Poull Kog ("La mare où l'on fait macérer les coques ou cocagnes"), Rulenn ("L'étang de la teinture rouge"), Poul Glaz ("La mare bleue"), Lagad Glas ("La mare où l'on rouissait le lin"), Keregard Glas (La ferme où l'on cardait le lin"), etc. La maison en ruine dite "Four de Saint-Trémeur" (en Le Guilvinec) est un kanndi ; l'auge de Saint-Vio en Tréguennec servait à blanchir le chanvre ; la fontaine Saint-Côme[54], près de la chapelle de Langougou en Plomeur, possède plusieurs bassins de rinçage qui servaient pour le lin et le chanvre (on peut d'ailleurs se demander si les vertus miraculeuses et divinatoires attribuées par la croyance populaire à l'eau de cette fontaine n'était pas liée aux déchets de chanvre polluant l'eau et entraînant des effets un peu analogues à ceux du cannabis) ; la fontaine de Poulguen (en Penmarc'h) possède encore une esplanade pavée de grandes dalles de granite et est entourée d'un muret de pierre qui est un ancien repamoir servant de lieu de dépôt des écheveaux après leur rinçage. Le pont, fait d'une ancienne dalle funéraire, situé sur le ruisseau devant la fontaine de Saint-Vio est aussi un ancien repamoir (dalle permettant de faire reposer les écheveaux pour les faire sécher après leur rinçage) . Vu l'importance de la flotte de Penmarc'h du XIVe siècle au XVIIe siècle, la production de cordes, alors en chanvre, était nécessairement importante dans la région, ce qu'illustre le lieu-dit Valordi (situé près de la pointe de la Torche en Plomeur) qui signifie en breton "maladrerie", "léproserie", or les lépreux s'adonnaient traditionnellement à la fabrication des cordages. (...) « La chapelle de la Madeleine, aujourd'hui en Penmarc'h, située à proximité, leur est manifestement destinée. En effet les toponymes "La Madeleine" sont synonymes des noms de lieux "La Maladrerie" et sainte Madeleine est la patronne des cordiers ». La disposition des différents bassins et de la rigole de trop-plein de la fontaine de la Madeleine indique qu'il s'agissait d'une fontaine de rinçage de torons à cordes[55].
Dans l'église paroissiale Saint-Nonna, le bénitier de la famille Le Coguen, offert lors du baptême d'Urbane Le Coguen le 16 octobre 1620, est orné d'un blason présentant des cupules de glands, ce qui illustre la profession de fabricant de teintures de cette famille (les cupules de glands servaient à fabriquer une teinture verte). Un autre bénitier est orné d'une inscription : Le Flaman, ce qui illustre les relations des marins de Penmarc'h avec la Flandre à cette époque. En 1483, selon Yann Brekilien, 344 navires de Penmarc'h font escale dans le seul port d'Arnemuiden, et en 1533-1534 270 bateaux, selon Serge Duigou[55].
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Une telle activité maritime entraînait nécessairement l'existence à l'époque de nombreux chantiers navals même si l'histoire n'en a pas gardé de traces directes, les navires et les infrastructures en bois ayant disparu. Les seules traces de leur existence sont indirectes, grâce à la toponymie : Pors-Moro ("Le port où l'on met à l'eau les bateaux", Moran signifiant en breton "lancer un bateau") ; un chantier naval existe d'ailleurs toujours à cet endroit[56] ; le toponyme "Sainte-Marine" (Sant Voran en breton) pourrait avoir la même origine[55].
Des marais salants |
De nombreux marais salants ont existé par le passé dans les divers paluds du Pays Bigouden. La carte des côtes de Bretagne vers 1780[57] indique encore un "marais salans ruiné" au sud du hameau de Poulguen (en Penmarc'h) ; les œillets à sel[58] (en breton lagadoù) des anciennes salines de Ster Poulguen sont encore visibles, transformées de nos jours en potagers ou terrains pour mobil-homes. La fréquence du mot breton gwenn ("blanc", couleur qui fait référence au sel) dans la toponymie littorale du Pays Bigouden est remarquable : Aod Gwenn ("La plage des Sables blancs") à Loctudy, Beg Gwenn ("La Pointe Blanche") à Lesconil, etc[55].
Des moulins |
La carte de Cassini montre l'existence de très nombreux moulins dans le Pays Bigouden. La seule paroisse de Plomeur « possédait neuf moulins, dont les moulins à eau de la Palue, de Pendreff (1786), le moulin en mer (Ar Veil Mor)[59] à Treffiagat et les moulins à vent de Kerergos (Guilvinec, alors en Plomeur), de la Palue et de Penn ar Prat[60] (XVIIIe siècle) »[55]. La Rivière de Pont-l'Abbé abritait le moulin à marée de Pors-Moro[61], qui appartenait au XVe siècle aux seigneurs du Pont, mais qui fut remanié au XVIIIe siècle, équipé en particulier d'un bassin de retenue, et le barrage-pont, qui retient les eaux de la Rivière de Pont-l'Abbé pour former l'étang de Pont-l'Abbé, existait déjà en 1220, équipé d'un moulin, et appartenait lui aussi aux seigneurs du Pont. À la fin du Moyen Âge, deux moulins banaux fonctionnaient à l'entrée sud de ce barrage-pont, appartenant alors aux chanoines de Loctudy[62].
La pisciculture |
Les étiers (en breton, ster au singulier, steriou au pluriel) comme le Ster Poulguen à Penmarc'h, le Ster Leskon à Lesconil, etc., petits estuaires des fleuves côtiers non encore colmatés, étaient des lieux importants de pisciculture : de nombreux toponymes en ont gardé la trace comme le manoir de Lestiala[63] ou le lieu-dit Keraluic en Plomeur, ou encore les nombreux lieux (et statues dans les églises et chapelles) faisant référence à saint Alar, patron des alevins et des alevineurs ou à Saint Hilaire[64] (Sant Hiler en breton) en raison de la proximité de leurs noms avec le terme breton an alaer qui signifie "l'alevineur")[65]. De nombreux pièges à poissons étaient aussi aménagés le long du littoral, comme celui encore visible de la Pointe de Men-Meur en Le Guilvinec (en Plomeur à l'époque) ; les nombreux toponymes gored ("piège à poisson" en breton) en ont aussi conservé la trace comme Goret en Penmarc'h ou Trebehoret[66] à Pont-l'Abbé[55].
L'Ordonnance de Colbert de 1681 ordonne la destruction des pêcheries, des pièges à poissons et des bassins piscicoles qui empiètent illégalement sur le domaine public maritime, ce qui favorisa l'ensablement des estuaires et des marais qui ne furent plus entretenus, l'homme aidant même à leur comblement par des travaux d'assèchement, d'endiguement et de comblement, créant des polders, afin de gagner des terres à l'agriculture.
Les églises décapitées du Pays Bigouden |
Chapelle Notre-Dame de Languivoa.
Ancienne église paroissiale Saint-Philibert de Lanvern.
Ancienne église tréviale de Lambour.
En 1675, la révolte antifiscale du papier timbré agite d'abord les villes. Elle commence à Bordeaux en mars, et gagne la Bretagne (notamment Rennes et Nantes en avril, puis en mai). Elle s'étend à partir du 9 juin aux campagnes de Basse-Bretagne[67]. Le mouvement propre aux campagnes est connu sous le nom de révolte des Bonnets rouges[68].
Le 23 juin 1675, un groupe de paroissiens se révolte en l'église de Combrit, moleste Nicolas Euzénou de Kersalaün, le seigneur du Cosquer[69], et le pend à une fenêtre de son château. Il meurt le 1er juillet, des suites de ses blessures. Fin juin et début juillet, les habitants du Cap Caval détruisent les actes consignant les privilèges seigneuriaux, et couchent par écrit leurs revendications. Le « Règlement des quatorze paroisses[70] », établi le 2 juillet, probablement en la chapelle Notre-Dame de Tréminou[71], est le plus connu des différents « codes paysans » édictés à cette période. En Cap Caval, si les revendications fiscales envers le pouvoir central sont bien présentes, la colère populaire trouve aussi un aliment dans les innombrables abus des seigneurs locaux, des hommes de loi, des prêtres et des négociants[72]. Les trois principaux propriétaires fonciers de la contrée sont particulièrement visés…
- Les carmes du Pont (Pont-l'Abbé). Ils sont contraints par 8 000 hommes de renoncer aux corvées qui leur sont dues en signant le « Code breton »[73].
Armand Jean de Vignerot du Plessis, baron du Pont. Le 24 juin, son château est dévasté, incendié, ses archives sont dispersées, brûlées, les maisons de son receveur et de son greffier sont brûlées[74].- René du Haffont. Ses manoirs de Lestrediagat (en Treffiagat) et de Brénanvec (en Plonéour) sont saccagés, pillés, en partie incendiés[69].
Au nom du roi Louis XIV, le duc de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, mène début septembre[75] une féroce répression. Il est à la tête de plus de 6 000 hommes, parmi lesquels :
- 350 mousquetaires ;
- des compagnies du régiment des Gardes françaises et du régiment des Gardes suisses ;
- les régiments d'infanterie de la Couronne et de Navailles ;
- huit compagnies d'infanterie des garnisons de l'île de Ré, de l'île d'Oléron et de Brouage ;
- le régiment de Tessé dragons ;
- des archers de la maréchaussée[76].
Des insurgés sont pendus (à Combrit, quatorze paysans auraient été pendus au même chêne[77]). D'autres sont envoyés aux galères. Les cloches qui ont sonné le tocsin pour mobiliser les paysans sont descendues, par exemple à Languivoa, en Plonéour. Les clochers de six édifices religieux sont même décoiffés à coups de canon :
- à Tréguennec, où l'on ignore s'il s'agit du clocher de l'ancienne église paroissiale (détruite au XIXe siècle) ou de celui de la chapelle Notre-Dame-de-Pitié (actuelle église paroissiale), située à l'extérieur du bourg[78] ;
- celui de la chapelle Notre-Dame de Languivoa, dans la paroisse de Plonéour ;
- celui de l'église paroissiale Saint-Philibert de Lanvern ;
- celui de l'église tréviale Saint-Honoré (trève de Lanvern) ;
- celui de l'église paroissiale de Combrit ;
- celui de l'église tréviale de Lambour (alors trève de Combrit)[79].
Le XIXe siècle |
La vie quotidienne |
L'habitat des paysans bigoudens fut longtemps très simple : dans la plupart des cas, la pièce unique est séparée en deux par une simple cloison entre le « haut bout » réservé à la famille et le « bas bout » destiné aux animaux. Dans la même pièce cohabitaient enfants, parents et grands-parents. Les familles possédaient au mieux une paillasse, un banc, un coffre rassemblant vêtements et ustensiles. Peu à peu, à partir de la fin du XVIIIe siècle et pendant le XIXe siècle, le bétail est relégué dans un autre bâtiment, le « bas bout » étant transformé en chambre ou en pièce annexe, des armoires en bois de pin avec ferrures de fer de style Louis XV (avec un siècle de décalage sur la mode parisienne) remplacent le vieux coffre médiéval, puis des armoires en châtaignier, alignées les unes touchant les autres, parées d'une patine rouge, avec ferrures en laiton et clous étincelants, ainsi qu'un vaisselier et des lits-clos. La cheminée est le cœur de la maison ; elle est assez grande pour que l'on puisse s'y asseoir de chaque côté lors des repas, des petits travaux du soir et des veillées[80]. La grande pauvreté reste encore fréquente à la fin du XIXe siècle :
« J'ai vu des taudis où pour tout ustensile de ménage, il y avait une écuelle, une bouteille et une plaque à galettes, un amas de fougères servait de couche à la malheureuse qui habitait ce galetas. Peut-on supposer pareil dénuement[81] ! »
Le sol de la maison est la plupart du temps en terre battue, comme l'a écrit Pierre-Jakez Hélias :
« Ah cette terre battue ! On en a fait la marque même de la pauvreté proche de la misère. On a raconté qu'elle était toujours sale. Et il est vraie qu'elle tournait parfois en boue. C'est oublier que nous sortions de la boue des champs et des routes, que nous portions des sabots cloutés. »
Famille bigoudène de Pont-l'Abbé avant 1900.
Intérieur bigouden vers 1900.
La « mode bigoudène » dans la seconde moitié du XIXe siècle |
Une exposition Mode citadine, mode paysanne, influences croisées (1850-1910) ou Bigoudène, so chic !, qui s'est tenue en 2013 au musée bigouden de Pont-l'Abbé a montré la mode bigoudène des costumes de ville de la bourgeoisie urbaine, principalement parisienne, pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Cette mode citadine d’inspiration bigoudène, hybride entre mode de la ville et modes « traditionnelles », inspirées de plusieurs « pays » : pays Bigouden, pays de l'Aven, pays Glazik, pays Melenig, pays Pourlet, a été très à la mode de 1850 environ jusqu'à la Belle Époque, et a même perduré jusque vers 1930[82].
Émile Schuffenecker, Portrait de Madame Champsaur (1890), en costume bigouden, musée de Pont-Aven)[83].
Anonyme, Portait d'homme en costume breton typique du pays bigouden vers 1880, Pont-l'Abbé, musée bigouden[84].
François Hippolyte Lalaisse, Bigoudènes.
Paul Gauguin en costume bigouden vers 1890.
Paul Géniaux, Portrait d'une jeune femme en costume bigouden (vers 1900), Rennes, musée de Bretagne.
Alexandre Nicolaï décrit en 1893 l'industrie de la broderie à Pont-l'Abbé :
« La broderie est la principale industrie de Pont-l'Abbé et à peu près exclusivement aux mains des hommes, dont le travail passe de beaucoup celui des ouvrières en finesse et en solidité. De leurs mains sortent ces plastrons, ces devants de corsage dont les dames aiment à se parer, ces blagues, ces portes-cartes, ces portes-cigarettes, ces aumônières de drap armorié et décoré qui garnissent les étalages de Brest, de Quimper ou de Saint-Malo[85]. »
La création des voies ferrées suscite un engouement pour la Bretagne, et en particulier pour le Pays Bigouden, dont les compagnies de chemin de fer vantent le pittoresque, l'exotisme et l'archaïsme. Un mobilier néo-breton de style Henri II, un style Renaissance avec motifs supposés celtico-bretons, avec profusion de fuseaux et d'hermines, est alors à la mode. Ces « bigoudenneries de marchands » provoquent en réaction pendant l'Entre-deux-guerres l'essor du mouvement artistique des Seiz Breur, qui rejette ces « biniouseries ».
Le XXe siècle |
Les progrès de la scolarisation et le déclin de la langue bretonne |
Depuis les lois Jules Ferry, la scolarisation progresse, même si les enfants sont parfois jusqu'à 80 par classe et doivent parfois parcourir à pied de nombreux kilomètres pour parvenir à l'école ; l'usage du breton est réprimé, l'enfant doit commencer à apprendre le français. Les effectifs des écoles varient selon les saisons : au printemps les enfants aident aux travaux des champs ou partent en mer, n'échappant pas aux travaux les plus pénibles : en 1905 par exemple, les élus municipaux de Loctudy, parlent des petits gardiens de goémon en bord de mer « grelottant de froid et mourant de misère dans cette besogne qui n'est pas de leur âge »[80].
Ramassage des algues et usines à soude |
Le ramassage du goémon, récolté à pied sur les grèves ou dragué en mer (par les hommes), est une tradition ancienne tout le long de la côte bigoudène ; le goémon, abondant, servait d'engrais et, séché, de combustible pour l'hiver. Mais, dans la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle se développa une industrie de la soude : la population littorale, surtout les femmes et les enfants, ramassant le goémon, l'entassant, avant de le brûler dans les fosses rectangulaires, longues de quatre à cinq mètres, larges d'une quarantaine de centimètres, servant de fours afin d'obtenir des pains de soude, eux-mêmes traités ensuite dans des usines de traitement de soude implantées à Penmarc'h (à Saint-Guénolé, Saint-Pierre et Kérity) ainsi qu'à Larvor et Loctudy afin d'obtenir de l'iode et d'autres produits chimiques.
Per-Jakez Hélias a décrit les utilisations traditionnelles du goémon en Pays bigouden :
« Les populations de la côte tiraient du goémon autre chose qu'un appoint pour leurs cultures. Et tout d'abord il servait de "bois de chauffage", quand il avait été séché comme il faut, sur ces rivages venteux où les rares arbres ne suffisaient même pas à charpenter les maisons. (...) On en bourrait aussi, dans les pauvres maisons, les paillasses de chanvre où, sous le nom de melez rouz[86], il remplaçait bruyamment la balle d'avoine. (...) Et le goémon, à défaut d'être du pain, était nourriture, et l'est toujours. Je me souviens d'une sorte de flan (...) au pays de Léon (...). Au départ c'est une algue blanche et rose en forme d'arbrisseau (...) que l'on fait blanchir. (...) Mise au lait, elle donne une sorte de gâteau qu'il convient de déguster aussitôt fait. Certaines variétés d'algues rousses dont j'ignore le nom français servaient aux femmes bigoudènes, après décoction, à teindre leurs coiffes blanches en couleur havane quand elles étaient en deuil, c'est-à-dire souvent. D'autres algues, très fines et mélangées selon des recettes jalousement tues, donnaient une sorte de lait de beauté dont les jeunes filles de la côte s'adoucissaient la peau durcie par le hâle.[87] »
La pêche des sardines |
La naissance et l'essor de la pêche sardinière |
La pêche à la sardine semble n'avoir commencé que dans le courant du XVIIe siècle (ce poisson n'a commencé à fréquenter les côtes bretonnes qu'à partir du XVIe siècle en raison du réchauffement climatique qui suit le petit âge glaciaire ; auparavant l'on pêchait surtout le merlu et le hareng. On sécha d'abord la sardine comme le hareng, avant d'utiliser ensuite la technique de la presse à sardines[88].
La pêche, principalement celle des congres et des sardines, a été une activité très florissante, en particulier aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, mais en 1784 fut abrogé l'arrêt royal de 1748 qui interdisait l'entrée des sardines étrangères en France. « L'entrée trop facile du poisson étranger dans le royaume porta aux pêcheries des pertes affreuses et ralentit le courage des marins» est-il écrit dans le cahier de doléances de Douarnenez. En 1792 Lesconil et Le Guilvinec n'avaient qu'une chaloupe, Sainte-Marine 3, Treffiagat et Kérity 4 chacun, L'Île-Tudy 8, Concarneau 250 et Douarnenez 275 environ[89].
La pêche, principalement celle des sardines est à nouveau florissante pendant la deuxième moitié du XIXe siècle[90]. À partir de 1902, la crise touche l'ensemble des ports de pêche de la côte sud de la Bretagne, et particulièrement ceux du Pays bigouden :
« Née dans les années 1820, la conserverie bretonne de sardines n'a véritablement pris son essor qu'au milieu du siècle (...). Elle a connu quelques années florissantes puisque la France, dont la plupart des usines sont situées sur la côte sud de la Bretagne, est [alors] de loin le premier exportateur mondial dans ce domaine. Les conditions changent à partir de 1880. Les conserveurs commencent alors (...) à investir en Espagne et au Portugal. (...) Les conserveries bretonnes se heurtent donc très vite à une concurrence de plus en plus sévère[91] »
Les conserveries employaient surtout des femmes, dont le travail est ainsi décrit en 1908 :
« D'un seul coup d'ongle, des femmes, assises autour d'une table, enlèvent la tête et les entrailles de la sardine. Le poisson nettoyé est ensuite plongé dans des bassines en cuivre remplies d'huile bouillante. Plongées une dernière fois pendant une heure dans l'eau bouillante, les petites boîtes en fer-blanc sont livrées au commerce. Avec leurs belles étiquettes en lettres dorées, elles vont orner les devantures des épiciers du monde entier[92]. »
« C'est à la fin de 1894 et en 1895 qu'éclatent dans le Sud-Finistère les premiers conflits contre la mécanisation. En décembre 1894, les soudeurs-boîtiers de Poulgoazec en Plouhinec refusent de souder les boîtes fabriquées à Douarnenez par Gantier, un industriel qui emploie pour cela une machine spéciale. (...) Le premier syndicat est créé à Douarnenez le 5 mars 1896 ; d'autres créations suivent à Audierne, Le Guilvinec, Saint-Guénolé, Concarneau, (...). De nombreuses revendications salariales sont satisfaites (...) [mais] les usiniers n'ont rien cédé sur l'essentiel : la mécanisation[93]. »
« Le malaise chez les marins-pêcheurs est sensible dès 1896. Alors que dans les années 1880, ils avaient dû subir plusieurs saisons de pénurie du poisson, l'année 1896 connaît une abondance exceptionnelle. Mais pour les pêcheurs une telle abondance est aussi catastrophique que la pénurie car les cours baissent considérablement dans un temps où l'appât nécessaire à la pêche, la rogue, voit son prix augmenter. D'où des grèves à Plouhinec, Concarneau, Audierne. Un syndicat de pêcheurs est aussi créé à Douarnenez. D'autres suivent au début de 1897 à Penmarch, Le Guilvinec, Concarneau, Tréboul, Plougasnou, Plouhinec, Audierne, Camaret, l'Île-Tudy... En 1897, le poisson est aussi abondant que l'année précédente ; mais la situation est plus grave encore, les usiniers ayant constitué des stocks de conserves qu'ils sont bien loin d'avoir écoulés. Les cours du poisson s'effondrent très vite, (...) [certains] sont obligés de rejeter leurs prises à la mer... D'où des grèves en juin et juillet.(...)[94] »
Cette situation conduit les pêcheurs à tenter d'organiser leur profession et débouche sur la création d'un crédit maritime en 1904.
La crise de la sardine à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle |
La crise de la sardine survient à partir de 1902 :
« Cette année, la campagne a été désastreuse : aussi la misère est-elle atroce dans nos ports sardiniers. Les usines qui fabriquent des conserves de sardines ont dû cesser le travail. Telle maison qui confectionnait d'habitude trente mille caisses de ce poisson, en a fabriqué seulement deux mille. En 1902, les ouvriers-boîtiers et les manœuvres n'ont pu travailler. Les femmes et les filles de marins employées aux usines, qui joignent dans chaque maison leur gain de saison aux faibles ressources que le chef de famille tire de la pêche, ont été condamnées à l'inaction. Si on ajoute aux familles des marins-sardiniers celles des ouvriers-boîtiers et des manœuvres vivant de l'industrie des conserves, on arrive à constater que le nombre des habitants auxquels les ressources nécessaires font défaut peut être évalué à cent mille, sinon plus. C'est qu'en effet quand la sardine manque, tout manque. Plus d'argent apporté par l'homme au logis, plus de travail pour les femmes et les filles dans les usines, c'est la famine installée au foyer où les familles de moins de cinq ou six enfants sont l'exception. »
« Mes malheureux compatriotes ont vécu d'abord durant l'automne des rares économies des années précédentes, puis ils ont eu recours à l'emprunt, au crédit, à la charité enfin des paysans les plus proches pour manger le pain quotidien. Les paysans, les fournisseurs, ont fait plus que leur devoir. Mais le jour est venu où les boulangers des villages n'ont plus eu d'argent pour acheter de la farine, le pain a disparu[95]. »
Le journal Le Figaro décrit en ces termes la misère provoquée par cette crise de la sardine :
« Je ne vous conterai pas par le menu les misères de Sainte-Marine, de Lesconil, de l'Île-Tudy, de Loctudy, de Guilvinec, de Léchiagat, de Penmarch, de Saint-Guénolé, de Kérity, de Saint-Pierre, de Tréguennec, de Saint-Jean-Trolimon, mais je vous supplie de me croire sur parole : elles sont affreuses. (...) Contraints de mendier, ils attendent que la nuit leur ait fait à tous des visages pareils pour se présenter aux seuils hospitaliers. (...) À Guilvinec et à Léchiagat, le salaire moyen du pêcheur est, dans les bonnes années de 600 francs ; il est le même pour l'ouvrier soudeur ; celui de la femme employée à l'usine est de 150 francs. (...) Or ce salaire moyen, il est tombé, cette année, dans la circonscription de Saint-Guénolé, à 20 francs, vous lisez bien, 20 francs, pour toute une saison de pêche. À Guilvinec, il a été pour les soudeurs de 60 francs, et pour les femmes de 12 francs. Si ces chiffres vous stupéfient, réfléchissez que là où l'on a pêché, l'an dernier, 43 millions de sardines, on en a pris, cette année, qu'un million six cent quarante sept mille, et qu'au lieu d'en vendre pour 384 000 francs, on n'en a vendu que pour 34 000 francs. (...) Sur les 8 000 habitants de Guilvinec et Léchiagat réunis, il y en a 3 000 dont la misère est totale et le dénuement absolu. Il y en a autant dont la pénurie est extrême. Si tous ne sont pas réduits à la mendicité, c'est que plusieurs familles, ici comme à Penmarch, ont un petit champ, c'est-à-dire des carottes, des navets et des pommes de terre. Sur les 825 pêcheurs de la circonscription de Saint-Guénolé, 400 sont affamés. Trois cents, sur quatre cents, sont dans la même détresse à l'Île-Tudy[96]. »
Des collectes sont faites dans toute la France et des secours, en particulier des distributions de pain, sont organisés. Par exemple le journal Le Matin raconte dans ses numéros du 24 janvier 1903 et du 26 janvier 1903 les distributions de pain organisées par ses envoyés, grâce à l'argent collecté près de ses lecteurs, à Pont-l'Abbé (« Il y avait là quatre cents pères de familles très misérable »), à Loctudy (« La pauvre marmaille qui cherche du goémon sur la plage a eu du pain dans la soirée »), à l'Île-Tudy (« Là encore du pain a été distribué »), à Treffiagat (« Sur mille habitants, on compte 800 dans la misère »), au Guilvinec, à Penmarch, etc[97].
Cette crise perdure : le journal L'Humanité la décrit encore en 1906 : « Cette année [1905], les pêcheurs des iles Tudy (sic) et Lesconil ont réalisé à peine un gain de 180 à 160 francs ; à Audierne, Guilvinec et Penmarch, la moyenne a été de 60 à 80 francs. Comment peut-on nourrir sa famille avec ce maigre budget ? »[98].
Cette crise de la sardine provoqua aussi l'essor, encouragé par des dames patronesses, comme Madame Pichavant de Pont-l'Abbé, Madame Chauvel de Quimper, la comtesse d Dalmas[99], et des âmes charitables comme Jacques de Thézac dans ses Abris du marin ou encore plus tard Joseph-Georges Astor, fils de Joseph Astor, dans son testament[100], de la fabrication de la dentelle, en particulier du picot bigouden, afin de permettre aux filles et femmes de pêcheurs, mais aussi aux mousses et même parfois aux hommes trouver quelques revenus complémentaires[101]. La production des ouvroirs et des dentellières travaillant à domicile sont vendues dans les grandes villes, principalement à Paris, ainsi qu'en Angleterre et aux États-Unis, principalement par la maison "Aux enfants Pichavant", alors située 6, rue du Château à Pont-L'Abbé.
L'essor des conserveries |
La première friture[102] de sardines, rendue possible grâce à l'invention de l'appertisation, s'ouvrit en 1857 à l'Île-Tudy (usine Martin, créée par un négociant nantais), suivie d'une seconde dans le même port en 1860 (Philippe et Canaud) ; Roulland ouvre à Saint-Guénolé en 1867, puis Pichot au Guilvinec, etc. ; en 1881 une trentaine de conserveries de poisson, essentiellement de conserves de sardines à l'huile, fonctionnaient en Pays bigouden dont sept à Penmarc'h, six au Guilvinec. En 1893, 480 "femmes d'usine" étaient employées à Penmarc'h, 360 au Guilvinec, 76 à l'Île-Tudy, etc[103]. En 1900, on compte une trentaine d'usines à Douarnenez, presque autant dans le quartier maritime du Guilvinec (neuf friteries ou fritures, nommées ainsi car elles conditionnent le plus souvent des sardines frites dans l'huile, existaient sur la seule commune de Penmarc'h) et une douzaine à Audierne et Plouhinec. La diversification vers la conserverie des légumes n'eût lieu qu'après la première crise de la sardine au tout début du XXe siècle[104]. Vers 1930, neuf conserveries[105] existaient dans le seul port de Saint-Guénolé, sans compter trois usines d'iode.
La Première Guerre mondiale fut paradoxalement une période de relative prospérité pour l'activité sardinière, en dépit de difficultés d'approvisionnement et de la mobilisation d'une partie du personnel ; les prix montent car il faut approvisionner la défense nationale ; des usines désaffectées comme l'usine Frochen de Saint-Guénolé, fermée depuis plusieurs années, reprend du service en 1915 ; les frères Chancerelle rouvrent aussi une conserverie désaffectée à Douarnenez (Le Connétable). Des grèves éclatent en 1915 à l'usine Saupiquet de Quimper, ainsi qu'à Loctudy et L'Île-Tudy, mais cessent rapidement car les revendications salariales ds ouvrières sont vite acceptées. Certains conserveurs profitent de la guerre pour amasser des fortunes importantes[106].
En 1926-1927, lorsque se déclencha la première grève générale dans les conserveries, il existait alors dans le Pays bigouden 24 usines de poisson employant 1800 personnes, surtout des ouvrières. Parmi les usines les plus connues, l'usine Cassegrain de Saint-Guénolé (construite en 1880 par le nantais Charles Cassegrain, l'usine Larzul de Plonéour-Lanvern (créée en 1906), l'usine Chancerelle[107] au Guilvinec, l'usine Paul Chacun du Guilvinec, l'usine Furic (Compagnie bretonne du poisson) à Saint-Guénolé (créée en 1920), l'usine Le Gall de Loctudy, l'usine Hénaff de Pouldreuzic, l'usine Raphalen de Plonéour-Lanvern (créée en 1926 par Sébastien Raphalen), etc.
« Les "filles" commençaient à travailler entre douze et quinze ans. L'emploi ne durait que le temps de la saison de la sardine, de juin à septembre. Les horaires étaient subordonnés aux apports de poisson[108]. Le travail débutait à six heures du matin et se poursuivait jusqu'à dix, onze heures le soir, voire parfois jusqu'à deux ou trois heures du matin »[46]. Ces conditions de travail très dures provoquent l'apparition d'un prolétariat féminin rouge, animé par des responsables syndicalistes comme Anna Donnard[109], qui travaillait à l'usine Cassegrain de Saint-Guénolé et qui fit partie du bureau exécutif du syndicat CGT de l'alimentation.
Yves Buannic évoque les conditions de travail des ouvrières des conserveries à Saint-Guénolé dans la décennie 1930 dans "L'enfant du large" :
« Quand les bateaux arrivaient, il fallait que les sardines soient mises en boîte tout de suite. La corne de brume sonnait donc. Les ouvrières arrivaient à toute heure du jour ou de la nuit. Au début, elles y allaient à pied et, pour ne pas avoir peur la nuit, elles chantaient sur la route. Quand il n'y avait plus de travail ici, chez Cassegrain, Amieux ou les autres, on les envoyait comme du bétail aux Sables-d'Olonne, au Croisic ou à Saint-Jean-de-Luz. Là-bas, les ouvrières logeaient dans des dortoirs[110]. »
Gilles Le Guen a évoqué cette époque où la sardine était à la base de l'activité économique dans deux ouvrages concernant principalement Penmarc'h[111] et Joseph Coïc en a fait autant pour Le Guilvinec[112].
La crise de la pêche pendant l'Entre-deux-guerres |
Charles Tillon, peintre à ses heures, a représenté le défilé des ouvrières en grève, qu'il accompagnait, marchant sur les dunes, drapeau rouge en tête, le 31 juillet 1926.
D'autres mouvements sociaux eurent lieu par la suite, par exemple en juin 1927[113]. Le journal Ouest-Éclair du 21 juin 1927 évoque "Le conflit des pêcheurs et des usiniers de Saint-Guénolé-Penmarch", une grève longue, animée par Charles Tillon, qui dura plus d'un mois, les pêcheurs se plaignant du bas prix auquel les usiniers achetaient leur poisson, bas prix accentué par le comptoir d'achat groupé organisé par les usiniers :
« Les usiniers nous offrent un prix qui, disent-ils, est cinq fois plus fort qu'avant-guerre, mais les conditions de pêche ont bien changé depuis ! Avant la guerre, un canot nous revenait à 2 500 francs au maximum ; aujourd'hui, nos sommes dans l'obligation de débourser 25 000 francs pour avoir un bateau adéquat à nos besoins. (...) Nous voulons 800 francs les 100 kilos [de sardines][114]. (...) Nous ne pouvons pas, étant donné nos frais généraux, subvenir aux besoins de nos familles au prix offert par les usiniers[115] »
Les pêcheurs refusent aussi d'employer les filets tournants. « Nous pouvons très bien approvisionner les usines avec nos filets droits. Les filets tournants feraient réduite (...) le nombre des hommes d'équipage sur chaque bateau, ce qui provoquerait du chômage partiel »[115]. La grève s'étendit aux ports du Guilvinec, de Lesconil, de l'Île-Tudy, de Loctudy[116]
En 1933 à nouveau, les difficultés sont grandes comme l'illustre un article publié dans le journal Ouest-Éclair du 20 janvier 1933 intitulé : "La grande misère des pêcheurs des côtes bretonnes. Depuis vingt ans, on n'avait pas vu une situation aussi navrante" :
« Il fut un temps où, grâce au "picot", cette dentelle élémentaire implantée dans le pays par des âmes charitables lors de la crise de 1903, les familles parvenaient à trouver quelque subsistance, de quoi mettre un peu de beurre sur le pain de temps à autre. Non seulement les femmes mais les enfants, même les hommes, s'y mettaient. Dorénavant on ne fait plus guère de "picot" parce qu'il n'y a plus d'acheteur. »
« Au Guilvinec comme à Penmarch la misère est profonde : 90 bateaux sardiniers, 45 langoustiers, cela représente un nombre considérable de familles. On dira que les pêcheurs du Guilvinec qui émigrent eux, soit à Quiberon, soit au Croisic, ont gagné un peu plus que leurs camarades de Penmarch. (...) Il faut ajouter aux deux ports précédemment cités ceux de Lesconil, l'Île-Tudy, Sainte-Marine, qui ne sont pas mieux partagés, tant s'en faut[117]. »
Pendant la décennie 1930, le travail de la dentelle est lui aussi en crise et ne procure plus guère de revenus d'appoint. Le journal Ouest-Éclair du 15 février 1933 écrit, parlant de l'ensemble du littoral du Pays Bigouden :
« L'exportation de la dentelle et de la broderie s'est peu à peu tarie. L'Amérique, l'Angleterre, étaient de grandes clientes : elles n'achètent plus rien, ou très peu. Les grands magasins de Paris (...) ne comptent pas. De sorte que la maison Pichavant qui, il n'y a pas encore bien longtemps, achetait aux pêcheurs pour 30 à 40 000 francs de dentelles par semaine, n'en achète plus que pour 2 000 à 3 000 francs au maximum. Les pêcheurs sans gain, leurs femmes et leurs filles réduites au chômage, vous étonnerez-vous encore que la détresse soit si profonde[118] ? »
Le déclin des conserveries |
Le processus du déclin commence dès la décennie 1930 et se poursuit, et s'aggrave, pendant l'après-guerre en raison de la concurrence de la chaîne du froid, d la montée de la concurrence étrangère, les conserveries migrant à proximité des lieux de pêche (Maroc, Mauritanie, Sénégal, etc.) et de l'émiettement des entreprises, souvent trop petites et ne disposant pas de suffisamment de capitaux pour soutenir la concurrence, se moderniser et mener une politique commerciale dynamique. Les usines ferment les unes après les autres : Cassegrain à Saint-Guénolé dans la décennie 1970, Raphalen à Plonéour-Lanvern en 1979, Paul Chacun au Guilvinec en 1996, etc.
De nos jours seules subsistent quatre conserveries de poisson : "Capitaine Cook"[119] à Plozévet (ouverte en 1877), la "Compagnie bretonne du poisson"[120] (entreprise familiale Furic) à Saint-Guénolé, "Océan alimentaire"[121] à Saint-Guénolé et "Kerbriant"[122] (installée depuis 1986 à Beuzec-Cap-Sizun, mais qui a déménagé en 2010 à Douarnenez) et deux conserveries de charcuterie et plats cuisinés : "Hénaff" à Pouldreuzic (fondée en 1907) et "Larzul"[123] à Plonéour-Lanvern (fondée en 1906)
L'Entre-deux-guerres |
Un film en noir et blanc et sonore[124] illustre la fête du Parti communiste, très influent sur le littoral du Pays Bigouden à cette époque, qui se déroula le 7 août 1938 à Pont-l'Abbé, présidée par Marcel Cachin et au cours de laquelle L'Internationale en breton[125] fut chantée par la chorale Labour Ha Kan, venue de Paris[126].
L'après-Seconde-guerre-mondiale |
Économie |
Agriculture |
Au XXe siècle, jusqu'aux années 1950, l'agriculture et l'élevage bigoudens se montrent particulièrement dynamiques, produisant beaucoup et de manière diversifiée, sachant écouler pois, pommes de terre, bovins et porcs[127]. Mais, dans les années 1960, tandis que les paysans léonards organisent une spectaculaire restructuration de la production et de la commercialisation, les Bigoudens se contentent de moderniser leur polyculture — en particulier leur production de lait, qui augmente fortement à cette époque[128]. La culture des légumes est en baisse, par manque de circuits commerciaux adaptés. Dans les années 1980, avec la mise en place des quotas laitiers, la production de lait décline à son tour. En parallèle, les paysans assistent au développement de la pêche hauturière, du tourisme et de la spéculation immobilière. La campagne, qui jusque-là avait un rôle majeur dans l'économie bigoudène, cède le pas devant le dynamisme de la côte[128].
À la fin du XXe siècle, la surface cultivée a diminué, les friches se sont étendues, bien des producteurs de lait ont cessé leur activité[129], bien des ruraux ont quitté leur ferme pour des zones urbanisées. Dans les deux cantons du sud, le nombre des exploitations agricoles est de 1 094 en 1970. Vingt-deux ans plus tard, il n'en reste que 20 % (218), ce qui est un recul bien supérieur aux moyennes du Finistère[130]. Quatre des communes du canton de Plogastel-Saint-Germain (Plozévet, Landudec, Plogastel-Saint-Germain et Plonéour-Lanvern) comptent encore 431 exploitations en 1988. Douze ans plus tard, il n'en reste plus que 40 % (175)[128].
Industrie |
À Pouldreuzic est implantée la société Jean Hénaff, qui produit le pâté Hénaff.
Pêche |
Le Pays Bigouden compte huit ports sur la côte sud : Saint-Guénolé, Saint-Pierre, Kérity, Le Guilvinec-Léchiagat, Lesconil, Loctudy, l'Île-Tudy et Sainte-Marine.
Les trois ports principaux (Le Guilvinec, Saint-Guénolé, Loctudy) sont seuls à se livrer au chalutage. Ils disposent chacun d'une criée. En 2012, dans ces ports, la vente déclarée en criée des bateaux français représente 15,72 % de la production française en tonnage et 15,85 % en valeur.
Malgré toutes les difficultés qu'elle peut rencontrer, la pêche joue toujours un rôle important dans l'économie bigoudène. Le comité de bassin d'emploi estime qu'un emploi en mer induit 4,3 emplois à terre[131] : le quartier d'immatriculation « GV » (Pays Bigouden et Bénodet) comptant 809 marins fin 2011[132], ce sont plus de 3 000 emplois à terre dont le destin est lié à celui de la pêche.
Tourisme |
Le tourisme apparaît assez tard en Pays Bigouden, et ne se développe vraiment qu'à partir de la fin des années 1960, apportant sa manne à l'hôtellerie, au commerce, au bâtiment… Des précurseurs existèrent toutefois comme Marie de Kerstrat, dans sa propriété du Suler en bordure de la Rivière de Pont-l'Abbé fut la première à développer un tourisme de luxe en Pays Bigouden entre 1882 et 1897, année où elle partit au Canada ; ou encore comme Arthur de Coëtlogon[133] et Maurice de Laubière[134] qui créent la « Société des régates de l'Île-Tudy-Loctudy »[135], qui attire à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle la fine fleur de la plaisance française de l'époque.
Mais Jakez Cornou et Pierre-Roland Giot estiment que le tourisme ne « constituera jamais qu'un pourboire, et non une panacée ». Pour eux, « cette flambée saisonnière trop courte crée au contraire des déséquilibres, et fausse bien des problèmes[136]. »
Culture et patrimoine |
Monuments |
En 2005, parmi les monuments et musées de Cornouaille, le phare d'Eckmühl est le lieu le plus fréquenté (52 410 visiteurs), tandis que le manoir de Kerazan arrive en septième position (22 283 visiteurs)[137].
Mégalithes |
Les mégalithes étaient nombreux en Pays Bigouden. Mais rien n'a été mis en œuvre pour protéger ce legs vieux de 7 000 à 5 000 ans. Les deux plus spectaculaires opérations de vandalisme ont eu lieu à Lestriguiou et à Lesconil[138]. À Lestriguiou, sur quatre rangées, s'alignaient 600 à 700 menhirs. Il en restait encore 200 en 1866, dont 150 debout. Après le remembrement des années 1960, un seul se dressait encore, quoiqu'incliné. Tous les autres avaient été abattus, dispersés ou avaient disparu. Dans les années 1990, des bénévoles ont réussi à en retrouver 50, qu'ils ont alignés et relevés le long d'un chemin, pour moitié sur la commune de Penmarc'h, pour moitié sur celle de Plomeur[139]. À Lesconil, sur le site de Menez Goarem ar Feunteun, s'élevaient plus de 15 tumulus. En 1861, il en subsistait 27 dolmens à chambre compartimentée et couloir. On n'en trouve plus que des vestiges, ici et là, dans les jardins[140].
- Dolmen de Men Lan Du, en Plomeur.
- Dolmen de Kerugou, près de la chapelle de Beuzec-Cap-Caval, en Plomeur.
Tumulus de Beg an Dorchenn (dit tumulus de la « pointe de la Torche »), en Plomeur. Il comporte deux cairns superposés. Le cairn supérieur contient un dolmen à couloir et à chambres latérales du Néolithique moyen et une allée couverte du Néolithique final. Le tumulus, écrêté, laisse aujourd'hui apparaître les deux monuments. Des ossements découverts dans le dolmen sont datés de 4500 à 4090 avant notre ère[141].- Menhirs de Kerfland, en Plomeur.
- Tumulus de Poulguen, en Penmarc'h.
- Les deux menhirs de Kerscaven, en Penmarc'h.
- Menhir de Léhan, en Treffiagat.
Menhir de Lanvar, en Le Guilvinec.
Cairn de Goarem ar Horriquet, à Quélarn, en Plobannalec.- stèle du Léoc, inscrite à l'ISMH en 1973.
Art roman |
Église romane Saint-Tudy, à Loctudy, XIe-XIIe siècles[142].
Style architectural dit École de Pont-Croix |
Le style d'architecture religieuse École de Pont-Croix (XIIIe-XIVe siècles) est principalement répandu en Pays Bigouden. Il est dit « de Pont-Croix », bien que l'on ignore si le prototype est l'église Notre-Dame de Roscudon, à Pont-Croix, dans le Cap Sizun, ou la chapelle de Languidou, en pays Bigouden[143]…
- Chapelle de Languidou, en Plovan, XIIIe siècle[144].
- Église Saint-Gorgon, à Plovan, XIIIe-XVIe siècles[145].
- Église Saint-Annouarn de Peumerit, XIIe siècle-XVIe siècles[146].
- Église Saint-Paban, à Lababan, en Pouldreuzic, XIIIe siècle[147].
- Chapelle Notre-Dame, à Penhors, en Pouldreuzic, XIIIe-XVe siècles. Elle abrite, début septembre, le plus grand pardon bigouden[148].
- Église Saint-Démet, à Plozévet, XIIIe et XVe siècles[149].
- Église Saint-Boscat, à Tréogat, XIIIe et XVe siècles[150].
- Église de Lambour, à Pont-l'Abbé, XIIIe-XVIe siècles. Son clocher est décapité en 1675[151].
Chapelle de Languivoa, en Plonéour-Lanvern, XIIIe-XVIIe siècles. Son clocher est décapité en 1675[152].- Chapelle Saint-Budoc, à Beuzec-Cap-Caval, en Plomeur, XIIIe-XIXe siècles[153].
Évolution du style École de Pont-Croix |
Le style École de Pont-Croix a par la suite évolué, comme en témoignent d'autres édifices bigoudens…
Chapelle de la Trinité, à Plozévet, XIIIe-XVe siècles[154].
Chapelle Notre-Dame de Tréminou, en Plomeur, XIIIe-XVIIe siècles. C'est sans doute là que les Bonnets rouges ont édicté le « Règlement des quatorze paroisses »[71].
Chapelle Saint-Philibert de Lanvern, en Plonéour-Lanvern, XIVe-XVIIIe siècles. Son clocher est décapité en 1675 (elle est alors église paroissiale de Lanvern)[155].- Église Notre-Dame-des-Carmes de Pont-l’Abbé, XIVe-XVe siècles, ancienne chapelle du monastère des carmes[156].
- Église Saint-Faron, à Pouldreuzic, XIVe-XVIe siècles[157].
- Église Saint-Alour, à Tréméoc, XIVe-XVIIe siècles[158].
Autres monuments |
Chapelle de la Madeleine, en Penmarc'h, XIIe-XVIe siècles.- Chapelle Saint-Honoré en Plogastel-Saint-Germain, XIIIe siècle. Son clocher est décapité en 1675[159].
- Château de Pont-l’Abbé, XIVe-XVIIIe siècles.
- Chapelle Saint-Vio, en Tréguennec, XIVe siècle, la plus petite des chapelles bigoudènes[160].
Calvaire et chapelle de Tronoën, en Saint-Jean-Trolimon, 1450, le plus ancien des grands calvaires bretons[161].- Chapelle Saint-Trémeur, en Le Guilvinec, XVe siècle[162].
- Tour carrée de Saint-Guénolé, XVe siècle, tour-clocher de l'ancienne église.
- Chapelle Notre-Dame-de-la-Joie, XVe siècle, au lieu-dit la Joie, en Penmarc'h, dans un site splendide face à la mer[163].
- Église Saint-Nonna de Penmarc’h, XVIe siècle.
Manoir et ferme de Kerazan, en Loctudy, XVIIIe siècle.
Phare d'Eckmühl, à Saint-Pierre, en Penmarc'h, 1897.- De nombreux manoirs…
Musées |
- Le Musée bigouden de Pont-l'Abbé est consacré à la vie bigoudène, abritant en particulier des collections de coiffes et de costumes somptueusement brodés, du mobilier ciselé et des images d'archives[164].
- Le musée de Kerazan, en Loctudy.
Musée de la Préhistoire finistérienne, en Penmarc'h.- La maison natale de Pierre-Jakez Hélias, à Pouldreuzic, est ouverte au public en été[165].
- Haliotika, la cité de la pêche, au Guilvinec, est un centre de découverte de l'histoire du port et du métier de ses marins-pêcheurs.
Manifestations culturelles et festivités |
- Le défilé Entre terre et mer, fin juillet, à Penmarc’h.
- La Fête de la langoustine, en août, à Lesconil.
- La Fête des brodeuses, la 1re quinzaine de juillet, à Pont-l'Abbé.
- Le Mondial'Folk (festival international de folklore), en août, à Plozévet.
- Le Salon des antiquaires du manoir de Kerazan, le week-end de l'Ascension, à Loctudy.
- Les pardons locaux.
Le costume, la coiffe et la broderie bigoudens |
La mode bigoudène est célèbre par la haute coiffe des femmes et par la richesse des broderies des costumes de fête. Le port de la coiffe disparaît peu à peu dans les premières années du XXIe siècle.
Le particularisme de l’habit bigouden |
Bien avant la Révolution française, l’habit du Pays Bigouden s’était déjà différencié du reste de la Bretagne. Mais c’est au cours du XIXe siècle que les ornementations font leur apparition et occupent une surface de plus en plus importante, principalement sur le gilet masculin et sur le plastron féminin. Présent dans les collections du musée départemental breton à Quimper, le plus ancien costume daté connu affiche artistiquement, dans les broderies d’une encolure de plastron masculin, son acte de création : 1814.
À compter de cette époque, la spécificité bigoudène s’exprime dans l’évolution et l’interprétation des motifs, tels la plume de paon ou la corne de bélier, ainsi que dans les couleurs vives (jaune, rouge, orangé) sur un fond noir de drap ou de velours, pour former les costumes et coiffes que confectionnaient pendant des années les femmes et filles de pêcheurs.
Chez les femmes, les jupes superposées cèdent leur place aux volants étagés, puis à une jupe recouverte d’un tablier qui lui aussi va se couvrir de broderies. Les gilets se métamorphosent également : les manches sont de plus en plus longues, faites de drap, puis de velours totalement recouvert de broderies. Le plastron devient une véritable carapace brodée s’étalant sur toute la poitrine.
Cette description des habits bigoudens date de 1877 :
« À la table d'hôte du petit déjeuner, la serveuse était une jeune fille (...) habillé du gai costume local, dont la caractéristique la plus frappante est la coiffe, une cape moletonnée violette ou écarlate bordée de galon doré, argenté ou de soie et ne couvrant que l'arrière de la tête, les cheveux étant ramenés en dessous, brossés ou attachés au sommet. Cette coiffe, associée au gilet bleu ciel, bizarrement taillé et ornementé, et au jupon bleu et vert bordé d'un liseré orange compose l'un des costumes bretons les plus gais et les plus naïfs. Les hommes (...) portent un costume en rien moins fantaisiste, caractérisé par des gilets de tailles différentes, portés l'un par-dessus l'autre, tous de couleur gaie et richement brodés, parfois ornementés de motifs. Mais c'est seulement dans les jours de fêtes que ce costume apparaît dans toute sa splendeur, même les plus pauvres apparaissant dans leurs plus beaux atours[166]. »
Les bragou-braz masculins sont progressivement remplacés par un large pantalon de drap, surmonté d’une veste aux doubles bords brodés, tout comme le large plastron.
La coiffe des femmes n'était guère du goût de Jean-François Brousmiche si l'on en croit son témoignage datant de 1841 :
« Cette disgracieuse coiffure sied peu aux femmes : elle n'est bien portée que par celles qui sont jolies, et le nombre n'en est pas considérable : comme la propreté est loin d'être la qualité distinctive des femmes de Pont-l'Abbé, il en résulte que leurs cheveux sont généralement mal peignés, laissent échapper du Bigouden des mèches qui flottent sur le cou, les épaules, ce qui produit un effet désagréable. Il est à remarquer qu'un grand nombre d'entre elles ont les cheveux d'un blond roux, ce qui ne présente rien qui soit attrayant[167]. »
L’envol de la coiffe est, quant à lui, plus récent. La légende veut que la hauteur des coiffes ait été une réponse bravache des femmes à la décapitation des clochers bigoudens, en 1675[168]. En réalité, la coiffe n’a commencé à monter qu’au début du XXe siècle. Au début du XIXe siècle, la coiffe bigoudène n'était qu'un bonnet emboîtant la tête avec deux ailes tombant de chaque côté, ressemblant alors beaucoup aux coiffes des autres régions de France. Vers 1880, la coiffe ne fait que 5–6 cm de haut, portée sur le front, le dalet[169] très développé, car il est inconvenant à l'époque de montrer sa chevelure. Vers 1900-1905, elle se met à grandir toujours à plat. D'un bonnet ne couvrant que le sommet du crâne à un triangle de toile posé sur un édifice d’étoffes brodées ou tissées de fleurs, de velours ou d’argent, la coiffe prend la forme, autour de 1900, d’un petit pain de sucre. Un peigne courbe lui est adjoint pour maintenir la verticalité de la coiffe. En même temps, les broderies s'étendent ; au début du XIXe siècle, juste un petit rectangle au centre de la coiffe était brodé[170].
Costume de fille bigoudène vers 1910 (Musée bigouden)
Costume de garçon bigouden vers 1910 (Musée bigouden)
Jeune dentellière bigoudène (photographie de Constant Puyo, Musée de Bretagne)
Dans les années 1925-1930, elle mesure 15 à 20 centimètres ; elle atteint son apogée peu après la seconde guerre mondiale. Jusqu’à l’an 2000, cette coiffe a oscillé entre 30 et 35 centimètres pour 12 à 14 centimètres de large à la base[171]. Initialement en toile rustique, qui s'est ensuite affinée, la coiffe est maintenant en dentelle brodée, de même que les deux rubans qui se sont, eux aussi, couverts de broderies.
Pierre-Jakez Hélias en parle ainsi : « Une ancienne coiffe à pignon ou à bec qui, d'horizontale qu'elle était, s'est relevée peu à peu pour devenir cette haute parure frémissante qui est un défi au vent et qui oblige les femmes à un port de tête d'une incontestable noblesse ».
La coiffe, qui se porte avec des cheveux longs noués en chignon au sommet de la tête, est constituée de trois parties[171] :
- la coiffe frontale, appelée bigoudenn, qui tient à la verticale grâce à de l'empois ;
- la base, appelée taledenn ;
- les rubans, fixés le long de la coiffe et qui se nouent sous l'oreille gauche, appelés lasenoù.
La plus ancienne coiffe bigoudène connue (avant 1830) (Musée bigouden, Pont-l'Abbé)
Coiffe bigoudène de cérémonie (vers 1880, hauteur : 7 cm)(Musée bigouden, Pont-l'Abbé)
Coiffe bigoudène de cérémonie (vers 1917, hauteur : 15 cm) (Musée bigouden, Pont-l'Abbé)
Coiffe bigoudène de cérémonie (vers 1940, hauteur : 29 cm) (Musée bigouden, Pont-l'Abbé)
Coiffe bigoudène de cérémonie (vers 1960, hauteur : 35 cm) (Musée bigouden, Pont-l'Abbé)
Cette coiffe est la coiffe de cérémonie. La coiffe de tous les jours, portée pendant les travaux quotidiens, est le vouloutenn, en fait un simple ruban de velours noir autour du peigne derrière lequel on dissimulait le chignon[172].
Deux exceptions existent quant à la coiffe en Pays Bigouden : les femmes de l'Île-Tudy portent un bonnet à dentelles et celles de Kérity la poch flog ou poch dour.
À partir des années 1970-1980, le nombre de coiffes a très régulièrement et irrémédiablement baissé dans les communes du Pays Bigouden, et en 2008 on ne voit plus de coiffes, si ce n'est dans le cadre de manifestations folkloriques. En 2011, il ne reste qu'une seule femme, Maria Le Maréchal, dite Maria Lambour, née le 2 septembre 1911 et décédée le 20 octobre 2014, à porter la coiffe quotidiennement[173].
An Dennerien-neud, les tireurs de fil, et les broderies bigoudens |
Répartis dans tout le pays, les brodeurs étaient au départ des tailleurs ; ils formaient, avec les tisserands, une corporation extrêmement importante au XIXe siècle. Les professionnels exerçaient chez eux ou au domicile de leur client. Ils n’eurent « pignon sur rue » qu’à partir du milieu du XIXe siècle. Admirés pour leur savoir-faire autant que redoutés pour leur rôle social, ils appartenaient à une communauté très soudée. Ils jouaient également le rôle de conteurs aux veillées, d’informateurs, voire de facteurs.
Il faut attendre la création d’ateliers de broderies, où figuraient sur les registres les termes spécifiques de « brodeurs » et « brodeuses », pour parvenir à chiffrer – et ainsi mesurer l’importance de cette corporation. Par exemple, à Pont-l’Abbé, on dénombre en 1901 soixante-dix tailleurs et apprentis, quatre tailleuses et cinquante-neuf brodeuses. Ces dernières étaient souvent de toutes jeunes filles ou jeunes femmes, qui cessaient leurs activités lorsqu’elles devaient tenir un ménage.
Parfois, elles se convertissaient en dentellières : l’ouvrage au crochet offrait une certaine liberté de mouvement et pouvait s’accommoder de la surveillance d’enfants en bas âge. Les brodeuses étaient payées à la coiffe, mais les rémunérations restaient modestes.
La guerre de 1914-1918 plongea le pays dans un long deuil et chassa les couleurs du costume. L’abandon progressif du costume brodé par les hommes qui revenaient du front, l’augmentation du prix de la matière première et le manque d’évolution de la rémunération porta un rude coup à la corporation.
Sauver le savoir-faire et la tradition de la broderie |
Pierre-Jakez Hélias écrivait : « Les Bigoudènes, il n’y a pas si longtemps, rougissaient d’être vues en cheveux[174], n’auraient jamais permis qu’on touchât à leur coiffe quand elles l’avaient en tête ni surtout qu’on les vit se séparer d’elle pour la nuit. On faisait d’abord se coucher les enfants et le mari. »
Dès la fin de la Première Guerre mondiale, le port de la coiffe se fit de moins en moins courant, d’abord dans les villes, puis dans les campagnes. Quant au costume traditionnel, il ne fut plus arboré que lors de festivités : mariage ou baptême, pardons et autres fêtes religieuses. Mais ce riche patrimoine identitaire ne s’est jamais perdu grâce à quelques initiatives qui ont contribué au rayonnement du savoir-faire bigouden.
En 1870, Corentin Pichavant fonda à Pont-l’Abbé la Maison Pichavant, un atelier qui regroupe des brodeurs, des brodeuses et des dentellières. Déjà distingués à l’Exposition universelle de Paris en 1900, puis à l’exposition des Art féminins de Versailles en 1902 et enfin à l’exposition des Arts décoratifs de Strasbourg en 1925. « Les Enfants Pichavant successeurs » se virent confier en 1930 l’exécution des habits de l’écrivain breton Charles Le Goffic, nouvellement élu à l’Académie française.
Une autre initiative contribua également à revitaliser la broderie bigoudène : dans les années 1900, une micro-crise économique menaça de réduire l’ensemble de la population à la misère. Des dames de la bourgeoisie et de l’aristocratie locales eurent alors l’idée d’enseigner aux femmes et aux jeunes filles bigoudènes la dentelle d’Irlande. Ces dentelles furent commercialisées dans le monde entier par la maison Pichavant.
Par ailleurs, en 1928, le manoir de Kerazan, non loin de Pont-l’Abbé, fut légué à l’Institut de France par son dernier propriétaire, et ce, à condition que le domaine soit ouvert au public et qu’y soit créé une école d’arts appliqués pour les jeunes filles du pays : un atelier de broderie y vit donc le jour. Faute de débouchés professionnels, l’école ferma en 1966, mais elle avait participé à la transmission d’un savoir-faire menacé.
En 1936, l’épouse du patron des Grands Moulins de Pont-l’Abbé, Marie-Anne Le Minor, ouvrit un atelier d’habillage de poupées. De fil en aiguille, plus de 250 modèles, reproduisant fidèlement les costumes des pays de Bretagne et des régions de la France, figurèrent au catalogue. Dans les décennies suivantes, la Maison Le Minor diversifia son activité, dans laquelle brillèrent les talents de nombre de jeunes artistes portés par la vague du renouveau folklorique de l’immédiat après-guerre : linge de table imprimé et brodé, vêtements sacerdotaux et bannières donnent de nouveaux éclats au savoir-faire ancestral. Le secret de la réussite de madame Le Minor est d'être parvenu à associer l’extraordinaire talent des brodeurs et brodeuses bigoudens avec la créativité des artistes contemporains. Aujourd’hui, la Maison Le Minor conserve une solide réputation dans la broderie des costumes bretons, aussi bien auprès des cercles celtiques que des particuliers.
Enfin, depuis quelques années, Pont-l’Abbé s’est octroyé le titre de capitale de la broderie grâce à sa Fête des brodeuses. C’est pourquoi un des motifs de broderie, la plume de paon, qui pavoise sur les frontons des bâtiments publics ou privés, est devenu un emblème derrière lequel les habitants du pays tout entier se reconnaissent.
Traditions culinaires |
Comme dans tout le Finistère et un peu au-delà, les appellations galette ou crêpe diffèrent de celles du reste de la Bretagne. Une crêpe peut ici être salée ou sucrée (en fonction de la garniture). La galette est une version plus épaisse, généralement salée, de la crêpe. On trouve ainsi des crêpes sucrées, préparées à partir d'un mélange de farine de froment et de farine de sarrasin (couramment appelée farine de « blé noir » — farine utilisée ailleurs uniquement pour la galette).
La tradition du panier du pêcheur est restée aussi très vivace : toutes les variétés issues de la pêche y sont accommodées, et il constitue une part non négligeable de la cuisine familiale. La galette quant à elle était consommée surtout en hiver lorsque la pêche en mer était trop difficile. En effet, le blé noir pouvait se conserver longtemps et se consommer facilement.
Les autres traditions culinaires bretonnes sont conservées, comme les châtaignes, écoquées, bouillies, puis pelées encore chaudes et consommées avec du lait baratté (lait ribot) ou du lait fermenté (gros lait ou gwell en breton) — légèrement crémeux et à la saveur légèrement acide —, également consommées pendant tout l'hiver, car elles se conservent bien dans leur coque quand il n'y a plus guère d'autres légumes en hiver. De plus elles sont très riches en sucres et peuvent, après séchage, servir à confectionner une farine également utilisée dans la préparation des certaines crêpes ou dans le pain.
Les restes de châtaignes non consommées durant l'hiver étaient données pour l'engraissement des cochons, dont la consommation était rare et réservée à certains événements annuels sous différentes formes dont les charcuteries (notamment les saucisses garnissant les galettes ou les pâtés préparés avec la même chair et le gras, ou les charcuteries séchées et fumées (andouilles, langues de porc) qu'on accrochait dans les grandes cheminées chauffant les maisons durant l'hiver.
Autres spécialités : les kuigns[175] (petites et épaisses crêpes levées, constituant le repas des enfants le mercredi), le far aux pruneaux[176], les valaour lez mesk (valaour kotonn glaz, « pommes de terre en bleu de travail », c'est-à-dire en robe des champs, servies avec lait baratté), les valaour vroac'h (vieille au four, avec pommes de terre, oignons et vin blanc[177]), le grondin sur patates, le ragou stiougenn (encornets aux pommes de terre et carottes), les sklipou (tripes à la bigoudène, au beurre), le kik fritted (viande en charpie), le kik sall (lard rôti au four), le ragou kol (potée aux choux). Et, en période de mardi-gras : la miche beurrée, le bar douz (pain doux[178]) et le choten (tête de cochon rôtie au four).
Jeux traditionnels |
La galoche est un jeu de palets de fer qui existe en d'autres régions de Bretagne, mais qui a, en Pays Bigouden, des règles complexes augmentant l'intérêt du jeu. La pratique en est toujours vivace.
Lucien Simon a représenté un autre jeu traditionnel pratiqué en Pays Bigouden, le jeu de quilles :
Les quilles[179].
Littérature |
Itron Varia Garmez (Notre-Dame Bigoudenn, en français), paru en 1941, est le chef-d'œuvre de Youenn Drezen[180]. Il évoque la vie des pauvres gens de Pont-l'Abbé dans les années 1930.
Skol Louarn Veig Trebern (L'École du renard, en français) paru de 1972 à 1974. Youenn Drezen y fait vivre, à travers une école buissonnière qui n'en finit plus, le Pont-l'Abbé de son enfance en 1908.
Le Cheval d'orgueil, paru en 1975 (plus de deux millions d'exemplaires vendus[181],[182]). Pierre-Jakez Hélias y raconte son enfance de paysan bigouden.
Auguste Dupouy : On l'appelait Marlène ou Un amour bigouden (éditions de la Cité, 1972, réédition La Découvrance, 2006,[ (ISBN 978-2-84265-419-1)]
Sculpture |
François Bazin, Monument aux Bigoudens, 1931, à Pont-l'Abbé.
René Quillivic, La Bigoudène, 1961, à Pors Poulhan (sur la rive plozévétienne).- Dane Berrou, Péris en mer, à Kérity, en Penmarc'h.
Peinture |
Lucien Simon est surnommé le « peintre du Pays Bigouden » car « il a peint de nombreuses scènes (fêtes religieuses, profanes, cirques, courses hippiques, brûlage de goémon) »[183]. Parmi ses œuvres :
Famille bigoudène en deuil, 116,5 × 157,5 cm, 1912, musée des beaux-arts de Quimper[184].
Une famille bigoudine[185]
Luttes à Saint-Guénolé vers 1898 (1898, musée des beaux-arts de Brest) ;
Procession à Penmarc'h (1900, musée des beaux-arts de Brest) ;
Les baigneuses de Saint-Guénolé (1913) ;- Pardon bigouden
La Récolte des pommes de terre ; Bigoudènes faisant la récolte de pommes de terre, 1er quart du XXe siècle, musée d'arts de Nantes)
Parade de foire dans le Finistère (1919, musée des beaux-arts de Pau)- En 2013, l'Abri du marin de Sainte-Marine a reçu en don une huile sur toile de Lucien Simon, Jour de baptême en Pays bigouden, de la part d'un mécène anonyme qui venait d'acheter cette toile 15 500 € lors de sa vente aux enchères à l'hôtel des ventes de Quimper[186].
- De nombreux autres peintres ont représenté des scènes ou des paysages du Pays Bigouden, Penmarc'h, Saint-Guénolé (Penmarc'h) et Kérity étant les lieux les plus représentés. Parmi eux :
Charles-François Daubigny : Le village de Kérity en Bretagne
Karl Daubigny (fils de Charles-François Daubigny) : Les Vanneuses à Kérity (1886, musée des beaux-arts de Brest)
Émile Simon : La Récolte des goémons à Saint-Guénolé[187]
Henry Moret : Saint-Guénolé-Penmarc'h
Georges Fourrier, dit Géo-Fourrier (1898-1966) : Le Brûleur de goémon à Notre-Dame de la Joie (on n'y voit pas la chapelle de la Joie, mais la Tour Carrée en arrière-plan) , gouache, 1936, vendue 2 150 € à l'hôtel des ventes Bretagne-Atlantique de Quimper en 2013[188] ; Saint Guénolé : le sonneur de bombarde (1927, bois gravé, 20 × 20 cm, collection particulière)[189] ; La Fumée du goémon, 1926, gouache, 20 × 19,8 cm, musée départemental breton de Quimper ; La Tour carrée à Saint-Guénolé (1940)[190].
Germain David-Nillet : La Tour carrée (huile sur toile, collection municipale, Locronan)
Joseph-Félix Bouchor : Les petites bigoudènes (musée des beaux-arts de Vannes)- Joseph-Félix Bouchor : Les pataugeuses (Musée des beaux-arts de Vannes)
Jacques Guiaud : Le calvaire de Tronoën (1875, musée des beaux-arts de Brest)
Henri Barnoin : Marché breton (huile sur toile, 81,3 × 99,7 cm, collection privée)
Lucien-Victor Delpy : Saint-Guénolé : Notre-Dame de la Joie (gouache, 48 × 63 cm, collection privée)[191]
André Dauchez : Port près de Saint-Guénolé[192]
Raymond Wintz : Le petit port en Pays bigouden, huile sur toile, vendue 3 000 € à l'hôtel des ventes Bretagne-Atlantique de Quimper en 2013[188].
Gaston de Latenay : De retour de Saint-Guénolé (1910, collection particulière)
Georges Gobo : La Tour carrée (eau-forte parue en 1912 dans un magazine américain).
Jean-Julien Lemordant : Bretonnes sur la grève (aquarelle et gouache sur papier, 53,5 × 64 cm, musée des beaux-arts de Rennes) ; Procession (1904, huile sur carton, 40 × 48 cm, collection particulière) ; Bigoudènes sur la dune, huile sur carton marouflé, vendue 2 600 € à l'hôtel des ventes Bretagne-Atlantique de Quimper en 2013[188].
Maurice Ménardeau : Saint-Guénolé[193]
Mathurin Méheut : La Tour Carrée 'gravure, 31 x 38,5 cm, Musée bigouden, Pont-l'Abbé)[194] ; Les vanneurs près de la Tour Carrée de Saint-Guénolé (huile sur toile, 1939, 95 x 135 cm, collection particulière) ; Brodeuses dans le vieux Saint-Guénolé (1919); La chapelle au calvaire[195], etc.
Pierre de Belay : Au bal de Saint-Guénolé (1939)
Robert Delaunay : Marché breton (1905) ; La Tour carrée à Saint-Guénolé (1905, huile sur toile, Musée des beaux-arts de Brest)
Lionel Floch : Un pardon en Pays bigouden, vers 1934, Musée des beaux-arts de Quimper[196].
Charles Léon Godeby (1866 - 1952) : Jour de pardon au Pays bigouden, huile sur canevas[197].
René-Yves Creston : Portrait de bigoudène
Ernest Guérin : Femmes accomplissant leurs vœux à Saint-Guénolé (aquarelle sur papier, 24 × 46 cm, 1912, musée départemental breton, Quimper)
Edmond Ceria : Village au Pays bigouden (37 x 45 cm, collection particulière) ; Scène de bistrot au Pays bigouden[198] ; Petit port de pêche au Pays bigouden[199] ; Place du port en Pays bigouden[200] ; etc.
Emmy Leuze-Hirschfeld : Marché à Saint-Guénolé[201]
Ernest Guérin : Femmes accomplissant leurs vœux à Saint-Guénolé ((aquarelle sur papier, 24 × 46 cm, 1912, musée départemental breton, Quimper)[202]
Jean Bazaine : Peinture à l'huile sur toile, 27 x 22 cm, signée Bazaine, Saint-Guénolé, 1960[203] ; Maisons à Saint-Guénolé (1946)[204]
Louis Marcoussis : La gare de Kérity (1927, huile sur carton, 33 × 47 cm, musée des beaux-arts de Rennes)[205] ; Paysage de Kérity (1927)[206].
Éric Floch (petit-fils du peintre Lionel Floch), décédé en août 2012 âgé de 57 ans au port de Saint-Guénolé[207] où il vivait depuis 1990[208].
Tsugouharu Foujita : Paysage de Lesconil[209] et nombreuses autres aquarelles peintes à Lesconil pendant l'été 1950.
Robert Humblot : Phare à Saint-Guénolé (1956)[210] ; Marée basse à Saint-Guénolé (1959)[211] ; La grève à Kérity (1959)[212] ; Le phare d'Eckmühl (1961).
Charles-François Daubigny : Le village de Kérity en Bretagne
Karl Daubigny : Les vanneuses à Kérity (1886, musée des beaux-arts de Brest)
Jacques Guiaud : Le calvaire de Tronoën (1875, musée des beaux-arts de Brest)
Henry Moret : Saint-Guénolé-Penmarc'h (1908)
Robert Delaunay : Marché breton (1905)
Gaston de Latenay : De retour de Saint-Guénolé (1910, collection particulière)
Bande dessinée |
Le Pays Bigouden a son héroïne, Superbigou, une Bigoudène en coiffe dotée de super-pouvoirs. Cette série de bande dessinée, dont les dialogues sont émaillés de breton bigouden, apparaît dans les années 1980. Le premier album s'inspire de rivalités ayant jadis opposé les Bigoudens à leurs voisins glaziks, dans la zone frontalière : l'ennemi de Superbigou est le Glazik masqué[213].
Musique |
Le premier festival de rock organisé en Bretagne se tient à Pont-l'Abbé le 27 mars 1966, salle du patronage laïque. Des groupes parisiens et bretons sont invités, parmi lesquels le premier groupe rock bigouden, fondé l'année précédente, les Rocky Blues, de Pont-l'Abbé[214].
Sonerien Du est un groupe de musique de fest noz créé en 1971, toujours en activité. Le nom, qui signifie « sonneurs noirs », est un hommage à deux musiciens vêtus de noir qui furent injustement pendus à Lambour[215].
Le Bagad Cap Caval, créé à Plomeur en 1984, est sacré six fois champion de Bretagne, en 2008, 2009, 2010[216], 2015[217], 2016[218] et 2017[219]. En 2018, le titre n'est pas attribué : les deux manches du championnat (celle de Brest en février et celle de Lorient en août) deviennent exceptionnellement deux concours distincts[220]. Cap Caval remporte cependant les deux concours[221].
Personnalités |
Jacques Cariou, parfois prénommé Jean par erreur (né à Peumerit en 1870, mort en 1931), triple médaillé (or, argent, bronze) en équitation aux Jeux olympiques d'été de 1912, à Stockholm[222].
Corentin Cariou (né à Loctudy en 1898), syndicaliste, conseiller municipal du 19e arrondissement de Paris. Exécuté par les Allemands en 1942. Une avenue et une station de métro portent son nom à Paris.- Youenn Drezen (1899-1972), journaliste et écrivain, « un des plus grands prosateurs en langue bretonne du XXe siècle[180] ».
- Pierre-Jakez Hélias (1914-1995), écrivain et conteur.
Corentin Canevet, géographe, spécialiste de l'agriculture bretonne.
Vincent Riou, navigateur, vainqueur du Vendée Globe 2004-2005.
Jérôme Kerviel, ancien trader à la Société générale.
Drapeau |
Le drapeau est dessiné par Bernard Le Brun, à la demande de l'Association de promotion du Pays Bigouden. Adopté en 1992, il est composé de trois parties. La moitié gauche est semée d’hermines, représentant les 20 communes bigoudènes (autrefois 22), le fond doré représente la broderie, art dominant de la région. Les trois bandes rouges de la partie droite rappellent les trois cantons du pays[223].
Cinéma |
Liste des films tournés - en partie ou en totalité - dans le Pays Bigouden :
Le Cheval d'orgueil de Claude Chabrol, en 1980, à Plonéour-Lanvern.
Dans tes bras, film allemand de Victor Vicas, en 1955, à Saint-Guénolé. Le film ne sort en France qu'en 1959.
Doucement les basses de Jacques Deray, en 1970 1971, avec Alain Delon. Tronoën, que l'on voit sur l'affiche, et Saint-Guénolé sont les étapes bigoudènes de ce tournage entièrement breton.
La Folle de Toujane, de René Vautier et Nicole Le Garrec, en 1973. Scènes bigoudènes tournées à Plonéour-Lanvern, Plogastel-Saint-Germain et Combrit.
Gardiens de phare de Jean Grémillon en 1929, à Saint-Guénolé (Penmarc'h).
L'Homme du large de Marcel L'Herbier, en 1920, à Penmarc'h et Saint-Guénolé pour les scènes bigoudènes.
L'Honneur d'un capitaine de Pierre Schoendoerffer, en 1982, à Combrit et Loctudy.
Là-haut, un roi au-dessus des nuages de Pierre Schoendoerffer, sorti en 2004. Tournage à Penmarc'h.
Les Naufrageurs de Charles Brabant en 1958. Le tournage de ce film, scénarisé par Gwenn-Aël Bolloré eu lieu entre Tronoën et Kérity. Un village complet est construit en dur autour du calvaire et de la chapelle de Tronoën, et les scènes d'intérieur sont tournés dans les maisons de pêcheurs de Kérity. Le naufrage est capté sur le littoral de Bénodet à l'est du Pays Bigouden.
La Nuit de l'océan d'Antoine Perset en 1987. Des scènes à Guilvinec et Saint-Guénolé.- Quatre journées d'un partisan, d'Alain Aubert, en 1971. Quelques scènes de ce film, présenté au Festival de Cannes mais non exploité commercialement, ont été tournées à Tréguennec[224].
Vos gueules, les mouettes ! de Robert Dhéry, en 1974. La pointe de la Torche, Tronoën, Combrit, Sainte-Marine, Plomeur, île-Tudy sont le théâtre de cette pochade de la troupe des Branquignols.
Western, de Manuel Poirier, en 1997. Plomeur, Guilvinec ou encore Pont-l'Abbé font partie des lieux utilisés pour ce road movie bigouden.
Humour |
« Et Jupiter dans sa colère,
Pour punir le genre humain,
A fait venir sur la terre,
La race des Bigoudens. »
Cette « sentence » peut se lire sur la devanture de quelques cafés et restaurants.
Notes et références |
Alan Pierre, Situation des « pays » en Basse-Bretagne, Quimper, Fédération War'l Leur Finistère (carte recto-verso, 60 × 40 cm).
« La Bigoudène, Plozévet », sur topic-topos.com. On peut écrire : Amañ echu ar Vro Vigoudenn.
René-Yves Creston, Le Costume breton, Champion, 1993, cartes 34, 36 et 41.
Serge Duigou, Jean-Michel Le Boulanger, Histoire du Pays bigouden, Plomelin, Palantines, 2002, p. 12.
René-Yves Creston, op. cit., p. 60.
Pierre-Roland Giot, préface de René-Yves Creston, Le Costume breton, op. cit., p. 9.
Il faut distinguer le travail de dessinateur de costumes effectué par René-Yves Creston de 1925 à 1950 (planches couleur réunies dans René-Yves Creston, Modes et Costumes traditionnels de Bretagne, Kendalc'h, 1999) de ses travaux scientifiques, menés de 1953 à 1961 sous la direction de Pierre-Roland Giot (René-Yves Creston, Le Costume breton, op. cit.) Dans ce dernier livre, les cartes 34, 36 et 41 dessinent la limite de l'aire de tradition bigoudène. La carte 41 est relative à l'année 1939.
En 1850, Plouhinec est presque entièrement kapenn. René-Yves Creston, Le Costume breton, op. cit., cartes 47 et 49.
René-Yves Creston, Le Costume breton, op. cit., carte 36.
René-Yves Creston, Le Costume breton, op. cit., carte 34.
Pierre-Jakez Hélias avoue ne pas savoir ce que veut dire flek. Pierre-Jakez Hélias, Coiffes et costumes de Bretagne, Châteaulin, Le Doaré, 1996, p. 41.
René-Yves Creston, Le Costume breton, op. cit., carte 38.
Serge Duigou, Jean-Michel Le Boulanger, Histoire du Pays bigouden, op. cit., p. 19.
Serge Duigou, Jean-Michel Le Boulanger, Histoire du Pays bigouden, op. cit., p. 10 et 19.
René-Yves Creston, Le Costume breton, op. cit., carte 29.
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et http://grandterrier.net/wiki/index.php?title=La_faille_sud-armoricaine_du_Jet_il_y_a_300_millions_d%27ann%C3%A9es
Le faciès principal du granite de Pont-l'Abbé est représenté par une roche à gros grain, contenant des cristaux de biotite et muscovite, fortement altéré en arène granitique à l'intérieur des terres, parfois sur plusieurs mètres d'épaisseur
Sylvain Bleis, Michel Ballèvre, Pierrick Graviou, Joël Rollet, Curiosités géologiques du Pays bigouden, BRGM éditions, 2011 [ (ISBN 978-2-84398-386-3)]
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« Loctudy », sous la plume des auteurs anciens, veut dire Pont-l'Abbé ou Île-Tudy. La paroisse de Loctudy était très vaste avant la Révolution, et comprenait le port de Pont-l'Abbé. L'Île-Tudy était un port de pêche très actif, où les armateurs de Pont-l'Abbé recrutaient leurs marins de commerce. Pors Bihan, embryon du port actuel de Loctudy, ne comptait que quelques pêcheurs. Serge Duigou, Loctudy, Quimper, Ressac, 1984, p. 3-6.
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Saint Kido, ou saint Kidou, francisé en saint Guy, est le patron de la chapelle de Languidou, qui lui doit son nom, voir http://fr.topic-topos.com/saint-kidou-plovan
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Jean-Paul Soubigou envisage l'hypothèse d'un « fief originel couvrant le territoire du Cap Caval, voire du Cap Sizun ». Jean-Paul Soubigou, « Recherches sur les origines du kemenet de Cornouaille (IXe-XIe siècle) », sur tudchentil.org, Brest, Université de Bretagne occidentale, 1993, p. 3, 8 et 13.
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Serge Duigou, Jean-Michel Le Boulanger, Histoire du Pays bigouden, op. cit., p. 42. Bodivit ne devait pas encore être une paroisse en 1368. La paroisse de Bodivit est absorbée à la Révolution par la paroisse de Plomelin. « Plomelin », sur infobretagne.com.
V.A Malte-Brun, Le Finistère au XIXe siècle, Douarnenez, éditions Jean-Paul Gisserot, 1993.
Il enregistre aussi 10 navires venant d'Audierne, 12 de Loctudy, 6 de Quimper, 4 de Bénodet, 2 de Blavet, voir Daniel Tanguy, Le cabotage sur les côtes méridionales de la Bretagne à la fin du XVe siècle, « Bulletin philologique et historique jusqu'à 1610 du Comité des travaux historiques et scientifiques », 1966, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6430324f/f250.image.r=B%C3%A9nodet.langFR
Henry Reverdy, Les pêcheurs de sardines, journal La Croix n° 6066 du 21 janvier 1903, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k219926v/f3.image.r=tudy.langFR
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http://fr.topic-topos.com/fontaine-de-saint-come-plomeur
Robert Gouzien, Le Pays Bigouden, un pays de cocagne ?, éditions Kendero, 2012, [ (ISBN 978-2-9541745-0-1)]
Le fleuve côtier qui se jette à Concarneau se nomme pour la même raison le Moros
Carte des côtes de Bretagne par les ingénieurs-géographes, au 1/14 000ème, vers 1780, Service historique de l'armée de terre, Vincennes
Bassin de marais salant en forme de rectangle, sur laquelle on fait évaporer l’eau de mer et on recueille le sel
http://fr.topic-topos.com/meules-de-moulin-a-eau-plomeur
http://www.plomeur.com/decouverte-2-4-26.html
http://fr.topic-topos.com/ancien-moulin-a-maree-pont-l-abbe
http://fr.topic-topos.com/pont-et-moulins-a-maree-pont-l-abbe
http://www.plomeur.com/decouverte-2-3-11.html
http://grandterrier.net/wiki/index.php?title=Sant_Hiler
L'église paroissiale de Clohars-Fouesnant est dédiée à saint Hilaire
http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA29002836
Yvon Garlan, Claude Nières, Les Révoltes bretonnes de 1675 : papier timbré et bonnets rouges, Éditions sociales, 1975, p. 83.
La couleur du bonnet variait peut-être selon les lieux. Madame de Sévigné écrit en effet, le 3 juillet : « On dit qu'il y a cinq ou six cents bonnets bleus, en basse Bretagne, qui auraient bon besoin d'être pendus pour leur apprendre à parler. » Madame de Sévigné, Correspondance, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 1972, t. I, p. 749.
Yvon Garlan, Claude Nières, op. cit., p. 94.
« Copie du règlement fait par les nobles habitants des quatorze paroisses… », sur contreculture.org.
Yvon Garlan, Claude Nières, op. cit., p. 97.
Serge Duigou, La Révolte des bonnets rouges, Quimper, Ressac, 1989, p. 25, 26 et 29.
Yvon Garlan, Claude Nières, op. cit., p. 95.
Serge Duigou, Jean-Michel Le Boulanger, Histoire du Pays bigouden, op. cit., p. 72.
Serge Duigou estime que les décoiffements de clocher ont eu lieu « vraisemblablement » entre les 2 et 17 septembre. Serge Duigou, La Révolte des bonnets rouges, op. cit., p. 18 et 19.
Yvon Garlan, Claude Nières, op. cit., p. 153 et 154.
Yvon Garlan, Claude Nières, op. cit., p. 162.
« Église Notre-Dame-de-Pitié », sur treguennec.fr, 27 septembre 2008.
Serge Duigou, La Révolte des bonnets rouges, op. cit., p. 18.
Exposition "L'invention du Pays Bigouden", musée bigouden, été 2014
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Marie Prigent et Solenn Boennec, Bigoudène, so chic ! Un siècle de mode citadine d'inspiration bigoudène, Éditions Locus Solus, musée bigouden de Pont-l'Abbé, mai 2013.
http://fr.topic-topos.com/portrait-de-madame-champsaur-pont-aven
http://www.ville-pontlabbe.fr/musee/
Alexandre Nicolaï, En Bretagne, 1893, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1028265/f303.image
En réalité il s'agit surtout de zostères, qui sont des plantes marines et non des algues.
Per-Jakez Hélias, "Au pays du Cheval d'orgueil", Plon, 1980 [(ISBN 2-259-00674-4)]
F. Le Lay, Au bord de la mer...autrefois, journal Ouest-Éclair no 8668 du 13 juillet 1925, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k648065b.r=B%C3%A9nodet.langFR
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Paul Nédellec, Les sardiniers de Bretagne, journal La Croix no 16093 du 4 août 1935, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4143596/f4.image.r=B%C3%A9nodet.langFR
Claude Geslin, Le syndicalisme ouvrier en Bretagne avant 1914, "Le Mouvement social : bulletin trimestriel de l'Institut français d'histoire sociale", avril 1984, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56210662/f52.image.r=Tudy.langFR
Nos causeries. livre de lecture courante. Cours élémentaire, Paris, Librairie classique Paul Delaplane, 1907
Claude Geslin, Le syndicalisme ouvrier en Bretagne avant 1914, "Le Mouvement social : bulletin trimestriel de l'Institut français d'histoire sociale", avril 1984, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56210662/f53.image.r=Tudy.langFR
Claude Geslin, Le syndicalisme ouvrier en Bretagne avant 1914, "Le Mouvement social : bulletin trimestriel de l'Institut français d'histoire sociale", avril 1984, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56210662/f54.image.r=Tudy.langFR
Pierre Laurent, Le pays de misère (conférence faite à Mannheim (Allemagne) le 12 mars 1903, sur la crise sardinière), cité par Geneviève d'Haucourt, Dentellières et brodeuses dans le Sud-Finistère selon une enquête d'octobre-novembre 1941 revue "Études sociales", mai 1973, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62833656/f45.image.r=Astor.langFR
Georges Bourdon, La misère bretonne le long de la côte, journal Le Figaro n° 19 du 19 janvier 1903, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k286122q/f2.image.r=Tudy.langFR
Journal Le Matin no 6908 du 24 janvier 1903, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5591246.r=Tudy.langFR et no 6910 du 26 janvier 1903, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k559126z/f2.image.r=Tudy.langFR
Journal L'Humanité no 625 du 2 janvier 1906, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2508083.r=Tudy.langFR
Une parisienne qui séjournait fréquemment en Bretagne
Aux termes de son testament, Joseph-Georges Astor légait sa fortune à l'Institut de France, à charge pour lui « de créer dans ce domaine [de Kerazan], sous la forme de cours ou sous tout autre, pour des jeunes filles, un enseignement d'art appliqué et industriel, et affecter à son paiement les revenus de biens composant la succession du testateur ou acquis en remploi », voir https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62833656/f45.image.r=Astor.langFR
Journal Ouest-Éclair no 11228 du 30 avril 1930, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6581681/f5.image.r=Tudy.langFR
Auparavant on utilisait la technique de la "presse à sardines", machine qui consiste en un long madrier de bois, dont l'une des extrémités est calée dans le trou d'un mur avec lequel on comprime les sardines dans les barils en appuyant fortement sur l'autre extrémité, préalablement lestée, du madrier ; l'eau et l'huile en excédent s'échappent alors par les trous percés dans le fond du baril ; cette technique permettait au poisson de se conserver pendant environ quatre mois, donc de supporter de longs voyages, en facilitant donc la commercialisation, voir http://filetsbleus.free.fr/retros/sardinespressees.htm
Serge Duigou et Jean-Michel Le Boulanger, "Histoire du Pays bigouden", éditions Palantines, 2002 [ (ISBN 2-911434-23-4)]
http://www.ouest-cornouaille.com/bretagne_sud_finistere/les-conserveries-de-poissons/article/114
Les conserveries Léon Griffon, Lebeaupin, Roger Le Hénaff, Rio Le Gall, Roulland Fils et Frères, Tirot, Pierre Chancerelle, Roussel, Saupiquet
http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=GMCC_219_0071
L'usine-mère, surnommée "l'usine rouge", a été fondée à Douarnenez par Charles et Auguste Chancrelle quelques années plus tôt, voir http://fr.topic-topos.com/usine-gaston-chancerelle-et-cie-douarnenez
Le poisson ne pouvant être conservé doit être travaillé impérativement le jour même de son arrivée sur le quai, la chaîne du froid n'existant pas encore à cette époque
Anna Donnard, née Anna Bodéré, le 6 avril 1915 à Penmarc'h
Yves Buannic, "L'enfant du large", Presses de la Renaissance, 2007 [ (ISBN 978-2-7509-0276-6)], consultable http://www.presses-renaissance.fr/extraits/9782750902766.pdf
Gilles Le Guen, Penmarc'h : qui se souvient des hommes ?, 1850-1900 : reine sardine, nous te saluons !, éditions Palantines, 2010 [ (ISBN 978-2-35678-015-7)] et Le temps des luttes, éditions Palantines, 2012 [ (ISBN 978-2-35678-077-5)]
Joseph Coïc, "L'épopée des conserveries guivinistes et du littoral bigouden sud" et "La flottille guilviniste, 150 ans d'histoire", éditions Empreintes
La lutte ds pêcheurs bretons : la grève générale, "La Révolution prolétarienne : revue mensuelle syndicaliste communiste", n° du 1er août 1927, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6463016m/f3.image.r=Tudy.langFR
Les usiniers proposaient de le payer seulement 400 francs les 100 kilos en raison de la mévente et des stocks importants de conserves existants
Journal Ouest-Éclair n° 9372 du 21 juin 1927, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k611995h/f4.image.r=Tudy.langFR
Journal Ouest-Éclair no 9375 du 25 juin 1927, pages 1 et 4, consultables https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6119991.r=Tudy.langFR et https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6119991/f4.image.r=Tudy.langFR
J. Corcuff, La grande misère des pêcheurs des côtes bretonnes. Depuis vingt ans, on n'avait pas vu une situation aussi navrante. Notre enquête à Penmarch et au Guilvinec, Journal Ouest-Éclair n° 13224 du 20 janvier 1933, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k625062w/f4.image.r=Tudy.langFR
Journal Ouest-Éclair n° 13251 du 15 février 1933, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6591909/f5.image.r=tudy.langFR
http://www.capitaine-cook.fr/
http://lacompagniebretonnedupoisson.fr/
http://www.oceane-alimentaire.com/
http://www.kerbriant.fr/
http://www.savourezlabretagne.com/synagri/larzul
http://www.cinearchives.org/Catalogue_d_exploitation-494-61-0-0.html?q=synchrone
Dans la version de Marcel Hamon, la traduction initiale en breton ayant été l'œuvre de Charles Rolland
http://lherminerouge.over-blog.com/article-l-internationale-en-breton-kan-etrebroadel-al-labourerien-93063163.html
Serge Duigou, Jean-Michel Le Boulanger, Histoire du Pays bigouden, op. cit., p. 162.
Serge Duigou, Jean-Michel Le Boulanger, Histoire du Pays bigouden, op. cit., p. 166.
Corentin Canevet, cité par Serge Duigou, Jean-Michel Le Boulanger, Histoire du Pays bigouden, op. cit., p. 162.
Annick Cléac'h et Nicole Piriou, citées par Serge Duigou, Jean-Michel Le Boulanger, Histoire du Pays bigouden, op. cit., p. 162.
Joseph Coïc, La Flottille guilviniste : 150 ans d'histoire, Treffiagat, Empreintes, 2012, p. 271.
Joseph Coïc, op. cit., p. 273.
Arthur Alain Constant de Coëtlogon, né le 13 mai 1849 à Paris, décédé le 26 mars 1893 à Paris ; sa famille est originaire de Ploudaniel (Finistère)
Maurice de Laubière (1854-1928) était un passionné de plaisance habitant la propriété de Roz-an-Had à Loctudy
Désormais le « Yacht-Club de l'Odet », voir http://mj.cotten.free.fr/yco.html
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« Chapelle de la Trinité, Plozévet », sur topic-topos.com.
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« Église Notre-Dame-des-Carmes, Pont-l’Abbé », sur topic-topos.com.
« Église Saint-Faron, Pouldreuzic », sur topic-topos.com.
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Partie arrière de la coiffe, qu'il soutient en même temps qu'il dissimule les cheveux
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Pierre-Jakez Hélias, Le Cheval d'orgueil, coll. « Terre humaine », Plon, 1975, p. 558-560.
http://kbcgizbigoudenn.franceserv.com/lacoiffe-suite2-/index.html
« Deiz-ha-bloaz laouen Maria ! » Brèves du magazine Bretons, no 69, octobre 2011, p. 4.
Tête nue.
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Katell Brélivet, « Bagadoù. Cap Caval sacré champion au FIL », sur letelegramme.fr, 7 août 2016.
« Bagadoù. Cap Caval sacré champion au FIL », sur ouest-france.fr, 6 août 2017.
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Voir aussi |
Bibliographie |
- Pierre-Jakez Hélias, Le Cheval d'orgueil, Plon, coll. « Terre Humaine », 1975
Les Bigoudens, G. Puig de Ritalongi, La Découvrance.
Le Pays Bigouden, Noëlle Cousinié, Éditions Ouest-France, 1994.
Le Monde des Bigoudènes, Françoise Boiteux-Colin, Françoise Le Bris-Aubé, photographies de Michel Thersiquel, Éditions Le Télégramme, 1999 [1]
Le Pays bigouden à la croisée des chemins, collectif (dir. Bernard Tanguy et Tanguy Daniel), CRBC / Revue Cap Caval, 1993, 542 pages.- Roland Chatain, Trois siècles de tempêtes et naufrages en pays Bigouden, coll. « Mémoire », Plomeur, chez l'auteur, 1994.
Le Pays Bigouden, Serge Duigou et Jean-Michel Le Boulanger, Éditions Palantines, 2003.
Les Bigoudens (et surtout les Bigoudènes), Serge Duigou, Éditions Ressac, 1990.
La Coiffe bigoudène, Jakez Cornou, éditions Sked, 1993.
La Révolte des pêcheurs bigoudens sous Louis XIV, Serge Duigou, Ressac, 2006.
La Révolte des Bonnets rouges en pays bigouden, Serge Duigou, Ressac, 1989.
Curiosités géologiques du Pays bigouden par Sylvain Bleis, Michel Ballèvre, Pierrick Graviou, Joël Rollet, BRGM éditions, 2011 [ (ISBN 978-2-84398-386-3)].
Atlas de Bretagne / Atlas Breizh, Mikael Bodlore-Penlaez, Divi Kervella, Coop Breizh, 2011 (ISBN 978-2843464966).- Micheriou Koz, « Les brodeurs et brodeuses du pays bigouden », Le magazine des vieux métiers de Bretagne, no 6, mars 2004.
- « Le Pays bigouden » (article placé dans la Cornouaille) dans Le Guide des Pays de France, tome Nord, de Frédéric Zégierman, aux éditions Fayard, 1999.
Mémoires d'une Bigoudène ou les secrets des Anciens, Véronique Kerdranvat, aux éditions des Montagnes Noires, 2014
La Druidesse du Pays Bigouden, Véronique Kerdranvat, aux éditions Noïa, 2015
Les secrets des souterrains en Armorique et dans le Monde, Véronique Kerdranvat, aux éditions Noïa, 2016
L'épopée du rock au Pays Bigouden 1962-1972, Gilbert Cariou , SEB éditions , 2012.- Pour une bibliographie plus complète, consulter un site Internet : http://kbcgizbigoudenn.franceserv.com/bibliothequebigo/index.html
Filmographie |
Le Cheval d'orgueil (1980) de Claude Chabrol, adaptation du livre de Pierre-Jakez Hélias.
Western (1997) de Manuel Poirier.
Articles connexes |
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