Henri Poincaré
Pour les articles homonymes, voir Poincaré.
Nom de naissance | Jules Henri Poincaré[1],[a] |
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Naissance | 29 avril 1854 Nancy (France) |
Décès | 17 juillet 1912(à 58 ans) Paris (France) |
Nationalité | France |
Domaines | Mathématicien, physicien et philosophe |
Institutions | Université de Caen Faculté des sciences de Paris École Polytechnique Bureau des longitudes |
Diplôme | École polytechnique École des Mines Faculté des sciences de Paris |
Renommé pour | Optique, calcul infinitésimal, théorie du chaos, théorie de la relativité, topologie, géométrie hyperbolique |
Distinctions | Prix Poncelet 1885, Médaille Sylvester (1901) |
Signature
Henri Poincaré est un mathématicien, physicien, philosophe et ingénieur français, né le 29 avril 1854 à Nancy et mort le 17 juillet 1912 à Paris.
Poincaré a réalisé des travaux d'importance majeure en optique et en calcul infinitésimal. Ses avancées sur le problème des trois corps en font un fondateur de l'étude qualitative[b] des systèmes d'équations différentielles et de la théorie du chaos ; il est aussi un précurseur majeur de la théorie de la relativité restreinte et de la théorie des systèmes dynamiques.
Il est considéré comme un des derniers grands savants universels, maîtrisant l'ensemble des branches des mathématiques de son époque[2] et certaines branches de la physique.
Sommaire
1 Biographie
2 Poincaré et la relativité
3 Mathématiques
3.1 Fondements des mathématiques
3.2 Problème des trois corps
3.3 Conjecture de Poincaré
4 Philosophe et homme de lettres
5 Participation à la vie publique
6 Honneurs
7 Principales publications (cours et essais)
8 Pour approfondir
8.1 Iconographie
8.2 Correspondance
8.3 Bibliographie
8.4 Articles connexes
8.5 Liens externes
9 Notes et références
9.1 Notes
9.2 Références
Biographie |
Henri Poincaré est le fils d'Émile Léon Poincaré[3], doyen de la faculté de médecine de Nancy, et de son épouse Marie Pierrette Eugénie Launois[1],[4]. Il est le neveu de Nicolas Antonin Hélène Poincaré[5],[c], ce qui en fait le cousin germain des fils de ce dernier : l'homme politique et président de la République française Raymond Poincaré[5] et Lucien Poincaré, directeur de l'Enseignement secondaire au ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. La sœur d’Henri, Aline Poincaré, épousa le philosophe Émile Boutroux[6].
À cinq ans, il contracte la diphtérie, le laissant paralysé durant cinq mois, ce qui l'incite à se plonger dans la lecture[7]. Élève d'exception au lycée impérial de Nancy, il obtient le 5 août 1871, le baccalauréat ès lettres, mention « Bien », et le 7 novembre 1871 son baccalauréat ès sciences, où il faillit être refusé à cause d'un zéro en composition de mathématiques[8]. Il semblerait qu’il soit arrivé en retard et ait mal compris le sujet, un problème sur les séries convergentes[9], domaine dans lequel il apportera des contributions importantes. Mais il se rattrape brillamment à l'oral et est finalement admis avec une mention « Assez Bien ». Poincaré se relève de ce mauvais pas en classes préparatoires[d], où il remporte deux fois consécutivement le concours général de mathématiques. Malgré son inaptitude sportive et artistique et une épreuve de géométrie descriptive qu'il aurait ratée, il se classe premier au concours d'entrée à l'École polytechnique[1] le 2 novembre 1873. Son rang lui vaut un grade de sergent-major. À ce titre, il est « missaire » et président de la commission des Cotes[10]. Il sort deuxième de l'École Polytechnique[1] en 1875 et, le 19 octobre de la même année, il entre comme élève-ingénieur à l'École des mines de Paris, étant membre du Corps des mines ; il est licencié ès sciences le 2 août 1876. Il sort de l'École des mines le 11 mars 1879, classé 3e sur les trois élèves du Corps des mines[11],[12]. Nommé ingénieur des mines de 3e classe le 28 mars à Vesoul[e], il obtient, le 1er août, le doctorat ès sciences mathématiques à la faculté des sciences de Paris, et devient chargé de cours d'analyse à la faculté des sciences de Caen le 1er décembre 1879.
Deux ans plus tard, il obtient ses premiers résultats marquants en mathématiques (sur la représentation des courbes et sur les équations différentielles linéaires à coefficients algébriques), et rapidement, il s'intéresse à l'application de ses connaissances mathématiques en physique et plus particulièrement en mécanique.
Il retourne à Paris en 1881 comme maître de conférences d'analyse à la faculté des sciences de Paris.
Henri Poincaré épouse le 20 avril 1881 Louise Poulain d'Andecy, petite-fille d'Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, arrière-petite-fille d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire. Quatre enfants naissent de cette union entre 1887 et 1893 : Jeanne (1887-1974), future épouse de Léon Daum, Yvonne (1889-1939), Henriette (1890-1970), et Léon (1893-1972), également polytechnicien (promotion 1913), ensuite ingénieur général de l'air.
Il est nommé répétiteur d'analyse à l'École polytechnique le 6 novembre 1883, charge qu'il occupe jusqu'à sa démission en mars 1897. Nommé à la chaire de « mécanique physique et expérimentale » le 16 mars 1885, il la quitte pour la chaire de « physique mathématique et de calcul des probabilités » en août 1886, succédant ainsi à Gabriel Lippmann.
Il est président de la Société mathématique de France en 1886.
Il est élu membre de l'Académie des sciences en 1887. Il devient membre du Bureau des longitudes en 1893 et est nommé ingénieur en chef des mines. En novembre 1896, il obtient la chaire « d’astronomie mathématique et de mécanique céleste » à la faculté des sciences de Paris, succédant à Félix Tisserand qui vient de mourir.
Il est sociétaire de la Société des sciences de Nancy[13],[14] et membre associé de l'académie de Stanislas[15].
Il est à nouveau président de la Société mathématique de France en 1900.
Il est, en 1901, le premier lauréat de la médaille Sylvester de la Royal Society. Il est président de la Société française de physique en 1902.
Le 1er octobre 1904, Henri Poincaré est nommé professeur d'astronomie générale sans traitement à l'École polytechnique, ceci afin d'éviter la suppression de la chaire.
De 1900 à 1908, il applique ses travaux à la télégraphie sans fil, ce qui permet d'établir l'existence de régimes d'ondes entretenues[16],[17].
Accumulant les honneurs, il est élu à l'Académie française le 5 mars 1908, il participe à de nombreux congrès et conférences jusqu'à la fin de sa vie. Il meurt le 17 juillet 1912 au 63 rue Claude-Bernard d'une embolie suite à une opération pour traiter une hypertrophie de la prostate[9], décelée dès 1908[7].
Poincaré et la relativité |
En 1902, Poincaré publie La Science et l'Hypothèse. Même si ce livre est plus un ouvrage d'épistémologie que de physique, il appelle à ne pas considérer comme trop réels de nombreux artéfacts de la physique de son époque : le temps absolu, l'espace absolu, l'importance de l'éther. Einstein s'était particulièrement penché sur ce livre[f], et les idées contenues font de l'ouvrage un précurseur de la relativité restreinte.
On y trouve en particulier ce passage :
« Ainsi l'espace absolu, le temps absolu, la géométrie même ne sont pas des conditions qui s'imposent à la mécanique ; toutes ces choses ne préexistent pas plus à la mécanique que la langue française ne préexiste logiquement aux vérités que l'on exprime en français. »
En 1905, Poincaré pose les équations des transformations de Lorentz, et les présente à l'Académie des sciences de Paris le 5 juin 1905. Ces transformations vérifient l'invariance de Lorentz, achevant le travail d'Hendrik Lorentz (qui était un correspondant de Poincaré). Ces transformations sont celles qui s'appliquent en relativité restreinte, et on emploie encore aujourd'hui les équations telles que les a écrites Poincaré. Poincaré montre ainsi l'invariance des équations de Maxwell sous l'action de la transformation de Lorentz[18]. Poincaré montre également que la transformation de Lorentz revient à une rotation entre espace et temps et qu'elle définit un groupe dont l'un des invariants est la vitesse de la lumière. Mais pour expliquer l'origine physique de ces transformations, Poincaré a recours à des contractions physiques de l'espace et du temps, conservant en références un éther et un temps absolu. Einstein, lui, part de la constance de la vitesse de la lumière (en tant que postulat) et du principe de relativité pour retrouver les mêmes transformations de Lorentz, éliminant les notions de référentiels ou horloges absolus, et faisant des différences de longueur des effets de la perspective dans un espace-temps en quatre dimensions, et non des contractions réelles[19].
Poincaré a également proposé certaines idées sur la gravité, notamment la propagation des perturbations du champ de gravitation à la vitesse de la lumière, ce qu'il nomma « ondes gravifiques ». Sa faiblesse était de trop rechercher l'analogie avec l'électromagnétisme en cherchant une nouvelle loi de gravitation qui soit invariante par les transformations de Lorentz[20]. Paul Langevin note que Poincaré a trouvé « plusieurs solutions possibles qui présentent toutes ce caractère commun que la gravitation se propage avec la vitesse de la lumière, du corps attirant au corps attiré, et que la loi nouvelle permet de représenter les mouvements des astres mieux encore que la loi ordinaire puisqu'elle atténue les divergences existant encore entre celle-ci et les faits, dans le mouvement du périhélie de Mercure, par exemple. »
Si les physiciens de l'époque étaient parfaitement au courant des travaux de Poincaré, le grand public l'a ensuite presque oublié, alors que le nom d'Einstein est aujourd'hui connu de tous. Récemment, quelques voix ont cherché à rappeler le rôle de Poincaré, mais d'autres sont allés plus loin, cherchant à faire de Poincaré l'auteur de la théorie de la relativité. Cette controverse sur la paternité de la relativité est d'autant plus délicate que les conflits politiques se mêlent aux questions de lecture des articles de physique.
Mathématiques |
Poincaré est le fondateur de la topologie algébrique. Ses principaux travaux mathématiques ont eu pour objet la géométrie algébrique, des types de fonctions particuliers – les fonctions dites « automorphes » (il découvre les fonctions fuchsiennes et kleinéennes), les équations différentielles… La notion de continuité est centrale dans son travail, autant par ses répercussions théoriques que pour les problèmes topologiques qu'elle entraîne.
« […] l'un des derniers représentants de cette science à en avoir eu une totale maîtrise dans l'ensemble des domaines, y compris dans ses applications en astronomie et en physique[21]. »
Fondements des mathématiques |
Pendant les six dernières années de sa vie (à partir de 1905), Poincaré participe activement aux débats sur les fondements qui traversaient à l'époque la communauté mathématique. Il n'a jamais essayé d'y contribuer sur le plan technique, mais certaines de ses idées ont eu une influence indéniable. L'un de ses contradicteurs, Bertrand Russell, écrira en 1914 : « Il n'est pas possible d'être toujours juste en philosophie ; mais les opinions de Poincaré, justes ou fausses, sont toujours l'expression d'une pensée puissante et originale, servie par des connaissances scientifiques tout à fait exceptionnelles »[22]. Entre autres, à cause de son refus d'accepter l'infini actuel, c’est-à-dire la possibilité de considérer l'infini comme une entité achevée et non simplement comme un processus qui peut se prolonger arbitrairement longtemps, Poincaré est considéré par beaucoup d'intuitionnistes comme un précurseur. Poincaré n'a cependant jamais remis en cause le tiers exclu, et rien n'indique qu'il aurait pu adhérer à une refondation aussi radicale des mathématiques que celle que proposera Luitzen Egbertus Jan Brouwer.
La position de Poincaré a évolué. Dans une période précédente, il s'est intéressé aux travaux de Georg Cantor, dont les travaux sur la construction des réels et la théorie des ensembles s'appuient de façon essentielle sur un infini actuel, au point de superviser la traduction en français d'une partie des articles de ce dernier (en 1871, 1883…), et d'utiliser ses résultats dans son mémoire sur les groupes kleinéens (1884)[23]. Il s'intéresse également aux travaux de David Hilbert sur l'axiomatisation : il fait, en 1902[24], une recension soignée et très louangeuse des Fondements de la géométrie (1899).
En 1905 et 1906, Poincaré réagit, de façon assez polémique, à une série d'articles de Louis Couturat sur les « principes des mathématiques » dans la Revue de métaphysique et de morale, articles qui rendaient compte des Principles of Mathematics de Bertrand Russell (1903). Russell finira par intervenir lui-même dans le débat[25].
Poincaré, contrairement à ce qu'on dit souvent, n'a jamais partagé ce que l'on appelle de manière vague l'intuitionnisme kantien. Quand il évoque l'intuition (La valeur de la science, ch. 1), ce terme signifie « image » ou « modèle ». Sa conception de l'expérience n'a pas grand-chose à voir avec celle de Kant : ni l'espace ni le temps ne sont des « formes a priori », car l'expérience n'est que l'occasion à partir de laquelle l'espace représenté est mis en relation avec l'espace comme continuum amorphe : « L'expérience n'a donc joué qu'un seul rôle, elle a servi d'occasion. Mais ce rôle n'en était pas moins très important ; et j'ai cru nécessaire de le faire ressortir. Ce rôle aurait été inutile s'il existait une « forme a priori » s'imposant à notre sensibilité et qui serait l'espace à trois dimensions. » (La valeur de la science, ch. 4, § 6). Quand Poincaré évoque l'idée de commodité, il est plus proche des empiristes que des idéalistes : l'idée de vérité n'a plus grand-chose à voir avec l'idée de jugement synthétique a priori, parce qu'on « choisit » ses principes ou axiomes, tout comme on choisit les faits dans les sciences de la nature. Le principe de récurrence semble n'avoir d'autre but que de montrer la non-pertinence du logicisme, qui fait de la déduction le ressort central de la démonstration mathématique.
Pour lui, c'est précisément le cas du principe de récurrence, qu'il nomme également « principe d’induction », en ce qu'il s'oppose à la déduction, et qu'il refuse de considérer comme le fruit d'un jugement purement analytique, comme le sont pour lui les raisonnements logiques. Ceci l'oppose à Russell (et, à travers lui, à Gottlob Frege, que Poincaré méconnaît), qui veut réduire les mathématiques à la logique, cela l'oppose aussi à ceux qu'il appelle les cantoriens, comme Ernst Zermelo, et dont il distingue en partie Hilbert. À ces derniers, il reproche l'usage de l'infini actuel, à travers leur façon de « passer du général au particulier », par exemple le fait de supposer l'existence d'ensembles infinis pour définir l'ensemble des entiers naturels, alors que, pour lui, les entiers naturels sont premiers. Il refuse ce qu'il appelle les définitions non prédicatives (voir paradoxe de Richard), qui, pour définir un ensemble E, font appel à « la notion de l'ensemble E lui-même » (typiquement, la définition actuelle en théorie des ensembles de N, l'ensemble des entiers naturels, comme intersection des ensembles contenant 0 et clos par successeur, est non prédicative au sens de Poincaré, puisque N fait partie de ces derniers). Les objections de Poincaré, par les réactions qu'elles ont nécessitées, ont joué un rôle non négligeable dans la naissance de la logique mathématique et de la théorie des ensembles, même si ses idées ont eu finalement relativement peu de succès. Elles influencent tout de même notablement l'intuitionnisme de Brouwer et ses successeurs (qui reste très marginal chez les mathématiciens), et ont connu des développements en théorie de la démonstration à partir des années 1960.
Problème des trois corps |
Alors qu'il étudie le problème des trois corps dans le cadre d'un concours (1888[g]) organisé par Gosta Mittag-Leffler[h], Poincaré démontre qu'il n'y a pas de solutions générales, un résultat qu'avait déjà obtenu Heinrich Bruns. Il découvre également l'existence de solutions apériodiques. Un historique très détaillé de la contribution de Poincaré au problème des trois corps a été publié par June Barrow-Green[27].
Il reprend cette étude dans Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste (trois volumes publiés entre 1892 et 1899). Dans le volume III, Poincaré y découvre les orbites homoclines et hétéroclines, au voisinage desquelles il remarque qu'il y a une grande sensibilité aux conditions initiales. Cette propriété est à la base des comportements chaotiques qui seront découverts par Edward Lorenz et par Otto Rössler[28].
Dans le cadre de ces études des équations différentielles et du problème des trois corps, Poincaré introduit un grand nombre de concepts de la théorie du chaos : mentionnons les différents types de points singuliers (nœud, col, foyer et centre), la notion de bifurcation, de cycle limite, de section de Poincaré, d'application de premier retour (encore appelée application de Poincaré), etc. Il comprend notamment que l'étude de ces solutions apériodiques passe par l'étude des orbites périodiques qui se développent dans leur voisinage[28].
Conjecture de Poincaré |
Posée en 1904 par Poincaré, la conjecture portant son nom était un problème de topologie énoncé sous cette forme par son auteur :
« Considérons une variété compacte V à 3 dimensions sans bord. Est-il possible que le groupe fondamental de V soit trivial bien que V ne soit pas homéomorphe à une sphère de dimension 3 ? »
En l'an 2000, l'institut Clay plaça la conjecture parmi les sept problèmes du prix du millénaire. Il promit un million de dollars américains à celui qui démontrerait ou réfuterait la conjecture. Grigori Perelman a démontré cette conjecture en 2003, et sa démonstration fut validée en 2006. Mais le chercheur a refusé aussi bien la médaille Fields que le million de dollars.
Philosophe et homme de lettres |
Poincaré est aussi le dernier à avoir la double spécificité de comprendre l'ensemble des mathématiques de son époque et d'être en même temps un penseur philosophique. On le considère comme un des derniers grands savants universels[réf. nécessaire], du fait de ses recherches dans des domaines transversaux (physique, optique, astronomie…), et de son attitude scientifique fondée sur une esthétique de la science et du nombre, à rapprocher de celle des anciens Grecs.
Il a œuvré toute sa carrière durant à la vulgarisation de ses résultats et des grands travaux de la science, attitude qui sera reprise par des physiciens ultérieurs.
Avec La Science et l'Hypothèse, devenu un classique de la philosophie des sciences du XXe siècle[29], il intéresse le monde artistique, notamment les cubistes, et donne des clés de compréhension aux géométries non euclidiennes.
De manière plus anecdotique, on peut noter que Poincaré aurait écrit un roman de jeunesse[30].
Participation à la vie publique |
En 1899, Henri Poincaré adresse une lettre au Conseil de guerre de Rennes, chargé de juger le capitaine Dreyfus, critiquant les méthodes d'analyse du bordereau qui semble accuser Dreyfus[31].
En 1904, à la demande de la Cour de cassation, Poincaré signe avec Darboux et Appell, un rapport qui sera versé au procès en révision de Dreyfus par cette même cour en 1906. Ce rapport, principalement rédigé par Poincaré, dénonce et corrige les erreurs mathématiques d'analyse du bordereau, et notamment l'utilisation du théorème de Bayes[32].
Honneurs |
- Lauréat du concours général, en mathématiques
Médaille d'or de la Royal Astronomical Society (1900)
Prix Bolyai (1905)- Membre de l'Académie française (1908)
Médaille Bruce (1911)
Commandeur de la Légion d'honneur[33].
L'astéroïde « (2021) Poincaré » porte son nom.
En 1970, l'Union astronomique internationale a attribué le nom de Poincaré à un cratère lunaire.
Pour l'ensemble de ses travaux, Poincaré fut pressenti à plusieurs reprises au prix Nobel de physique[réf. nécessaire].
L’institut Henri-Poincaré, maintenant au sein de l’université Pierre-et-Marie-Curie, est créé en 1928. L’université Henri-Poincaré à Nancy est nommée en son honneur. Les archives Henri-Poincaré (laboratoire d'histoire des sciences et de philosophie à l'université Nancy-II) effectuent des recherches sur ses travaux. Le plus grand amphithéâtre de l'École polytechnique sur son campus de Palaiseau, d'une capacité de 780 places, porte le nom de Poincaré et est surnommé « le .K » (lire « le point K ») par les élèves de l'École.
La poste a créé un timbre Henri Poincaré en octobre 1952
Principales publications (cours et essais) |
Sur les propriétés des fonctions définies par les équations aux différences partielles : 1re thèse, Gauthier-Villars (Paris), 1879, texte en ligne disponible sur IRIS
Notice sur les travaux scientifiques d'Henri Poincaré, Gauthier-Villars (Paris), 1886, texte en ligne disponible sur IRIS
- Les méthodes nouvelles de la mécanique célestes, Tome 1, Gauthier-Villars (Paris), 1892, Texte en ligne disponible sur IRIS, Tome 2, Gauthier-Villars (Paris), 1893, Texte en ligne sur IRIS, Tome 3, Gauthier-Villars (Paris), 1899, Texte en ligne sur IRIS
Analysis Situs (en) : série d'articles, de 1895 à 1904- Sur les propriétés des fonctions définies par les équations aux différences partielles. Propositions données par la faculté, Paris, Gauthier-Villars, 1879(lire en ligne)
La Science et l'Hypothèse (Flammarion - Bibliothèque de philosophie scientifique - 1902)
La Valeur de la Science (Flammarion - Bibliothèque de philosophie scientifique - 1905)
Cours d'astronomie générale : École polytechnique : 1re division : 1906-1907, École polytechnique (Paris), 1907, texte en ligne disponible sur IRIS
La Théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes. La Télégraphie sans fil, Scientia, 1907.
Science et Méthode (Flammarion - Bibliothèque de philosophie scientifique - 1908)[34]
Savants et écrivains (Flammarion - 1910)
Dernières Pensées (Flammarion - Bibliothèque de philosophie scientifique - 1913)[35], réédité par Flammarion, complété d’autres articles en appendice à partir de la seconde édition de 1926.
Ce que disent les choses, (1911), Hachette : cinq chapitres publiés dans la revue pour enfants Au seuil de la vie (Hachette, 1910) et repris par Hachette en 1911 dans l'ouvrage éponyme Ce que disent les choses. Réédité en 2010 chez Hermann, Paris (voir bibliographie).- Cours de la faculté des sciences de Paris publiés par l'Association amicale des élèves et anciens élèves de la faculté des sciences - Cours de mécanique physique et expérimentale :
Cours professé pendant l'année 1885-1886. Première partie, Cinématique pure - Mécanismes, Seconde partie, Potentiel, mécanique des fluides,
- Cours de la faculté des sciences de Paris publiés par l'Association amicale des élèves et anciens élèves de la faculté des sciences - Cours de physique mathématique :
Leçons sur la théorie mathématique de la lumière professées pendant le premier semestre 1887-1888,- Électricité et optique, la lumière et les théories électrodynamiques, leçons professées en 1888, 1890 et 1899 (Carré et Naud- 1901)
Thermodynamique : leçons professées pendant le premier semestre 1888-89 - Rédaction de J. Blondin, agrégé de l'université - Paris Gauthier-Villars 1908 - Réimpression 1995 des Éditions Jacques Gabay.
Capillarité : Leçons professées pendant le deuxième semestre 1888-1889,- Leçons sur la théorie de l'élasticité (Carré - 1892)
Théorie mathématique de la lumière II : nouvelles études sur la diffraction.-Théorie de la dispersion de Helmholtz : Leçons professées pendant le premier semestre 1891-1892,- Théorie des tourbillons, leçons professées pendant le deuxième semestre 1891-1892 (Carré et Naud- 1893)
- Les oscillations électriques, leçons professées pendant le premier trimestre 1892-1893 (Carré et Naud- 1900)
- Théorie analytique de la propagation de la chaleur, leçons professées pendant le premier semestre 1893-1894 (Carré - 1895)
- Calcul des probabilités, leçons professées pendant le deuxième semestre 1893-1894 (Carré et Naud- 1896)
- Théorie du potentiel newtonien, leçons professées pendant le premier semestre 1894-1895 (Carré et Naud - 1899)
- Cours de la faculté des sciences de Paris - Cours de mécanique céleste :
- Tome I: Théorie générale des perturbations planétaires
- Tome II, 1re partie: Développement de la fonction perturbatrice
- Tome II, 2e partie: Théorie de la Lune
Rapports présentés au congrès International de Physique réuni à Paris en 1900 sous les auspices de la Société française de physique rassemblés et publiés par Ch.-Ed.Guillaume et H.Poincaré, secrétaires généraux du congrès - trois volumes in-8° avec figures ; Paris, Gauthier-Villars - 1900
Pour approfondir |
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Iconographie |
- Buste en bronze par le statuaire Joseph Carlier, (1849-1927), érigé dans le square du lycée de Nancy par souscription des anciens élèves des lycées de Nancy, Colmar, Metz et Strasbourg en 1913.
Correspondance |
- Henri Poincaré Papers, site édité par Scott A. Walter, Université de Nantes
Bibliographie |
Paul Appell, Henri Poincaré, 1925, Librairie Plon.- André Bellivier, Henri Poincaré ou la vocation souveraine, coll. « Vocations » n° IV, Gallimard, Paris, 1956.
Aline Boutroux et Laurent Rollet (édition), Vingt ans de ma vie, simple vérité : la jeunesse d'Henri Poincaré racontée par sa sœur, 1854-1878, Paris, Hermann, 2012(ISBN 978-2-705-68278-1).
Éric Charpentier (dir.), Étienne Ghys (dir.) et Annick Lesne (dir.), L'héritage scientifique de Poincaré, Paris, Belin, coll. « Échelles », 2006, 423 p. (ISBN 978-2-701-14332-3, OCLC 85335027).- Charles Croix, La famille de Poincaré est-elle bourguignonne ?, dans le Pays Lorrain, 1935, p. 331-333).
Gaston Darboux, « Éloge historique d’Henri Poincaré lu dans la séance publique annuelle du 15 décembre 1913 par M. Gaston Darboux, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences », 15 décembre 1913(consulté le 21 octobre 2015).
Général Dassault, Henri Poincaré, Annales des Mines, octobre 1954.
Vladimir Fock, The Theory of Space Time and Gravitation, Pergamon, 1958, p. xviii, 350, 370-374.
[Langue ?] Vladimir Fock, [Titre ?], K. Norske Vidensk. Selsk. Forhandl., 1963, p. 36, 16[réf. incomplète].
Christian Gerini, Henri Poincaré, "Ce que disent les choses" quand Henri Poincaré écrit pour les enfants, Paris, Hermann, coll. « Histoire des sciences », 2010, 171 p. (ISBN 978-2-705-66973-7, OCLC 708353618).
Jean-Marc Ginoux et Christian Gerini (préf. Cédric Villani), Henri Poincaré une biographie au(x) quotidien(s), Paris, Ellipses, 2012, 298 p. (ISBN 978-2-729-87407-0, OCLC 819206966, notice BnF no FRBNF42747074).- G. H. Keswani, Origin and Concept of Relativity, Parts I, II, III, Brit. J. Phil. Sci. (en) vol. 15-17, 1965-66.
- Ernest Lebon, Henri Poincaré, biographie, bibliographie analytique des écrits, Paris, Gauthier-Villars, 1909 [lire en ligne].
Jean Mawhin, Les Histoires belges d'Henri Poincaré, 1845-1912, Bruxelles, Académie royale de Belgique, coll. « L'académie en poche » (no 5), 2012, 103 p. (ISBN 978-2-803-10308-9, OCLC 901402230).
André Rougé, Relativité restreinte : la contribution d'Henri Poincaré, Palaiseau, École polytechnique, coll. « Histoire de la physique », 2008, 276 p. (ISBN 978-2-730-21525-1, OCLC 436981772, notice BnF no FRBNF41470293, lire en ligne).
Jean-Jacques Samueli et Jean-Claude Boudenot, H. Poincaré (1854-1912) : physicien, Paris, Ellipses, 2005(ISBN 978-2-729-82245-3, notice BnF no FRBNF39937525).
Anne-Françoise Schmid, Henri Poincaré : Les sciences et la philosophie, L’Harmattan, 2001, 256 p. (ISBN 2-7475-0440-9, lire en ligne).
Michel Paty, Poincaré, Langevin et Einstein, Epistémologiques, 2002.
Édouard Toulouse, Enquête médico-psychologique sur la supériorité intellectuelle : Henri Poincaré. Paris, Flammarion, 1910, 204 pages.
Ferdinand Verhulst, Henri Poincaré : impatient genius, New York, Springer, 2012(ISBN 978-1-461-42407-9 et 978-1-461-42406-2, OCLC 806458685, lire en ligne). (Selon Jean Mawhin : « Ferdinand Verhulst has written a true scientific biography, introducing Poincaré the man, his cultural milieu, and his mathematics. This book shows why, a century after his death, Poincaré's ideas still shape a substantial part of the mathematical sciences. »)
Xavier Verley, Poincaré ou le renouveau de la philosophie naturelle, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Figures du savoir » (no 46), 2009, 223 p. (ISBN 978-2-251-76065-0, notice BnF no FRBNF42083841).
Henri Poincaré, l'œuvre scientifique, l'œuvre philosophique, par Vito Volterra, Jacques Hadamard, Paul Langevin et Pierre Boutroux, Librairie Félix Alcan, 1914.
Henri Poincaré, l'œuvre mathématique, par Vito Volterra
Henri Poincaré, le problème des trois corps, par Jacques Hadamard
Henri Poincaré, le physicien, par Paul Langevin
Henri Poincaré, l'œuvre philosophique, par Pierre Boutroux
Articles connexes |
- Application de Poincaré
- Conjecture de Poincaré
- Demi-plan de Poincaré
- Disque de Poincaré
- Espace dodécaédrique de Poincaré
- Formule du crible de Poincaré
- Géométrie non euclidienne
Groupes de Poincaré
- Inégalité de Poincaré
- Lemme de Poincaré
- Sphère d'homologie de Poincaré
- Sphère de Poincaré
Théorèmes de Poincaré
- Léon Daum
- Poincaré et la popularisation de la 4e dimension
- Prix Henri-Poincaré
Liens externes |
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- Henri Poincaré, mathématicien, physicien et philosophe - Animation CNRS/sagascience (2012)
Galerie photographique (université de Nancy)
Einstein, Poincaré et la théorie de la relativité restreinte, Enregistrements vidéo et audio d'une conférence donnée par Christian Bracco et Jean-Pierre Provost- Enregistrement de conférences sur l'œuvre et la pensée d'Henri Poincaré
- Consulter les travaux de Henri Poincaré dans la bibliothèque numérique de l’École des mines
- Poincaré et la T.S.F., conférence de 1908 en ligne et commentée sur le site BibNum.
Notes et références |
Notes |
On lit « Jules Henry Poincaré » dans certaines sources, comme dans son dossier établi par la grande chancellerie de la Légion d'honneur.
Cette étude consiste à explorer les propriétés de certaines solutions du système différentiel sans le résoudre.
Nicolas Poincaré est donc polytechnicien de la promotion 1845, né en 1825 et mort en 1911.
Paul Appell entre en classe de mathématiques spéciales à la même époque.
En tant qu’ingénieur des mines, il mènera l’enquête sur l'explosion ayant eu lieu le 1er septembre 1879 dans le Puits du Magny, causant la mort de seize mineurs.
Étienne Klein précise qu'Einstein a même fait de ce livre un thème de discussion avec ses amis de l'« académie Olympia ».
Concours lancé mi-1885 ; limite de soumission le 1er juin 1888 ; résultat prononcé le 20 janvier 1889[26].
Avec comme jury Mittag-Leffler lui-même, Charles Hermite et Karl Weierstrass[26].
Références |
Ouvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le 21 octobre 2015), sélectionner l’onglet « Catalogues de la BCX → Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Poincaré Henri », résultat obtenu : « Poincaré, Jules Henri (X 1873 ; 1854-1912) ».
Pierre Rousseau, Histoire de la science, Fayard, 1945, p. 531.
« 127e congrès, Nancy, 2002 », sur le Comité des travaux historiques et scientifiques (consulté le 1er juillet 2013).
« Henri Poincaré (1854-1912) », sur les Annales des Mines (consulté le 1er juillet 2013).
Ouvrir la « Page d’accueil », sur le site de la bibliothèque de l’École polytechnique, Palaiseau (consulté le 21 octobre 2015), sélectionner l’onglet « Catalogues de la BCX → Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « Poincaré Nicolas », résultat obtenu : « Poincaré, Nicolas Antonin Hélène (X 1845 ; 1825-1911) ».
Aline Boutroux, Vingt ans de ma vie, simple vérité, Hermann, 2012, 360 p. (ISBN 9782705682781).
Jean-Marc Ginoux et Christian Gerini, Henri Poincaré une Biographie au(x) Quotidien(s), Ellipses Marketing, 2012(ISBN 2729874070), p. 304.
Cf. les-mathématiques.net.
Darboux 1913.
PoinK, GénéK.
Henri Poincaré sur les Annales des mines.
Relevé de notes de Henri Poincaré à l'École des mines.
« Présentation de l'Académie lorraine des sciences », sur le site de l'ALS (consulté le 1er octobre 2013).
(fr)Maubeuge, P.-L. (1961) - « Historique de la Société des Sciences de Nancy et de la Société Lorraine des Sciences », Bulletin de la Société lorraine des sciences, tome I no 1 [PDF], Nancy, p. 43
« POINCARÉ Jules Henri », sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) (consulté le 25 octobre 2013).
André Rougé, Relativité restreinte : La contribution d'Henri Poincaré, Éditions École polytechnique, 2008, p. 135.
« Les conférences oubliées de Poincaré sur la T.S.F. », sur Bibnum (consulté le 1er avril 2011).
(en) V. Messager, R. Gilmore & C. Letellier, Henri Poincaré and the principle of relativity, Contemporary Physics, 53 (5), 397-415, 2012.
Jean-Claude Boudenot (préf. Claude Cohen-Tannoudji), Comment Einstein a changé le monde, Les Ulis, EDP sciences, 2005, 187 p. (ISBN 978-2-759-80224-1, OCLC 230760088, lire en ligne).
La gravitation newtonienne face au principe de relativité - Relativité générale : comment l'espace-temps devint dynamique.
Gérard Besson, Christian Houzel et Michel Paty, « POINCARÉ HENRI (1854-1912) », sur Encyclopædia universalis (consulté le 13 mars 2015).
« To be always right is not possible in philosophy; but Poincaré's opinions, right or wrong, are always the expression of a powerful and original mind, with a quite unrivalled scientific equipement », Bertrand Russell, préface de la traduction anglaise de Science et méthode, Londres 1914, [lire en ligne].
D'après Pierre Dugac, préface à une édition d'un recueil des articles en français de Cantor, voir le site de la BNF.
Journal des savants mai 1902, repris en appendice, dans plusieurs éditions de l'ouvrage posthume Dernières pensées à partir de 1926, voir la bibliographie.
Tous ces articles sont parus dans la revue de métaphysique et de morale et sont accessibles en ligne sur le site de la BNF.
Jean-Christophe Yoccoz, « Une erreur féconde du mathématicien Henri Poincaré », La lettre du Collège de France [En ligne], no 28, avril 2010(lire en ligne)Version papier : La Lettre du Collège de France no 28, Paris, Collège de France, avril 2010, p. 38-42, ISSN 1628-2329.
Conférence à la Bibliothèque nationale de France le 13 avril 2005. Ce texte a été publié dans la Gazette des mathématiciens, no 107, 2006, p. 19-26.
(en) J. Barrow-Green, Henri Poincaré and the three-body problem, American Mathematical Society, 1996.
C. Letellier, Le chaos dans la nature, Vuibert, 2006.
Christian Houzel et Michel Paty, « POINCARÉ HENRI (1854-1912) : 3. Poincaré philosophe », sur Encyclopædia universalis (consulté le 13 mars 2015)(frais de consultation requis).
Une ancienne version (octobre 2007) du site du lycée Henri-Poincaré.
Xavier Verley, Poincaré ou le renouveau de la philosophie naturelle, p. 15.
Journal électronique d'histoire des probabilités et de la statistique.
Décret du 14 janvier 1903
Voir aussi : Henri Poincaré, Science et Méthode, Paris, Flammarion, 1947(lire en ligne [PDF]), sur le portail documentaire de l'université Pierre-et-Marie-Curie.
[PDF]« Dernières Pensées », sur l'Académie de Nancy-Metz.
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