Guerre des Malouines
Date | 2 avril – 14 juin 1982 (2 mois et 12 jours) |
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Lieu | Îles Malouines, Géorgie du Sud-et-les Îles Sandwich du Sud, zone maritime et aérienne environnante |
Issue | Victoire britannique
|
Royaume-Uni | Argentine |
Margaret Thatcher Sir Terence Lewin Sir John Fieldhouse Sandy Woodward Jeremy Moore Julian Thompson Tony Wilson | Leopoldo Galtieri Jorge Anaya Basilio Lami Dozo Juan Lombardo Ernesto Crespo Mario Menéndez |
258 morts[1] 777 blessés 106 prisonniers 10 avions Harrier 24 hélicoptères 2 destroyers 2 frégates 1 barge de débarquement de chars 1 CDIC 1 porte-conteneurs | 649 morts[2] 1 068 blessés 11 313 prisonniers 35 avions de chasse 2 bombardiers 4 avions de transports militaires 25 avions légers d'attaque au sol 9 avions d'entraînements armés 25 hélicoptères 1 croiseur léger 1 sous-marin (es) 2 navires garde-côtes 4 navires cargos 1 navire espion |
Batailles
- Invasion argentine
- Géorgie du Sud
Occupation (en)
- Paraquet
- Black Buck
- ARA General Belgrano
- ARA Alferez Sobral
- HMS Sheffield
- Île Pebble
- Mikado
- Sutton
- San Carlos
- HMS Ardent
- Seal Cove
- HMS Antelope
- Atlantic Conveyor
- HMS Coventry
- Goose Green
- Mount Kent
- Top Malo House
- Gazelle XX377
- Bluff Cove
- Many Branch Point
- Mount Harriet
- Two Sisters
- HMS Glamorgan
Mount Longdon (en)
Wireless Ridge (en)
Mount Tumbledown (en)
- Port Stanley
- Île Thulé
Coordonnées 51° 45′ sud, 59° 00′ ouest
Géolocalisation sur la carte : Monde
Guerre des Malouines |
Géolocalisation sur la carte : Océan Atlantique
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La guerre des Malouines ou guerre de l'Atlantique Sud (Falklands War en anglais, Guerra de las Malvinas en espagnol) est un conflit opposant l'Argentine au Royaume-Uni dans les îles Malouines, Géorgie du Sud et Sandwich du Sud. Il commence le 2 avril 1982 avec le débarquement de l'armée argentine. Il se termine le 14 juin 1982 par un cessez-le-feu. Il se conclut sur une victoire britannique qui permet au Royaume-Uni d'affirmer sa souveraineté sur ces territoires.
Le conflit est causé par la volonté de la dictature argentine de faire valoir par la force ses positions sur la souveraineté de ces archipels, placés par les Nations unies sur la liste des territoires contestés. Ce conflit s'inscrit dans la continuité des controverses qui commencent dès la découverte de ces îles qui ont été occupées successivement par la France, l'Espagne puis le Royaume-Uni. Il s'agit, en 2018, du dernier conflit latino-américain où une nation non-américaine a été en guerre contre un État de ce continent.
Au plan humain, le bilan de cette guerre est de 907 tués soit 649 militaires argentins, 255 militaires britanniques et trois insulaires. Politiquement, la déroute argentine a de lourdes conséquences puisqu'elle précipite la chute de la junte militaire qui gouvernait jusqu'alors le pays et qui est remplacée par un gouvernement démocratiquement élu. De son côté, le gouvernement conservateur de Margaret Thatcher sort renforcé de cette victoire et est réélu en 1983.
Malgré trois décennies passées (en 2017) et les tentatives répétées de pacification du conflit, les Nations unies considèrent toujours les archipels comme des territoires dont la souveraineté n'a pu être départagée entre l'Argentine et le Royaume-Uni.
Sommaire
1 Conflits diplomatiques autour d'un archipel oublié qui passe de main en main
2 Données juridiques du conflit
3 Vers la guerre
3.1 Causes de la guerre
3.2 Déclenchement
3.3 Rupture des relations diplomatiques directes entre l'Argentine et la Grande-Bretagne.
4 Guerre
4.1 Défense britannique
4.2 1er au 4 avril : opération Rosario
4.3 2 avril au 2 mai : réplique diplomatique britannique et préparation militaire
4.3.1 3 avril : résolution de l'ONU et actions diplomatiques
4.4 2 au 20 avril : préparatifs militaires britanniques
4.4.1 Logistique aérienne
4.4.2 Logistique navale
4.5 25 avril : reprise de la Géorgie du Sud
4.6 1er mai : raids aériens Black Buck
4.7 28 avril au 20 mai : le sous-marin britannique HMS Conqueror neutralise la flotte argentine
4.7.1 2 mai : torpillage du General Belgrano
4.7.2 4 mai : perte du Sheffield attaqué à l'Exocet
4.7.3 15 mai : raid sur l'aérodrome de l'île Pebble
4.8 21 au 25 mai : débarquement et réaction aérienne argentine
4.8.1 21 mai : débarquement à Port San Carlos
4.8.2 25 mai : perte de l’Atlantic Conveyor
4.9 26-27 mai : prise de Goose Green
4.10 28 mai au 14 juin : avance vers Port Stanley
4.10.1 8 juin : attaque aérienne de Fitzroy
4.10.2 11 au 13 juin : combats autour de Port Stanley
5 Analyse
5.1 Pertes humaines
5.2 Militaire
5.3 Politique
5.4 Contrôle de l'image
5.5 Culturelle
5.5.1 Cinéma
5.5.2 Autre
6 Notes et références
7 Annexes
7.1 Bibliographie
7.2 Documentaires télévisés
7.3 Articles connexes
7.4 Liens externes
Conflits diplomatiques autour d'un archipel oublié qui passe de main en main |
Les îles sont découvertes en 1592 par le navigateur anglais John Davis qui voyage sur le Desire (en). John Strong explore ces îles en 1690 et baptise le détroit Falklands sound. Des Malouins fréquentent l'archipel de 1700 à 1716 puis en 1749, un amiral britannique, Lord Anson, publie un récit de son voyage dans l'archipel et évoque leur position stratégique. Une expédition est conduite par le capitaine de vaisseau français Bougainville qui débarque dans Port Louis en 1764, suivi l'année suivante de celle de l'anglais John Byron qui débarque à Port Egmont[3].
La souveraineté sur ces îles, qui figurent aujourd'hui sur la liste des territoires non autonomes de l'ONU, est depuis lors disputée. La France est la première à les revendiquer. Mais en 1765, la Cour d'Espagne, informée de la colonisation de ces îles situées dans sa zone d'influence fait valoir ses droits auprès de la Cour de France. En 1766, le ministre des Affaires étrangères français Choiseul, confie une mission diplomatique à Bougainville pour se rendre en Espagne et essayer de conserver les îles ou, à défaut, de les remettre à l'Espagne à la condition que ces îles soient physiquement occupées, pour que les Anglais ne puissent pas les reprendre et de ce fait contrôler la route de la mer du Sud. Finalement la France les cède à l'Espagne en 1767 qui les renomme Malvinas. L'année précédente l'Espagne avait créé une vice-royauté du Rio de la Plata en Uruguay dont le territoire englobait le Nord actuel de la future Argentine, les deux tiers de la future Bolivie, le Nord du Chili, le Paraguay et l'Uruguay[3].
Les guerres d'indépendance américaine, la Révolution française, les campagnes napoléoniennes, aboutissent à la naissance de nations sud-américaines indépendantes dont l'Argentine indépendante de l'Espagne en 1810. Celle-ci reprend alors à son compte les revendications sur l'archipel. Une révolution éclate en Uruguay avec l'arrivée en mai d'une junte qui décide d'évacuer les îles Malouines qui demeurent inoccupées jusqu'en novembre 1820, avec l'arrivée de la frégate argentine La Heroína (en) commandée par le colonel corsaire David Jewett (en) qui hisse le pavillon argentin sur les ruines de Port Louis[3].
La colonisation argentine commence en 1823 et un gouverneur est nommé trois ans plus tard. En 1833, des colons britanniques débarquent de la frégate Clio (en), expulsent les colons argentins et rétablissent la souveraineté britannique. Depuis 1833, l'Argentine maintient sa revendication territoriale[3].
Le conflit diplomatique est discuté à l'ONU dès 1960 après l'adoption par l'Assemblée générale, de la « déclaration sur la garantie d'indépendance des pays et peuples colonisés »[3].
Dans la deuxième moitié du XXe siècle, marquée par plusieurs coups d’État successifs en Argentine, une junte militaire s’arroge de plus en plus de pouvoir et finit par prendre officiellement le pouvoir en 1966. Cependant un accord est conclu en 1971 pour la construction par les Anglais d'un aéroport et la création d'une ligne aérienne permanente entre les Malouines et l'Argentine, permettant ainsi aux 1 800 insulaires britanniques d'accéder aux écoles et aux hôpitaux argentins. Juan Perón revient au pouvoir en 1972 et le conflit pour la souveraineté sur les îles malouines est à nouveau soumis aux Nations unies par l'Argentine. En mai 1976, un rapport rédigé par Lord Shackleton confirme les potentialités de développement économique des îles Malouines et de leur environnement naturel (pêche, pétrole, traitement industriel des algues…), après qu'en février et dans les eaux britanniques le destroyer argentin Almirante Storni (en) a ouvert le feu sur le navire de recherches RRS Shackleton de l'expédition et tenté sans succès de l'arraisonner. En conséquence de cet incident, la Royal Navy détache temporairement à Port Stanley la frégate HMS Chichester et diffère le désarmement de l'aviso HMS Endurance[3].
En mars 1976, une nouvelle junte d'officiers généraux des trois armées chasse du pouvoir Isabel Martínez de Perón, veuve de l'ancien président Perón et établit une dictature militaire dont la politique est de plus en plus autoritaire et répressive, avec à son actif plus de 30 000 assassinats. L'Argentine fait face à des problèmes économiques graves et lorsque le général Leopoldo Galtieri parvient au pouvoir en 1981, l'inflation est de 140 % par an. Le gouvernement est très impopulaire et en avril 1982, pour redorer son blason, le général Galtieri ordonne à son armée d'envahir les îles Malouines et ainsi déclarer la guerre au Royaume-Uni, l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, membre de l'OTAN et quatrième puissance nucléaire mondiale[4].
Du côté britannique, le gouvernement conservateur, dirigé par la « Dame de fer », Margaret Thatcher, refuse tout compromis. Le tempérament du Premier ministre n'explique pas tout car le parti souhaite une réélection aux élections législatives qui doivent avoir lieu l'année d'après[5].
Malgré le soutien du gouvernement américain à la junte, son armée subit un embargo sur les armes de la part des États-Unis depuis 1978. L'URSS profite de cette contradiction pour lui apporter son appui.
La Royal Navy maintient une présence militaire dans la zone sous la forme d'une section d'une quarantaine de Royal Marines connu comme le groupe naval Naval Party 8901 et de l'aviso HMS Endurance. Des négociations essentiellement formelles continuent entre les deux pays[6] mais les mêmes arguments sont ressassés en permanence.
Données juridiques du conflit |
En 1946, avec le changement de statut de l'Empire colonial britannique qui devient le Commonwealth, et les colonies qui deviennent dominions, Londres considère ce différend territorial comme mineur. En 1965, sous l'effet de la résolution 2065 (en) de l'Assemblée générale des Nations unies, qui exige l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays coloniaux (1960), les négociations commencent ; dix-sept ans plus tard, très peu de choses ont changé[6]. En janvier 1976, le comité juridique interaméricain, organe consultatif de l'Organisation des États américains (OEA), déclare l'existence d'un « droit de souveraineté irréfutable » de l'Argentine sur les Malouines[6]. En août 1976, la 5e conférence du mouvement des non-alignés déclare l'Argentine « propriétaire légitime du territoire »[6].
Le différend est insolite. En effet, les deux États mettent en avant des droits issus du processus de décolonisation pour défendre leurs prétentions[6]. Ainsi, le Royaume-Uni avance l'origine britannique des 2 000 habitants (seuls une trentaine d'Argentins habitaient ces îles[6]) et invoque l'article 73 de la Charte des Nations unies et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, tandis que l'Argentine invoque le droit des peuples à la décolonisation, affirmant qu'il s'agit d'une terre spoliée par les Britanniques depuis 150 ans[6] ; l'ONU se montre plutôt favorable à la position de l'Argentine[6].
Vers la guerre |
Causes de la guerre |
Les revendications historiques des Argentins sont partagées par l'ensemble de la classe politique y compris par la gauche péroniste. La junte militaire compte ainsi consolider sa légitimité en unissant le pays confronté à la crise. Pour cela, les militaires argentins développent le concept d'une « Argentine bicontinentale », qui comprend une partie du continent Antarctique, dotée de nombreuses ressources en matières premières. La possession des îles Malouines aurait été ainsi la première étape pour établir des « Antilles antarctiques » (îles Malouines, îles de Géorgie du Sud, les Orcades du Sud, les Sandwich du Sud, les Shetland du Sud), trait d'union maritime avec des territoires que l'Argentine aurait souhaité annexer en Antarctique. Pour les militaires au pouvoir, l'« Argentine bicontinentale » n'est pas seulement un rêve, mais une mission patriotique qui doit être accomplie un jour[7].
L’enjeu des îles Malouines n’est pas anodin pour les deux pays, car elles sont une ouverture vers le continent Antarctique encore inexploité. Selon le spécialiste en géopolitique sud-américaine, Carlos Alberto Pereyra Mele, ni l’Argentine ni le Royaume-Uni ne peuvent se permettre de perdre les Malouines : « L’Argentine a besoin du pétrole de l’archipel puisque, selon les statistiques de 2009 de son Secrétariat de l’énergie, 86,6 % de l’énergie consommée dans le pays provient du pétrole et du gaz, tandis que les réserves argentines pour ces deux ressources seront épuisées respectivement dans neuf et sept ans. Or, entre 2003 et 2010, l’utilisation du pétrole et de ses dérivés a cru de 37,3 % tandis que celle du gaz a cru de 23 %. Pour combler le déficit, l’Argentine a multiplié par sept ses importations de combustibles qui sont passées d’une valeur annuelle de 549 millions de dollars à 4,5 milliards de dollars américains[non pertinent].
Pour les Britanniques, l’archipel des Malouines, qui inclut les îles Sandwich du Sud et Géorgie du Sud, forme un vaste territoire maritime de 350 milles nautiques qui recèle de grandes richesses. Si on tient compte de l’Antarctique tout proche, la dispute entre le Royaume-Uni et l’Argentine concerne plus de trois millions de kilomètres carrés de plate-forme continentale »[8]. Les îles et les eaux territoriales s’y rattachant permettraient aux deux nations de s’approprier les matières premières disponibles dans le continent Antarctique. Ce conflit pour l'instant non-armé est donc encore pertinent et d’actualité au XXIe siècle[9]. Pour ce qui est du Royaume-Uni, la réplique militaire du gouvernement était certaine. Margaret Thatcher ne pouvait se permettre de perdre la face si proche d’une élection. L'inaction aurait ôté toute crédibilité au Premier ministre.
Déclenchement |
La junte argentine espère détourner l'attention portée par l'opinion publique sur la crise économique et les infractions des droits de l'homme qu'elle commet, par une victoire militaire rapide dans les Malouines. Dans un premier temps, une pression est exercée sur l'Organisation des Nations unies (ONU) avec une menace subtile d'invasion : les Britanniques n'y font pas attention et continuent à négocier[10]. Les positions britanniques sont quelque peu dispersées et incohérentes car elles tiennent compte d'intérêts spéciaux et d'administrations diverses. La dernière unité de la Royal Navy présente sur place est prévue pour être retirée en 1981 dans le cadre d'une réduction globale de la flotte. En outre, la loi sur la nationalité britannique de 1981 retire la nationalité complète aux résidents des Îles Malouines. Ces éléments conduisent les observateurs extérieurs à des erreurs d'appréciation. Les Argentins n'hésitent pas à interpréter les atermoiements de la politique britannique comme un désengagement. Margaret Thatcher en avait été prévenue[11].
Le plan d'invasion est conçu par l'amiral Jorge Anaya, amiral notoirement anti-britannique de la marine argentine. Après l'échec des négociations en janvier 1982, les plans sont finalisés et l'invasion est prévue pour le mois d'avril. Le 25 mars, le navire de patrouille pour l'Antarctique de la Royal Navy HMS Endurance reçoit l'ordre d'expulser des ferrailleurs civils argentins venus démonter une installation de chasse à la baleine sur l'île de Géorgie du Sud, et accusés par Londres d'être des militaires argentins[6]. Il en est toutefois empêché par trois vaisseaux de guerre argentins et n'insiste pas. Buenos Aires qualifie par la suite cet acte d'agression[6]. Le 30 mars, malgré la preuve supplémentaire[réf. nécessaire] que la marine argentine embarque des troupes depuis la Base navale de Puerto Belgrano, le comité interarmées de renseignement du Royaume-Uni pour l'Amérique latine déclare que l'« invasion n'était pas imminente. »
Rupture des relations diplomatiques directes entre l'Argentine et la Grande-Bretagne. |
Lorsque les relations diplomatiques bilatérales sont rompues, les diplomates péruviens à Londres représentent les intérêts diplomatiques argentins auprès du gouvernement britannique. Les diplomates suisses représentaient la couronne britannique auprès des autorités argentines.
Guerre |
Le 26 mars 1982, le général Leopoldo Galtieri décide d'envahir l'île de Géorgie du Sud, située à quelques centaines de kilomètres (480 km) des îles Malouines mais dépendantes, politiquement, de celles-ci. Baptisée « Operación Georgias », l'opération est dirigée par l’amiral Jorge Anaya et le capitaine de vaisseau Alfredo Astiz[10].
Défense britannique |
Le gouverneur des îles Malouines Rex Hunt est informé par le gouvernement britannique de la possibilité d'une invasion argentine le 31 mars. Il prépare la défense avec les majors Mike Norman et Gary Noot, à la tête de 67 Royal Marines. La garnison (Naval Party 8901), est normalement composée de 40 hommes. Cependant, elle se trouve à cet instant renforcée par des troupes de relève supplémentaires.
L'effectif à terre est réduit à 55 quand 12 Royal Marines embarquent à bord du patrouilleur HMS Endurance pour observer des soldats d'infanterie de la marine argentine qui occupent la Géorgie du Sud depuis le 29 mars. Le HMS Endurance, armé de deux canons de 20 mm, embarque deux hélicoptères légers Westland Wasp. Il est le seul bâtiment de la Royal Navy présent dans les environs[12].
Vingt-trois volontaires de la Force de défense des îles Malouines (Falkland Islands Defence Force) se joignent à la garnison et sont déployés pour observer les points stratégiques. La caserne de Moody Brook est abandonnée. Le major Norman suppose que le principal débarquement se fera à proximité de l'aérodrome et sera suivi par une progression vers Port Stanley. Il divise son effectif en quatre groupes, chacun retranché le long de la route aérodrome–Stanley, et en mesure de se désengager pour se replier sur le PC situé à la résidence du gouverneur à Stanley. Une section est placée à l'est de Sapper Hill (en) entre Stanley et Lake Point. Des postes d'observation sont établis au nord de l'aérodrome et à l'ouest de Sapper Hill entre Mullet Creek et Stanley. Tôt le 2 avril, les hommes prennent position. Le petit navire marchand côtier Forrest de la Falkland Islands Company sort de Port William pour une surveillance radar.
1er au 4 avril : opération Rosario |
La force navale d'invasion argentine est dénommée Task Force 40. Elle est composée de deux frégates de la classe Sheffield (Type 42) ARA Santísima Trinidad (D-2) (en) et ARA Hércules (B-52) (en), de deux frégates de la classe Drummond ARA Drummond (P-31) (en) et ARA Granville (P-33) (en), du sous-marin de la classe Balao (1942–1946) ARA Santa Fe (S-21) (en), du navire de débarquement de chars ARA Cabo San Antonio (Q-42) (en), du brise-glace ARA Almirante Irízar (Q-5) (en) et du cargo ARA Isla de los Estados (en). La force d'invasion composée des compagnies D et E du deuxième bataillon d'infanterie de marine comprend 904 hommes[12]. Parmi les 91 membres des forces spéciales de la marine argentine qui prennent part à l'opération, 76 sont du groupement de commandos amphibies (en) (Agrupación de Comandos Anfibios) et huit du groupement de plongeurs tactiques (Agrupación de Buzos Tácticos).
L'Operación Rosario[13] débute au soir du jeudi 1er avril 1982, lorsque la frégate argentine ARA Santísima Trinidad (D-2) (en) de la Task Force 40 s'arrête à 500 mètres de Mullet Creek (en) au sud de Stanley et débarque une unité de forces spéciales de la marine argentine (Agrupación de Buzos Tácticos) pour l'occuper.
Tôt le matin du 2 avril, un autre petit groupe de forces spéciales est débarqué du sous-marin ARA Santa Fe pour reconnaître Yorke Bay (en), la principale plage de débarquement au nord-ouest de l'aérodrome et au nord-est de Stanley. À 4 h 30, les derniers des 92 commandos des forces spéciales de la marine qui prennent part à l'opération sont héliportés par des SH-3D Sea King[14], à Mullet Creek depuis le brise-glace ARA Almirante Irízar (en). À 5 h 45, le gros des forces débarquées à Mullet Creek a atteint la caserne de Moody Brook et se met en garde en vue de donner l'assaut. Le reste des commandos est en position pour attaquer la résidence du gouverneur (Government House). Durant leurs approches, les frégates de la Task Force 40 prennent position pour appuyer de leurs feux les troupes à terre, et le navire de débarquement de chars se dirige vers une plage non défendue de Yorke Bay.
Les assauts sont déclenchés juste après 6 h. Les Argentins lancent un puissant assaut contre la caserne de Moody Brook en utilisant des armes lourdes et des grenades au phosphore. Ils s'en emparent et font leurs premiers prisonniers britanniques. À 6 h 30, le navire de débarquement de chars ARA Cabo San Antonio commence le débarquement à Yorke Bay de vingt engins d'assaut amphibie Gémini des compagnies D et E du Deuxième bataillon d'infanterie de marine. À 6 h 45, des troupes se posent à l'aérodrome, héliportées depuis le ARA Almirante Irízar.
Le 3 avril, Rex Hunt et le major Norman décident de capituler, suivis le lendemain par la section du caporal York. Après la reddition, les Royal Marines et les volontaires sont rassemblés sur des terrains de sport. Ils sont photographiés, ce qui révolte l'opinion publique britannique. Les Royal Marines sont emmenés en Argentine à Comodoro Rivadavia en C-130 Hercules, puis en avion de ligne en Uruguay pour être rapatriés au Royaume-Uni.
Les Argentins envahissent dans le même temps la Géorgie du Sud, mais pensant n'avoir affaire qu'à des scientifiques du British Antarctic Survey, ils n'envoient qu'un navire de transport escorté d'une seule frégate de la classe Drummond. Ils tombent en fait sur un détachement de Royal Marines qui, avec leurs lance-roquettes, obligent la frégate à se mettre à l'abri et abattent un hélicoptère Puma. Mais, croulant sous le nombre, ils se rendent peu de temps après aux troupes argentines.
À Buenos Aires, de grandes foules envahissent la place de Mai en entendant les nouvelles.
2 avril au 2 mai : réplique diplomatique britannique et préparation militaire |
Selon Nigel West, ancien parlementaire britannique et historien, Margaret Thatcher alors Première ministre du Royaume-Uni, « a immédiatement l'intention de riposter mais elle est horrifiée lorsque son chef d'état-major lui annonce qu'il faudra trois semaines pour mettre au point une force aéronavale capable de simplement traverser l'Atlantique… Elle bat des records d'impopularité, mais je pense qu'elle a réalisé qu'elle pourrait être le premier chef de gouvernement depuis des décennies susceptible de laisser le Royaume-Uni perdre une partie de son territoire »[15]. Sir John Nott, ministre de la Défense du gouvernement Thatcher, déclare :
« Nous étions en pleine guerre froide, les gens oublient cela, les Falkland étaient bien loin de nos préoccupations… Il y avait toujours le risque qu'un incident mineur se transforme vite en catastrophe… À ce moment-là, j'avais reçu des avis très négatifs sur la possibilité de reprendre les îles Falkland… Grâce à la réactivité de la Royal Navy, nous avons pu constituer la force navale dès le mardi suivant, ce qui est un exercice remarquable. Il y avait deux menaces principales pour la centaine de navires de la force navale[15] :
- les sous-marins argentins et surtout les avions de leur porte-avions constituaient une menace considérable ;
- les Exocets et Super-Étendard achetés à la France. Personne ne s'attendait à faire face à un tel missile rasant la surface de l'eau et impossible à intercepter. Il faisait courir le risque de perdre l'un des deux porte-avions.
La France a une mission de coopération militaire en Argentine depuis 1959. Dix pilotes argentins sont venus en 1981 se former à l'emploi des Exocets avec le Super-Étendard. Cinq Super-Étendard et cinq missiles sur les quatorze commandés ont été livrés à l'Argentine, trois sont expédiés discrètement par la France avec un petit passage en Libye pour récupérer deux des trois missiles sur le stock livré à l'armée du colonel Khadafi. Cependant le gouvernement français ne procédera plus à aucune autre livraison et coopérera totalement avec le gouvernement britannique.
Afin d'empêcher l'Argentine d'acquérir des Exocet auprès d'autres pays que la France, le ministre de la Défense John Nott donne l'ordre aux services secrets britanniques de recenser tous les missiles Exocet sur le marché mondial et d'acheter tous ceux disponibles à la vente : « Nous avons acheté tous les Exocet disponibles à un prix supérieur à ce que pouvait payer l'Argentine. Les pays qui nous posaient le plus de problème étaient Israël et l'Afrique du Sud qui faisaient beaucoup pour aider l'Argentine. Nous avons réussi à les faire échouer avec l'aide des Français, Mitterrand s'entendit parfaitement avec Margaret Thatcher ». Les Français se sont chargés en particulier des Exocet AM39 en cours de livraison au Pérou, dont le président s'est déclaré prêt à aider l'Argentine par tous les moyens nécessaires. Le conseiller François Heisbourg invente une explication théâtrale pour expliquer le retard des livraisons à la diplomate péruvienne qui se faisait de plus en plus insistante : « les Britanniques ont peut-être saboté les Exocet à l'usine, nous allons devoir les démonter et les remonter. »
L’amiral John « Sandy » Woodward, chef de la force opérationnelle aéronavale (Task Force 317-8) commente lui-même ainsi :
« La plupart des gens en Angleterre pensait que nous allions échouer, les Américains aussi… Si l'un ou l'autre de nos deux porte-avions, disons si l'HMS Invincible, le plus petit, était touché la mission devenait extrêmement difficile, si c'était le porte-aéronefs HMS Hermes, le plus gros, c'était fini, peut-être même que l’Hermes seul n'aurait pas suffit. Il nous fallait les deux. »
Pour Nigel West :
« la conséquence d'une telle catastrophe aurait été la chute du gouvernement, la fin de la carrière politique de Madame Thatcher et un événement cataclysmique. »
Thatcher est cependant très déterminée. En quelques jours, la Royal Navy constitue la force opérationnelle prête à traverser l'Atlantique et exerce une intense pression diplomatique sur l'Argentine. Elle explique dans ses mémoires son obligation de le faire au nom du droit international, au nom de la légitime défense de l'article 51 de la Charte des Nations unies et au nom du droit des habitants des îles de rester britanniques, ignorés par les dictateurs argentins[16]. L'opinion britannique soutient l'intervention de Margaret Thatcher malgré son impopularité.
La communauté internationale se montre plus divisée car, pour certains États, il s'agit d'un conflit entre un pouvoir colonial et un État régional. Toutefois, en raison de sa nature dictatoriale, le régime argentin peine à obtenir un soutien. Une majorité d'États aux Nations unies prennent parti en faveur du Royaume-Uni en raison de la crainte de voir une remise en cause des frontières. Le gouvernement américain est très divisé sur la conduite à adopter. Francis Gutmann, alors secrétaire général du Quai d'Orsay, témoigne que François Mitterrand, président de la République française, prend très vite parti pour l'Angleterre, par reconnaissance envers l'ancien allié de la Seconde Guerre mondiale[15]. Les États-Unis sont liés militairement aux deux pays. Le traité de l'Atlantique nord n'impose pas aux Américains d'aider les Britanniques dans l'Atlantique sud. Le pacte de Rio ne leur impose pas non plus de soutenir les Argentins, qui sont en position d'agresseurs. Certains membres de l'administration préfèrent soutenir le Royaume-Uni en raison de leur rapport privilégié et de la solidarité dans l'Otan, d'autres préférèrent soutenir l'Argentine pour poursuivre l'effort anticommuniste en Amérique latine. La représentante des États-Unis à l'ONU, Jeane Kirkpatrick, soutient cette dernière approche. Cette position reste isolée, dans la mesure où le régime castriste à Cuba et la junte sandiniste au Nicaragua soutiennent diplomatiquement, par anticolonialisme, l'Argentine. À l'inverse, le Chili de Pinochet, par rivalité avec son voisin, aide la Grande-Bretagne et lui offre ses bases.
3 avril : résolution de l'ONU et actions diplomatiques |
Le Conseil de sécurité adopte le 3 avril 1982 la résolution 502 (en) qui déplore une « rupture de la paix », et non un « acte d'agression »[6], et réclame le retrait immédiat des forces argentines des îles Malouines[10]. Cette nuance change la nature du conflit qui ne ressort plus de la légitime défense, mais devient le résultat d'une mesure prise par le Conseil de sécurité sous chapitre VII. Les États-Unis, la France, l'Irlande, le Japon, le Guyana, le Togo, la Jordanie, l'Ouganda, le Zaïre et le Royaume-Uni votent pour. Le Panama vote contre ; l'URSS, la Chine, l'Espagne et la Pologne s'abstiennent[17],[10]. Les pays appartenant aux pays non-alignés n'ont pas soutenu l'Argentine[17]. Par ailleurs, la résolution 507 (en), présentée le 26 mai par les non-alignés au sein du Conseil (Guyana, Irlande, Jordanie, Togo, Zaïre et Ouganda) et adoptée à l'unanimité, ne prenait pas parti et chargeait le secrétaire général de l'ONU, Javier Pérez de Cuéllar, d'inciter les belligérants à se mettre d'accord, sous sept jours, pour élaborer un cessez-le-feu[6].
Le 6 avril, le secrétaire d'État de Reagan, Alexander Haig, convoque Costa Méndez (en), le diplomate en chef de la junte, à Washington pour essayer de trouver une issue diplomatique au conflit[10], et commence à faire la navette diplomatique pour concilier les deux pays, tous deux alliés des États-Unis.
Une zone d'exclusion totale (TEZ) de 200 miles nautiques est établie par les Britanniques le 7 avril autour des îles, à l'intérieur de laquelle tout navire argentin est considéré comme ennemi[6]. Buenos Aires qualifie le blocus d'« acte d'agression » au sens de la résolution 3314 (en)[6] de l'Assemblée générale des Nations unies. L'URSS rejette l'argument de « légitime défense » et déclare cette mesure illégale, car elle limite de manière disproportionnée la liberté de navigation[6]. Elle aurait proposé, selon l'astronome et journaliste Pierre Kohler, la fourniture de renseignements à l'Argentine et du 31 mars au 15 mai mis à sa disposition un total de dix-huit satellites militaires (neuf de navigation, cinq satellites d'espionnage photographique, deux satellites de surveillance océanique, deux satellites d'écoute électronique, un satellite de télécommunication et un satellite d'alerte[réf. à confirmer][18])
Tandis que Margaret Thatcher oppose une fin de non-recevoir aux efforts d'Alexander Haig, elle réclame une stricte application de la résolution 502 et refuse le projet américain de triple administration provisoire de l'île (américaine, argentine, britannique) en attendant de résoudre le conflit. Les Argentins rejettent eux-aussi le projet américain de triple administration provisoire[réf. souhaitée]. Washington continue malgré tout à tenter de concilier ses deux alliés[10].
Le 10 avril, la Communauté économique européenne (CEE) vote des sanctions contre l'Argentine.
Le 19 avril, le ministre argentin des Affaires étrangères Nicanor Costa Méndez (en) demande à l'Organisation des États américains (OEA) l'application du TIAR (traité interaméricain d'assistance réciproque)[10]. Alors qu'Alfredo Astiz, qui s'était emparé de la Géorgie du Sud avait déjà été fait prisonnier et la guerre engagée, le conseil consultatif de l'OEA vote le 28 avril une résolution. Bien que décevante du point de vue de la junte, elle donne toutefois raison aux revendications territoriales de l'Argentine, exige une trêve immédiate[10] et blâme principalement le Royaume-Uni[6], tout en prenant acte de la résolution 502 du Conseil de sécurité[6]. Le 29 avril 1982, l'OEA vote une résolution encore plus sévère à l'égard de Londres qui déclare que les « attaques armées, graves et réitérées » du Royaume-Uni contre l'Argentine portent « atteinte à la paix et la sécurité interaméricaines »[6]. Cette nouvelle résolution ne fait plus référence à la résolution 502, et légitime les prétentions argentines[6]. Par ailleurs, elle demande aussi à Washington de cesser d'aider Londres[6]. Costa Méndez déclare alors que « les Malouines seront le Viêt Nam de la Grande-Bretagne »[10].
Alexander Haig laisse alors le Sénat américain voter une résolution contre l'Argentine (79 voix contre 1[6]), suivi de l'Assemblée des Représentants[6] et fin avril le président Ronald Reagan, attribuant l'échec des négociations aux Argentins, se déclare en faveur des Britanniques et ordonne des sanctions économiques contre l'Argentine[10]. Cependant, la Maison-Blanche n'abandonne pas ses efforts. Ainsi, Jeane Kirkpatrick, représentante des États-Unis devant l'ONU, charge le président péruvien Fernando Belaúnde Terry de trouver une issue diplomatique[10]. Son plan reçoit le soutien de Costa Méndez, qui doit toutefois convaincre la junte, formée de trois généraux (Galtieri, Lami et Isaac Anaya)[10] ; de son côté, Thatcher ne rejette pas ouvertement non plus le plan[10]. La position de l'ambassadrice à l'ONU pour les États-Unis, Jeane Kirkpatrick, favorable aux intérêts argentins, irrite les Britanniques. Dans des documents déclassés en 2012, l'ambassadeur britannique aux États-Unis explique cette attitude par l'incompétence plutôt que la complaisance pour le régime argentin « fasciste »[19].
Le 23 avril, une déclaration complémentaire à la zone d'exclusion totale de 200 nautiques du 7 avril durcit les règles.
« À cet égard, le gouvernement de Sa Majesté désire maintenant annoncer que toute approche de navires de guerre, y compris les sous-marins et les navires auxiliaires, ou d'avions militaires, qui pourrait constituer une menace interférant avec la mission des forces britanniques dans l'Atlantique sud, rencontrera la réponse appropriée. Tout avion argentin, y compris civil, employé dans la surveillance de ces forces britanniques, sera considéré comme hostile et sera susceptible d'être traité en conséquence… »
Mais le 2 mai 1982, alors que José Antonio García Belaúnde presse Buenos Aires de lui répondre, le sous-marin britannique HMS Conqueror coule le croiseur ARA General Belgrano, qui naviguait hors des eaux interdites aux Argentins, tuant plus de 300 hommes et faisant capoter le processus diplomatique encore en cours.
Enfin, avant l'assaut final contre Port Stanley, le président Reagan demande à son homologue britannique de bien vouloir renoncer à l'opération et permettre une issue qui sauverait la face des Argentins, à savoir un cessez-le feu et une supervision internationale, ce que Thatcher refuse à trois reprises. Cette information connue en 2012 permet de considérer que la guerre des Malouines fut parmi les rares points de friction dans les relations entre le Royaume-Uni et les États-Unis[19],[20].
La Libye offre des armes en échange de renseignement sur la recherche nucléaire[pas clair][21]. Le journaliste argentin Hernan Dobry affirme qu'Israël fournit des armes aux Argentins en passant par le Pérou. Selon son ouvrage Menahem Begin, Premier ministre israélien de l'époque, nourrit une profonde haine contre les Anglais depuis la pendaison d'un ami lors du mandat britannique sur la Palestine. Israel Lotersztain, un employé de la compagnie de défense israélienne Isrex, aurait entendu Begin dire[non pertinent] : « Est-ce que ça va servir à tuer les Anglais ? Allez-y alors. » « Begin haïssait les Anglais par-dessus tout. Tout le monde avait oublié l'occupation britannique, mais pas lui », ajoute Israel Lotersztain[22].
Le Pérou soutient non seulement l'Argentine diplomatiquement mais aussi militairement, avec des opérations de renseignement et la vente, malgré l'embargo, de dix Mirage 5-PA pour 5 millions de dollars chacun (alors qu'ils étaient estimés à 20 millions de dollars chacun). Le Pérou est un des pays d'Amérique latine à avoir soutenu ouvertement l'Argentine lors de ce conflit[23].
2 au 20 avril : préparatifs militaires britanniques |
À cette époque la moitié de la flotte britannique menait son grand exercice de printemps « Springtrain » au large de Gibraltar sous les ordres de l'amiral John « Sandy » Woodward qui fut nommé chef de la force opérationnelle aéronavale devant traverser les 12 800 km entre le Royaume-Uni et les Malouines, pour la reconquête et que la Royal Navy réussit à constituer en une semaine : « À cette époque de la guerre froide, nous étions prêts pour la Troisième Guerre mondiale sous 48h, ce n'était pas un problème »[15]. Cette force aéronavale est constituée autour des porte-aéronefs HMS Hermes et HMS Invincible (le prince Andrew d'York y sert alors comme pilote d'hélicoptère). Une seconde composante est la force d'assaut amphibie sous les ordres du commodore M. C. Clapp embarquée sur le paquebot réquisitionné SS Canberra.
Neuf navires cessent l'exercice le 2 avril pour se rendre aux îles Malouines :
- cinq à vocation antiaérienne : HMS Antrim (en), HMS Glamorgan (en), HMS Glasgow, HMS Coventry, HMS Sheffield ;
- trois à vocation anti-sous-marine : HMS Brilliant, HMS Arrow (en), HMS Plymouth ;
- un pétrolier-ravitailleur : RFA Tidespring qui assure leur soutien ;
Huit autres navires, qui participent à l'exercice ou sont présents à Gibraltar transfèrent le contenu de leurs soutes (rechanges et réserves), beaucoup par hélicoptères pour accélérer les manœuvres :
- les HMS Ariadne (en), HMS Aurora (en), HMS Euryalus (en) et HMS Dido (en), au profit des HMS Antrim, HMS Glamorgan, HMS Glasgow et HMS Coventry ;
- le HMS Active (en) au profit du HMS Sheffield ;
- le HMS Battleaxe (en) au profit du HMS Brilliant (F90).
Les neuf bâtiments d'avant-garde britanniques appareillent de Gibraltar le 3 avril. Pour le reste de la force navale, en particulier les porte-avions, la situation est très délicate :
- le porte-aéronef HMS Hermes a ses superstructures couvertes d’échafaudages car il entre en carénage ;
- le porte-aéronef HMS Invincible a son équipage en permission ;
- le bâtiment de transport de troupes et de chalands de débarquement HMS Fearless vient d'être affecté à la fonction de navire-école après un exercice en Norvège ;
- le bâtiment de transport de troupes et de chalands de débarquement HMS Intrepid (en) est désarmé et sans équipage.
Un dispositif de rappel des équipages est aussitôt effectué. Beaucoup d'ouvriers de chantiers navals viennent de recevoir une lettre les informant de leur licenciement pour des restrictions de budget militaire et plusieurs arsenaux dont celui de Gibraltar savent qu'ils vont être fermés. La réactivation des arsenaux redonne de l'espoir aux ouvriers qui se mobilisent et travaillent sept jours sur sept permettant au reste de la force navale d'appareiller le 5 avril. Le HMS Invincible et le HMS Hermes embarquent six hélicoptères Sea King pour le premier et huit pour le second, plus huit avions Sea Harrier pour l'Invincible et douze pour le Hermes alors que leur dotation habituelle est de cinq Sea Harrier chacun. La force aérienne est de quatorze hélicoptères et vingt avions. Les deux porte-aéronefs doivent donc naviguer suffisamment proches l'un de l'autre pour pouvoir déployer une bulle de protection antiaérienne (seul l'Invincible dispose de missiles antiaériens) et anti sous-marine efficace tout en s'autorisant de lancer des attaques contre les forces argentines. Le groupe aéronaval est constitué des deux porte-aéronefs, des frégates HMS Alacrity (en), HMS Yarmouth et HMS Brilliant, du pétrolier-ravitailleur RFA Olmeda (en) et du ravitailleur d'escadre RFA Resource (en)[5].
Les troupes terrestres débarquées sont sous le commandement du brigadier général Julian Thompson (en) (commandant de la Troisième brigade commando). Elles comprennent principalement trois bataillons des Royal Marines Commandos et deux bataillons du Parachute Regiment. L'ensemble des forces des trois armes (Task Force 317) soit 28 000 militaires est placé sous le commandement opérationnel de l'amiral John Fieldhouse (en) qui coordonne depuis le centre de commandement de la Royal Navy à Northwood (en) près de Londres.
Cette opération reçoit le nom de code Corporate. La presse la baptise « l'Empire contre-attaque »[24].
Le soutien des États-Unis à la Grande-Bretagne comprend la fourniture de la plus récente version L des missiles AIM-9 Sidewinder et de renseignements collectés par les satellites espions ainsi que la mise à disposition de satellites de communications militaires[25]. En remerciement, Caspar Weinberger et Ronald Reagan seront faits chevaliers de l'Empire britannique (MBE) par la reine Élisabeth II[réf. nécessaire].
La France participe de manière importante à la préparation britannique[26]. Le président français François Mitterrand demande aux services de renseignement de transmettre aux Britanniques des informations concernant les avions Mirage III et les missiles Exocet vendus auparavant par Paris à Buenos Aires[27]. Des exercices ont lieu au large de la Bretagne entre les deux armées et des informations confidentielles sont transmises par le directeur général de la Sécurité extérieure Pierre Marion sur la position et les caractéristiques des Super-Étendard et Exocet vendus à l'Argentine ainsi que des contre-mesures aux missiles. De plus, les avions britanniques peuvent faire escale à Dakar grâce aux Français[28]. L'étendue de l'aide française est telle que John Nott, secrétaire à la Défense de l'époque, a qualifié dans ses mémoires la France de « meilleur allié » lors de la guerre des Malouines[réf. nécessaire]. Au début de la guerre, une équipe technique française de AMD-BA se trouve en Argentine où elle travaille à rendre opérationnels les cinq premiers Super-Étendard et les remettre à une seconde équipe de la SNIAS fabricant des missiles Exocet AM39 qui doit effectuer le câblage final. Un embargo a été immédiatement décrété par la France et la mission de l'équipe SNIAS est annulée. Malheureusement personne ne pense à prévenir les techniciens de Dassault qui ne reçoivent aucun ordre pour stopper leur travail. Le conseiller François Heisbourg du ministre de la Défense français avouera « nous avons fait une énorme connerie… les décrets-lois sur l'embargo de la livraison de matériel militaire ne concernent jamais les volets d'assistance technique… si je l'avais réalisé nous aurions pris d'autres mesures immédiatement selon la volonté du président de la République. » Les techniciens de Dassault continuent donc leurs tâches comme ils le doivent, sous la menace des Argentins qui les surveillent jusque devant leur hôtel. Finalement quatre des cinq Super-Étendard sont déclarés « bon de vol ». Les techniciens argentins qui connaissent le câblage des Exocet MM38 utilisés sur leurs destroyers T42 depuis plus d'un an réussissent à faire le câblage des Exocet AM39 sur les quatre Super-Étendard « bon de vol »[15].
Logistique aérienne |
Le soutien logistique intégré est important pour une telle expédition et mobilise une grande proportion des capacités des forces britanniques en ce domaine.
Dès le 1er avril, un pont aérien est mis en place depuis des bases aériennes du Sud de l'Angleterre à destination de Gibraltar et de l'île de l'Ascension, pour ravitailler la flotte (RNAS Culdrose (HMS Seahawk) (en) à Helston, RNAS Portland (HMS Osprey) (en) à l'île de Portland, RNAS Yeovilton (HMS Heron) (en) de Yeovil, RAF Lyneham (en) de Lyneham, RAF Brize Norton). Des Vickers VC-10 et Lockheed C-130 Hercules font jusqu'au 11 juillet des vols vers l'Ascension. Ils utilisent comme escale l'aéroport de Gibraltar, l'aéroport international de Dakar au Sénégal et l'aéroport international de Banjul en Gambie.
Le 3 avril, alors que la Géorgie du Sud-et-les îles Sandwich du Sud sont occupées par les Argentins, les premiers avions de transport britanniques arrivent à l’île de l'Ascension.
Une fois débarqués, les quelque 10 000 hommes du corps expéditionnaire bénéficient de 40 largages effectués par des Hercules.
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Les équipages vont dépasser 9 000 personnes et 50 navires de commerce vont compléter la flotte de la Royal Fleet Auxiliary. Ils vont approvisionner 30 000 tonnes de munitions, ravitaillement, provisions et 480 000 tonnes de carburant (aucun des navires de la force navale et surtout des porte-aéronefs ne dispose de propulsion nucléaire et ils seront ravitaillés tous les trois jours). La consommation hebdomadaire est de 600 tonnes de nourriture et 1 500 tonnes d'eau douce[5].
À partir du 2 avril, du ravitaillement arrive par route de l'ensemble des dépôts de Grande-Bretagne sur les bases aériennes, bases navales et ports de commerce d’où part l'expédition. Soixante-dix navires de support dont vingt-cinq pétroliers accompagnent les navires de guerre et les transports de troupes. Ces derniers partent de HMNB Devonport à Plymouth (Royaume-Uni) et de HMNB Portsmouth à Portsmouth. Les troupes bénéficient d'une escale à Freetown au Sierra Leone avant que l'ensemble des navires ne se regroupe sur l'île de l'Ascension à 7 830 km de leurs bases de départ et à 6 950 km des Malouines. Le 5 avril, le gros de la force d'intervention britannique (porte-avions et transporteurs de troupe), rassemblée et préparée en moins de cinq jours, quitte Portsmouth pour l'Atlantique sud. Trois jours plus tard, les destroyers HMS Broadsword (en) et HMS Yarmouth quittent Gibraltar.
Le 9 avril, le paquebot SS Canberra quitte Southampton avec 2 000 hommes. Le lendemain, le premier groupe de destroyers (HMS Antrim) arrive à l’île de l'Ascension. Mi-avril, l'escadre navale britannique, soutenue par des bombardiers Vulcan et des ravitailleurs Victor, atteint l'île de l'Ascension, escale obligatoire considérée comme point de non-retour dans l'engagement armé[10].
Les hélicoptères de transport embarqués sur les navires effectuent 2 000 navettes durant la campagne. Mais la perte de l'Atlantic Conveyor (six hélicoptères) est un coup dur pour eux[29].
25 avril : reprise de la Géorgie du Sud |
Le 21 avril, le groupe du HMS Antrim commence ses reconnaissances autour de la Géorgie du Sud. Le 25, les forces britanniques des SAS débarquent en Géorgie du Sud dans le cadre de l'opération Paraquet. Malgré une météo difficile, l'île est reprise, le commandant Alfredo Astiz signe la reddition sans conditions de ses forces sans avoir tiré un seul coup de feu et il est fait prisonnier de guerre. Recherché pour la disparition forcée de deux religieuses françaises, Léonie Duquet et Alice Domon, ainsi que d'une Argentino-Suédoise, Dagmar Hagelin, Astiz fait l'objet de demandes d'extradition de la part de Paris et Stockholm, mais Londres s'y refuse, invoquant les Conventions de Genève[10].
Le sous-marin argentin Santa Fe, attaqué par un hélicoptère, est abandonné par son équipage.
1er mai : raids aériens Black Buck |
Le 1er mai, les opérations contre les Malouines s'ouvrent avec les attaques de nuit par des Avro Vulcan de la Royal Air Force, basés sur l'île de l'Ascension, lors de l'opération Black Buck 1 contre l'aéroport de Port Stanley. Ces avions à rayon d'action moyen doivent être ravitaillés plusieurs fois comme leurs ravitailleurs ce qui oblige à un effort logistique important (onze Victor). Une seule bombe touche l'objectif, mais les Argentins se rendent compte de leur vulnérabilité et décident de maintenir leurs avions à réaction sur le continent. Il est généralement admis[Par qui ?] que cette mission est un échec tactique mais une réussite stratégique[réf. nécessaire].
Quelques minutes après Black Buck, neuf Sea Harrier du HMS Hermes poursuivent le raid en lâchant des chapelets de bombes sur Port Stanley et les terrains d'aviation à Goose Green (en). Les deux missions détruisent des avions au sol et font quelques dégâts sur les infrastructures des aéroports.
Dès le début des opérations de débarquement, la Force aérienne argentine lance une attaque avec le Grupo 6. Quatre de ces appareils sont détruits par les Sea Harriers tandis que les combats s'engagent entre d'autres Harriers et les chasseurs Mirage III du Grupo 8. Chaque côté refuse de se battre à la meilleure altitude de l'autre, les Mirages sont contraints de descendre. L'un des Mirages est abattu et un autre, endommagé, se dirige vers Port Stanley où les défenseurs argentins, victimes de la confusion, l'abattent.
Des forces spéciales britanniques SAS et SBS sont débarquées sur les Malouines pour des missions d'observation.
28 avril au 20 mai : le sous-marin britannique HMS Conqueror neutralise la flotte argentine |
2 mai : torpillage du General Belgrano |
Le Royaume-Uni avait prévenu le 23 avril l'Argentine de sa faculté d'attaquer les navires ennemis hors de la zone d'exclusion[30].
Le croiseur léger argentin ARA General Belgrano quitte le 28 avril son port d'attache avec la Task Force 79 pour faire face à la marine britannique qui arrive sur zone à vive allure. Selon des documents britanniques déclassifiés en 2003 le croiseur General Belgrano avait reçu le 1er mai l'ordre d'attaquer les forces britanniques, ordre intercepté par le GCHQ[31]. Le 2 mai, les Grumman S-2E Tracker argentins prennent contact avec l’avant-garde britannique. Les A4Q Skyhawk sont armés de bombes de 227 kg et parqués en attente d’un assaut. Ils tentent d’attaquer la flotte britannique le 2 mai 1982, mais le mauvais temps, l’absence de vent gênant les opérations aériennes, la perte du contact avec les navires britanniques puis la perte du croiseur General Belgrano mettent fin à ces tentatives[32],[33].
Le 2 mai, alors qu'il recherchait le groupe aéronaval du Veinticinco de Mayo, le croiseur datant de la Seconde Guerre mondiale ARA General Belgrano est coulé par le sous-marin nucléaire d'attaque HMS Conqueror hors de la zone d'exclusion. 323 Argentins périssent. Le journal britannique The Sun titra « GOTCHA » (« On vous a eus »). Cette perte durcit l'attitude de la junte, qui rompt les négociations, et elle est utilisée au Royaume-Uni par les antimilitaristes[31].
Une polémique naît car le General Belgrano s'éloignait de la zone d'exclusion et ne représentait plus une menace immédiate lorsqu'il a été attaqué. Margaret Thatcher a toujours affirmé le contraire et les documents britanniques déclassifiés en 2003 montrent qu'elle avait de bonnes raisons de le penser[31]. En 1994, le gouvernement de Carlos Menem admet qu'il s'agissait d'un acte de guerre légitime[31]. Le commandant Hector Bonzo du Belgrano admet en mai 2003 dans un entretien télévisé que l'éloignement de la zone de sûreté n'était qu'une manœuvre temporaire : « Notre mission… n'était pas de simplement croiser dans la zone mais d'attaquer »[34].
John Nott déclare :
« la décision d'autoriser la Royal Navy à couler le General Belgrano fut la décision la plus facile de la guerre, car le Belgrano constituait une menace considérable pour notre flotte et nous n'avions pas commencé la guerre. Les deux navires d'escorte du Belgrano étaient encore plus une menace que le vieux croiseur car ils étaient équipés de missiles Exocet MM38 français. »
Selon l'amiral Woodward, « le commandant Hector Bonzo ne se comportait pas comme on doit le faire en période de guerre : les portes des compartiments n'étaient pas fermées et les flammes se sont répandues dans tout le bâtiment… Un cinglé, un incapable… Les deux escorteurs ont fui sans tenter de sauver les naufragés »[15]. »
En dépit des controverses, ce torpillage par le seul sous-marin nucléaire HMS Conqueror a une importance stratégique : obéissant aux ordres de l'amiral Anaya (le plus belliciste des trois généraux), toute la flotte argentine, y compris les deux destroyers d'escorte du General Belgrano, se réfugie dans les ports et autour du porte-avions ARA Veinticinco de Mayo, ce qui supprimait une menace pour l'escadre britannique, les forces aériennes argentines restant seules en scène[10].
Le 3 mai, deux hélicoptères Lynx du HMS Coventry et HMS Glasgow coulent deux patrouilleurs argentins.
4 mai : perte du Sheffield attaqué à l'Exocet |
Le matin du 4 mai, un P-2 Neptune de patrouille argentin détecte quatre échos de navires britanniques, dont deux qui doivent être un destroyer T42 ou un porte-avions. Deux Super-Étendards décollent, armés chacun d'un missile Exocet AM39 et se ravitaillent sur C-130 peu après le décollage. Ils sont pilotés par le lieutenant Armando Mayora et le commandant Augusto Bedacarratz (en) qui raconte leur attaque : « Nous nous approchons à basse altitude. Les conditions météorologiques sont difficiles pour la navigation, mais idéales pour la mission car la visibilité est très faible à cause de la brume au-dessus de la mer, qui nous masquera. À 40 nautiques de la position des échos détectés par le P-2 Neptune, nous remontons à 1 500 pieds et nous allumons nos radars pour rechercher les navires britanniques. Nous n'avons que cinq secondes, car au-delà nous serions détectés par les radar des navires. La recherche est infructueuse. Je communique en morse par des clics radio pour indiquer discrètement au lieutenant Mayora que nous redescendons à 80 pieds au ras des flots. À 25 nautiques de la position, nous remontons à 600 pieds et allumons nos radars : immédiatement nous détectons les échos des navires britanniques. Nous tirons nos deux missiles sans connaître la nature exacte de nos cibles. Nous ne découvrirons le résultat de notre attaque que l'après-midi en suivant les informations données par les Britanniques »[15]. D'après les Britanniques, un des missiles rate le HMS Yarmouth, mais le second touche le destroyer du type 42 HMS Sheffield, en mission de couverture radar, et cause la mort de 22 marins. Le Sheffield coulera le 10 mai au cours de son remorquage pour la Géorgie du Sud. D'après le pilote de chasse Jean-Pierre Otelli, après l'attaque, aucun avion ne décolle de l'HMS Hermes, et quelques heures après, le bâtiment est évacué de la zone des combats à vitesse réduite. Le lendemain, ses avions sont transférés sur le HMS Invincible, mais cette information n'a jamais été confirmée par l'une ou l'autre des parties[35].
Pendant qu'il combat l'incendie sur le Sheffield, le Yarmouth subit l'attaque d'un sous-marin de la classe Guppy (en) qui lui lance neuf torpilles. Aucune des torpilles AEG SST-4 n'explose, ce qui déclenche un contentieux avec l'Allemagne à la fin de la guerre[réf. nécessaire]. Néanmoins, les destroyers sont retirés de la zone de combat, ce qui diminue la protection de l'escadre principale.
Les conditions météorologiques se dégradent avec l'arrivée de la mauvaise saison, et le 7 mai Londres déclare que tout navire ou aéronef militaire argentin à plus de 12 nautiques des côtes argentines sera attaqué[6].
Le 9 mai, le chalutier espion argentin Narwal est coulé. Les positions autour de Stanley sont bombardées par la marine et les Harrier. Le 11, le bâtiment de ravitaillement argentin Isla de Los Estados est coulé par le HMS Alacrity. Le 12, le Queen Elizabeth 2 quitte Southampton avec la Cinquième brigade d'infanterie à son bord ; le contingent britannique en route pour les Malouines compte près de 10 000 hommes. Quatre Skyhawk argentins sont abattus en opération. Le HMS Glasgow est touché par une bombe qui n'explose pas.
15 mai : raid sur l'aérodrome de l'île Pebble |
Le 15 mai, un raid des SAS sur l'île Pebble se solde par la destruction au sol de onze avions argentins (six Pucara, quatre Turbomentor et un Skyvan) sans compter les munitions et le carburant détruits. Cela sans aucune perte côté anglais. Le même jour, trois Skyhawk argentins sont abattus. Le lendemain, les bombardements des installations militaires autour de Stanley continuent, et trois navires argentins sont touchés.
Le 20 mai, un hélicoptère Sea King du HMS Invincible transportant une équipe des forces spéciales est envoyé détruire une base aérienne argentine de la Terre de Feu (opération Mikado). Cette base abritait un escadron de cinq avions de chasse Super-Étendard ; la mission consiste à détruire les trois missiles Exocet encore en possession des forces armées argentines. Du fait des conditions météorologiques très mauvaises, la mission est interrompue à 7 miles de la base aérienne. L'équipe met en œuvre le plan de secours : l'hélicoptère se pose au Chili où un sous-marin britannique récupère les forces spéciales ; le pilote de l'hélicoptère détruit ensuite son Sea King près de Punta Arenas, ville où les trois derniers membres d'équipage sont récupérés par l'armée chilienne et rapatriés au Royaume-Uni.
21 au 25 mai : débarquement et réaction aérienne argentine |
21 mai : débarquement à Port San Carlos |
Au cours de la nuit du 21 mai, les Britanniques réalisent un débarquement amphibie de 4 000 hommes à Port San Carlos (sur les plages de la côte nord des Malouines, à 100 km à l’ouest de Stanley) et s'assurent de son contrôle. Le plan vise à se rendre maître de Darwin et Goose Green avant de se tourner vers Port Stanley. Les Argentins lancent des attaques aériennes répétées : la frégate HMS Ardent (en) est coulée, les destroyers HMS Argonaut (en) et le HMS Brilliant sont gravement endommagés et l'Antrim reçoit deux bombes non-explosées . Mais les transports de troupes demeurent intacts. Dix-sept avions argentins et quatre hélicoptères sont détruits.
Le 23 mai, la tête de pont est consolidée, 5 000 hommes sont à terre. L'HMS Antelope (en) coule lors d'une tentative de désamorçage d'une bombe non-explosée. Un Harrier est perdu en mer. Les Argentins perdent huit avions.
25 mai : perte de l’Atlantic Conveyor |
Le 25 mai le MV Atlantic Conveyor, porte-conteneurs réquisitionné, est coulé par deux missiles Exocet lors d'une attaque dirigée par des Super-Étendards qui cherchaient à toucher le porte-avions Hermes. Le porte-conteneur avait une cargaison essentielle d'hélicoptères et de composants de piste. Les missiles sont passés près de la frégate HMS Ambuscade (Type 21) qui les a déviés en lançant des leurres à paillettes. Ils se sont alors dirigés vers l'Atlantic Conveyor qui n'en disposait pas et n'a pu les éviter. François Heisbourg, conseiller du ministre français de la Défense, déclarera que « si un second navire logistique comme l'Atlantic Conveyor […], rempli de conteneurs, des moyens logistiques permettant au corps expéditionnaire de fonctionner une fois débarqués, avait été coulé, il est assez peu probable que les Britanniques soient allés au bout. Le danger était massif. » Le HMS Coventry, du même type que le Sheffield, est coulé par trois bombes de 500 kg alors qu'il était avec le HMS Broadsword. Les Argentins perdent cinq avions.
Le 27 mai, les 263 survivants du Sheffield arrivent en Grande-Bretagne. Les installations à terre de San Carlos sont attaquées pour la première fois. Les Argentins perdent deux avions.
Au total, les Argentins perdent plus de trente avions et hélicoptères dans ces attaques. Des rapports après la guerre indiquent que les dégâts auraient été bien plus importants pour les Britanniques si, le 15 mai, des commandos n'avaient pas détruit des avions au sol.
26-27 mai : prise de Goose Green |
Bien qu'inférieurs en nombre (un contre trois), les parachutistes britanniques approchent et attaquent, les 27 et 28 mai, les sites de Darwin et de Goose Green tenus par le 12e régiment d'infanterie argentin. Cette bataille est la plus longue et la plus dure du conflit (l'aviation argentine utilise entre autres du napalm[36]). Dix-sept Britanniques et deux cents Argentins perdent la vie, mille quatre cents de ces derniers sont faits prisonniers. La BBC annonce la victoire avant qu'elle ne soit effective[réf. nécessaire].
Après avoir éliminé le danger de l'important contingent de Goose Green, les forces britanniques effectuent une percée vers l'est depuis la tête de pont de San Carlos, à pied ou par hélicoptère.
28 mai au 14 juin : avance vers Port Stanley |
Le 31 mai, les troupes britanniques atteignent le mont Kent à 20 km de Stanley. L'aviation argentine perd encore deux Skyhawk lors d'attaques contre la flotte britannique.
Le 1er juin, avec l'arrivée de 5 000 soldats britanniques supplémentaires de la cinquième brigade du paquebot Queen Elizabeth 2, le nouveau commandant de division, le major général J.J. Moore (en) des Royal Marines, dispose d'assez de troupes pour lancer une offensive contre la garnison de Port Stanley.
Le 5 juin, le 42e bataillon de commandos des Royal Marines occupe le mont Challenger. Un hélicoptère britannique Gazelle est abattu par un tir ami effectué par un opérateur du SAS.
8 juin : attaque aérienne de Fitzroy |
Pendant ces préparatifs, les attaques aériennes argentines continuent ; elles font 48 morts, dont 32 Welsh Guards à bord des Sir Galahad et Sir Tristam le 8 juin à Fitzroy. De nombreux soldats contraints de rester à bord à cause de la perte des hélicoptères de l'Atlantic Conveyor sont victimes de brûlures. Le même jour, une barge de débarquement du HMS Fearless est attaquée par quatre Skyhawk : trois avions argentins sont abattus par une patrouille de Harrier. Le HMS Plymouth est endommagé par une attaque aérienne. Un Sea Harrier est abattu près de Stanley.
Le 10 juin, une patrouille d'observation des SAS est attaquée lors de la seule action militaire sur l'île ouest des Malouines.
11 au 13 juin : combats autour de Port Stanley |
Dans la nuit du 11 juin, après plusieurs jours de reconnaissance difficiles et la mise en place de la logistique, les forces britanniques appuyées par l'artillerie lancent une brigade à l'attaque du mont Longdon (en), qui défend les hauteurs de Port Stanley. Treize Britanniques sont tués quand le navire HMS Glamorgan, qui fournissait un appui-feu, est touché par un Exocet tiré depuis une remorque de camion dételée et aménagée en batterie improvisée. Trois civils sont tués (les seuls de tout le conflit) lorsqu'une habitation dans la banlieue de Stanley est touchée par les tirs britanniques. Au matin, les positions argentines sont enlevées après plus de 24 heures de combat, parfois au corps à corps.
La nuit du 13 juin, la seconde phase est enclenchée pour reprendre Wireless Ridge et le mont Tumbledown, neuf Britanniques et trente-deux Argentins perdent la vie. Port Stanley est complètement encerclé.
Le 14 juin, le commandant de la garnison, Mario Menéndez (en), offre sa reddition avec 10 254 hommes. La souveraineté britannique est restaurée sur l'ensemble des territoires des Malouines. Le 18 juin, le SS Canberra et le Norland appareillent pour Puerto Madryn pour rapatrier les prisonniers argentins.
Le 20 juin, la fin des hostilités est officiellement déclarée par les Anglais. L'amiral Woodward déclare : « si l'Argentine avait tenu une semaine de plus, les choses auraient pu tourner à leur avantage car la plupart des navires britanniques étaient au bout de leur potentiel faute d'entretien et de réparation à la suite des dégâts causés par les conditions climatiques et les attaques des Argentins. Nous avions débarqué depuis trois semaines et il neigeait depuis plusieurs jours, personne ne peut tenir plus de trois semaines dans ces conditions ».
Analyse |
Pertes humaines |
Cette guerre de 72 jours cause la mort de 255 Britanniques et 649 Argentins.
Militaire |
Militairement, la guerre des Malouines est remarquable sous plusieurs aspects :
- c'est l'une des rares batailles navales après la Seconde Guerre mondiale. Elle démontre à la fois la vulnérabilité des navires de surface aux missiles et aux sous-marins nucléaires (dont l'intervention a été déterminante dans la victoire de la Royal Navy) et l'importance de l'aéronavale ;
- elle justifie la décision du Royaume-Uni de développer des avions à décollage vertical Harrier et des porte-aéronefs ;
- la capacité logistique du Royaume-Uni est utilisée au maximum ; elle sera améliorée par la suite ;
- elle souligne le rôle des forces spéciales qui ont détruit de nombreux avions et contribué au recueil de renseignements ;
- l'utilité déterminante des hélicoptères est démontrée, aussi bien au combat qu'en appui logistique ;
- en mer, certaines faiblesses des bâtiments de combat sont soulignées, comme l'utilisation du magnésium et l'utilisation du tergal pour la confection des tenues des marins qui en fondant peuvent brûler le personnel ;
- les aptitudes du missile Exocet impressionnent beaucoup de pays qui s'empressent l'année suivante de passer de nombreuses commandes à la France, ce qui contribue à son succès commercial durable ;
- c'est l'occasion pour les Britanniques de tester du nouveau matériel mieux adapté au grand froid (tenues chauffantes et chaussettes beaucoup plus légères).
L'amiral Ausseur, « numéro 2 » de la Marine nationale, juge alors que les leçons de cette guerre sont capitales pour la France[37].
Politique |
Le gouvernement argentin a gravement sous-estimé la situation internationale en occupant les Malouines. En effet, la guerre froide connaît ici une de ses plus graves tensions (à mettre en parallèle avec la crise des euromissiles de 1977 et la Crise de Cuba de 1962). Le gouvernement britannique fit d'ailleurs preuve durant le conflit d'une extrême fermeté vis-à-vis de l'Union soviétique, malgré l'opposition d'un courant pacifiste important dirigé par le Parti travailliste. L'installation des premiers missiles de croisière américains est attendue au Royaume-Uni pour septembre 1983, ce qui suscite de forts mécontentements à l'encontre du gouvernement. Pourtant, si Margaret Thatcher avait cédé sur l'occupation des Malouines, elle aurait perdu toute crédibilité vis-à-vis de son électorat et de sa position sur l'Union soviétique.
L'issue de cette guerre contribua à la popularité de la « Dame de fer » et aida à la victoire de son parti en 1983, même si plusieurs membres de son gouvernement donnèrent leur démission, y compris le secrétaire pour les Affaires extérieures Lord Carrington. L’élan patriotique suscité par la guerre des Malouines a fortement augmenté la sympathie des Britanniques envers leur dirigeante, par opposition à l'impopularité que ses réformes budgétaires sévères avaient suscitée, et elle obtient aux élections nationales de 1983 une victoire écrasante[38],[39],[9].
La défaite argentine précipita la chute du régime dictatorial, avec dans l'immédiat le remplacement des trois généraux de la junte par les généraux Cristino Nicolaides (es), Rubén Franco (es) et Augusto Jorge Hughes (es), et amorça une lente transition démocratique, avec l'élection en 1983 de Raul Alfonsin puis les lois d'amnistie de 1986-87.
L'écrivain Jorge Luis Borges dit que cette guerre était comme « deux chauves se battant pour un peigne ».
Aujourd'hui encore, le Groupe de Rio est en faveur de l'ouverture de négociations entre Londres et Buenos Aires concernant ces îles[40]. Cuba et la Bolivie soutiennent l'Argentine, tandis que le Royaume-Uni continue à affirmer sa souveraineté sur les îles et déclare que des négociations ne pourraient s'ouvrir que si les habitants de celles-ci le désiraient.
La Royal Air Force maintient toujours actuellement quelques chasseurs bombardiers aux Malouines ; récemment les nouveaux Eurofighter Typhoon ont remplacé des Phantom II[41].
En 2000, la Cour européenne des droits de l'homme a rejeté une requête de familles de marins tués lors de l'attaque du ARA General Belgrano, qui accusaient le Royaume-Uni d'avoir délibérément torpillé le croiseur afin de mettre en échec les négociations en cours par l'intermédiaire du président péruvien[42]. Pour les avocats des victimes, cette plainte visait à accentuer la pression sur le gouvernement argentin afin de porter l'affaire devant la Cour internationale de justice.
À la suite des forages britanniques dans la région des Malouines en février 2010, leur potentiel pétrolifère (estimé équivalent à celui de la mer du Nord) est devenu économiquement exploitable alors que le prix du baril a dépassé 100 dollars. Un regain de tension entre les deux belligérants fait alors resurgir le spectre de la guerre à la veille du trentième anniversaire du conflit[28].
Contrôle de l'image |
La guerre des Malouines a marqué l'histoire militaire dans la représentation du conflit[43]. En effet, l'armée britannique a été la première à mettre en pratique les leçons issues de la guerre du Vietnam et ses conséquences sur l'opinion publique américaine. La totale liberté des journalistes sur le terrain avait, en effet, du fait des reportages détaillant les souffrances psychiques et physiques des Gi's et des populations civiles , ôté toute aura épique au conflit. De ce fait, ils avaient par leurs actions permis de retourner l'opinion publique américaine contre leurs dirigeants politiques.
Face aux dégâts générés par les images et les mots, les états-majors ont considéré qu'un contrôle strict des images s'imposait à la fois pour éviter une érosion du moral de la population civile et pour ne pas générer une mauvaise impression par rapport à l'armée occidentale déployée sur le terrain. Nouvelle donne des conflits militaires modernes, les pouvoirs politiques cherchaient également à livrer désormais des « guerres à zéro mort »[43].
Bien qu'il y eût des déclarations en faveur de la liberté d'expression, les pouvoirs politiques ont tenu compte de l'impact des images qui peuvent de fait, venir ternir toute victoire ou éroder la légitimité de l'action militaire . Aucune image d'action, de combats, de civils tués ou de prisonniers maltraités ne fut diffusée. Les autorités partaient de ce constat simple (synthétisé par la suite par l'amiral français Antoine Sanguinetti dans l'ouvrage Guerres et Télévision - Crac, 1992) : « Des choses qu'il ne faut jamais montrer à des civils, parce que les civils ne sont pas assez endurcis pour supporter les réalités de la guerre »[43].
Dans l'objectif de maîtriser la guerre des images, l'état-major britannique avait sélectionné un pool de journalistes qui firent le voyage de 15 000 km dans un navire de la Royal Navy. Ces journalistes furent maintenus à l'écart des combats pendant toute la durée des opérations. Les informations leur furent communiquées par les officiers spécialisés dans les relations publiques au cours des briefings donnés par l'armée britannique. Ce contact permanent des journalistes avec les troupes britanniques permettait d’affaiblir durablement ce qui fait la force d'un témoin extérieur : la distanciation par rapport aux faits, la neutralité de l'observateur et son objectivité[43].
De fait, les médias britanniques dans leur ensemble répercuteront « la victorieuse reconquête des Malouines ». Seule la BBC, fidèle à sa tradition d'indépendance dans ce concert de nationalisme britannique, tentera de montrer l'envers du décor en allant jusqu'à acheter des images à la télévision argentine[43].
Cette stratégie de communication devient la norme du traitement de l'information par les autorités militaires et politiques des conflits armés des années 1980 et suivantes. Elle sera réemployée par la suite par l'armée israélienne en juin 1982 durant l'opération Paix en Galilée, et par l'armée américaine en 1983 durant l’invasion de la Grenade ou plus tard en 1991 durant la guerre du Golfe.
Culturelle |
Cinéma |
Resurrected, film britannique réalisé par Paul Greengrass, sorti en 1989. Il s'inspire de l'histoire vraie du soldat Philip Williams, laissé pour mort durant la guerre des Malouines et réapparu sain et sauf sept semaines plus tard. À la suite d'une forte explosion, il était resté inconscient. De retour dans son pays, il est accusé de désertion par les médias et l'armée britannique[44].
An Ungentlemanly Act , téléfilm britannique relatant les premiers jours de l'Invasion des îles Malouines (1982) diffusé en juin 1992.
Iluminados por el fuego (en), film argentin réalisé par Tristán Bauer (en) et sorti en 2005, est une fiction inspirée du roman éponyme d'Edgar Esteban, ancien combattant argentin pendant le conflit des Malouines.
This Is England, film britannique réalisé par Shane Meadows et sorti en 2006, a pour toile de fond la guerre des Malouines, conflit durant lequel le père du jeune héros a trouvé la mort.
La Dame de fer, film britannique de 2011, évoque aussi comment la Première ministre britannique Margaret Thatcher (jouée par Meryl Streep) géra ce conflit.
Autre |
- L'album The Final Cut du groupe Pink Floyd comporte des attaques directes contre cette guerre, dénoncée comme brisant le rêve d'après-guerre de ne plus voir mourir des soldats britanniques (bien que le Royaume-Uni ait en fait participé à plusieurs conflits depuis 1945).
- Le roman La Baleine des Malouines de Pierre Boulle, écrit en 1983, a pour cadre ce conflit.
- En 2006, le groupe de power metal Suédois, Sabaton, sort l'album Attero Dominatus, avec une chanson intitulée Back In Control, dont le sujet est la guerre des Malouines.
- Deux auteurs argentins, Néstor Barron et Walther Taborda, racontent le conflit dans une série de bandes dessinées intitulée Malouines, le ciel appartient aux faucons, aux éditions Paquet.
Notes et références |
(en) Pertes britanniques de la guerre des Malouines. Site web de la Royal Air Force.
(es) Pertes argentines de la guerre des Malouines. Site web du ministère argentin de la Défense.
« Une guerre pour les malouines | Henri Masse, Docteur en Histoire », sur laguerredesmalouines.fr (consulté le 21 janvier 2016).
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René-Jean Dupuy, « L'impossible agression : les Malouines entre l'O.N.U. et l'O.E.A », Annuaire français de droit international, vol. 28, 1982, p. 337-353 (lire en ligne).
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Avec l'intervention dans l'île de Grenade et, dans une autre catégorie, le désaccord économique sur la gestion des déficits. Voir New York Times, 28 décembre 2012.
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« Belgrano legal action fails », BBC, 19 juillet 2000.
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Secrets de tournage Resurrected, Allociné.fr.
Annexes |
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Bibliographie |
- Peter Furtado, Les 1001 jours qui ont changé l’histoire (p. 959) Montréal, Éditions Trécarré.
(en) Louise Richardson, When Allies Differ: Anglo-American Relations in the Suez and Falkland Crises, 1996.- Charles Maisonneuve et Pierre Razoux, La guerre des Malouines, éditions Larivière (ISBN 2-914205-03-1).
Margaret Thatcher, 10, Downing Street. Mémoires, éditions Albin Michel, Paris, 1993, 778 pages, traduction de The Downing Street years, HarperCollins, 1993 par Christophe Claro, Hervé Denès, Alain Gnaedig et Serge Quadruppani (ISBN 978-2226065902). En particulier, narration de la guerre des Falklands, chapitre 7 et 8, pages 163 à 221.
Documentaires télévisés |
- Milieu du 6e épisode : Des chefs incompetents, de la série : Les grandes erreurs militaires, sur Planète+.
La guerre des Malouines, 9e épisode de la 6e saison de La Minute de vérité sur National Geographic Channel et sur Direct 8.
L'affaire des missiles Exocet, Malouines 1982, documentaire d'histoire récente réalisé par, Olivier L. Brunet, 65 minutes, enquête journalistique filmée de Sacha Maréchal et Patrick Pesnot, avec commentaires des événements, discussions sur les imbroglios de l'affaire et images animées façon bande dessinée, collection Affaires d'état / Étranges affaires.com, en coproduction : Vivement Lundi !, Antoine Martin Production, avec la participation de France Télévisions, en association avec France 3 Nord-Ouest, diffusion France 3, Les documentaires de l'été 2014 et 2015.
Articles connexes |
- SAS dans la guerre des Malouines
- Médaille de l'Atlantique sud
- Tir ami sur un hélicoptère britannique aux Malouines
- Marine argentine
- Sous-marin nucléaire d'attaque
- HMS Conqueror (S48)
- USS Phoenix (CL-46)
- Journée des vétérans et des combattants tombés pendant la guerre des Malouines
Liens externes |
(es) Página Web de la Fundacion Veteranos de la Guerra de las Islas Malvinas (Fondation des vétérans de la guerre des Malouines).
Réflexions sur le rôle des forces aéronavales dans la guerre des Malouines sur le site stratisc.org.
Article sur les vétérans de la guerre des Malouines.
Brève histoire de la guerre des Malouines en images.
Thèse de doctorat mise en ligne.
Article du journal Le Monde « Les Malouines, trente ans de conflit irrésolu ».
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