Commission internationale de coopération intellectuelle




La Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI) est, entre 1922 et 1946, un organe de la Société des Nations (SDN) chargé de la coordination des travaux et des relations scientifiques.


Elle est l'ancêtre de l'Unesco, créée en 1946, qui la remplacera.




Sommaire






  • 1 Historique


    • 1.1 La Commission Internationale de Coopération Intellectuelle


    • 1.2 L'Institut International de Coopération Intellectuelle




  • 2 Références


    • 2.1 Générales


    • 2.2 Notes


    • 2.3 Liens externes







Historique |




Télégramme d'Henri Bergson, président de la CICI, à Inazo Nitobe, directeur de la section des bureaux internationaux de la SDN (dans laquelle se trouve la CICI)[1].




Les archives de la CICI[2].


Bien que cela ne soit pas indiqué dans le pacte de la Société des Nations, celle-ci s'occupait de la diffusion d'un idéal dans la sphère politique, de l'échange d'ouvrages, et également du renforcement des relations intellectuelles entre les pays. Dès 1920, l'Assemblée de la SDN envisage la possibilité de fonder une commission consultative, la CICI, chargée d'évaluer les besoins en la matière. En septembre 1921, la SDN adopte une proposition française pour la constitution d'un organisme destiné à renforcer la collaboration des nations dans le domaine du travail intellectuel (il s'agit de promouvoir les échanges entre scientifiques, universitaires, artistes et intellectuels) et à consolider l'action en faveur de la paix tout en suscitant un esprit international. Rapidement, cette commission est pérennisée puis renforcée par la création de l'Institut international de Coopération intellectuelle (IICI), à Paris en 1926, contribuant à reconstruire partiellement et à densifier le réseau des acteurs scientifiques, en Europe en particulier[3].



La Commission Internationale de Coopération Intellectuelle |




Le Palais Wilson (Genève), siège de la SDN et de la CICI.


La Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI) a été officiellement créée en janvier 1922 et compte de 12 à 19 personnalités. La première session a lieu en août 1922, sous la présidence de Henri Bergson ; son travail s'est poursuivi jusqu'en 1939. L'Institut International de Coopération Intellectuelle voit également ses activités stoppées par le second conflit mondial et servira de base à la création de l'Unesco en 1946[4].


Cette commission, qui rassemblait de grandes personnalités comme Albert Einstein[5], Marie Curie, Robert Andrews Millikan, Devendra N. Bannerjea, Leopoldo Lugones[6], a été présidée par trois personnalités :




  • Drapeau de la France le philosophe Henri Bergson (1922-1925)


  • Drapeau des Pays-Bas le physicien Hendrik Lorentz (1925-1928)


  • Drapeau du Royaume-Uni le littéraire Gilbert Murray (1928-1939).


Parmi les experts sollicités par les commissions thématiques affiliées à la CICI, on trouve par exemple Béla Bartók, Thomas Mann, Johan Huizinga, Salvador de Madariaga, ou Paul Valéry[7].



L'Institut International de Coopération Intellectuelle |




Une entrée du Palais-Royal (Paris), où l'IICI est installé en 1926 par le gouvernement français.


L'Institut International de Coopération Intellectuelle (IICI) est proposé en 1924 à la SDN par le gouvernement français[8]. Il est juridiquement l'organe exécutif de la CICI et est administré par elle. Il est officiellement inauguré le 16 janvier 1926. Il a trois directeurs successifs, de nationalité française (certains y voient une marque du "projet culturel français" de prise de contrôle sur les relations culturelles internationales[9]) :




  • Drapeau de la France Julien Luchaire de 1926 à 1930, dont l'Institut français de Florence qu'il fonda en 1907 et dirigea jusqu'en 1920 constitua une expérience pionnière de coopération culturelle bilatérale entre la France et l'Italie[10].


  • Drapeau de la France Henri Bonnet de 1931 à 1940.


  • Drapeau de la France Jean-Jacques Mayoux de 1945 à 1946.


L’IICI est dans une relative autonomie vis-à-vis de la Société des Nations et il entretient des relations diplomatiques avec les États membres de la SDN, récupérant d'ailleurs la responsabilité de coordonner les Commissions nationales de coopération intellectuelle. Ces dernières, créées par des particuliers ou des gouvernement, nomment des délégués chargés de représenter leurs intérêts auprès de l’IICI et font offices de répondantes locales de la CICI. En 1939, 44 délégués et 45 Commissions nationales travaillent avec l’IICI. Celui-ci est fermé de 1940 à 1944[11]. Il rouvre brièvement en février 1945 pour léguer en 1946 l'esprit de sa mission et ses archives à l'Unesco[12].



Références |



Générales |



  • Martin Grandjean, Les réseaux de la coopération intellectuelle. La Société des Nations comme actrice des échanges scientifiques et culturels dans l'entre-deux-guerres, Lausanne, Université de Lausanne, 2018, 600 p. (lire en ligne)

  • Jean-Jacques Renoliet, L'UNESCO oubliée, la Société des Nations et la coopération intellectuelle (1919-1946), Paris, Publications de la Sorbonne, 1999(ISBN 978-2-85944-384-9)

  • (en) Frederick Northedge, International Intellectual Co-operation Within the League of Nations: Its Conceptual Basis and Lessons for the Present, London, University of London, 1953



Notes |





  1. Archives de la SDN 1924, Office des Nations Unies à Genève. Photographie issue de cette collection.


  2. Bibliothèque de l'Office des Nations Unies à Genève, Archives de la Société des Nations, Fonds des Bureaux internationaux et de la coopération intellectuelle.


  3. Martin Grandjean, « La connaissance est un réseau. Perspective sur l'organisation archivistique et encyclopédique », Les Cahiers du Numérique, vol. 10, no 3,‎ 2014, p. 37-54 (lire en ligne).


  4. Jean-Jacques Renoliet, « L’UNESCO oubliée : l'Organisation de Coopération Intellectuelle (1921-1946) ».


  5. Danielle Wünsch, « Einstein et la Commission internationale de coopération intellectuelle », Revue d'histoire des sciences, vol. 57, no 2,‎ 2004, p. 509-520 (lire en ligne).


  6. Corinne A. Pernet , "‘In the Spirit of Harmony‘? The Politics of (Latin American) History at the League of Nations", in Alan McPherson and Yannick Wehrli, eds., Beyond Geopolitics: Latin America at the League of Nations, University of New Mexico Press, 2015, p. 135-153.


  7. Antoine Compagnon, « La république des lettres dans la tourmente (1919-1939) », La lettre du Collège de France, décembre 2009.


  8. Jean-Jacques Renoliet L'Unesco oubliée : Société des nations et coopération intellectuelle, Publications de la Sorbonne, 1999(lire en ligne).


  9. Gérard Bossuat et René Girault Europe brisée, Europe retrouvée : Nouvelles réflexions sur l'unité européenne au XXe siècle, Publications de la Sorbonne, 1995(lire en ligne), p. 79.


  10. Isabelle Renard, L'Institut français de Florence (1900-1920) : Un épisode des relations franco-italiennes au début du XXe siècle, vol. VIII, t. 22, Rome, coll. « Collection de l'École française de Rome », 2001(ISBN 978-2-7283-0579-7).


  11. Corinne A. Pernet, "Twists, Turns and Dead Alleys: The League of Nations and Intellectual Cooperation in Times of War." Journal Of Modern European History 12, no.3, 2014 p. 342-358.


  12. « Archives de l'UNESCO » (consulté le 20 juin 2016)




Liens externes |



  • (en) Guide de recherche sur la coopération intellectuelle par les Archives des Nations Unies, Genève.

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