Ancre (mouillage)





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Une ancre est un objet embarqué, lourd, souvent de métal et destiné à stabiliser des bateaux à un endroit spécifique sur les fonds rocheux, vaseux ou sableux. Il y a deux catégories d’ancrages (ou mouillage), les ancrages provisoires et les ancrages permanents. Un ancrage permanent ne peut être déplacé par le navire qui s'y ancre. L'ancrage provisoire est permis par l'ancre stockée à bord et remontée lorsque le navire quitte son mouillage.



Un ancrage fonctionne en s’opposant à la force exercée par le navire qui y est relié. Cela s’effectue de deux manières – soit par la masse d’un corps très lourd posé (ou enfoui) sur les fonds marins, ou par pénétration et accrochage dans les fonds marins. Les forces qui s’exercent sur l’ancrage sont dues aux vagues, mais l’effort le plus important est dû au vent sur les superstructures du bateau et/ou au courant marin. Les ancres modernes sont conçues pour pénétrer profondément et par leur surface importante, résister à l’ensemble de ces forces.


Une ancre temporaire moderne se compose habituellement d'une barre centrale appelée verge, et d'une surface plate appelée pelle, pointue, pour pénétrer les fonds ou se fixer sous une roche et créer la force de tenue ; les ancres modernes peuvent également comporter un lest au niveau de la pointe. À l’extrémité de la verge, un anneau permet de fixer la ligne de mouillage par l’intermédiaire d’une manille ou d’un émerillon.



Ancre de pierre.

Ancre de pierre.


Un ancrage permanent peut être constitué de différentes manières. Un bloc rocheux, dans lequel est scellée une patte de fixation pour relier une chaîne, peut très bien faire l’affaire, de même qu’un objet lourd (bloc, masse de béton) immergé dans les fonds. Des amarrages modernes peuvent être réalisés par des ancres-vis à sable qui ressemblent à des vis surdimensionnées enfoncées profondément dans les fonds marins, ou sur des fonds rocheux par de grosses chevilles bloquées dans un trou foré pneumatiquement dans la roche, ou par une variété d’autres moyens permettant d’obtenir un point d’ancrage dans les fonds (ancres pyramides, ancres champignons, etc.). Ces points d’ancrage peuvent être uniques ou en étoile comportant généralement jusqu’à trois points reliés ensemble par une courte et forte chaîne et un émerillon central. Suivant sa position, le navire sera toujours aligné avec une ou deux de ces ancres.



  • Vocabulaire : En langage maritime on ne dit pas que l'on "jette l'ancre" ; on dit que l'on "mouille l'ancre" ou, plus simplement que l'on "mouille".



Sommaire






  • 1 Développement


  • 2 Conceptions des ancres temporaires


    • 2.1 Ancre à jas


    • 2.2 Ancres plates


    • 2.3 Grappin


    • 2.4 Ancres Claw


    • 2.5 Charrue


    • 2.6 Conceptions modernes


    • 2.7 Performance relative des ancres temporaires




  • 3 Conceptions des ancrages permanents


    • 3.1 Ancre Champignon


    • 3.2 Corps mort


    • 3.3 Les ancres à vis


    • 3.4 Les ancres à succion




  • 4 Techniques de mouillage


    • 4.1 L’équipement de mouillage


    • 4.2 Mouiller


      • 4.2.1 Le mouillage est-il protégé ?


      • 4.2.2 Le fond est-il de bonne tenue ?


      • 4.2.3 Quelle est la profondeur, l’état de la marée, et le courant ?


      • 4.2.4 Y a-t-il assez de place ?




    • 4.3 Méthodes


      • 4.3.1 L’affourchage


      • 4.3.2 Embossage


        • 4.3.2.1 Mouillage tête et cul


        • 4.3.2.2 Embossage sur une seule ancre




      • 4.3.3 L’ancrage bahaméen


      • 4.3.4 Empennelage




    • 4.4 Ancrage secondaire


    • 4.5 Ancre de miséricorde




  • 5 Ancre et environnement


  • 6 Sécurité


  • 7 L'ancre dans l'art


    • 7.1 Héraldique




  • 8 Notes et références


  • 9 Voir aussi


    • 9.1 Bibliographie


    • 9.2 Articles connexes







Développement |


Les premières ancres étaient probablement composées de blocs rocheux, comme l’ancre de Biblos, qui remonte au moins à l'âge du bronze. Beaucoup d'ancrages modernes sont encore réalisés à l’aide de gros blocs rocheux ou de béton. Cependant, l'utilisation d’une masse importante pour résister aux forces d’une tempête ne peut être conçue que comme ancrage permanent.


L’ancre de Gorgone est une ancre primitive qui est toujours utilisée de nos jours, comportant une paire de planches de bois en croix, lestées par une roche. Les bras en bois sont orientés pour pénétrer le fond, et la roche pour faciliter la pénétration et s’opposer au déplacement de l’ancre.


Presque tous les développements actuels combinent ces deux fonctions, une masse favorisant la pénétration et une surface s’opposant au déplacement de l’ancre.




Ancre à jas :

A : manille
B : organeau
C : jas
D : verge
E : bec
F : patte
G : diamant
H : pelle



Dans le monde occidental la grande majorité d'ancres (ancre à jas, grappin) a été réalisée sur le concept de bras crochets tels qu'au moins un bras sera dirigé vers les fonds, une barre placée perpendiculairement au bras de accrochage, près de celui-ci (ancre Norhill) ou proche de l’anneau de fixation de la chaîne (ancre à jas) positionnait l’ancre de façon que la pointe de la pelle pénètre les fonds. Pendant plus de 2000 ans, ce type d’ancre a été le modèle standard.


Dans le Nouveau Monde cependant, un autre modèle d'ancre a été développé constitué de deux pelles plates comportant un jas à la partie arrière des pelles afin d’empêcher la mise en rotation et le décrochage caractéristique de ce type d’ancre. Ce modèle pratiquement inchangé est toujours employé actuellement.


Les ancres sont d'abord tirées par des câbles en fibre végétale. Samuel Brown (Royal Navy) (1776-1852) innovait sur le HMS Penelope en 1806 en utilisant des chaînes en fer. La société qu'il fonde fournira par la suite toutes les chaînes de la Royal Navy jusqu'en 1916.



Conceptions des ancres temporaires |


La gamme des différents modèles est large, mais elles peuvent être classées en ancres crochets, charrues, plates, et diverses.



  • Les ancres en crochet emploient une surface relativement petite fixée sur un bras étroit et lourd pour pénétrer profondément dans les fonds problématiques tels que les algues, ou le sable dur. les versions les plus communes sont l'ancre à jas et le grappin.

  • Les ancres charrue rappellent par leur forme les antiques charrues et sont conçues pour pénétrer d’elles-même les fonds lorsqu’une force de traction leur est appliquée. Elles sont considérées comme polyvalentes pour la plupart des fonds marins, de la vase au rocher.

  • Les ancres plates utilisent une surface importante pour créer une tenue élevée lorsqu’elles sont profondément enfoncées dans les fonds. Bien qu'elles aient moins de capacité à pénétrer et qu’elles soient instables, leur poids léger les rend très populaires.


  • Ancres diverses : les ancres claw ont une forme conçue pour pénétrer facilement les fonds marins. Les ancres concaves utilisent au mieux cette caractéristique pour obtenir une tenue plus élevée


Au cours des 20 dernières années, de nouvelles conceptions d'ancres sont apparues. Suivant l’augmentation de la popularité des embarcations de plaisance, ces ancres sont habituellement conçues pour les petits et moyens navires.




Bossoir d'ancre



Ancre à jas |


Cette ancre de conception traditionnelle est familière même à ceux qui n'ont jamais utilisé une ancre. Ce type d’ancre comporte un bras qui pénètre dans les fonds et le deuxième qui reste en dehors. Ce modèle d’ancre a une bonne réputation pour l'utilisation dans la roche, les fonds durs, et les fonds couverts par des algues, bien que les nouvelles générations d’ancres modernes lui soient bien supérieures dans ces fonds réputés difficiles. Une version existe démontable en trois parties (Luke) et la plupart comportent un jas qui peut être replié permettant un arrimage facile à plat sur le pont.


L’inconvénient principal de ce type d’ancre est la possibilité de surpattage ou de surjalage, c'est-à-dire la possibilité de la ligne de mouillage de s’accrocher dans la patte non enfoncée de l’ancre ou dans le jas de celle-ci. Une fois l’ancre surpattée elle a un fort risque de décrocher. Dans des essais comparatifs de tenue, elle possède nettement moins de tenue que les ancres modernes de poids équivalent. Elle est compliquée à relever et à remonter à bord et peut difficilement se stocker sur le davier d’étrave. Cette ancre était mise à poste sur un bossoir d'ancre.




Une ancre plate "Danforth"



Ancres plates |




Une ancre plate du navire d'assaut amphibie américain USS Kearsarge


Les marques les plus communes sont l’ancre Danforth aux États-Unis, les ancres Britany et FOB en Europe. Ce modèle comporte une double plaque à l’arrière dont le rôle est de donner un certain angle de pénétration à deux larges pelles plates articulées qui y sont attachées. Les pelles peuvent ainsi s’orienter vers la surface des fonds et y pénétrer. Une fois profondément enfoncées, elles peuvent développer une tenue importante. Ce type de conception plat, léger et compact le rend facile à relever et à stocker. Il existe également des modèles en aluminium comme la Fortress ou la FOB light qui sont très faciles à manipuler.


L'ancre plate présente des difficultés pour pénétrer les fonds durs ou recouverts d’algues. En présence d’un courant ou si le bateau n’est pas parfaitement immobile, on rapporte que ce type d’ancre peut « planer » sur les fonds à cause de la surface importante de ses pelles. Une fois accrochée, l’ancre a tendance à décrocher si la direction de la force de traction change, à cause d'un changement du vent ou des courants de marée, et à certaines occasions ne se replante pas et chasse.


Les bâtiments de guerre et de commerce actuels utilisent majoritairement ce type d'ancre, pesant pour les plus grosses unités plusieurs tonnes.



Grappin |


D’une conception traditionnelle, le grappin est simple à concevoir et à fabriquer. Son seul avantage est de se planter quelle que soit la position où il tombe dans les fonds. Dans le rocher ou le corail, il peut se coincer rapidement, mais peut également être difficile à relever. Un grappin est la plupart du temps léger, et peut avoir des utilisations additionnelles comme outil pour récupérer des matériels perdus par-dessus bord, il est aussi relativement facile à remonter à bord.


Les grappins n’ont généralement pas assez de surface pour développer une tenue suffisante dans le sable ou la vase. Le grappin peut s’accrocher dans sa propre ligne de mouillage ou dans des ordures présentes dans les fonds, l’empêchant de se planter ou de pouvoir le relever sans l’utilisation d’un orin. Sa forme n'est généralement pas très compacte, et est difficile à arrimer, bien qu'il existe quelques modèles repliables disponibles.



Ancres Claw |


Contrairement à une idée reçue largement répandue, ce type d’ancre n’a jamais été conçu pour ancrer des plates-formes de forage pétrolières. Elle a été mise au point pour la plaisance par Robert Bruce, qui a également développé de nombreux autres modèles très différents pour les plates-formes.


Ce modèle comportant trois doigts en forme de cuillère est réputé pour sa capacité à s’enfouir très rapidement. Bien que non articulé, il ne décroche pas en cas de changement de la direction de la force de traction, mais se réaligne lentement. Il s’installe particulièrement bien sur les daviers.



Charrue |




CQR véritable


De nombreuses sociétés fabriquent ce modèle d’ancre charrue qui est particulièrement populaire parmi les plaisanciers. Les charrues sont assez polyvalentes dans tous les fonds, mais pas exceptionnelles dans aucun d’entre eux.
La conception de la CQR comporte une articulation de sa verge, permettant en théorie à l'ancre de tourner avec des changements de direction plutôt que de décrocher. Une autre conception commerciale, l’ancre Delta comporte une verge fixe et a un fonctionnement très semblable. Les deux modèles peuvent facilement être stockés sur un davier d’étrave.


La charrue possèderait, selon ses détracteurs, un rapport tenue / poids inférieur à la moyenne et serait un peu plus difficile à accrocher. Signalons toutefois que la relative mauvaise réputation provient, en grande partie, de copies exotiques plus ou moins bâclées. Mais pour une grande majorité de plaisanciers, la vraie CQR fabriquée par Lewmar reste une référence, même si d'autres types d'ancres intéressantes sont apparus ces derniers temps.



Conceptions modernes |




Rocna véritable


Ces dernières années, il y a eu un grand nombre de nouveautés dans la conception des ancres. Conçues principalement pour s’accrocher très rapidement, puis donner une tenue importante, ces ancres (la plupart du temps des inventions toujours couvertes par des brevets de propriété industrielle) sont destinées à des utilisateurs de petits et moyens navires.



  • L’ancre allemande Bügel possède une extrémité pointue pour pénétrer les algues et comporte un arceau qui oriente l'ancre dans la position correcte sur le fond de la mer.

  • L'ancre FOB Rock est une ancre avec une extrémité pointue. Elle s'adapte à de nombreux fonds.

  • L’ancre Bulwagga est une conception unique comportant trois pelles au lieu des deux habituelles. Elle a obtenu d’excellents résultats lors des tests indépendants pratiqués, par exemple, par le magazine nautique « Practical Sailor ».

  • L’ancre Spade est une conception française particulièrement populaire chez les plaisanciers pratiquant la navigation au long cours. Elle donne de très bons résultats. Elle comporte une verge démontable et existe également en aluminium, c'est une ancre légère et facile à stocker.

  • L’ancre néo-zélandaise Rocna est une nouvelle ancre qui gagne la popularité parmi les yachts de croisière. Elle comporte aussi une lame pointue pour pénétrer l'herbe. Son arceau est semblable à celui du Bügel, et signifie que la position correcte est réalisée sans besoin de poids supplémentaire dans le bout (une inefficacité commune dans d'autres types d'ancre).



Performance relative des ancres temporaires |




Le diagramme de tenue au poids relatif donne une idée simple de performance comparative d'ancre


En général les conceptions plus modernes surpassent les plus vieux modèles sur tous les aspects, y compris la tenue pure comme on peut le voir sur le diagramme à gauche.


C'est le graphique d'un essai effectué par West Marine (un fournisseur de navires indépendant aux États-Unis) en 2006. Des tractions ont été conduites à trois endroits différents sur le sable, à trois angles de traction différentes.




Conceptions des ancrages permanents |


Ceux-ci sont employés pour maintenir de façon permanente un objet flottant comme un feu ou une bouée de repérage de canal de navigation. L'ancrage doit tenir l’objet flottant en toutes circonstances y compris lors des tempêtes les plus sévères, mais doit pouvoir éventuellement être relevé, par exemple si l’objet doit être remorqué dans le port pour l'entretien.



Ancre Champignon |




Ancre champignon


L'ancre de champignon convient lorsque le fond de la mer se compose de vase ou de sable fin. Elle a été inventée par Robert Stevenson, à l'usage d'un bateau de pêche de 82 tonnes, qui a été employé comme bateau-phare entre 1807 et 1810 près de Bell Rock pendant la construction du phare. Elle pesait 1,5 tonne.


Elle est formée comme un champignon inversé, la tête devant s’enterrer dans la vase. Un contrepoids est souvent fourni à l'autre extrémité de la verge pour la maintenir couchée sur les fonds jusqu’à ce qu’elle soit enterrée.


Une ancre de champignon s’enfoncera normalement dans la vase jusqu’au point où elle aura déplacé l’équivalence de son propre poids en vase. Ces ancres sont uniquement appropriées à un fond de vase ou de boue, puisqu'elles se basent sur l'aspiration et la cohésion des fonds. Elles ne peuvent fonctionner sur les fonds de sable ou rocheux. La puissance de tenue de cette ancre est au mieux environ deux fois son poids jusqu’à ce qu’elle soit entièrement enterrée, à partir de ce moment, elle peut atteindre jusqu’à dix fois son poids. Elles sont disponibles dans les tailles d'environ 5 kg jusqu'à plusieurs tonnes.



Corps mort |


C'est un ancrage qui se fonde uniquement sur un poids élevé. Il consiste habituellement uniquement en un grand bloc béton ou de roche à l'extrémité d’une chaîne. Sa puissance de tenue est égale à son poids sous-marin (c'est-à-dire tenant compte de sa flottabilité) indépendamment du type de fond de la mer, bien qu’un effet de succion puisse l’augmenter si le bloc s’enfouit progressivement. En conséquence les ancrages sur corps-mort sont utilisés là où les ancres de champignon ne conviennent pas, par exemple sur roche, gravier ou sable grossier. Un avantage d'un ancrage corps-mort par rapport à champignon est que, s'il se déplace, il continue à fournir sa tenue originale. L'inconvénient d'utiliser des corps-mort lorsqu’on pourrait utiliser une ancre champignon, c’est qu’ils nécessitent d’être dix fois plus lourds.



Les ancres à vis |


Les ancres hélicoïdales à vis sont fréquemment utilisées pour réaliser des amarrages permanents, des docks flottants d'ancre, des exploitations de pisciculture, etc.


Ces ancres peuvent être posées manuellement à la basse marée, ou être installées par un plongeur.


À poids égal, les ancres hélicoïdales ont une tenue plus élevée que n'importe quel autre type d'ancre. Ce type d’ancre peut également être employé pour beaucoup d'applications terrestres, quand il est nécessaire d'ancrer quelque chose temporairement ou définitivement dans un sol mou, (sable - vase).



Les ancres à succion |


On trouve également, dans le domaine de l'industrie pétrolière offshore, des ancres dites « à succion ». Il s'agit de tubes d'acier obstrués à une extrémité (excepté quelques points de connexion), et ensouillés verticalement dans le fond marin, l'extrémité ouverte dirigée vers le bas. La pénétration se fait tout d'abord sous l'effet de sa masse propre (environ 60 tonnes pour une ancre de 18 mètres de long par 4 mètres de diamètre) puis intervient un ROV (Remote Operated Vehicle) afin de pomper l'eau restant dans la partie non enfoncée de l'ancre, et ainsi, par succion, terminera l'ensouillage de la pile. Il en résulte ainsi un ancrage dont la « masse fictive » peut atteindre plusieurs centaines de tonnes, sans avoir à manipuler de telles charges à bord des navires d'installation. On peut trouver ce type d'ancrage jusqu'à des profondeurs de 2 500 mètres d'eau, voire plus.



Techniques de mouillage |


Article détaillé : Mouillage.

Il ne suffit pas de « jeter une ancre par-dessus bord. Il y a plusieurs éléments des équipements de mouillage à considérer, et il y a des techniques pour assurer un bon crochage. Cet article discute d’une partie de ces informations.



L’équipement de mouillage |


Les équipements de mouillage incluent l'ancre, la ligne de mouillage, la méthode permettant de relier les deux ensemble, la façon de relier la ligne de mouillage au bateau est l'étalingure de cale qui se trouve au fond du puits aux chaînes. Les cartes, et une méthode pour connaître la profondeur de l'eau (sondeur ou ligne de sonde) sont aussi nécessaires.


Les cartes de détails sont vitales pour choisir un bon mouillage. Connaître la position des dangers potentiels, aussi bien que permettre d’estimer les effets du temps et des marées sur le mouillage sont essentiels pour sélectionner le bon endroit. On peut mouiller sans se référer aux cartes, mais ce sont des outils importants pour réaliser un bon mouillage et un marin compétent ne choisira pas de mouiller sans y référer.


Connaître les profondeurs limites (basse mer et pleine mer) sont un minimum pour évaluer la longueur de chaîne à mettre à l'eau (en principe 3 fois la profondeur du fond).


Une ligne de mouillage est constituée de chaîne, de cordage ou d’une combinaison des deux. Ni le cordage, ni la chaîne ne sont fondamentalement supérieurs, ils ont chacun leurs avantages et leurs inconvénients. Il est cependant préférable, sur les petits bateaux, d’insérer un élément élastique, cordage ou amortisseur, dans la ligne de mouillage, ceci afin d’absorber les à-coups qui peuvent se produire.



Mouiller |


Les quatre premières questions à considérer avant de mouiller sont :



  1. Le mouillage est-il protégé ?

  2. Est ce que les fonds sont de bonne tenue ?

  3. Quelle est la profondeur, l’état de la marée, et le courant ?

  4. Y a-t-il assez de place ?



Le mouillage est-il protégé ? |


Un bon mouillage doit offrir une bonne protection en fonction des conditions atmosphériques actuelles, et également la protection contre les conditions futures prévues. Il faut également considérer si le mouillage conviendra à d'autres buts, par exemple si l'on peut accéder à la terre en annexe ; le confort doit être considéré, un mouillage rouleur n’est pas plaisant.



Le fond est-il de bonne tenue ? |


Les cartes indiquent la composition des fonds et il est également possible d’utiliser un plomb de sonde avec une cavité inférieure enduite de suif pour prélever des échantillons. D'une manière générale, la plupart des ancres tiennent correctement dans la vase sableuse, la vase ou l’argile, ou du sable compact. Du sable grossier, du gravier, doivent être évités autant que possible. La roche et le corail empêchent les ancres de pénétrer, bien que quelques ancres soient conçues pour s'accrocher dans un tel fond. Les fonds herbeux peuvent procurer une bonne tenue, mais seulement si l'ancre peut pénétrer les fonds.



Quelle est la profondeur, l’état de la marée, et le courant ? |


Si le mouillage est situé dans une zone à marée, il faut connaître les coefficients de marée et les heures de basse et pleine mer. Il y a besoin d'assez de profondeur pour toutes les conditions qui peuvent se produire, y compris à basse mer, pas simplement où l'on laisse tomber l'ancre, mais également dans toute la zone d’évitage possible. C'est également important pour déterminer la longueur de ligne de mouillage qui doit être adaptée à la profondeur à pleine mer et pas uniquement aux conditions du moment.



Y a-t-il assez de place ? |


Si le mouillage est situé dans une zone à marée, il faut penser que le rayon d’évitage sera plus étendu à la basse mer qu'à la pleine mer. Cependant, quel que soit l’endroit où l'on mouille il est nécessaire de considérer quelle sera la plus grande zone d’évitage et quels obstacles ou dangers peuvent se situer dans cette zone. Garder à l’esprit que d'autres navires dans le mouillage peuvent avoir une zone d’évitage qui peut recouvrir celle du bateau considéré. Les bateaux sur des amarrages permanents, ou avec une ligne de mouillage plus courte, peuvent ne pas éviter comme prévu, ou plus rapidement ou plus lentement que le navire (les lignes de mouillage tout chaîne ont tendance à bouger plus lentement que des lignes tout cordage ou mixtes).


Il existe des techniques de mouillage pour limiter l'oscillation d'un navire si la place dans le mouillage est limitée.



Méthodes |


Le mouillage de base consiste à déterminer le bon endroit, à laisser tomber l'ancre, filer la bonne longueur de ligne de mouillage, crocher l’ancre, et vérifier si le navire est bien immobilisé.. Après avoir déterminé sur la carte où se situe le meilleur endroit, le navire doit estimer quelle est la situation, il peut y avoir d'autres bateaux qui ont pensé que ce serait un bon emplacement, ou des conditions atmosphériques différentes de celles envisagées ou des dangers imprévus qui rendent l’endroit prévu indésirable.


Si le mouillage semble bon, l'endroit pour mouiller l'ancre devrait être approché face au vent ou au courant, le plus fort des deux. Lorsque l’endroit choisi est atteint, le navire devrait être stoppé ou même commencer à avoir une vitesse fond en arrière. L'ancre devrait être larguée rapidement, mais en la contrôlant jusqu'à ce qu'elle soit sur le fond. Le navire devrait continuer à dériver en arrière, et la ligne de mouillage devrait être étalée sous contrôle de façon qu’elle soit relativement rectiligne.


Une fois que la longueur désirée est atteinte (un minimum de 7:1 pour faire pénétrer l'ancre, et 5:1 pour tenir), le navire devrait doucement battre en arrière à l'aide du moteur, mais aussi en bordant une voile à contre (sur un voilier). Une fois étalée, un pied (botté) sur la ligne d'ancre peut permettre de ressentir une série de secousses indiquant que l'ancre drague, ou une tension faible indiquant que l’ancre est crochée. Pendant que l'ancre commence à pénétrer et à résister à la force en arrière, la puissance moteur peut être augmentée pour obtenir un bon crochage. Si l'ancre continue à draguer, ou croche après avoir dragué trop loin, elle devra être relevée et repositionnée à nouveau à l’endroit désiré (ou à un endroit différent choisi).


Le mouillage étant correct, les différentes conditions devraient être reconsidérées. L'endroit est-il protégé, maintenant et en fonction des prévisions ultérieures ? Le fond est-il de bonne tenue, et l'ancre la mieux adaptée pour ce type de fond ? Y a-t-il assez de profondeur, maintenant et à basse mer? Particulièrement à basse mer, mais également à toutes les heures de marée, y a-t-il assez de place pour que le bateau évite ? Ou risque-t-il de percuter un autre bateau avec les variations de la marée ou du vent ?




Mouillage le long d'une côte à pic par vent de terre.


Quelques autres techniques ont été développées pour diminuer l’évitage ou résister au mauvais temps :



  • L’affourchage

  • Embossage

  • Amarrage bahaméen

  • L’empennelage



L’affourchage |


L'utilisation de deux ancres placées approximativement à 45° l’une de l’autre, ou à des angles plus larges jusqu'à 90°, est un mouillage solide pour faire face à des vents forts. Pour positionner les ancres de cette façon, une première ancre est mouillée de façon normale. Puis, en remontant sur le mouillage, mouiller une deuxième ancre, tout en laissant dériver en arrière, la deuxième ancre est mouillée approximativement à moitié de la longueur de la première ligne sur une ligne perpendiculaire au vent. Après que cette deuxième ancre soit mouillée, la longueur de ligne de la première est reprise jusqu'à ce que le navire se trouve entre les deux ancres et la charge également répartie sur les deux lignes.


Ce mouillage limite également la zone d’évitage. Vérifier que d’autres bateaux ne risquent pas d’entrer en collision, compte tenu de la zone d’évitage limitée.



Embossage |


Ne pas confondre avec le mouillage bahaméen ci-dessous.



Mouillage tête et cul |

L'embossage consiste à mouiller une ancre à chacune des extrémités, avant et arrière, d'un navire, pour supprimer son rayon d'évitage et le maintenir également face à une direction imposée par le skipper (vent, courant, vagues, etc.). Une méthode pour réaliser ce mouillage consiste à mouiller une ancre d'étrave (à l'avant du navire) normalement, puis à laisser filer la ligne de mouillage jusqu’à son extrémité et de larguer l’ancre de croupiat[1] (au cul du navire). En reprenant la ligne de mouillage d'étrave, on croche l’ancre de croupiat. Lorsque les deux ancres sont crochées, les lignes de mouillage sont raidies pour limiter l'évitage ou pour aligner le navire. Une seconde méthode permet d'exécuter ce mouillage en une seule manœuvre. L'ancre de croupiat est mouillée la première sur une ligne textile qu'on laisse filer sur toute sa longueur pendant que le bateau continue à avancer. On dépose alors l'ancre d'avant, puis, lorsque le bateau cule, on laisse filer la chaîne d'ancre, tandis qu'on reprend du croupiat pour maintenir les deux lignes tendues, jusqu'à ce que le bateau se trouve à mi-chemin entre les deux ancres[2]. Cette méthode est plus rapide et plus facile, car on n'a pas à remonter une partie de la chaîne d'ancre, mais elle oblige à connaître d'avance la position que prendrait naturellement le bateau dans le courant et le vent.


Ce mouillage est aussi appelé « mouillage tête et cul »[3] ou « mouillage en détroit ». Ce type de mouillage peut devenir dangereux, si le vent ou le courant devient traversier. Les forces exercées perpendiculairement au bateau engendrent alors sur les lignes de mouillage des tensions considérables, capables de faire chasser les ancres[2].



Embossage sur une seule ancre |

L'embossage consiste à tendre une bosse (un cordage) depuis l'ancre ou d'un point de la ligne de mouillage de cette ancre, mouillée généralement à l'avant, vers l'arrière du navire. Cette bosse permet d'orienter le navire autrement que dans l'alignement résultant du vent et du courant. Cette technique était utilisée dans les combats maritimes de l'époque de la marine à voile[4],[5],[6],[7]. La bosse est également nommée embossure, croupière ou encore amarre de travers[8].



L’ancrage bahaméen |


Semblable à ce qui précède, l’ancrage bahaméen est employé pour limiter l’évitage d'un navire, et lui permettre de s’aligner avec le courant. La première ancre est mouillée normalement, et le navire laisse filer la limite de sa longueur de ligne de mouillage. Une deuxième ancre est alors mouillée sur une deuxième ligne de mouillage au niveau de l'étrave (de l'autre bord généralement), en reprenant la première ligne de mouillage on croche la deuxième ancre. Lorsque les deux ancres sont crochées, les deux lignes sont tendues.


Le navire se balancera maintenant entre les deux lignes de mouillage, cette technique s’applique dans des forts courants s'inversant, mais avec un vent perpendiculaire au courant qui pourrait faire chasser les ancres.



Empennelage |


Dans cette technique, une deuxième ancre est reliée au diamant de la première ligne de mouillage. Cette technique semblait être bien adaptée aux anciennes ancres à jas dont elle doublait pratiquement la tenue. Certains[9] prétendent que cette technique ne devrait pas être employée avec les ancres modernes, compte tenu de l’accrochage aléatoire d’une des deux ancres et de la certitude de ragage en cas de changement de la direction des vents ou du courant.(voir discussion) Pourtant, la pratique de navigateurs confirmés démontre que les ancres dites modernes s'y prêtent parfaitement, à condition d'utiliser 2 ancres de type et poids différents, la plus légère en premier, et de les relier par au moins 3 à 5 m de chaîne.



Ancrage secondaire |


Tout navire d'une longueur égale ou supérieure à 9 mètres ou d'une masse égale ou supérieure à 3 000 kg doit être muni de deux ancres. Le poids de la première est définie dans l'annexe 224-0.A.6 du règlement « Plaisance », tandis que la seconde est laissée à l'appréciation du skipper[10]. Les longueurs réglementaires des lignes de mouillage sont réellement minimales (chaîne d'au moins deux fois la longueur du navire pour la première, au moins 8 mètres de chaîne et un câblot pour la seconde)[10]. Tout navire, quelle que soit sa taille, doit posséder une des lignes de mouillage définies ci-dessus installée à poste et étalinguée en permanence[10].


Une ancre secondaire peut-être larguée du bateau ou portée avec une annexe, pour, par exemple, hâler (« wincher ») un bateau échoué, l’orienter dans une direction particulière ou le maintenir dans un courant.


Historiquement, cette ancre était très importante en particulier pour la navigation des vaisseaux de guerre qui l'ont employée pour manœuvrer lorsque le vent était tombé et déplacer les navires vers une position plus favorable, s'il y avait suffisamment de main d'œuvre.



Ancre de miséricorde |


L'ancre de miséricorde est celle que l'on stockait au pied du grand mât.



Ancre et environnement |


Les mouillages provisoires fréquents sur les endroits fragiles (substrats coralliens, zones de frayères, prairies sous-marines (de zostères par exemple) ou forêt d'algues) dégradent fortement les fonds marins. Dans les ports et estuaires ils remettent facilement en suspension des sédiments pollués ou dégradent les zones de nourrissage des larves de coquillages (jusqu'à un million par mètre carré en baie de Somme par exemple). Les mouillages sur bouées fixées permettent de limiter ces impacts.

Les chaînes ou cordages qui maintiennent les bouées peuvent se couvrir d'organismes marins et avoir un effet attractif sur les poissons. Pour des raisons pratiques, dans les ports de plaisance, les pontons sont préférés, qui demandent des installations plus lourdes, développant d'autres types d'impacts environnementaux, directs et indirects. Quand la profondeur le permet, des structures de type récif artificiel pourraient jouer un rôle de mesure compensatoire.



Sécurité |


Certaines zones de munitions immergées sont interdites à l'ancrage (et à la pêche ainsi qu'à la plongée sous-marine et à toute activité extractive ou de pose de câble, etc.), elles sont signalées sur les cartes par la mention Munitions immergées, ou explosifs immergés. Ces zones peuvent couvrir plusieurs hectares et receler pour certaines d'entre elles des dizaines de milliers de tonnes de munitions datant des guerres mondiales, et contenant des armes chimiques très fragilisées par la corrosion.



L'ancre dans l'art |



Blason de Digoin.

Blason de Digoin.



Héraldique |


En héraldique l'ancre peut être utilisé comme support ou comme meuble. Elle est ordinairement posée en pal. Quand une partie de l'ancre à un émail différent on distingue une stangue ou flanque pour le tige de l’ancre, la traverse du haut est une trabe, quant à la corde passée dans l'anneau on l'appelle une gumène. L'ancre peut être munie d'un anneau supérieur (organeau) et parfois d'un autre en bas. L'Ancre est un symbole d'espérance et de fermeté. Sur les tombeaux des premiers chrétiens, elle symbolise le salut. Elle indique souvent une profession navale comme l'ancre renversée qui est le symbole des bateliers[11].



Notes et références |




  1. Alain Grée, Mouillage, équipement et technique, Gallimard, 1981, p. 26


  2. a et bAlain Grée, Mouillage, équipement et technique, Gallimard, 1981, p. 139


  3. Le Cours des Glénans, Le Seuil, 1990, p. 670


  4. Charles Romme, Dictionnaire de la Marine françoise, 1792 p. 264


  5. Tactique navale à l'usage de la marine française, 1832 p. 47


  6. Bonnefoux et Pâris, Manœuvrier complet. Traité des manœuvres de mer à bord des bâtiments à voile et des bâtiments à vapeur, deuxième édition, 1852 p. 364


  7. Pierre-Marie-Joseph de Bonnefoux, Dictionnaire de marine à voiles et à vapeur: marine à voiles, 1859 p. 318


  8. Petit dictionnaire de marine, R.Gruss, 1943


  9. Le Cours des Glénans, Le Seuil, 1990, p. 629


  10. a b et cRèglement sur la sécurité des navires, article 224-2.46.


  11. http://www.blason-armoiries.org/heraldique/a/ancre.htm



Voir aussi |



Bibliographie |


  • Alain Poiraud, Tout savoir sur le mouillage, Loisirs Nautiques, 2003 (ISBN 2-914423-46-2).


Articles connexes |


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