Marie (mère de Jésus)
Pour les articles homonymes, voir Marie.
Marie Sainte chrétienne | |
Antonello de Messine, Vierge de l'Annonciation, palais Abatellis, Palerme | |
Sainte | |
---|---|
Vénérée par | Église catholique, Église orthodoxe |
Fête | Mère de Dieu (1er janvier) Annonciation 25 mars Visitation (30 mars pour les Églises orthodoxes, 31 mai pour l'Église catholique) Mère de l'Église (Lundi de Pentecôte) Dormition et Assomption (15 août) Sainte Marie Reine (en) (22 août) Nativité (8 septembre) Saint nom de Marie (es) (12 septembre) Présentation (21 novembre) Immaculée Conception (8 décembre) |
Sainte patronne | France |
modifier |
Marie (en araméen ܡܪܝܡ, Maryam ; en hébreu מרים[1], Myriam ; en grec Μαρία, María ; en arabe مريم, Maryam), fille juive de Judée, est la mère de Jésus de Nazareth. Les Églises catholique et orthodoxe accordent une place essentielle à Marie, qu'elles appellent Marie de Nazareth, Sainte Vierge, Vierge Marie, Notre-Dame (plus souvent chez les catholiques francophones) ou Mère de Dieu (chez les orthodoxes comme chez les catholiques).
Comme pour son fils Jésus, il est impossible d'écrire une biographie de Marie. Une grande partie des traces historiques se trouvent dans les récits apocryphes qui développent souvent les élaborations présentes dans les textes canoniques du Nouveau Testament mais qui peuvent aussi reconstituer une certaine trame historique[2].
Dans les Églises catholique et orthodoxe, Marie est l'objet d'un culte particulier, supérieur au simple culte rendu aux saints et aux anges, appelé le culte d'hyperdulie. C'est un point de divergence important avec le protestantisme et les Églises réformées.
Sommaire
1 La vie de Marie dans les sources chrétiennes
1.1 Dans le Nouveau Testament
1.2 Dans les écrits apocryphes
1.2.1 Les apocryphes dans les traditions populaires
1.2.2 Différents récits apocryphes
2 La mort ou la destinée finale de Marie
2.1 Dans le Nouveau Testament
2.2 Dans des textes chrétiens postérieurs
2.2.1 Le lieu de la mort de Marie
2.2.2 Le destin du corps et de l'âme de Marie
3 Marie dans les Églises chrétiennes
3.1 Selon le catholicisme et l'orthodoxie
3.1.1 La naissance de Marie
3.1.2 « Mère de Dieu »
3.1.3 La Dormition et l'Assomption
3.1.4 Fêtes
3.2 Selon le protestantisme
3.2.1 Luther et Calvin
3.2.2 Méthodisme
4 La question de la virginité de Marie
4.1 La conception virginale de Jésus
4.2 Hypothèse de la conception « adultérine » de Jésus
4.3 La virginité perpétuelle de Marie
4.4 Les frères et sœurs de Jésus
5 Marie en dehors du christianisme
5.1 Marie dans le judaïsme
5.2 Marie dans l'islam
6 Le culte marial, sujet de controverse
6.1 Les Églises catholique et orthodoxe
6.2 Les Églises protestantes
6.3 Critique et analyse du culte marial
7 Notes et références
7.1 Notes
7.2 Références bibliques
7.3 Références coraniques
7.4 Autres références
8 Annexes
8.1 Bibliographie
8.1.1 Ouvrages
8.1.2 Articles
8.2 Articles connexes
8.3 Liens externes
La vie de Marie dans les sources chrétiennes |
Dans le Nouveau Testament |
Marie occupe une place mineure dans les premiers textes du Nouveau Testament. Paul, dont les Épîtres sont écrites vers l'année 50, ignore son identité : il parle de Jésus comme « né d'une femme » (Ga 4,4). Dans l'Évangile selon Marc, rédigé vers l'année 70, sans être nommée, Marie est la mère de Jésus et pense que son fils est possédé par un démon : « Il a perdu les sens » (Mc 3,21). Elle est toutefois nommée dans le même Évangile par référence à son fils : « Celui-là, n'est-il pas le charpentier, fils de Marie ? » (Mc 6,3).
Les Évangiles selon Matthieu et selon Luc, écrits une quinzaine d'années après celui de Marc, soit vers 80-85, sont plus prolifiques au sujet de Marie et rapportent l'Annonciation, c’est-à-dire l’annonce par l’ange Gabriel à « Marie » puis à Joseph, à qui elle était fiancée, de la conception virginale de Jésus. Le récit de Luc donne plus de place à Marie, il parle de l'ange qui lui apparaît à elle, alors que Matthieu parle du rêve de Joseph et d'un ange qui lui apparaît à lui[note 1],[3].
Comme elle n'a jamais eu de relations sexuelles avec Joseph, ce dernier pense qu'elle a commis un adultère, aussi songe-t-il à divorcer pour ne pas lui porter préjudice, car selon la loi juive elle risque la lapidation[4]. Mais un ange lui explique qu'elle est enceinte en vertu du Saint Esprit et l'en dissuade[5].
Dans la suite du récit, Marie rend visite à sa cousine Élisabeth (c'est la Visitation) et exprime sa joie dans le Magnificat (Lc
1,39-55). Elle donne naissance à Jésus à Bethléem (Mt
2,1-6; Lc
2,4-7) où son fils reçoit la visite des bergers et des mages (Mt
2,7-12 ; Lc
2,15-21).
La généalogie de Jésus en Matthieu 1, 1-17[6] mentionne que Joseph est issu de la maison royale de David mais celle de Luc 3, 23-38[7] fait l'objet d'une interprétation controversée, inscrivant aussi bien Joseph que Marie dans la lignée des rois d'Israël[8].
Les textes évangéliques évoquent ensuite la Présentation au Temple pour accomplir le rite de rachat du premier-né. Syméon prophétise qu'elle connaîtra la douleur (Lc
2,21-35). Plus tard se produit l’épisode de la disparition de Jésus à l’âge de douze ans (Lc
2,41-51), lors de la montée annuelle au Temple de Jérusalem : alors que ses parents repartaient pour Nazareth, l'enfant était resté dans le Temple pour discuter avec les « docteurs de la Loi », c'est-à-dire les érudits de la Torah.
Dans l'Évangile selon Jean, écrit vers l'année 95, lors des noces de Cana, Jésus s'adresse à sa mère et lui dit « Que me veux-tu, femme ? » (Jn 2,3) et, cloué sur la croix, il lui dit « Femme, voici ton fils » (Jn 19,26)[9].
Marie apparaît quand Jésus assiste aux noces de Cana (Jn
2,1-11), puis une fois où elle était à sa recherche alors qu’il enseignait (Mc
3,31-35) et enfin au moment de la crucifixion. Son fils la confie avant de mourir à son disciple préféré : « Jésus, voyant sa mère, et auprès d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils. Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et, dès ce moment, le disciple la prit chez lui. »[B 1].
Elle se trouve parmi les disciples lors de la Pentecôte (Ac
1,14).
Dans les écrits apocryphes |
Les apocryphes dans les traditions populaires |
Marie est l'objet de diverses traditions que l'on trouve dans des textes déclarés apocryphes à partir du VIe siècle. C'est de là que viennent la plupart des traditions qui la concernent, le Nouveau Testament n'évoquant Marie que très rarement. Les apocryphes mentionnent notamment le nom de ses parents, Anne et Joachim, sa nativité, son adolescence, sa vie à Éphèse, sa Dormition et son Assomption. Bien que ces textes ne fassent pas partie du canon biblique, certaines fêtes liturgiques des calendriers catholique et orthodoxe se rapportent directement à ces traditions. Les églises sont pleines d'œuvrres représentant des épisodes de la vie de Marie tirés des apocryphes, notamment du Protévangile de Jacques, de La Nativité de Marie et de La Dormition de Marie.
Si les écrits apocryphes ont été rédigés plus tardivement que ceux retenus pour former le Nouveau Testament, il semble que ce ne soit pas le cas de la totalité des éléments qui se rapportent à Marie dans les apocryphes. Selon Enrico Norelli, « certains apocryphes contiennent des traditions plus anciennes que la composition des récits de naissance de Jésus chez Matthieu et Luc »[10]. Norelli estime que, si l'étude de ces traditions anciennes ne fournit aucune indication d'ordre historique, ni sur la naissance de Jésus, ni sur la vie de Marie, elle renseigne sur la place de Marie dans le christianisme ancien et permet de comprendre pourquoi les traditions sur Marie n'ont pas été intégrées dans les écrits canoniques, alors même que Marie continuait d'occuper une place importante dans les prédications et la tradition chrétiennes.
Différents récits apocryphes |
L'âge de Marie fait l'objet de mention dans les écrits apocryphes : « Or elle avait seize ans quand ces mystères s'accomplirent pour elle »[11] et « Dans la quatorzième année de sa vie, je vins par ma propre volonté, je demeurai en elle, moi Jésus, votre vie »[12].
On a prêté à la Marie du Ier siècle des pratiques qui correspondaient en réalité aux traditions monastiques en vigueur au Moyen Âge, dans une réécriture latine du Protévangile de Jacques (évangile apocryphe du IIe siècle), réécriture qui date du VIIe siècle (selon E. Norelli), connue sous le nom de l’Évangile du Pseudo-Matthieu. Dans ce texte tardif, Marie confiée aux prêtres dès son enfance, comme le veut le Protévangile de Jacques, n'est plus seule dans le Temple, « elle préside une véritable communauté monastique de jeunes filles, idée absurde pour le judaïsme, mais qui convenait parfaitement à l'esprit de l'époque mérovingienne »[13]. Elle y prononce également un vœu de virginité perpétuelle, autre règle étrangère à l'esprit du judaïsme.
Marie aurait connu une grossesse de deux mois selon un apocryphe chrétien du début du IIe siècle, l'Ascension d'Isaïe ; cependant, s'il y a eu gestation, il n'y aurait pas eu accouchement : Joseph et Marie étant seuls à la maison, « Marie regarda soudain de ses yeux et vit un petit enfant, et elle fut effrayée. Et après qu'elle fut effrayée, son sein se trouva comme auparavant, avant qu'elle eût conçu. Et lorsque son mari Joseph lui dit : « Qu'est-ce qui t'a effrayée ? », ses yeux s'ouvrirent et il vit l'enfant, il glorifia le Seigneur » (cité dans Marie des Apocryphes d'E. Norelli[14]).
Marie aurait accouché de Jésus au terme de sa grossesse selon le Protévangile de Jacques (milieu du IIe siècle), mais sans que l'accouchement ait affecté sa virginité : Jésus naît dans une grotte alors que Joseph était allé chercher une sage-femme ; une amie de la sage-femme, Salomé, arrivée peu de temps après l'événement, refuse de croire qu'une vierge ait pu mettre au monde un enfant. Elle veut s'en assurer par elle-même ; ayant « touché » Marie, elle est punie de son incrédulité ; elle dit : « ma main brûlée d'un feu dévorant tombe et se sépare de mon bras ». Comme elle se repent néanmoins, un ange lui apparaît et lui recommande de porter Jésus dans ses bras. Aussitôt, un miracle a lieu : Salomé est guérie de sa paralysie[15].
Marie aurait eu une grossesse de sept mois, selon une homélie attribuée à Cyrille de Jérusalem, composée peut-être à la fin du IVe siècle, mais dans ce texte que cite E. Norelli, Marie n'est plus une femme, elle est l'archange Michel. « Marie n'est que l'apparence humaine prise par l'ange Michel — représenté dans la tradition juive comme l'ange protecteur d'Israël — afin de faire « entrer » dans le monde humain ce personnage céleste qu'est le Christ »[16].
Marie aurait eu une grossesse au terme de laquelle elle aurait accouché, mais elle ne serait pas devenue enceinte par l'action du Saint-Esprit, selon l'Épître des apôtres (apocryphe du milieu du IIe siècle). L'ange Gabriel qui, dans les évangiles canoniques, annonce à Marie son nouveau statut de mère du Fils de Dieu, n'était autre en réalité que Jésus lui-même, qui entra alors dans Marie. Jésus dit à ses disciples : « Sous l'apparence de l'ange Gabriel, j'apparus à la vierge Marie, et lui ai parlé. [...] J'entrai en elle et suis devenu chair » (texte cité par E. Norelli dans Marie des apocryphes[17]). L'accouchement aurait eu lieu ensuite normalement.
La mort ou la destinée finale de Marie |
Dans le Nouveau Testament |
Le Nouveau Testament ne dit rien du sort final de Marie.
Dans des textes chrétiens postérieurs |
Le lieu de la mort de Marie |
Une tradition syrienne jacobite, dont les plus anciens témoins littéraires datent du IXe siècle, raconte que Marie est emmenée près d'Éphèse par Jean l'Évangéliste après la crucifixion de Jésus, pour fuir la persécution à Jérusalem. Marie est supposée avoir terminé sa vie (sa vie terrestre) en ce lieu, d'où la présence de la Maison de la Vierge Marie. D'après Simon Claude Mimouni, cette tradition vise probablement à légitimer le siège épiscopal d'Éphèse[18]. Elle est ensuite ramenée miraculeusement à Jérusalem pour être enterrée dans le jardin de Gethsemani, ce qui a fait naître la tradition du sépulcre de Marie : l'église bâtie à cet emplacement sous l'empereur Constantin passe également pour être la maison de la Vierge, ce qui explique que cette tradition, concurrente à celle de la Maison de la Vierge Marie à Éphèse et de l'abbaye de la Dormition de Jérusalem, y fixe aussi la tombe de ses parents Anne et Joachim[19]. Toutefois, on ne sait pas où se trouvait ce jardin de Gethsemani. Plusieurs textes chrétiens déclarés apocryphes par la suite indiquent que ce jardin se trouvait près du lieu où Jésus a été crucifié. Or il y a une distance importante entre le Golgotha et le lieu appelé Gethsemani depuis le IVe siècle qui se trouve de l'autre côté de la vallée du Cedron.
Le destin du corps et de l'âme de Marie |
De très nombreux textes, parmi lesquels des écrits apocryphes, affirment que le corps de Marie « n'est pas resté dans le tombeau, et qu'il se trouve « au ciel ». Mais les textes divergent quant à savoir s'il a été réuni à l'âme, et si oui, où et quand cela s'est produit »[20].
Marie dans les Églises chrétiennes |
Selon le catholicisme et l'orthodoxie |
Les Églises catholique et orthodoxe accordent une place essentielle à Marie, qu'elles appellent Marie de Nazareth[21],[22], Sainte Vierge, Vierge Marie, Notre-Dame (plus souvent chez les catholiques) ou Mère de Dieu (chez les orthodoxes comme chez les catholiques), et qui est l'objet d'une hyperdulie particulière : le culte marial, qui peut aller jusqu'à la mariolâtrie.
Dans les religions catholiques et orthodoxes, Marie est l'objet d'une vénération qui est différente de l'adoration due à Dieu seul[23]. Cette pratique, qu'on ne trouve pas dans la Bible, provient de certaines traditions culturelles et des livres apocryphes. On y trouve notamment le nom de ses parents, Anne et Joachim, le récit de sa nativité, de son adolescence, ceux de sa vie à Éphèse, de sa Dormition et de son Assomption. Bien qu'elles soient issues de textes qui ne font pas partie du canon biblique, ces traditions ont été adoptées chez les catholiques comme chez les orthodoxes. Ainsi une tradition catholique place la naissance de Marie dans l'église Sainte-Anne de Jérusalem alors que les orthodoxes la situent dans le monastère Sainte-Anne de Jérusalem. Des traditions présentent dans le Livre de la Nativité de Marie plus connu désormais sous le nom Protévangile de Jacques, un écrit de la moitié du IIe siècle, qui donne aussi les noms du père et de la mère de Marie.
Les Églises catholique et orthodoxe accordent une place spéciale à la Vierge Marie, qui est l'objet d'un culte particulier, le culte d'hyperdulie qui est le culte rendu à la Vierge Marie, supérieur au simple culte rendu aux saints et aux anges (dulie). Ce terme est à distinguer de celui d'adoration (ou latrie) qui ne convient que pour Dieu.
La spiritualité mariale (l'adjectif n'est utilisé que par les catholiques) a été développée postérieurement à l'époque de la rédaction des Évangiles.
La naissance de Marie |
L'immaculée conception de Marie est un point de foi dont la dévotion est apparue surtout aux Xe et XIe siècles, et qui a ensuite été mis en avant par les franciscains.
Son dogme a été finalement précisé par l'Église catholique le 8 décembre 1854 par Pie IX dans sa bulle Ineffabilis Deus. Ce dogme signifie que Marie, mère de Jésus-Christ, fut conçue exempte du péché originel, autrement dit que ses parents, Joachim et Anne, l'auraient conçue sans transmission du péché originel, en vertu d'une grâce exceptionnelle provenant déjà du Sacrifice de son Fils. Ainsi, Marie est rachetée comme tous les hommes, mais la différence est qu'elle le fut par anticipation.
Ce dogme n'est pas accepté par l'Église orthodoxe, pour qui Marie est « fille de la race d'Adam » et a été enfantée dans le péché originel comme tout homme et femme. Seulement, par sa pureté intérieure et son fiat à l'ange Gabriel, elle a eu le privilège de permettre au Verbe de Dieu de s'incarner en elle. Pour les orthodoxes, si Marie est effectivement « immaculée », elle l'est par son adhésion à la volonté de Dieu, par sa pureté intérieure et par le fait qu'elle ne se soit jamais située en dehors de la volonté de Dieu, qu'elle n'ait jamais péché.
« Mère de Dieu » |
Le concile œcuménique d'Éphèse (431) et les suivants, notamment le concile œcuménique de Chalcédoine proclament Marie comme étant la Théotokos, celle qui, en la personne de Jésus, et en vertu du dogme de l'union hypostatique des deux natures divine et humaine en lui, a mis le Verbe de Dieu au monde, la « Mère de Dieu ».
La Dormition et l'Assomption |
Marie est, chez les catholiques comme chez les orthodoxes, le modèle de l'humanité à suivre et, à travers Jésus qui avant sa mort l'a confiée à son disciple, la mère de tous : alors que le péché originel a pour conséquence la mort et la tendance au péché, Marie resta toute sa vie pour les orthodoxes, comme chez les catholiques, sans jamais pécher, de sa naissance à son endormissement dans la mort. Les orthodoxes parlent de Dormition et non de mort, pour la Mère de Dieu tandis que les catholiques évoquent son Assomption.
L'Assomption est un dogme catholique selon lequel, au terme de sa vie terrestre, Marie a été « enlevée corps et âme » au ciel. Le 1er novembre 1950, ce point de foi, en réalité fort ancien dans la mémoire de l'Église, est finalement défini sous forme de dogme par la constitution apostolique Munificentissimus Deus du pape Pie XII, sous le sceau de l'infaillibilité pontificale. Les catholiques fêtent l'Assomption le 15 août.
Les orthodoxes emploient le terme de Dormition depuis le Ve siècle. Ce terme reflète la croyance selon laquelle la Vierge est morte sans souffrir, dans un état de paix spirituelle. Ils critiquent le nom d'Assomption, qui entretient l'ambiguïté en laissant croire, selon eux, que la Vierge a été enlevée au Ciel de son vivant. D'une manière générale, pour les orthodoxes, la vénération à Marie s'inscrit dans un mystère, tout comme l'Incarnation, auquel il se trouve lié.
La fête de la Dormition du 15 août célèbre, comme chez les catholiques, la mort, l’ensevelissement de la Mère de Dieu puis sa résurrection immédiate et son ascension, ce qui aboutit, de fait, à une conclusion théologique très proche de celle des catholiques.
Fêtes |
Marie est priée par les catholiques et les orthodoxes, qui invoquent son intercession et qui la célèbrent en particulier le :
1er janvier (Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu — seulement les catholiques)
25 mars (Annonciation du Seigneur)
31 mai (Fête de la Visitation de la Vierge Marie)- lundi après la Pentecôte (Fête de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de l’Église)
15 août (Dormition et Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie)
22 août (Mémoire de la Vierge Marie, Reine — chez les catholiques)
8 septembre (Fête de la Nativité de la Vierge Marie)
8 décembre (Solennité de l’Immaculée Conception de Marie — seulement les catholiques).
Selon le protestantisme |
Luther et Calvin |
Luther insiste sur l'humilité de Marie et son accueil de la grâce[24]. Calvin affirme qu'elle a besoin du pardon, et refuse, à la différence de Luther, de célébrer les fêtes mariales. Il n'accepte pas l'appellation « Mère de Dieu ».
C'est à partir du dogme de l'Immaculée Conception en 1854 puis de celui de l'Assomption en 1950 que se creuse à nouveau l'écart avec le catholicisme. Ces dogmes établis tardivement ne peuvent en effet constituer une réalité historique ou spirituelle selon les membres des Églises protestantes, qui dénoncent les excès du culte marial.
Ils récusent aussi le titre de « Reine du Ciel ».
Pour la plupart des protestants, Marie était vierge avant la naissance de Jésus, mais a eu d'autres enfants, les frères et sœurs de Jésus cités dans les Évangiles[B 2].
Méthodisme |
Les méthodistes n'ont pas d'écrits officiels ou d'enseignements sur Marie, sauf ce qui est mentionné dans l'Écriture et les enseignements œcuméniques. Ils considèrent essentiellement que le Christ a été conçu dans son sein par l'Esprit-Saint et qu'elle a donné naissance au Christ en étant vierge. John Wesley, le principal fondateur du mouvement méthodiste au sein de l'Église d'Angleterre, estime que Marie « est restée une vierge pure et sans tache »[25]. L’Église méthodiste considère que Marie était vierge avant, pendant et immédiatement après la naissance du Christ[26].
De ceci, les Églises méthodistes unies rejettent les notions de Marie corédemptrice ou médiatrice. Ils rejettent également la vénération des saints, de Marie et des reliques : ils estiment que le respect et la louange sont réservés à Dieu seul. Cependant, ils approuvent l'étude de la vie de Marie et des biographies de saints, car celles-ci sont considérées comme des exemples pour les bons chrétiens[27].
La question de la virginité de Marie |
La conception virginale de Jésus |
Se fondant notamment sur l'ouvrage de Raymond Edward Brown, The Birth of Messiah (1999), Enrico Norelli dit que les « énoncés sur la conception de Jésus par une vierge chez Matthieu et Luc » n'ont « qu'une fonction christologique, et non mariologique » : ils servent à étayer l'idée d'une identité divine de Jésus, qui ne serait pas né comme tout autre être humain, bien plus qu'ils ne procèdent d'une idéalisation de la figure de Marie. Ainsi, au moment où ont été rédigés les évangiles, l'intérêt porté à Marie était « orienté par la personne de Jésus »[28].
Hypothèse de la conception « adultérine » de Jésus |
Selon Enrico Norelli, « au plus tard au IIe siècle, mais vraisemblablement déjà au premier (d'après certains savants, déjà du vivant de Jésus) circulait l'accusation d'une conception adultérine de Jésus »[29]. Selon le même auteur, les détails biographiques concernant l'enfance de Marie, confiée aux prêtres dès l'âge de trois ans et vouée à une virginité perpétuelle, détails produits dans le Protévangile de Jacques et qui insistent sur la pureté de Marie, étaient destinés initialement à « réfuter des accusations d'illégitimité de Jésus avancées par des juifs non chrétiens » des Ier et IIe siècles[30].
La virginité perpétuelle de Marie |
La Conception virginale (le fait que Jésus-Christ ait été conçu et soit né alors que Marie était vierge) est acceptée par tous les chrétiens puisqu'elle est rapportée par les récits de l'enfance au début des évangiles selon Luc et selon Matthieu.
Il n'en va pas de même de la virginité perpétuelle de Marie, qui est acceptée par les théologies catholique et orthodoxe mais refusée par la majorité des théologies protestantes. Cette croyance est ancienne, comme l’atteste le Protévangile de Jacques, un texte non canonique du IIe siècle où il est indiqué que Marie, fille d'Anne et de Joachim, aurait été « consacrée au Seigneur » (c'est-à-dire resterait vierge) par un vœu de sa mère, puis aurait été confiée à Joseph avant la conception de Jésus[note 2].
Les protestants qui refusent cette croyance en la virginité perpétuelle de Marie se fondent sur les passages du Nouveau Testament mentionnant des frères et des sœurs de Jésus ainsi que Mt
1,25 qui indique que Joseph a attendu la naissance de Jésus pour avoir des relations intimes avec Marie.
Les frères et sœurs de Jésus |
Il s'agirait, selon la tradition orthodoxe, suivant en cela le Protévangile de Jacques, de demi-frères, fils d'un premier mariage de Joseph, qui, étant veuf, aurait épousé Marie en tant que vierge consacrée au Seigneur. Selon une explication avancée par les traditions catholique et orthodoxe, il peut également s'agir de cousins, le mot « frères » étant pris dans ce cas au sens large, selon l'argument que « les langues sémitiques ne possèdent pas de terme pour rendre le mot « cousin » et le mot frère et cousin est le même dans les langues slaves (brat[note 3]) ; dans les sociétés anciennes, où tous vivaient ensemble, les cousins étaient assimilés à des frères. »[note 1] ; les rédacteurs du Nouveau Testament se seraient conformés à la manière de parler orientale. Deux d'entre eux sont, en effet, signalés comme fils d'une « Marie, mère de Jacques le mineur et de Joses » en Mt
27,56 et Mc
15,40, identifiée à Marie, femme de Clopas d'après Jn
19,25, le troisième Jude se dit frère de Jacques et non de Jésus (Ju 1), et le quatrième Simon est clairement désigné comme un cousin germain, fils de Clopas le frère de Joseph, dans l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée.
Les protestants s'appuient quant à eux sur le verset de Mt
1,25 indiquant que Joseph n'a pas eu de rapport sexuel jusqu'à la naissance de Jésus, ce qui pour eux signifie qu'il en aurait eu après. Ils font aussi remarquer que le mot « cousin » (anepsios en grec) est spécifiquement employé en Col
4,10 et que la confusion entre ἀδελφός (fils d'une même mère, frère) et ἀνεψιός (cousin) est donc une théorie avancée a posteriori pour apporter une cohérence au dogme catholique.
Augustin d'Hippone cite les Écritures à propos de la virginité perpétuelle de Marie : « Il me ramena vers la porte extérieure du sanctuaire, du côté de l'orient. Mais elle était fermée. 2 Et Yahvé me dit : Cette porte sera fermée, elle ne s'ouvrira point, et personne n'y passera ; car Yahvé, le Dieu d'Israël est entré par là. Elle restera fermée. » (Ézéchiel
44,1-2).
Thomas d'Aquin analyse ce sujet dans sa Somme théologique, IIIa pars, Q. 28, art. 2 à 4 : art. 2 : virginité pendant l'enfantement, art. 3 : virginité après l'enfantement, art. 4 : la question du vœu de virginité (qui est une question différente et indépendante de la précédente). Il conclut à la virginité perpétuelle et au vœu de virginité.
Marie en dehors du christianisme |
Marie dans le judaïsme |
Dans le Discours véritable de Celse, uniquement connu par les nombreux extraits cités par Origène dans son livre « Contre Celse », le philosophe grec rapporte les propos d'« un juif », dont Celse dit que « ce juif » lui a tout appris. Ce « juif » lui aurait dit que Jésus était un enfant adultérin de Marie, pauvre fileuse, fruit d'une liaison avec un soldat romain du nom de Pantera. Celse faisant prononcer cette affirmation par un rabbin, l’on a avancé qu'elle aurait été reprise de textes rabbiniques qui n'ont longtemps été connus pour l'essentiel que par les réponses polémiques des Pères de l'Église.
Ces affirmations furent vigoureusement rejetées par Origène, tout au moins dans leur aspect polémique. Son Contre Celse témoigne toutefois que dès la seconde moitié du IIe siècle, les juifs colportaient des rumeurs polémiques au sujet de la naissance illégitime de Jésus, dont le père aurait été un soldat romain du nom de Pandera[31]. « Au IVe siècle, Épiphane affirme dans le Panarion 78, 7, que Pantera était le surnom de Jacob, père de Joseph, l'époux de Marie. Dans la Didascalie syriaque, un écrit liturgico-canonique du début du IIIe siècle, la mère de Jésus est fille de Joachim, fils de Pantera, frère de Melchi, de la famille de Nathan et fils de David[31]. » Pour Simon Claude Mimouni, « cette explication paraît assez vraisemblable, d'autant que la Didascalie syriaque rapporte nombre de traditions chrétiennes d'origine juive[31]. »
Ces passages censurés du Talmud sont tout de même connus, car des anciennes versions datant du XIVe siècle ont été retrouvées et parce que la même censure n'a pas eu lieu dans les pays sous contrôle musulman. D'autres textes juifs appelés Toledoth Yeshu, sorte d'évangiles populaires juifs, rapportent des informations équivalentes. Plus précisément, pour les scribes du Talmud, Marie et Marie de Magdala sont une seule et même personne et c'est toujours ainsi (Miriam Megaddela) qu'ils nomment la mère de Jésus. L'historien Thierry Murcia considère « que cette tradition, loin d’être tardive et marginale, plonge ses racines dans le terreau même d’où l’Église a germé »[32]. Cette tradition juive se retrouve dans les Toledoth Yeshu. Dans ces documents, Marie est certes soupçonnée d'adultère (dans les Toledoth elle n'est même, en réalité, que la victime d'un odieux stratagème) mais n'est jamais considérée comme une prostituée.
Marie dans l'islam |
Maryam, Mariam ou Meryem (en arabe : مريم), est le nom de la mère de Îssâ (nom de Jésus dans le Coran). Elle est la fille d'Imran (Joachim), et est aussi appelée « sœur d'Aaron »[C 1].
La sourate 19 se nomme « Marie » ( مريم)[33],[C 2].
Guillaume Dye souligne le fait que Marie, mentionnée 33 fois dans le Coran, l'est plus dans ce livre sacré que dans le Nouveau Testament[34]. Selon Claude Gilliot, « la place que Marie occupe dans les apocryphes chrétiens, c'est le terreau du Coran »[35] ; le Protévangile de Jacques par exemple (apocryphe du IIe siècle), fait de Marie un personnage central, et aurait inspiré en particulier le récit de l'Annonciation dans le Coran (sourate 19, versets, 17-21).
La mère de Jésus est considérée comme vierge dans le Coran, tournée vers Dieu dès sa naissance, jamais fiancée ou mariée (mais seulement protégée et guidée par Zakarie « Zakaria » (en arabe : زكريا). Le Coran reprend une tradition proche de celle retenue par la « Grande église » sur la conception miraculeuse de Jésus (ou Îsâ) par l'action du souffle de Dieu (Rûh)[C 3]. Le prophète Mahomet la décrit comme étant l'une des rares femmes ayant atteint le degré de « perfection », à travers sa dévotion intense à Dieu et sa patience lors de l’épreuve de l'enfantement miraculeux, que sa communauté accueillera par la suspicion et l'accusation. Le Coran la présente à l'opposé des femmes maudites de Loth et de Noé, comme l'une des deux femmes bien accueillies au paradis, elle et Assiya (l'épouse du pharaon rencontré par Moïse), dans la sourate « Les femmes »[C 4] et dans la sourate dite de « la table servie »[C 5]. Le prophète Mahomet affirme dans un récit que Maryam est la meilleure femme que le monde ait connu[36].
Selon Michael Marx, le respect à l'égard de Marie renforce l'image positive de Jésus dans le Coran[35].
Le culte marial, sujet de controverse |
Le protestantisme notamment s'est opposé au culte marial.
Les Églises catholique et orthodoxe |
Au cours des siècles, de nombreux miracles et « apparitions » ont été attribués à Marie, en particulier dans l'Église catholique, qui n'en a toutefois reconnu que 18 à ce jour. Plusieurs sites d'apparitions mariales sont devenus des lieux de pèlerinages importants (Guadalupe, Lourdes, Fatima). Certains ont revendiqué des guérisons après avoir prié Marie (comme Thérèse de Lisieux lors de sa maladie en 1883). L’Église catholique indique que « par son intercession répétée [Marie] continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel »[37].
Les catholiques et orthodoxes vénèrent Marie et n'hésitent pas à la prier pour qu'elle intercède au près de son Fils afin d'obtenir un miracle[23].
« En Orient comme en Occident, à partir de la seconde moitié du Ve siècle, c'est-à-dire à l'époque où s'est probablement posée la question du sort final de Marie, le culte des reliques mariales a commencé à se développer ». Étant donné son assomption, la vénération se porte non pas sur les traditionnelles reliques corporelles, mais sur des reliques de contact (vêtements funèbres, ceinture…)[38]. De nombreuses églises et sanctuaires mariaux revendiquent la possession de ce type de reliques en se fondant sur des récits légendaires issus de traditions probablement originaires de Jérusalem[39] : vêtement de la vierge conservée dans l'église Sainte-Marie-des-Blachernes[40], fuseau de la Vierge au monastère des Hodèges et ceinture dans l'église Théotokos des Chalkopratéia, envoyées par l'impératrice Pulchérie ; chambre à coucher dans la Maison de la Vierge Marie. Avec le commerce médiéval, ces reliques se sont retrouvées dans plusieurs églises d'Occident.
Les Églises protestantes |
Les théologiens protestants soulignent le fait que le culte marial, et certains aspects de la théologie mariale qui le justifient, ne sont étayés par aucun texte biblique. Le pasteur de l'Église réformée Alain Houziaux rend compte de cette divergence dans ces termes : « Il est bien évident que le développement de la théologie mariale n'a pas son fondement dans l'Écriture sainte. Quel problème cela peut-il poser ? Aucun pour l'Église catholique. Pour celle-ci, la source de la vérité promulguée et révélée ne réside pas seulement dans l'Écriture mais aussi dans la Tradition et le Magistère »[41].
De plus, le protestantisme ne reconnaît pas Marie comme médiatrice, intermédiaire entre le Christ et les hommes ; le culte marial perd ainsi sa justification. Selon Alain Houziaux, dans le catholicisme, « c'est Marie qui a pris la place qui était primitivement dévolue au Christ. Au fond, c'est elle qui est devenue médiatrice, rédemptrice, avocate auprès du Juge suprême. [...] Certes, la théologie [catholique] officielle ne substitue jamais Marie au Christ qui reste unique Médiateur conformément à ce que dit 1 Timothée 2,5. [...] Mais la piété populaire, peut-être parce qu'elle n'a jamais compris et admis la théologie du sacrifice vicaire et rédempteur du Christ, voit en la Vierge Marie l'image du pardon, du salut et de la miséricorde et substitue souvent cette image à celle du Christ trop complexe et incompréhensible puisqu'il est à la fois crucifié et Juge, victime et Tout puissant, homme et Dieu »[41].
Certains chrétiens évangéliques, considèrent Marie comme une simple servante du Seigneur qui ne peut donc pas posséder de pouvoir, guérir les gens ou révéler des choses nouvelles. Toujours selon ces théologiens évangéliques, les miracles attribués à Marie ne permettent pas de rapprocher quelqu'un du Dieu de la bible et ne peuvent donc être considérés comme étant d'origine divine[42].
Critique et analyse du culte marial |
Jean Calvin, dans son Traité des reliques (1543), « énumère les nombreuses reliques dont les églises d’Europe se font les sanctuaires et dont l’amoncellement suffit à les dévaloriser, quand ce n’est pas le ridicule de certaines pièces. Calvin écrit par exemple à propos des Reliques de la Grotte du Lait et donc du lait de Marie vénéré dans les églises, que « tant y a que si la sainte vierge eût été une vache et qu’elle eût été nourrice toute sa vie, à grand peine en eût-elle pu rendre telle quantité »[43],[44]. En effet, d'innombrables couvents et villes exposent, dit Calvin, des fioles contenant du lait de Marie.
Selon Alain Houziaux, pasteur de l'Église réformée, « il y a un conflit profond et fondamental entre la piété populaire (que la dogmatique mariale catholique tente d'assumer) et l'enseignement qu'ont voulu dispenser saint Paul, saint Augustin, Luther et même le Concile de Trente ». Comment expliquer ce culte que nombre de croyants vouent à Marie ? « L'idée d'une mère restée vierge constitue un fantasme qui remue profondément notre inconscient et notre imagination. Freud insiste sur l'effroi que suscite chez l'enfant l'idée et l'image qu'il est né d'un coït de ses parents », analyse A. Houziaux. De plus, « le fait que le christianisme se soit construit, à la différence du judaïsme, autour de trois figures masculines (le Père, le Fils et l'Esprit) n'a sans doute pas été étranger au développement du culte de la Vierge Marie et au fait qu'elle ait pu, très tôt être considérée comme une figure céleste. La carence de la Trinité chrétienne en images féminines peut donc expliquer le développement de la mariologie »[45].
Le refus du culte marial a partie liée dans le protestantisme avec une réhabilitation de la sexualité et avec une conception de la femme différente de celle promue par le catholicisme : en revalorisant « le corps et l'amour charnel, Luther rompait définitivement avec l'idéalisation de la femme dans le culte marial et avec sa diabolisation en tant que pécheresse et séductrice »[46]. « Marie immaculée heurte non seulement la foi des protestants mais elle entre aussi en complète confrontation avec leur idéal féminin. Dès la Réforme, ceux-ci privilégient le mariage au célibat, le travail à la contemplation, et font de la femme, bonne ménagère éduquée, une aide et une alliée de l’homme. La sexualité s’en trouve peu à peu complètement réhabilitée, ouvrant la voie à une évolution plus générale des rapports hommes-femmes. « Ni Ève ni Marie » devient ainsi l’un des slogans de la pensée féministe chrétienne. La formule, utilisée comme titre d’un ouvrage paru à la fin des années 1990, exprime le refus de porter « le poids de la faute et de la condamnation » d’Eve, archétype de la femme, ou encore d’être jugée à l’aune du « modèle de soumission » qu’a pu être Marie »[47].
Notes et références |
Notes |
« Au sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth auprès d'une vierge fiancée à un homme de la maison de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie. L'ange entra chez elle, et dit : « Je te salue, toi à qui une grâce a été faite ; le Seigneur est avec toi. » Troublée par cette parole, Marie se demandait ce que pouvait signifier une telle salutation. L'ange lui dit : Ne crains point, Marie ; car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus… Marie dit à l'ange: Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ? L'ange lui répondit : Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C'est pourquoi « Le Saint Enfant » qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. »
— Lc
1,21-35
« Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint-Esprit, avant qu’ils eussent habité ensemble.
Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle.
Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit : Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit ;
elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.
Tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète :
« Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel,
ce qui signifie Dieu avec nous ». »
— Mt
1,18-23
Le prophète dont il est question est Isaïe :
« C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. »
— Es
.
7,14
:« Anne répondit : « Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de mon enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon Dieu et il le servira tous les jours de sa vie. » »(Protév. Jc 4,1). « Alors le prêtre : « Joseph, Joseph, dit-il, tu es l'élu : c'est toi qui prendras en garde la vierge du Seigneur. ». Mais Joseph protesta : « J'ai des fils, je suis un vieillard et elle est une toute jeune fille. Ne vais-je pas devenir la risée des fils d'Israël ? » » (Protév. Jc 9,1-2).
Les langues slaves précisent aussi en parlant de frère du premier degré, frère en français moderne, ou frère germain en français vieilli, différent du frère du deuxième degré (équivalent pour les Français à cousin germain)
Références bibliques |
Jn
19,25-26
Mc
6,3
Références coraniques |
Le Coran, « Marie », XIX, 29, (ar) مريم
Le Coran, « Marie », XIX, (ar) مريم
« Le Messie, Jésus, fils de Marie, est l'Apôtre de Dieu et son verbe qu'il jeta dans Marie : il est un esprit venant de Dieu. » Le Coran, « Les Femmes », IV, 169, (ar) النساء
« Les femmes » verset 171
« la table servie » versets 116 et 117.
Autres références |
(en) Geoffrey W. Bromiley, The International Standard Bible Encyclopedia, Volume 4, Wm. B. Eerdmans Publishing, 1995, p. 267.
Enrico Norelli, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Jésus dans le christianisme antique, Labor et Fides, 2009, p. 15
Mordillat et Prieur 2004, p. 54 - 56.
Agnès Walch, Histoire de l'adultère, Librairie Académique Perrin, 2009, p. 54.
Matthieu
1,18–19.
Matthieu
1,1–17.
Luc
2,23–38.
(en) Geoffrey W. Bromiley, The International Standard Bible Encyclopedia, Volume 4, Wm. B. Eerdmans Publishing, 1995, p. 269.
Gerard Mordillat et Jerome Prieur, Jésus après Jésus. L'origine du christianisme, Paris, Points, 2004, 400 p. (ISBN 9782020798921), p. 49, 50
Enrico Norelli, Marie des apocryphes : Enquête sur la mère de Jésus dans le christianisme antique, Genève, Labor et Fides, 26 février 2009, 177 p. (ISBN 978-2-8309-1340-8), p. 9
François Bovon et Pierre Geoltrain, Écrits apocryphes chrétiens, t. 1, Paris, Gallimard, 1997, 1856 p. (ISBN 9782070113873), p. 93 : Protévangile de Jacques
Pierre Geoltrain et Jean-Daniel Kaestli, Écrits apocryphes chrétiens, t. 2, Paris, Gallimard, 2005, 2208 p. (ISBN 9782070113880), p. 37 : Histoire de Joseph le charpentier
Enrico Norelli, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique, Labor et Fides, 2009, p. 97.
Enrico Norelli, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique, Labor et Fides, 2009, p.38-39
Protévangile de Jacques le Mineur, chapitre XX. Ce texte est accessible en ligne gratuitement.
Enrico Norelli, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique, Labor et Fides, 2009, p. 68.
Enrico Norelli, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique, Labor et Fides, 2009, p. 85.
Simon Claude Mimouni, Dormition et assomption de Marie. Histoire des traditions anciennes, Éditions Beauchesne, 1995, p. 588-590
Pierre Maraval, Lieux saints et pèlerinages d'Orient : histoire et géographie des origines à la conquête arabe, Cerf, 1985, p. 264.
Enrico Norelli, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique, Labor et Fides, 2009, p. 105. Ces textes ont été étudiés aussi, notamment, par M. Van Esbroeck dans "Les textes littéraires sur l'Assomption avant le Xe siècle", in Les Actes apocryphes des apôtres. Christianisme et monde païen, Labor et Fides, 1981, p.265-285, et par Stephen Shoemaker dans Ancient Traditions of the Virgin Mary's Dormition and Assumption, Oxford UP, 2002.
Jean Longère, La Vierge Marie dans l'enseignement de la théologie et la catéchèse mariale adulte : communications présentées à la 58e Session de la Société française d'études mariales, vol. 58, sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes, Mediaspaul Éditions, coll. « Études mariales », 2001, 266 p. (ISBN 9782712208417), p. 25.
Francesco Rossi de Gasperis, Marie de Nazareth : icône d'Israël et de l'Église, vol. 64, Parole et Silence, coll. « Cahiers de l'école cathédrale », 15 mars 2004, 139 p. (ISBN 9782845732285).
Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture, Italie, Bayard/Cerf/MAME, 2013, 845 p. (ISBN 9-782718-908533, lire en ligne), p. 971.
Annick Sibué, Luther et la Réforme protestante, Paris, Eyrolles, 10 février 2011, 183 p., p. 118-119.
(en) « Mary's perpetual virginity before, during and after Jesus' birth », sur catholicbridge.com, Catholic Bridge.com (consulté le 29 décembre 2014). anciennement Présent sur wesley.nnu.edu « Copie archivée » (version du 5 novembre 2011 sur l'Internet Archive) mais aujourd'hui cette page est inexistante.
(en) « Comparing Christian Denominations - Beliefs (Part 1) », sur christianity.about.com, About Religion (consulté le 29 décembre 2014).
(en) « What does The United Methodist Church teach about the Immaculate Conception and the Virgin Birth? », sur umc.org, United Methodist Church (consulté le 29 décembre 2014).
Enrico Norelli, Marie des Apocryphes, Labor et Fides, 2009, p. 46
Enrico Norelli, Marie des Apocryphes. Enquête sur la mère de Jésus dans le christianisme antique, Labor et Fides, 2009, p. 51. Pour cette version des faits contemporaine de Jésus, Norelli renvoie aux ouvrages de J. Schaberg, The Illegitimacy of Jesus, 2006, et de M. Smith, Jesus the Magician, 1978.
Enrico Norelli, Marie des Apocryphes, Labor et Fides, 2009, p. 52.
Simon-Claude Mimouni, Les Chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité, Paris, Albin Michel, 10 novembre 2004, 261 p. (ISBN 978-2226154415), p. 109.
Thierry Murcia, Marie appelée la Magdaléenne. Entre Traditions et Histoire. Ier - VIIIe siècle, Presses universitaires de Provence, Collection Héritage méditerranéen, Aix-en-Provence, 2017, p. 51.
(en) « Le Coran/Sourate 19 : Marie (Maryam) - Bibliowiki », sur biblio.wiki (consulté le 24 juin 2018)
Jésus et l'islam. Documentaire de Jérôme Prieur et Gérard Mordillat diffusé sur Arte en 2015 ; 3e épisode.
Jésus et l'islam. Documentaire de Jérôme Prieur et Gérard Mordillat diffusé sur Arte en 2015, 3e épisode.
« Jésus », sur islammedia.free.fr (consulté le 23 mars 2016)
Catéchisme de l'Église catholique : Édition définitive avec guide de lecture, Italie, Bayard/Cerf/MAME, 2013, 845 p. (ISBN 9-782718-908533, lire en ligne), p. 969.
Simon Claude Mimouni, Dormition et assomption de Marie : histoire des traditions anciennes, Éditions Beauchesne, 1995, p. 599
Simon Claude Mimouni, Dormition et assomption de Marie : histoire des traditions anciennes, Éditions Beauchesne, 1995, p. 615-616
Cette relique, rapportée de Palestine vers 472 par deux patrices, est déposée dans une châsse et placée dans cette église sur ordre de l'empereur Léon I. Cf. Pierre Maraval, Lieux saints et pèlerinages d'Orient : histoire et géographie des origines à la conquête arabe, Cerf, 1985, p. 98.
Alain Houziaux, "Le culte de la vierge Marie, pourquoi ?", http://protestantsdanslaville.org/documents-archive/M34.htm
« Les apparitions de Marie, comme Notre-Dame de Fatima, sont-elles de véritables messages de de Dieu ? », sur GotQuestions.org/Francais (consulté le 25 janvier 2019)
Jean Calvin, Traité des reliques, texte présenté par Irena Backus, Genève : Labor et fides ; Paris : diff. du Cerf, 2000, quatrième de couverture, http://www.laboretfides.com/?page_id=3&product_id=80001
Irena Backus, dans Jean Calvin, Traité des reliques, texte présenté par Irena Backus, Genève : Labor et fides ; Paris : diff. du Cerf, 2000, quatrième de couverture, http://www.laboretfides.com/?page_id=3&product_id=80001. Calvin consacre un chapitre aux "Reliques de la sainte Vierge Marie" : "De ses cheveux, il y en a à Rome, à Sainte-Marie sur Minerve, à Saint-Salvador en Espagne, à Macon, à Cluny, à Noërs, à Saint-Flour, à Saint-Jaquerie, et en autres plusieurs lieux. Du lait, il n'est jà métier de nombrer les lieux où il y en a, et aussi ce ne serait jamais fait; car il n'y a si petite villette ni si méchant couvent, soit de moines, soit de nonnains, où l'on n'en montre"
Alain Houziaux, "Le culte de la Vierge Marie, pourquoi ?", http://protestantsdanslaville.org/documents-archive/M34.htm
Liliane Crété, Le protestantisme et les femmes : aux origines de l'émancipation, Labor et Fides, 1999, p.41.
Sarah Scholl, "Marie dans le protestantisme, ou l’apprivoisement d’une figure féminine", La Vie Protestante, mai 2013, n°4, http://www.vpge.ch/marie-dans-le-protestantisme/
Annexes |
Bibliographie |
Ouvrages |
Schalom Ben-Chorin, Marie : un regard juif sur la mère de Jésus, préf. Michel Leplay, Desclée de Brouwer, 2001- Raymond Leopold Bruckberger, Marie, mère de Jésus-Christ, Albin Michel, 14 mars 1991, 212 p.
Elian Cuvillier, Marie. Qui donc es-tu ? Un regard protestant, Bière, Cabédita, 2015 (2e éd.).
Daniel-Ange, Touche pas à ma Mère ! Marie, vierge toujours, éd. de l'Emmanuel, 2005 (ISBN 978-2-86679-408-8)
Groupe des Dombes, Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints. Dans l’histoire et l’Écriture. Controverse et conversion, Bayard-Centurion, 1998 et 1999 (ISBN 978-2227310926). Les deux ouvrages ont été réunis en un volume.
Michel Dousse, Marie la Musulmane, Albin Michel, coll. « L'islam des lumières », avril 2005(ISBN 978-2226159038), p. 267.
André Dumas et Francine Dumas, Marie de Nazareth, Labor et Fides, 1989.
Réginald Garrigou-Lagrange, La Mère du Sauveur et notre vie intérieure, 7 octobre 2004 (1re éd. 1941, éditions de L'Abeille, Lyon) (ISBN 978-2845193710).
Jean Guitton, La Vierge Marie, Paris, Montaigne, 1961 (1re éd. 1949), 254 p..
Jean-Paul II, Le Rosaire de la Vierge Marie : Lettre apostolique du Pape Jean-Paul II à l'Episcopat, au clergé et aux fidèles sur le Rosaire, Salvator, 20 octobre 2002, 52 p. (ISBN 978-2706703348).
Marie-Joseph Le Guillou, Marie, Parole et Silence, coll. « MJ LE GUILLOU », 25 mai 2007, 184 p. (ISBN 978-2845735774).
Michel Leplay, Le Protestantisme et Marie : une belle éclaircie, Labor et Fides, 2000
Vladimir Lossky et Saulius Rumsas, Essai sur la théologie mystique de l'Église d'Orient, Cerf, coll. « Patrimoines Orthodoxie », 13 janvier 2005 (1re éd. 1944) (ISBN 978-2204071864).
Bertrand de Margerie, Le Cœur de Marie, cœur de l'Église : Essai de synthèse théologique, Téqui, 2000 (1re éd. 1967).
Cardinal Carlo Maria Martini, Marie souffre encore, coll. « Prier Marie Poc », 20 mars 1998(ISBN 978-2850497391).
Simon Claude Mimouni, Dormition et assomption de Marie : Histoire des traditions anciennes, Beauchesne, 1997- Hendro Munsterman, Marie corédemptrice ?, éditions du Cerf, 2006
Enrico Norelli, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Jésus dans le christianisme antique, Genève, Labor et Fides, 2009, p.9 (ISBN 978-2-8309-1340-8) Aperçu sur Google books
Jaroslav Pelikan, Mary Through the Centuries: Her Place in the History of Culture, Yale University Press, 1996 (ISBN 0-300-06951-0) (ISBN 9780300069518)
Karl Rahner, Marie Mère du Seigneur, Éditions de l’Orante, 1964.
Joseph Ratzinger, Hans Urs Von Balthasar, Marie, première Église, Médiaspaul, 1998
Edward Schillebeeckx, o.p., Marie, mère de la Rédemption, Cerf, 1963
Max Thurian, Marie, mère du Seigneur, figure de l'Église, Presses de Taizé, 1970
Articles |
Alain Houziaux, « Le culte de la vierge Marie, pourquoi ? », sur protestantsdanslaville.org, Protestants dans la Ville, 5 octobre 2005(consulté le 19 décembre 2014).
Élie Mélia, Cahier d'Orgemont, vol. 58, novembre-décembre 1966(lire en ligne), « Marie dans l'Église orthodoxe ». Exposé de l'archiprêtre Élie Mélia dans le cadre des rencontres du Groupe d'échanges et de travaux œcuméniques.
Thierry Murcia, « Marie de Magdala et la mère de Jésus », dans Revue des Études Tardo-antiques, Figures du premier christianisme : Jésus appelé Christ, Jacques “frère du Seigneur”, Marie dite Madeleine et quelques autres, (Textes de la session scientifique THAT, Paris-Sorbonne, 3 février 2018), Supplément 6, 2018-2019, p. 47-69
Articles connexes |
Mariologie, Mariolâtrie
- Culte marial
- Jésus de Nazareth
- Joseph (Nouveau Testament)
- Protévangile de Jacques
- Représentation artistique de la Vierge Marie
Liens externes |
.mw-parser-output .autres-projets ul{margin:0;padding:0}.mw-parser-output .autres-projets li{list-style-type:none;list-style-image:none;margin:0.2em 0;text-indent:0;padding-left:24px;min-height:20px;text-align:left}.mw-parser-output .autres-projets .titre{text-align:center;margin:0.2em 0}.mw-parser-output .autres-projets li a{font-style:italic}
Notices d'autorité :- Fichier d’autorité international virtuel
- International Standard Name Identifier
- Bibliothèque du Congrès
- Gemeinsame Normdatei
- Bibliothèque nationale de la Diète
- Bibliothèque nationale d’Espagne
- Bibliothèque nationale de Suède
- Bibliothèque nationale tchèque
- WorldCat
- Portail du christianisme
- Portail de la Bible
- Portail du catholicisme
- Portail de l’islam