Enceinte de Thiers





Ne doit pas être confondu avec Remparts de Thiers.



Les limites de Paris du IVe siècle à 2015.


  •      Enceinte gallo-romaine

  •      Enceinte carolingienne

  •      Enceinte de Philippe Auguste

  •      Enceinte de Charles V

  •      Enceinte de Louis XIII

  •      Mur des Fermiers généraux

  •      Enceinte de Thiers

  •      Aujourd'hui






Carte de Paris datant de 1911 figurant l'enceinte de Thiers et ses bastions.


L'enceinte de Thiers est une enceinte créée entre 1841 et 1844 autour de Paris, à la suite de l'approbation donnée en 1840 par le président du Conseil à la loi déposée par Adolphe Thiers[1], alors député de l'opposition.


Englobant la totalité de la capitale, soit près de 80 km2, l'enceinte de Thiers se situe alors entre les actuels boulevards des Maréchaux, appelés à l'origine « rue Militaire » et le futur emplacement du boulevard périphérique[2]. Elle est détruite entre 1919 et 1929.




Sommaire






  • 1 Caractéristiques


    • 1.1 Ouvrages complémentaires




  • 2 Historique


    • 2.1 Origine


    • 2.2 Construction


    • 2.3 Extension de Paris


    • 2.4 Déclassement


    • 2.5 Restes contemporains




  • 3 Notes et références


  • 4 Bibliographie


  • 5 Voir aussi


    • 5.1 Articles connexes


    • 5.2 Liens externes







Caractéristiques |





La porte de Versailles dans l'enceinte de Thiers, en 1913.


L'enceinte englobait une superficie totale de 78,02 km2 et s'étendait sur 33 km de long, en suivant de près les limites actuelles de la commune de Paris.


Appelée « les fortifications » et plus familièrement « les fortif’ », cette enceinte était constituée de :




  • quatre-vingt-quinze bastions,

  • dix-sept portes,

  • vingt-trois barrières,

  • huit passages de chemins de fer,

  • cinq passages de rivières ou canaux,

  • huit poternes dont celles de Montempoivre et des Peupliers.


Les ouvrages étaient desservis et approvisionnés par la rue Militaire, secondée par une ligne de chemin de fer, la ligne de Petite Ceinture.


L'enceinte est composée :



  • d'une rue militaire intérieure,

  • d'un parapet de 6 mètres de large,

  • d'un mur d'escarpe de 3,5 mètres d'épaisseur et de 10 mètres de haut,

  • d'un fossé sec de 40 mètres,

  • d'une contrescarpe en pente légère,

  • d'un glacis de 250 mètres de large.


À l'extérieur du mur d'enceinte, de son fossé et de sa contrescarpe se trouvait une bande de terre de 250 m de large : le glacis. Désignée comme zone non ædificandi (zone non constructible), elle fut occupée par des bidonvilles dès la fin du XIXe siècle, avec l'abandon de sa fonction militaire. Cette bande était désignée comme la Zone, les miséreux habitant là étant appelés les « zoniers », et péjorativement les « zonards », terme qui a subsisté et qui s'est généralisé[3],[4].



Ouvrages complémentaires |


Article détaillé : Fortifications de Paris aux XIXe et XXe siècles.

L'enceinte est complétée par seize forts détachés :




  • le fort de Charenton

  • le fort de Vincennes

  • le fort de Nogent

  • le fort de l'Est

  • le fort de la Double-Couronne

  • le fort de la Briche

  • le fort de Rosny

  • le fort de Noisy

  • le fort de Romainville

  • la forteresse du Mont-Valérien

  • le fort d'Aubervilliers

  • le fort d'Ivry

  • le fort de Bicêtre

  • le fort de Montrouge

  • le fort de Vanves

  • le fort d'Issy



et d'autres ouvrages :




  • la batterie de Pantin

  • la batterie du Rouvray

  • la batterie des Vertus

  • l'ouvrage d'Aubervilliers

  • la batterie d'Aubervilliers

  • la redoute de la Faisanderie

  • la redoute de Gravelle

  • la lunette de Nogent

  • la digue du Rû de Montfort

  • la digue du Croult

  • la rigole de la Briche

  • la redoute de Fontenay-sous-Bois

  • la lunette de Rosny

  • la redoute de la Boissière

  • la redoute de Montreuil

  • la lunette de Noisy-le-Sec

  • la redoute de Noisy-le-Sec

  • la lunette de Romainville

  • la courtine de Romainville





Historique |



Origine |





Détail de la muraille, du fossé et du talus de défense.


Louis-Philippe, proclamé roi des Français en 1830, est convaincu que la clé de la défense du territoire consiste à empêcher Paris de tomber aux mains d'armées étrangères comme lors de la bataille de Paris en 1814. Il projette donc de construire autour de la capitale une enceinte de fortifications qui rendrait la ville imprenable.


Un premier projet est présenté à la Chambre des députés au début de 1833 par le maréchal Soult, président du Conseil et ministre de la Guerre. Il suscite d'emblée une très vive résistance de la part de la gauche, dont les orateurs soupçonnent — ou feignent de soupçonner — de la part du gouvernement des arrière-pensées de politique intérieure : on affirme que les fortifications sont en réalité destinées non à défendre la France, mais à menacer les Parisiens au cas où ils viendraient à se révolter contre le pouvoir royal.



Construction |


Le budget pour la construction de l'enceinte est attribué en 1841. Les fortifications sont terminées en 1844.


Les fortifications englobent non seulement Paris (limité au mur des Fermiers généraux), mais également tout ou partie d'un anneau de communes situées autour de la capitale : Montmartre, La Villette, Belleville, Charonne, Bercy, Ivry, Montrouge, Vaugirard, Auteuil, Passy et Batignolles-Monceau.



Extension de Paris |


En 1860, Paris étend ses limites directement jusqu'à l'enceinte de Thiers et annexe les communes (ou parties de communes) qu’elle englobe.



Déclassement |


L'enceinte devient obsolète dès la fin du XIXe siècle du fait de l'augmentation de la portée de l'artillerie, en particulier celle de l'armée prussienne en 1871. Son démantèlement est envisagé dès 1882[5]. « La Zone » est peu à peu occupée par des constructions sauvages et abrite environ 30 000 personnes au début du XXe siècle.


Déclassées par la loi du 19 avril 1919, les fortifications sont progressivement détruites jusqu’en 1929.


Leur emplacement fait d’abord place à des terrains vagues (« La Zone »), qui sont progressivement réhabilités à partir des années 1930 par la construction de logements sociaux (les habitations à bon marché ou HBM), d’équipements sportifs et de parcs (par exemple le stade Jean-Bouin et la piscine Molitor), de lieux d'exposition (par exemple le parc des expositions de la porte de Versailles et le musée des Colonies), voire d'immeubles de luxe comme les immeubles Walter dans le 16e arrondissement.


Initialement, cette immense réserve foncière avait suscité des projets d'ensemble qui ne virent cependant pas le jour. Adolphe Alphand propose ainsi d'édifier une ceinture verte autour de Paris, avec des jardins, des hôtels et des casinos, idée que l'écrivain Nicolas Chaudun décrit comme « une vraie panoplie balnéaire qui eût été fantastique ». Portés par les idées hygiénistes en vogue à l'époque, d'autres architectes souhaitent édifier des habitations entourées de jardins, comme Eugène Hénard et ses immeubles à redans ou Auguste Perret et ses maisons-tours allant de 150 à 200 mètres, chacune étant reliée aux autres par un pont. Cependant, la lenteur des destructions met un terme à ces différents projets, et on retient l'idée moins ambitieuse de logements sociaux, une « ceinture rouge » de 40 000 HBM qui s'effectue par tranches et non de manière homogène et globale, aucun grand architecte n'ayant souhaité répondre à l'appel d'offres lancé[6],[7].


La forme des anciens bastions se retrouve en plusieurs endroits dans la topologie de la voirie sur cet espace.


En 1939, la plupart des terrains de l'ancienne enceinte sont encore en jachère. Après la Seconde Guerre mondiale, la démocratisation de l'automobile amène à réfléchir à la construction d'une nouvelle ceinture, cette fois-ci de transport[6].


Le boulevard périphérique de Paris est construit de 1958 à 1973 au-delà de l'emprise proprement dite de l'enceinte de Thiers, en bordure de « la Zone », et continue de matérialiser la séparation entre Paris et sa banlieue.



Restes contemporains |





La poterne des Peupliers, l'un des seuls vestiges encore visibles de l'enceinte de Thiers.




Le bastion no 1 vu depuis le pont National.




Une partie du flanc de mur des voies ferrées sortant de la gare de Lyon et la gare de Paris-Bercy, à proximité de la porte de Charenton.


Quelques vestiges de l'enceinte de Thiers restent visibles dont, entre autres :



  • la poterne des Peupliers, sous laquelle un bras de la Bièvre entrait dans Paris avant sa canalisation,

  • le bastion no 1, actuellement situé rue Robert-Etlin à côté de l'échangeur de la porte de Bercy,

  • un pan du bastion no 28, situé sur le côté de l'avenue de la Porte-de-la-Villette et servant de mur de clôture pour le Paris Event Center,

  • le bastion no 44 derrière les ateliers Berthier, rue André-Suarès et rue du Bastion,

  • le bastion no 45 dans le jardin Claire-Motte, rue Albert-Roussel[8],

  • un flanc du bastion no 28, porte de la Villette,

  • une partie de la porte d'Arcueil,

  • une partie de la porte de Montempoivre,

  • un flanc de mur des voies ferrées sortant de la gare de Lyon et la gare de Paris-Bercy,

  • une pierre du bastion no 82 dans les jardins de la fondation Deutsch de la Meurthe,

  • plusieurs postes-caserne et casernes d'octroi construits dans certains bastions postérieurement à l'enceinte.



Notes et références |




  1. « La question des fortifications de Paris. 1840 », sur www.cheminsdememoire.gouv.fr, Chemins de mémoire.


  2. « L'enceinte des Fermiers généraux et l'enceinte de Thiers », paris-atlas-historique.fr.


  3. Guy le Hallé, Les Fortifications de Paris, Horvath Éditions, 1986(ISBN 978-2717104646).


  4. Zone, Zonards, apaches : le peuple des bordures de Paris, criminocorpus.hypotheses.org.


  5. [PDF] « La Zone et les fortifs », Ville de Malakoff.


  6. a et bBruno D. Cot, « Paris. Les projets fous… auxquels vous avez échappé », cahier central publié dans L'Express, semaine du 29 mars 2013, p. XV.


  7. « Les pires projets architecturaux qu'a évité Paris », pariszigzag.fr, consulté le 28 décembre 2018.


  8. Site de la mairie du 17e arrondissement.



Bibliographie |




  • Renaud Gagneux et Denis Prouvost, Sur les traces des enceintes de Paris, Parigramme, 2004(ISBN 2840963221).


  • Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, 1963(ISBN 2707310549).


  • Guy Le Hallé, Histoire des fortifications de Paris et leur extension en Île-de-France, Horvath Éditions, 1995.

  • Guy Le Hallé, in « Paris aux cent villages », La Ballade des Fortifs, nos 34-45.


  • Marie-France Sardain et postface de Jean-François Pernot (préf. Jean-Jacques Becker), Défenses et sièges de Paris (1814-1914), Paris, Éditions Economica, coll. « Campagnes & stratégies », 2008, VII-304 p. (ISBN 978-2-7178-5644-6).


  • Au bord de Paris, documentaire d'Éric Vernhes, 20 min, 1996.



Voir aussi |



Articles connexes |



  • Boulevard périphérique de Paris

  • Boulevards des Maréchaux

  • Enceintes de Paris

  • Fortifications de Paris aux XIXe et XXe siècles

  • Histoire de Paris

  • Ligne de Petite Ceinture

  • Liste des anciennes communes de Paris

  • Liste de forts, fortifications, citadelles et places fortes en France

  • Portes de Paris

  • Rue Militaire

  • Siège de Paris (1870)

  • La Zone

  • Bastions de l'enceinte de Thiers



Liens externes |


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Sur les autres projets Wikimedia :






  • « Les enceintes de Paris » (avec un plan), www.parisbalades.com.


  • « Les fortifications de Paris du XIXe siècle à nos jours », www.iaurif.org.

  • Guy le Hallé, « La saga des “fortifications” à Saint-Ouen »


  • Malakoff Infos, « La Zone et les fortifs, une page de notre histoire », ville-malakoff.fr.




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