La Zone (Paris)





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Les habitants de la Zone (Ivry, 1913).




Les enfants de la Zone (Ivry, 1913).




La Zone d'Ivry (1913).




Plan de Paris indiquant la « zone unique des servitudes dans laquelle on ne pourra plus bâtir » (1868).


La Zone est une bande de terrains vagues qui s'est constituée tout autour de Paris près de l'emplacement des anciennes « fortifs'[1] » et qu'occupa, au début du XXe siècle, une population très pauvre.




Sommaire






  • 1 Histoire


  • 2 En littérature


  • 3 Au cinéma


  • 4 Notes et références


    • 4.1 Source


    • 4.2 Références




  • 5 Voir aussi





Histoire |


La Zone n'était pas située exactement sur l'emplacement anciennement occupé par les bastions de l'enceinte de Thiers (qui, construite par Thiers en 1844, fut démolie à partir de 1919) ; c'était, en fait, une bande de terre en avant des bastions, constituée du fossé, de la contrescarpe et du glacis, qui mesurait 250 mètres et sur laquelle il était interdit de construire quoi que ce soit. Même les arbres y étaient coupés afin de dégager la vue aux défenseurs. Elle était désignée dans les règlements d'urbanisme de Paris sous l'appellation de zone non ædificandi (non constructible)[2].


Dès l'abandon du rôle militaire de l'enceinte de Thiers (et donc avant même sa démolition), une population pauvre, appelée bientôt les « zonards », commença à s'installer sur ces terrains en y construisant des bidonvilles. Ces nouveaux arrivants provenaient essentiellement du petit peuple parisien chassé par la spéculation immobilière, l'ampleur des travaux et l'afflux d'ouvriers qui accompagna les transformations de Paris sous le Second Empire, ainsi que par les paysans chassés par l'exode rural et transformés en prolétariat urbain.[réf. nécessaire]


La Zone a compté jusqu'à 30 000 habitants[2]. Le site inquiète la bourgeoisie parisienne de l'époque, qui l'associe au mythe des bas-fonds parisiens[3].



Les fortifications de Paris sont déclassées par une loi du 19 avril 1919[4] et sont démolies peu après. Entre 1920 et 1930, une partie de la Zone est construite avec des habitations à bon marché (HBM) en briques rouges[2]. Néanmoins, de nombreux habitants, organisés en une « ligue des zoniers », refusent l’expulsion, font valoir un statut de petits propriétaires et souhaitent être indemnisés pour la perte de leur modeste logement[3].


Un décret sur la zone de servitude militaire du 19 mars 1925 prévoit le rattachement à Paris des territoires de l'ancienne zone non ædificandi[5]. Cette annexion est réalisée en trois étapes : secteurs de Boulogne, Issy-les-Moulineaux, Malakoff, Vanves, Montrouge et Gentilly en 1925 (décrets du 3 avril 1925)[6], secteur d'Ivry-sur-Seine, de Neuilly-sur-Seine, du Kremlin-Bicêtre, de Charenton-le-Pont et de Saint-Mandé en 1929 (décrets du 18 avril 1929)[7] et secteurs de Levallois-Perret, Clichy, Saint-Ouen, Saint-Denis, Aubervilliers, Pantin, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Bagnolet et Montreuil en 1930 (décrets du 27 juillet 1930)[8].


Après la Seconde Guerre mondiale, le boulevard périphérique de Paris a été construit sur ces terrains.



En littérature |


Georges Duhamel dans Vue de la terre promise décrit la Zone de 1900 :



« Et quand on approchait des portes, quand on commençait d'entendre parler, rire et chanter Paris, alors éclatait la Zone, le grand camp de la misère qui, de partout, investit la ville illustre et magnifique[9]. »



Louis-Ferdinand Céline, dans Voyage au bout de la nuit, dit de la Zone des années 1920 :



« […] cette espèce de village qui n'arrive jamais à se dégager tout à fait de la boue, coincé dans les ordures et bordé de sentiers où les petites filles trop éveillées et morveuses, le long des palissades, fuient l'école pour attraper d'un satyre à l'autre vingt sous, des frites et la blennorragie[10]. »




Au cinéma |



  • 1928 : La Zone, court métrage documentaire réalisé par Georges Lacombe.


Notes et références |



Source |



  • Guy Le Hallé, Les Fortifications de Paris, éditions Horvath.

  • Éric Vernhes, Au bord de Paris, documentaire, 20 min, 1996.



Références |




  1. C'est-à-dire de la « zone militaire fortifiée » selon la terminologie officielle de l'époque.


  2. a b et cRenée Davray-Piekolek, « La Zone, porte de Clignancourt en 1937 », sur carnavalet.paris.fr (consulté le 30 janvier 2018).


  3. a et bPhilippe Serieys, « La Zone, le Paris des fortifs et des chiffonniers en 1928 », sur gpmetropole.fr, 1er décembre 2017(consulté le 30 janvier 2018).


  4. Journal officiel de la République française, 20 avril 1919, p. 4146 [lire en ligne].


  5. Journal officiel de la République française, 24 mars 1925, p. 3447 [lire en ligne].


  6. Journal officiel de la République française, 5 avril 1925, p. 3447 [lire en ligne].


  7. Journal officiel de la République française, 19 avril 1929, p. 4564 [lire en ligne].


  8. Journal officiel de la République française, 1er août 1930, p. 8860 [lire en ligne].


  9. Vue de la terre promise, Georges Duhamel, au Mercure de France, 1934, p. 44-45.


  10. Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, Romans, tome I, Éditions Gallimard, coll. « La Pléiade », 1981(ISBN 2-07-011000-1), p. 333.



Voir aussi |



  • Règlements d'urbanisme de Paris

  • Transformations de Paris sous le Second Empire


  • Enceintes de Paris (« fortifs' », etc.)

  • Boulevard de la Zone



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