Raymond Poincaré





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Raymond Poincaré

Illustration.
Portrait officiel de Raymond Poincaré
en tant que président de la République.
Fonctions
Sénateur français
21 janvier 1920 – 15 octobre 1934
(14 ans, 8 mois et 24 jours)
Élection
11 janvier 1920
Réélection

6 janvier 1924
6 janvier 1933
Circonscription

Meuse
Prédécesseur

Charles Humbert
Successeur

Arthur Mirouel

Président du Conseil des ministres français
et ministre des Finances jusqu'au 11 novembre 1928
23 juillet 1926 – 26 juillet 1929
(3 ans et 3 jours)
Président

Gaston Doumergue
Gouvernement

Poincaré IV et V
Législature

XIIIe et XIVe
Coalition

Centre droit
(AD-RI-RRRS-PRS-FR)
Prédécesseur

Édouard Herriot
Successeur

Aristide Briand
Henry Chéron

Président du Conseil des ministres
et ministre des Affaires étrangères
15 janvier 1922 – 1er juin 1924
(2 ans, 4 mois et 17 jours)
Président

Alexandre Millerand
Gouvernement

Poincaré II et III
Législature

XIIe
Coalition

Bloc national
(ARD-FR-RI-dis. radicaux-DVD)
Prédécesseur

Aristide Briand
Successeur

Frédéric François-Marsal
Président de la République française
18 février 1913 – 18 février 1920
(7 ans)
Élection

17 janvier 1913
Président du Conseil

Aristide Briand
Louis Barthou
Gaston Doumergue
Alexandre Ribot
René Viviani
Aristide Briand
Alexandre Ribot
Paul Painlevé
Georges Clemenceau
Alexandre Millerand
Prédécesseur

Armand Fallières
Successeur

Paul Deschanel

Président du Conseil des ministres français
et ministre des Affaires étrangères
14 janvier 1912 – 21 janvier 1913
(1 an et 7 jours)
Président

Armand Fallières
Gouvernement

Poincaré I
Législature

Xe
Coalition

Gauche
(RRRS-RI-SI-PRD-UR)
Prédécesseur

Joseph Caillaux
Successeur

Aristide Briand
Ministre des Finances
23 juillet 1926 – 11 novembre 1928
(2 ans, 3 mois et 19 jours)
Président

Gaston Doumergue
Président du Conseil

Lui-même
Gouvernement

Poincaré IV
Prédécesseur

Anatole de Monzie
Successeur

Henry Chéron
14 mars – 25 octobre 1906
(7 mois et 11 jours)
Président

Armand Fallières
Président du Conseil

Ferdinand Sarrien
Gouvernement

Sarrien
Prédécesseur

Pierre Merlou
Successeur

Joseph Caillaux
30 mai 1894 – 26 janvier 1895
(7 mois et 27 jours)
Président

Sadi Carnot
Jean Casimir-Perier
Président du Conseil

Charles Dupuy
Gouvernement

Dupuy II et III
Prédécesseur

Auguste Burdeau
Successeur

Alexandre Ribot
Ministre des Affaires étrangères
15 janvier 1922 – 8 juin 1924
(2 ans, 4 mois et 24 jours)
Président

Alexandre Millerand
Président du Conseil

Lui-même
Gouvernement

Poincaré II et III
Prédécesseur

Aristide Briand
Successeur

Edmond Lefebvre du Prey
14 janvier 1912 – 21 janvier 1913
(1 an et 7 jours)
Président

Armand Fallières
Président du Conseil

Lui-même
Gouvernement

Poincaré I
Prédécesseur

Justin de Selves
Successeur

Charles Jonnart
Ministre de l'Instruction publique,
des Beaux-Arts et des Cultes
26 janvier – 1er novembre 1895
(9 mois et 6 jours)
Président

Félix Faure
Président du Conseil

Alexandre Ribot
Gouvernement

Ribot III
Prédécesseur

Georges Leygues
Successeur

Émile Combes
4 avril – 3 décembre 1893
(7 mois et 29 jours)
Président

Sadi Carnot
Président du Conseil

Charles Dupuy
Gouvernement

Dupuy I
Prédécesseur

Charles Dupuy
Successeur

Eugène Spuller
Titulaire du fauteuil 34 de l'Académie française
18 mars 1909 – 15 octobre 1934
(25 ans, 6 mois et 27 jours)
Prédécesseur

Émile Gebhart
Successeur

Jacques Bainville
Biographie

Nom de naissance
Raymond Nicolas Landry Poincaré

Date de naissance
20 août 1860

Lieu de naissance

Bar-le-Duc (France)

Date de décès

15 octobre 1934(à 74 ans)

Lieu de décès

Paris XVIe (France)

Nature du décès

Embolie pulmonaire
Nationalité

française

Parti politique

PRD-ARD
Conjoint

Henriette Benucci
Diplômé de

Université de Paris
Université de Nancy
Profession

Avocat
Religion

Catholique




Raymond Poincaré
Présidents de la République française

Raymond Poincaré, né le 20 août 1860 à Bar-le-Duc (Meuse) et mort le 15 octobre 1934 à Paris, est un avocat et homme d'État français. Il est le président de la République française du 18 février 1913 au 18 février 1920.


Ministre à plusieurs reprises, président du Conseil des ministres puis président de la République de 1913 à 1920, Raymond Poincaré fut l'une des plus grandes figures politiques de la IIIe République. Il fut également l'un des personnages centraux de la Première Guerre mondiale, conflit durant lequel il appela Georges Clemenceau à la présidence du Conseil, en 1917.




Sommaire






  • 1 Vie privée et familiale


  • 2 Parcours politique


    • 2.1 Débuts


    • 2.2 Parlementaire


    • 2.3 Président du Conseil (1912-1913)


    • 2.4 Élection présidentielle de 1913


    • 2.5 Président de la République (1913-1920)


      • 2.5.1 Déclenchement de la Grande Guerre


      • 2.5.2 Pendant la guerre


      • 2.5.3 Après la guerre




    • 2.6 Après la présidence (1920-1934)


      • 2.6.1 Retour au Sénat


      • 2.6.2 Président du Conseil


      • 2.6.3 Mort






  • 3 Détail des mandats et fonctions


    • 3.1 Mandats électifs




  • 4 Fonctions gouvernementales


  • 5 Décorations


  • 6 Généalogie


  • 7 Œuvres


  • 8 Postérité


  • 9 Notes et références


  • 10 Voir aussi


    • 10.1 Bibliographie


    • 10.2 Sources utilisées


    • 10.3 Articles connexes


    • 10.4 Liens externes







Vie privée et familiale |


Raymond Nicolas Landry Poincaré naît dans une famille aisée de Bar-le-Duc, le 20 août 1860. Il est le fils de Nicolas Antonin Hélène Poincaré (1825-1911), polytechnicien (1845), ingénieur, puis inspecteur général des Ponts et Chaussées. Sa mère, Nanine Marie Ficatier (1838-1913), issue de la famille du général-baron Florentin Ficatier, est profondément croyante[1]. Raymond Poincaré passe son enfance dans la maison bourgeoise des grands-parents Ficatier, rue du docteur Nève, à Bar-le-Duc ; ces derniers avaient fait fortune à Neuilly-sur-Seine dans le commerce du bois[2].


Par ailleurs, il est l'arrière-petit-fils de Jean Landry Gillon, député sous le règne de Louis-Philippe ; il est également le neveu d'Emile Poincaré, doyen de la faculté de médecine de Nancy, le frère aîné de Lucien Poincaré, directeur de l'Enseignement secondaire au ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, et le cousin germain du mathématicien et savant Henri Poincaré[3].


Comme beaucoup de personnes de sa génération, il est marqué par la défaite de 1870. La maison parentale est réquisitionnée par l'occupant prussien[1]. À la suite de cet épisode, en 1871, il donne à son chien le nom de Bismarck, en référence au chancelier impérial d'Allemagne[2]. Après des études à Nancy, il termine sa scolarité au lycée Louis-le-Grand à Paris avant de poursuivre des études de droit à la faculté de droit de Paris. Licencié en droit et en lettres, il devient avocat stagiaire et finit major de la conférence du barreau[1]. Il commence également une carrière journalistique dans la presse républicaine[1].





Parcours politique |



Débuts |




Raymond Poincaré avant 1912.


Il devient secrétaire de MeHenry du Buit, célèbre avocat d'affaires. En 1883, il prononce un discours à l'ouverture de la Conférence des Avocats dans lequel il fait l'éloge du républicain Jules Dufaure, ancien bâtonnier et ex-président du Conseil décédé deux ans auparavant :



« S'il est à souhaiter que l'éloge d'un mort illustre éveille chez nous le désir de l'imiter, le simple récit de la vie de Dufaure contiendra, je crois, pour notre génération, un précieux exemple de travail, d'indépendance et de dignité. »



— Éloge de Dufaure à l'ouverture de la Conférence des Avocats 1883, Barreau de Paris


Formé à la politique par Jules Develle dont il est, pendant dix-huit mois, directeur de cabinet au ministère de l'Agriculture en 1886, élu ensuite conseiller général du canton de Pierrefitte dans la Meuse, Poincaré se forge une réputation de républicain modéré et conciliant dès son premier mandat de député pour la Meuse en 1887. Cela n'empêche pas ce fils de polytechnicien, entré avec réticence sur la scène politique, de s'y imposer rapidement.


En 1895, il ouvre son cabinet, qui obtient rapidement un grand succès et détient une clientèle très prestigieuse pour les affaires de presse — il est avocat du Syndicat de la presse parisienne —, les affaires littéraires — il est notamment l'avocat de l'écrivain Jules Verne[4] — et le droit des sociétés — il compte parmi ses clients les plus grandes entreprises industrielles et financières du moment.



Parlementaire |




Raymond Poincaré dans son habit vert.


Il entre en politique en 1887, en se faisant élire député dans le département de la Meuse ; il est alors le benjamin de l'hémicycle. En 1892, il est rapporteur de la commission des Finances, au moment du scandale de Panama, et est réélu l'année suivante.


À trente-six ans, il a déjà été trois fois ministre : de l'Instruction publique (1893), sous Dupuy, puis des Finances dans le second cabinet Dupuy, après la victoire électorale des modérés (1894-1895), et de nouveau chargé de l'Instruction publique, dans le cabinet Ribot, en 1895. Il est partisan de la laïcité mais éloigné de l'anticléricalisme radical. Il prône en effet une « école neutre », dont la vocation serait de produire de vrais patriotes. Poincaré devient alors l'un des chefs de file en vue des modérés, qui arborent l'étiquette « progressiste » qui a remplacé l'ancienne appellation d'« opportunisme » utilisée par Gambetta et Jules Ferry. Au fil du temps, ces « républicains progressistes » évoluent du centre gauche vers le centre droit, suivant le phénomène du sinistrisme.


Durant l’affaire Dreyfus, il adopte une attitude prudente. Il fait d'abord partie de ceux qui souhaitent étouffer un scandale qu'ils jugent contraire à la raison d'État. Il se rallie finalement au camp dreyfusard, plus par légalisme que par conviction[Quoi ?] .


Bien que républicain et laïque — signe sûr, à la Belle Époque, d'une appartenance à la gauche — Poincaré demeure cependant prudent envers les gauches, et reste très modéré. En juin 1899, le président de la République Émile Loubet le pressent comme président du Conseil[5]. Mais il n'arrive pas à mettre d'accord les différentes tendances républicaines pour composer un gouvernement, tandis que Clemenceau déclarait :



« Le don de Poincaré n'est pas à dédaigner : c'est l'intelligence. Il pourrait faire remarquablement à côté de quelqu'un qui fournirait le caractère[5] »



Aussi Poincaré conseille-t-il à Loubet d'appeler plutôt Waldeck-Rousseau[5], qui forme un cabinet de Défense républicaine. Néanmoins, Poincaré s'oppose à celui-ci [réf. nécessaire], et plus encore, après la victoire du Bloc des gauches aux élections de 1902, à la politique anticléricale d’Émile Combes. En tant que membre de l'Alliance libérale démocratique (centre-droit), il soutient cependant, de façon générale, le cabinet combiste.


Plus tard, c'est au Sénat que Poincaré décide de se présenter. Il est élu sénateur dans la Meuse en 1903. À la chambre haute, bien que chacun lui reconnaisse une vaste culture classique, ses discours sont jugés monotones desservis par une voix haut perchée[1]. Il quitte le Sénat en 1913, date à laquelle il est élu à l'Élysée, puis reprend ses fonctions en 1920 et ce jusqu'en 1934, date de son décès.


En 1906, Clemenceau, qui juge pourtant Poincaré un peu trop mou — c'est lui qui aurait inventé l'expression « poincarisme » dans son hebdomadaire Le Bloc du 15 mars 1902[6] — lui propose néanmoins d'entrer dans son gouvernement. Poincaré, peut-être par animosité, s'y refuse[6].


Bien davantage du fait de sa proximité avec le milieu littéraire qu'en raison de sa notoriété littéraire (il n'a jusqu'alors publié que trois modestes études), il est élu à l’Académie française en 1909[1]. Il est également professeur aux écoles HEI-HEP.



Président du Conseil (1912-1913) |


En janvier 1912, il est nommé président du Conseil et forme un gouvernement de républicains modérés avec Briand à la Justice ; Théophile Delcassé à la Marine ; Jules Pams à l'Agriculture ; Albert Lebrun aux Colonies et Léon Bourgeois au Travail et à la Prévoyance sociale. Il s'octroie le portefeuille des Affaires étrangères et se donne comme ligne diplomatique le rapprochement avec l'Angleterre, la consolidation de l'alliance avec l'empire des tsars et la fermeté avec l'Allemagne. La presse parisienne lui fait alors une réputation flatteuse de détermination[1].


Du 6 au 12 août 1912, il est en visite officielle en Russie dans le cadre de l'alliance franco-russe et assiste à des revues militaires.



Élection présidentielle de 1913 |





Le Petit Journal annonçant l'élection de Raymond Poincaré.


Alors que le mandat présidentiel d'Armand Fallières touche à sa fin, Poincaré se présente comme candidat à l'élection présidentielle de 1913. Le président du Conseil est en lice face au président de la Chambre, Paul Deschanel, et au président du Sénat, Antonin Dubost. Avec Clemenceau, les radicaux soutiennent Jules Pams, le ministre de l'Agriculture, une personnalité considérée comme effacée et dont la candidature vise essentiellement à contrer Poincaré[6].


Selon la tradition républicaine, un scrutin préparatoire a lieu pour choisir le candidat du « camp républicain » ; les « modérés » (républicains de droite) d'un côté, de l'autre les socialistes, refusent toutefois d'y participer. Au troisième tour, Pams l'emporte avec 323 voix contre 309 pour Poincaré, classé à gauche à l'époque (dreyfusard, laïc, il s'était marié civilement, puis religieusement en 1912[6]). La discipline républicaine aurait voulu que, battu à ces primaires, il se retire, et c'est ce que lui demande une délégation conduite par Combes et Clemenceau[6].


Mais Poincaré refuse, sachant que lors du scrutin officiel, il serait soutenu par la droite républicaine : il se présente donc à Versailles, et est élu le 17 janvier 1913 au deuxième tour, avec 482 voix contre 296 à Pams et 69 pour le socialiste Édouard Vaillant[6]. Clemenceau conservera une rancune tenace contre Poincaré pour n'avoir pas respecté la discipline républicaine, que lui-même respectera lors de l'élection présidentielle de 1920.



Président de la République (1913-1920) |


Article principal : Présidence de Raymond Poincaré.



Extrait d'une caricature de L'Humanité publiée le 27 mai 1913, montrant Clemenceau et Poincaré réconciliés dans un soutien commun à la loi des trois ans.


Son mandat de chef de l'État va évidemment être marqué par la Première Guerre mondiale, pendant laquelle il est l'artisan de l'Union sacrée politique et sociale, aux côtés de René Viviani, d'Aristide Briand puis de Georges Clemenceau.



Déclenchement de la Grande Guerre |


Il pousse à la fermeté la Russie lors de son voyage officiel du 13 au 23 juillet 1914 en Russie, afin de renforcer les alliances deux semaines après l'attentat de Sarajevo[7]. Avec Briand et Clemenceau, et contre Jaurès et la SFIO, Raymond Poincaré soutient la loi des trois ans, qui prolonge le service militaire à trois ans. En échange, il concède au Parlement hostile à la guerre un impôt progressif sur le revenu dont le débat s'ouvre au Sénat le 3 juillet 1914, quelques jours après l'attentat de Sarajevo[8]. C'est cependant une mesure très peu appréciée jusque dans son propre parti[9]. Il a ainsi pu être surnommé « Poincaré la Guerre »[10], notamment par Édouard Herriot[11].


Raymond Poincaré aurait déclaré vouloir préserver la paix en ordonnant un éloignement de 10 km de la frontière franco-allemande des troupes de couverture en juillet 1914[12]. Cependant, cet ordre sera qualifié de « purement diplomatique » et « pour l'opinion publique anglaise », et sera officiellement levé le 2 août 1914, 24 h avant la déclaration de guerre allemande[13].


L'historiographie récente a montré que Poincaré porte une part de responsabilité réelle dans la mort du « concert européen » tel qu'il avait existé au XIXe siècle[14]Source insuffisante .



Pendant la guerre |




Déclaration du Gouvernement à la Chambre des députés et au Sénat, lue par René Viviani, président du Conseil. Paris, 4 août 1914. Archives nationales de France.




Raymond Poincaré et Joseph Joffre sur le front de la Somme, 1916.


Le 4 août, son message est communiqué aux Chambres par René Viviani : la France « sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l’ennemi, l'Union sacrée, et qui sont aujourd’hui fraternellement assemblés dans une même indignation contre l’agresseur, et dans une même foi patriotique ». Il participa à la cérémonie du transfert des cendres de Rouget de Lisle aux Invalides le 14 juillet 1915, dans lequel il prononça un discours célèbre dans lequel il explique sa vision du déclenchement de la Première Guerre mondiale.


Il n'hésite pas, parfois au péril de sa vie, à venir au front (essentiellement dans la Meuse et dans la Somme) afin de juger du moral des troupes et des populations déplacées. Il visite à plusieurs reprises la partie de l'Alsace redevenue française dès le 7 août 1914 : au col de la Schlucht, à Thann, Masevaux, Saint-Amarin et Dannemarie entre le 11 février 1915 et le 10 avril 1916.


Malgré tout, la population est amère face aux centaines de milliers de morts : en 1917, un photographe du journal L’Humanité, lors d'une visite d'un cimetière militaire aux côtés de l'ambassadeur des États-Unis, surprend un rictus et fait paraître une photographie de Poincaré, le surnommant : « Poincaré, la guerre, l'homme qui rit dans les cimetières. »


Fin 1917, il nomme le radical-socialiste Clemenceau, qu'il n'apprécie guère mais dont il admire la fermeté de caractère, comme président du Conseil. Son rôle devient alors plus discret, et il se plaint même, dans ses écrits, d'être mis de côté. Il conserve toutefois une certaine influence : selon l'historien Michel Winock, une certaine forme de cohabitation se met en place entre les deux hommes.


Dans les dernières semaines de la guerre, il est partisan avec Pétain de poursuivre les Allemands jusque chez eux alors que Clemenceau qui estime que la guerre a été suffisamment meurtrière veut obtenir un armistice dans les meilleurs délais[1]. Il est par la suite littéralement exclu par Clemenceau des négociations du traité de Versailles[1].



Après la guerre |


Sa présidence nous est bien connue notamment par ses mémoires en dix volumes Au service de la France qu'il publie entre 1926 et 1934. On y découvre un chef d'État désabusé par les limitations de sa fonction. À la différence de ses prédécesseurs, il s'efforce de dépasser le rôle de représentation et de magistère moral qui est alors celui du président de la République, en faisant connaître son avis personnel et en agissant par des intermédiaires. Il doit néanmoins rester dans le cadre contraint auquel l'interprétation dominante de la Constitution le limite[1].



Après la présidence (1920-1934) |



Retour au Sénat |


Dès 1920, alors que son mandat n'est pas achevé, il se fait élire sénateur dans la Meuse. Aristide Briand ayant démissionné de la présidence du Conseil à la suite des critiques subies du fait de ses prises de position en matière de politique étrangère à la Conférence de Cannes, Poincaré accepte de redevenir président du Conseil en janvier 1922, à la demande du président de la République, Alexandre Millerand.


Il n'est pas apprécié par la gauche. Le 26 janvier 1922, dans un discours à Charenton, Paul Vaillant-Couturier l'attaque : « Il est l'homme du militarisme et de la petite-bourgeoisie. Il est le défenseur des petits-bourgeois porteurs de valeurs russes. Il est surtout celui qui, par sa diplomatie secrète, déchaînera demain sur le pays une nouvelle guerre. »[15].


Face à l’Allemagne, qui refuse de payer les « réparations de guerre », Raymond Poincaré a recours à la force, faisant occuper la Ruhr. Mais sa politique de rigueur budgétaire le rend impopulaire et[réf. nécessaire], en 1924, après la victoire du Cartel des gauches, il doit présenter sa démission, tout comme le président Millerand.



Président du Conseil |




Tract pour les élections législatives de 1932 faisant référence à la « prophétie » de Raymond Poincaré.


On le rappelle à la tête du gouvernement en 1926, devant l’ampleur de la crise financière. Il forme alors un cabinet d’union nationale, en conservant Briand aux Affaires étrangères, et en revenant à une politique d’austérité financière ; le franc germinal est remplacé par le franc Poincaré d’une valeur cinq fois moindre, dévaluation qui se borne à entériner le change réel. Il parvient cependant à présenter un budget en équilibre, ce qui n'arrivera plus qu'en 1965 ensuite[16]. Malade et fatigué, il démissionne en 1929.


En juin 1931, il est élu bâtonnier de l'ordre des avocats de Paris, mais démissionne dès le mois d'octobre suivant[17].



Mort |


Sénateur, il meurt dans la gêne (le Parlement dut voter une pension à sa veuve)[18] le 15 octobre 1934, à son domicile, situé 26 rue Marbeau, dans le 16e arrondissement. Il est inhumé à Nubécourt, dans son département natal de la Meuse.



Détail des mandats et fonctions |



Mandats électifs |




  • Député pour la Meuse (1887-1903)


  • Sénateur pour la Meuse (1903-1913 puis 1920-1934)

  • Président de la République (1913-1920)

  • Conseiller général de la Meuse (1886-1913 puis 1920-1934)

  • Président du conseil général de la Meuse (1910-1913)



Fonctions gouvernementales |



  • Ministre de l'Instruction publique (en 1893 puis en 1895)

  • Ministre des Finances en (1894)


  • président du Conseil

    • du 14 janvier 1912 au 21 janvier 1913 (premier gouvernement) ; cumule cette fonction avec le ministère des Affaires étrangères ;

    • du 15 janvier 1922 au 29 mars 1924 (deuxième gouvernement) ; cumule cette fonction avec le ministère des Affaires étrangères ;


    • 29 mars 1924 au 1er juin 1924 (troisième gouvernement) ;

    • du 23 juillet 1926 au 6 novembre 1928 (quatrième gouvernement) ; cumule cette fonction avec le ministère des Finances ;

    • du 11 novembre 1928 au 20 juillet 1929 (cinquième gouvernement).





Décorations |




  • Grand-croix de la Légion d'honneur Grand-croix de la Légion d'honneur en 1913 et Grand-Maître de la Légion d'honneur de 1913 à 1920 en tant que président de la République.


  • Chevalier de l'ordre de la Toison d'or (Espagne) en 1913.

  • Chevalier de l’ordre de Saint-André (Empire russe) en 1913.



Généalogie |




Œuvres |




  • Du droit de suite dans la propriété mobilière, 1883.


  • Idées contemporaines, 1906.


  • Questions et figures politiques, 1907.


  • Messages, discours, allocutions, lettres et télégrammes (1914-1919), 1919 (en ligne).


  • Address delivered by Mr. Raymond Poincaré, President of the French Republic Lord Rector of the University of Glasgow, 1914-1919 on November 13th 1919.


  • Histoire politique, chroniques de quinzaine, 4 vol., 1921-22.


    • Vol. 1 (15 mars - 1er septembre 1920)


    • Vol. 2 (- 1er mars 1921)

    • Vol. 3


    • Vol. 4 (15 septembre 1921 - 15 janvier 1922)




  • Au service de la France, neuf années de souvenirs, 1926-1934.


  • L'Invasion 1914, Paris, Plon (livre tiré à 100 exemplaires qui retrace le septennat du président).


  • Ce que demande la cité, Hachette, 1911. Vingt textes de Raymond Poincaré extraits de la revue pour enfants Au seuil de la vie (Hachette, 1910). Réédition en 2010 aux Éditions Nouvelles Mémoires (voir bibliographie).



Postérité |



  • De nombreuses voies de circulation et établissements scolaires ont été baptisées au nom de Raymond Poincaré.


    • Avenue Raymond-Poincaré (16e arrondissement de Paris).

    • Rue Raymond-Poincaré (Bamako au Mali)


    • Boulevard Raymond Poincaré à Liège en Belgique



  • Équipements :

    • Hôpital Raymond-Poincaré à Garches.




Notes et références |





  1. a b c d e f g h i et jRémy Porte, « Raymond Poincaré, le président de la Grande Guerre », La Nouvelle Revue d'histoire, no 88 de janvier-février 2017, p. 44-46


  2. a et bFrançois Rothe, « Raymond Poincaré: L'homme politique et l'homme privé », Horizons d'Argonne N°89,‎ juin 2012, p. 49-60 (ISSN 0441-2303, lire en ligne)


  3. Le patronyme Poincaré désigne celui qui avait le « poing carré », surnom d'un homme fort ou bagarreur (dans le même esprit, on trouve les patronymes Poindefer et Poindefert (pour « poing de fer ») en Normandie et en Picardie). Nom de famille porté notamment dans la Haute-Marne. On trouve aussi des variantes du patronyme avec la même signification : Poincarré, Poincarret (Sources : Généanet.org/onomastique).


  4. « Jules Verne : Les thèmes », sur Encyclopédie Larousse en ligne (consulté le 18 février 2015).


  5. a b et cMichel Winock, Clemenceau, éd. Perrin, 2007, p. 283.


  6. a b c d e et fWinock, 2007, op. cit., p. 388.


  7. (en) Sean McMeekin, The Russian Origins of the First World War, Harvard University Press, 2011(ISBN 9780674063204, présentation en ligne).


  8. « L'impôt sur le revenu, une marche vers la guerre », sur herodote.net, France, 2016(consulté le 8 juillet 2017).


  9. Épisode L'été 1914 de la série L'autre avant-guerre par Henri Guillemin, d'une durée de 29 minutes. Visionner l'épisode en ligne.


  10. Poincaré.


  11. Les grands discours parlementaires de la Troisième République.


  12. général Legrand-Girarde, Opérations du 21e corps d’armée, 1914.


  13. Gustave Dupin, M. Poincaré et la guerre de 14, Aviso éditions, 2014.


  14. « L'historien des relations internationales Georges-Henri Soutou », Entretien, La Nouvelle Revue d'histoire, no 86, septembre-octobre 2016, p. 6-9.


  15. Raymond Poincaré, François Roth, 2001.


  16. Georges Valance, VGE, une vie, Flammarion, Paris, 2011 (p. 188).


  17. http://www.laconference.net/?promo=raymond-nicolas-landry-poincare.


  18. George Delamare, Vingt années sans guerre, Paris, France-littérature, 1956, 264 p., p. 198.


  19. Généastar : ascendants de Raymond Poincaré.




Voir aussi |



Bibliographie |



  • Henry Girard, Raymond Poincaré, chez lui, au Parlement, à l'Élysée, A. Méricant, 1913.

  • René Dumesnil, Poincaré, Flammarion, vers 1930.

  • Gaston Gros, M.. Poincaré mémorialiste (sa psychologie), Ed. Baudinière, 1930.


  • Dr Georges Samné, Raymond Poincaré, Politique et personnel de la IIIe République, Les œuvres représentatives, 1933.

  • Charles Croix, « La famille de Poincaré est-elle bourguignonne ? », dans Le Pays Lorrain, 1935, p. 331-333.

  • Fernand Payen, Raymond Poincaré, chez lui, au Parlement, au Palais, Grasset, 1936.


  • Jacques Chastenet, Raymond Poincaré, Julliard, 1948.


  • Pierre Miquel, Raymond Poincaré, Paris, Fayard, 1961 (prix Broquette-Gonin de l'Académie française).


  • Pierre Miquel, Les Souvenirs de Raymond Poincaré, publication critique du XIe tome avec Jacques Bariéty, Plon, 1973.


  • Daniel Amson, Raymond Poincaré, l'acharné de la politique, Tallandier, 1997.

  • John Keiger, Raymond Poincaré, Cambridge, Cambridge University Press, 1997.


  • Stanislas Jeannesson, Poincaré, la France et la Ruhr, 1922-1924 : histoire d'une occupation, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, coll. « Les mondes germaniques », 1998, 432 p. (ISBN 2-86820-689-1).


  • François Roth, Raymond Poincaré, Paris, Fayard, 2000.

  • Alain Ostenga et Christian Gérini, Raymond Poincaré. Ce que demande la cité, Pierrefeu du Var, Éditions Nouvelles Mémoires, diffusion : HDiffusion, 6 rue de la Sorbonne, 75005 Paris, 2010.


  • Georges Valance, Poincaré, Perrin, 2017, 490 pages.



Sources utilisées |



  • Nicolas Honecker, Les Visites des chefs d'État français en Lorraine, Éditions Lacour, 2006.


  • Michel Winock, 2007, Clemenceau, éd. Perrin.



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