Jean-Luc Marion
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Naissance | 3 juillet 1946 Meudon |
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Nationalité | Français |
Formation | Lycée Condorcet École normale supérieure Université Paris-Sorbonne |
Activité | Philosophe |
A travaillé pour | Université de Poitiers, université de Paris, université de Chicago |
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Domaines | Métaphysique, éthique, théologie, érotisme |
Religion | Église catholique |
Membre de | Académie des Lyncéens Académie française (2008) |
Mouvement | Phénoménologie |
Directeur de thèse | Ferdinand Alquié |
Influencé par | Aristote Augustin d'Hippone Thomas d'Aquin Jacques Derrida René Descartes Edmund Husserl Martin Heidegger Hans Urs von Balthasar Emmanuel Levinas Maurice Merleau-Ponty Jean Beaufret Maurice Clavel Michel Henry Paul Ricœur |
Distinctions | Liste détaillée Commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand Chevalier de la Légion d'honneur Officier des Palmes académiques Prix Karl-Jaspers (2008) |
Jean-Luc Marion est un philosophe français né le 3 juillet 1946 à Meudon.
Sa pensée se situe dans la postérité d'Edmund Husserl et de Martin Heidegger, auxquels il est introduit dès ses années de formation par Jean Beaufret puis Jacques Derrida, mais elle est également influencée par l'historien de la philosophie Ferdinand Alquié et le théologien Hans Urs von Balthasar.
Son œuvre, qui prend place dans le courant de la phénoménologie française, aux côtés de celles de Paul Ricœur, Emmanuel Levinas et Michel Henry, est emblématique de ce que Dominique Janicaud a nommé le « tournant théologique ».
Ses ouvrages sont traduits dans plusieurs langues. Il est membre de l'Académie française.
Sommaire
1 Biographie
2 Œuvre
3 Distinctions
4 Ouvrages
5 Études sur Jean-Luc Marion
6 Dans la culture populaire
7 Notes et références
8 Liens externes
Biographie |
Après des études primaires à Meudon et des études secondaires au lycée international de Sèvres, il entre en classes préparatoires au lycée Condorcet (sous la férule de Daniel Gallois et Jean Beaufret)[1]. Ancien élève de l'École normale supérieure (1967-1971), où il fut l'élève de Louis Althusser, agrégé de philosophie et docteur en philosophie, il fut d'abord professeur de philosophie à l'université de Poitiers, puis à Paris-X-Nanterre, avant d'occuper à la Sorbonne (université de Paris-IV Sorbonne) la chaire de métaphysique précédemment occupée par Emmanuel Levinas. Il fut également professeur invité dans plusieurs institutions, dont l'Université Laval de Québec (1994-1996) et l'université Johns-Hopkins (2006, 2007, 2013). La Chaire Étienne Gilson, de l'Institut catholique de Paris, lui a été confiée en 2004-2005. Il est actuellement professeur à l'université de Chicago où il a succédé à Paul Ricœur.
Il a longtemps dirigé la collection Épiméthée, aux Presses universitaires de France, avant d'en confier la direction à Vincent Carraud et Dan Arbib.
Il est élu à l'Académie française le 6 novembre 2008 au fauteuil du cardinal Lustiger, dont il était très proche, et dont il prononce l'éloge lors de son discours de réception le 21 janvier 2010.
Le 10 décembre 2011, Jean-Luc Marion a été nommé membre du Conseil pontifical pour la culture (dicastère de la Curie romaine) par le pape Benoît XVI. Il est également doctor honoris causa de nombreuses universités étrangères.
Il fut un ami proche du philosophe et phénoménologue Michel Henry, et aussi élève de Jacques Derrida à l'ENS, avec lequel il a eu un long débat sur le statut phénoménologique du don[réf. souhaitée].
Il est catholique[2] et fut un proche collaborateur de Jean-Marie Lustiger en tant qu'archevêque de Paris.
Œuvre |
Son œuvre peut se diviser en quatre champs de recherche principaux :
- l'histoire de la métaphysique, abordée à partir de son moment cartésien (la place et le rôle de René Descartes dans le système et l'histoire de la métaphysique[3]) ;
- la phénoménologie contemporaine, qu'il radicalise pour la penser à partir de la donation pure et de la saturation ;
- la théologie chrétienne, où Dieu est conçu au-delà de l'être, à l'opposé de son identification métaphysique à un étant premier ou à une cause première ;
- une philosophie de l'amour, qui se fonde sur la pensée de l'éthique par Lévinas pour faire de l'amour la modalité essentielle du rapport à autrui.
Sa pensée se situe dans la postérité d'Edmund Husserl et de Martin Heidegger[4]. Elle est également influencée par l'historien de la philosophie Ferdinand Alquié - dont il a été l'assistant[5] - et le théologien Hans Urs von Balthasar[6]. Mais c'est véritablement comme commentateur de Descartes que Jean-Luc Marion a commencé sa carrière et que son travail a intéressé ses pairs[7].
Dans le prolongement d'Emmanuel Levinas, il entend ainsi montrer que la question de l'être, qui définit de part en part la métaphysique, n'est pas fondamentale, et qu'elle doit être dépassée à la fois par une question éthique redéfinie comme amour, et par la transcendance théologique (cf. Dieu sans l'être). C'est sur ces bases qu'il développe une phénoménologie de l'amour, dans Prolégomènes à la charité (1986) et Le Phénomène érotique (2003). Dans ce dernier ouvrage, il souhaite penser à nouveaux frais la question de l'émergence de la subjectivité: contrairement à Descartes, il affirme que ce n'est pas dans le repli de la conscience qu'elle peut se poser comme existante. Ainsi c'est autrui, par son amour et l'intentionnalité de son acte d'amour, qui est seul capable d'armer la certitude de soi face à l'assaut de la vanité contre laquelle, selon Marion, l'ego certain de lui-même ne tient pas.
Marion approche la phénoménologie à partir du thème de la donation et du don (Réduction et donation, Étant donné, De surcroît) et en redéfinissant la phénoménalité à partir du concept de « phénomène saturé ». Alors que Husserl n'avait envisagé le phénomène que dans les cas d'une pénurie d'intuition incapable de valider l'intention de sens et de l'adéquation entre intention et signification permettant de produire l'évidence[réf. nécessaire], Marion envisage le cas d'un surcroît irréductible d'intuition sur la signification, c'est-à-dire de la saturation du concept, qui lui permet d'inverser le sens même de la phénoménologie par le concept d'anamorphose, où la subjectivité constituante se laisse dicter les conditions d'apparition du phénomène[pas clair].
Dominique Janicaud reproche à ce titre à Jean-Luc Marion, à l'instar d'autres philosophes de la phénoménologie française des années 90, de mettre son travail philosophique au service de sa foi, participant ainsi à un « tournant théologique de la phénoménologie française ». C'est en la personne de Jean-Luc Marion que Janicaud trouve un interlocuteur pour alimenter le débat[8]. En 1999, Janicaud publie La Phénoménologie éclatée, dans lequel il poursuit son enquête, en insistant particulièrement sur Marion. En avril 2009, Gallimard, avec l’accord des éditions de l’Éclat, publie ensemble Le Tournant théologique de la phénoménologie française et La Phénoménologie éclatée sous le titre de La Phénoménologie dans tous ses états.
Plus généralement, le philosophe Jacques Bouveresse note en 2009 qu'« il y a dans la philosophie française un lien extrêmement étroit qui s’est maintenu entre théologie et philosophie et qui subsiste à travers des gens comme Jean-Luc Marion, par exemple, vraiment typique, le grand philosophe catholique qui est devenu académicien. »[9]
Marion développe également une philosophie de l'art à partir du concept de phénomène saturé, en s'intéressant plus particulièrement à la peinture de Mark Rothko et de Gustave Courbet, mais aussi à Hergé auquel il a consacré un petit livre Hergé. Tintin le terrible ou l'alphabet des richesses.
Son style a été jugé d'un abord difficile par plusieurs commentateurs[10],[11].
Politiquement, Jean-Luc Marion promeut un retour au pouvoir de l'Église catholique et de sa dogmatique, qui serait seule à même de garantir la justice, avec l'argument selon lequel seule la communion des croyants pourrait fonder la communauté civique[12].
Selon son élève à l'Institut catholique de Paris Emmanuel Falque, son livre le plus important est le traité de phénoménologie Étant donné. Essai d'une phénoménologie de la donation paru en 1997, qu'il compare « sinon à une nouvelle Critique de la raison pure, au moins à une Critique de la raison pure inversée »[13].
Distinctions |
- Prix Charles Lambert de l’Académie des sciences morales et politiques pour L’Idole et la distance, 1978
- Prix Henri Desmarest de l’Académie française pour Dieu sans l’être, 1982
Grand Prix de philosophie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre, 1992- Docteur honoris causa de l’université d’Utrecht en 2006, de l’université nationale San-Martin (Buenos-Aires) en 2009, de Haveford College (États-Unis) en 2010, de l’université Peter Pasmany (Budapest) en 2011, des universités de Glasgow, de Iasi et Bucarest (Roumanie), de l’université « La Sapienza » (Rome) en 2013 et de l’Australian Catholic University (Melbourne) en 2015
- Prix Karl-Jaspers de l’université et de la ville de Heidelberg, 25 juin 2008
- Grand Prix de la Humboldt Stiftung, Cologne, 15 avril 2014
- Élu membre de l’Accademia dei Lincei (Rome) en 2009
- Élu à l’Académie française, le 6 novembre 2008, au fauteuil du cardinal Jean-Marie Lustiger
- Chevalier de la Légion d’honneur
- Commandeur dans l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand
- Officier de l'Ordre des Palmes académiques de France
Ouvrages |
- Avec Alain de Benoist, Avec ou sans Dieu ?, coll. « Carrefour des jeunes », Beauchesne, Paris 1970.
Sur l’ontologie grise de Descartes. Science cartésienne et savoir aristotélicien dans les Regulae, Librairie Philosophique J. Vrin, 1975.
L’Idole et la distance. Cinq études, Grasset, 1977.
Sur la théologie blanche de Descartes. Analogie, création des vérités éternelles, fondement, P.U.F, 1981.
Dieu sans l’être, Fayard, 1982 - rééd. PUF, 2010.
Sur le prisme métaphysique de Descartes. Constitution et limites de l’onto-théo-logie cartésienne, P.U.F, 1986.
Prolégomènes à la charité, Éditions de la Différence, 1986.
Réduction et donation. Recherches sur Husserl, Heidegger et la phénoménologie, P.U.F., 1989.
Questions cartésiennes I. Méthode et métaphysique, PUF, 1991.
La Croisée du visible, Éditions de la Différence, 1991, PUF.
Questions cartésiennes II. L’ego et Dieu, PUF, 1996.
Hergé. Tintin le terrible ou l'alphabet des richesses, Hachette, 1996, 2006.
Étant donné. Essai d’une phénoménologie de la donation, P.U.F., 1997.
De surcroît. Études sur les phénomènes saturés, PUF, 2001, 2010.
Le Phénomène érotique, Grasset, 2003.
Le Visible et le révélé, Cerf, 2005.
Au lieu de soi, l'approche de saint Augustin, PUF, 2008
- Ouvrage issu d'un cycle de conférences données en 2004 sur la lecture et l'interprétation des Confessions sur un mode non métaphysique, au moyen des principaux concepts élaborés dans une logique phénoménologique. L'enjeu est double : tester la validité herméneutique des concepts de donation, de phénomène saturé, retrouver dans l'œuvre l'itinéraire d'une approche au lieu de soi.
Certitudes négatives, Grasset & Fasquelle, 2010.
Le croire pour le voir, Communio Parole et silence, 2010.
Discours de réception à l’Académie française, Grasset & Fasquelle, 2010.
La Rigueur des choses, entretiens avec Dan Arbib, Flammarion, 2012.
Sur la pensée passive de Descartes, PUF, mars 2013.
Courbet ou la peinture à l’œil, Flammarion, février 2014.
Cours sur la volonté, édité par Christophe Perrin, collection Empreintes philosophiques, Presses Universitaires de Louvain, mai 2014.
Reprise du donné, PUF, juin 2016.
Brève apologie pour un moment catholique, Grasset, mai 2017.
Études sur Jean-Luc Marion |
- Numéro spécial de la revue Philosophie, no 78, 2003, Éditions de Minuit.
- Dossier spécial dans la revue Nunc, no 16, septembre 2008, Éditions de Corlevour.
Givenness and God: Questions of Jean-Luc Marion, Ian Leask and Eoin G. Cassidy, eds., Fordham University Press, 2005
Jean-Luc Marion: A Theo-logical Introduction, Robyn Horner, Ashgate, 2005.
Counter-Experiences: Reading Jean-Luc Marion, edited by Kevin Hart, University of Notre Dame Press, 2007.
Reading Jean-Luc Marion:Exceeding Metaphysics, Christina M. Gschwandtner, Indiana University Press, 2007.
Interpreting Excess: Jean-Luc Marion, Saturated Phenomena, and Hermeneutics, Fordham University Press, 2010.
A Genealogy of Marion's Philosophy of Religion: Apparent Darkness, Indiana University Press, 2011.- Sylvain Camilleri et Adam Takacs (éds.), Jean-Luc Marion. Cartésianisme, phénoménologie, théologie, Paris, Archives Karéline, 2012.
Dieu n'a que faire de l'être, introduction à l'œuvre de Jean-Luc Marion, Stéphane Vinolo, Paris, éd. Germina, octobre 2012.
La Philosophie et le sens de son histoire : études autour de Jean-François Marquet et Jean-Luc Marion, Patrick Cerutti, Zeta Books, 2014.
Philosophie de Jean-Luc Marion, Phénoménologie, théologie, métaphysique, sous la direction de Philippe Capelle-Dumont, coll. Rue de la Sorbonne, Ed. Hermann, mars 2015.- Dan Arbib, « Philosophie et histoire de la philosophie : J.-L. Marion interprète de Descartes », in Ph. Capelle-Dumont (éd.), Philosophie de Jean-Luc Marion, Paris, Hermann, 2015, p. 107-123.
- Dan Arbib, « L’infini et la chair, ou l’unique percée cartésienne », in C. Ciocan & A. Vasiliu, éd., Lectures de Jean-Luc Marion, Paris, Cerf, 2016, p. 135-150.
- Pascale Tabet, Amour et donation chez Jean-Luc Marion: Une phénoménologie de l'excès, Paris, L'Harmattan, 2017.
- Boniface Nguessan Kouassi, La phénoménologie de Jean-Luc Marion, Paris, Univ Europ, 2017.
Dans la culture populaire |
Dans le film Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) (1996), le personnage principal offre à son amante Prolégomènes à la charité, en disant de l'ouvrage et de son auteur : « Je m'intéresse beaucoup à la théologie. J'ai lu tous ses livres. Je sais pas… Celui-là, j'ai dû l'offrir cinq fois ! ». Mais quand il demande à l'amante en question si elle a aimé le livre, elle s'exclame : « Tu aurais pu m'offrir des bijoux quand même ! Et tu m'offres un livre de l'autre emmerdeur, là… »
Dans le roman de Maxence Caron L'Insolent paru en 2012, Jean-Luc Marion est caricaturé sous le nom de Jean-Marc Culon.
Notes et références |
Jean-Luc Marion élu en 2008 au fauteuil 4 [1]
Jean-Luc Marion, interviewé par Jean Sévillia, « Jean-Luc Marion : "De quel droit refuser aux citoyens catholiques de défendre leurs options ? », Le Figaro Magazine, semaine du 26 mai 2017, pages 34-38.
Sur le rapport entre philosophie et histoire de la métaphysique, cf. D. Arbib, « Philosophie et histoire de la philosophie : J.-L. Marion interprète de Descartes », in Ph. Capelle-Dumont (éd.), Philosophie de Jean-Luc Marion, Paris, Hermann, 2015, p. 107-123.
(en) Risto Saarinen, God and the Gift: An Ecumenical Theology of Giving, Liturgical Press, 2005(ISBN 9780814630136, lire en ligne), p. 26
Cristian Ciocan, Paul Marinescu, Bogdan Minca et Christophe Perrin, Lectures de Jean-Luc Marion, Editions du Cerf, 2016(ISBN 9782204116503, lire en ligne), p. 144
Cristian Ciocan, Paul Marinescu, Bogdan Minca et Christophe Perrin, Lectures de Jean-Luc Marion, Editions du Cerf, 2016(ISBN 9782204116503, lire en ligne), p. 56
Cf. D. Arbib, « L’infini et la chair, ou l’unique percée cartésienne », in C. Ciocan & A. Vasiliu, éd., Lectures de Jean-Luc Marion, Paris, Cerf, 2016, p. 135-150.
Denis Fisette, « Phénoménologie et métaphysique : remarques à propos d'un débat récent », dans Luc Langlois et al., (dir.), La métaphysique : son histoire, sa critique, ses enjeux, Paris/Montréal, Vrin/Presses de l'Université de Laval, 1999(lire en ligne), p. 91-116
Interview de Jacques Bouveresse, Université Kingston, 2009
Dans sa réponse au discours de réception de Marion à l'Académie française, Mgr Dagens déclare : « Il m’arrive, Monsieur, de partager les tourments de vos lecteurs non initiés à la phénoménologie lorsqu’ils essaient de vous comprendre. [...] on pourrait avoir l’impression que vous jouez avec les mots, en les faisant cliqueter à plaisir ».Fichier pdf de la réponse sur le site du Monde.
Recension de Certitudes négatives sur le site Actu philosophia : [2], où l'on souligne également le cadre théologique de ses démonstrations philosophiques.
Jean-Luc Marion, Brève apologie pour un moment catholique, Paris, Grasset, 2017(ISBN 2246856809)
Cf. Emmanuel Falque, « Phénoménologie de l'extraordinaire », numéro spécial de la revue Philosophie, no 78, 2003, Éditions de Minuit, p. 52.
Liens externes |
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